Hier soir, à Albi, il y avait l’Iliade, adaptée et mise en scène par Pauline Bayle. Un fort moment de poésie, d’énergie et d’intelligence.
Plus des “images” de toute beauté, simplicité et force qui me resteront gravées.
“Dans un élan commun, cinq acteurs mêlent leurs voix pour raconter les histoires d’Achille, Hélène, Andromaque, Hector et Agamemnon. Sur scène, tous s’affranchissent des clichés opposant hommes et femmes, lâches et braves, pour venir s’accomplir dans un geste bouleversant d’humanité.
D’un côté les Grecs, de l’autre les Troyens et entre les deux une guerre qui dure depuis neuf ans.
Parce qu’Agamemnon l’a humilié devant tous ses compagnons, Achille décide de se retirer du combat. Privés de leur meilleur guerrier, les Grecs vacillent tandis que les Troyens gagnent du terrain… Comment faire pour gagner la guerre sans Achille ?
Aujourd’hui, alors que l’Europe traverse une crise politique majeure, elle nous fait réentendre la voix d’Homère, lui qui nous parle de l’oppression sans jamais tomber dans le manichéisme et met en lumière toute l’amertume que le sort fait peser sur la lignée des hommes. Parce qu’il n’y a pas de héros, seulement des hommes prêts à tout pour échapper à la souffrance.”
“NOTE DE MISE EN SCENE
24 chants et 15 337 vers pour raconter six jours et six nuits d’une guerre qui dure depuis neuf ans et ne se terminera qu’un an plus tard.
De prime abord, il semblerait qu’Homère nous montre comment la guerre permet aux hommes d’échapper à leur condition de mortels : en allant puiser en eux le courage de se dépasser et de faire face à la mort, ils accèdent à l’éternité.
Cependant, au fil des pages se dessine une tout autre vision du monde, empreinte de mesure et d’humanisme. Très vite la question se pose : et si le poète convoquait la force des hommes pour mieux nous parler de leurs faiblesses ? Ainsi le coeur de L’Iliade ne serait pas seulement fait de la gloire des êtres humains, mais aussi de l’amertume que le sort fait peser sur la lignée des hommes.”
“Le point de départ de la scénographie est celui de la simplicité afin de laisser toute sa place au récit et à la langue. Seulement le strict nécessaire pour laisser agir la puissance de l’imaginaire chez le spectateur et met en exergue la puissance du récit homérique.”
“Pour illustrer l’ensemble des aventures des héros, quelques accessoires : un peu de peinture ou de colorant pour le sang, des sauts d’eau pour la colère du fleuve, des paillettes pour les étincelles des armures, un micro pour le foudre de Zeus, du sable pour Ithaque.
Peu de moyens mais une imagination créative et métaphorique qui vient rendre sa poésie au texte et nous fait voyager à son bord. La scénographie est ainsi habilement réfléchie et brillamment mise en œuvre.”
“Concernant l’économie de moyens, c’est quelque chose que je revendique. Je crois profondément en la puissance de l’imaginaire et que l’on peut raconter beaucoup de choses avec très peu d’outils. À l’inverse, je crois que redoubler d’effets et de moyens emprisonne trop l’esprit du spectateur et limite la représentation qu’il pourrait se faire du récit. Pour le dire d’une manière un peu triviale, je crois que moins tu en as, plus tu vois.
Pendant les répétitions, on a réfléchi aux moments qui nous semblaient les plus importants dans l’histoire et la dramaturgie et sur lesquels on voulait donner comme un coup de projecteur. Et dernière chose, très tôt pendant le travail, j’ai voulu utiliser des matériaux consommables (papier, paillettes…). En effet, je crois qu’utiliser des objets qui s’altèrent en direct rend plus concret le présent partagé entre ceux qui jouent et ceux qui regardent.”
(Je n’y avais pas pensé, mais en sortant Violaine me dit que ce serait magnifique, la langue des signes avec bras et mains à paillettes…)
hier soir, 2ème partie des recherches-présentation avec Arthur et Janick pour “faites-moi signe, on s’entend bien”.
Le langage articulé est un nouveau venu dans l’évolution.
« Au commencement était le Verbe »… Pas tant que ça, mon dieu…
Platon prétend que la langue des signes est nécessaire aux sourds, car sans elle, puisque sans voix, comment atteindre le savoir et la Raison ?
Pour Aristote, Sans « logos », pas de Raison.
Au 12ème siècle, en Italie, on invente les premières formes d’alphabet manuel.
Au 13ème s, St Bonaventure écrit un alphabet manuel utilisé pour mémoriser des préceptes catholiques.
Pour communiquer quand c’est nécessaire, les moines ont mis au point un langage des signes, qui peut varier d’un monastère à l’autre.
Les moines qui vénèrent le silence et la pauvreté apprennent aux sourds riches à parler.
Le “salam” est structuré comme un langage poétique à partir du turc ; l’équivalent en français pourrait être : envoyer un rasoir pour dire « venez discrètement, c-à-d en rasant les murs
(et non pas vous êtes rasoir…)
L’abbé de l’Epée est aussi célèbre dans le monde des sourds que Durandal ou Escalibur :
des épées chrétiennes.
Que l’eusses-tu cru, c’est plus-que-parfait !
Qu’ils néotomalaliassent, ça ne donne pas envie de parler…
Pereire est plus connu pour avoir obtenu en 1780 l’autorisation d’un cimetière juif à Paris, (à condition que les enterrements soient effectués “nuitamment, sans bruit, scandale, ni appareil, en la manière accoutumée”) que pour son enseignement à des sourds avec dactylologie et orthophonie
Au commencement était le signe / le verbe – répétez – le verbe / le signe – répétez – la verve / le singe – répétez – la verge / le songe – répétez – la vierge / le mensonge – répétez – le message / le sauvage
Dans les grandes plaines des USA, Chaque tribu indienne a sa langue. Pour se comprendre et commercer, les indiens des plaines, Kiowas, Comanches, Cheyennes, Arapahos & Sioux, ont élaboré une langue gestuelle commune.
• Vendredi dernier, un atelier toute la journée à la Cave Poésie avec 19 enseignants (collège, lycée, en français, arts-plastiques, histoire, …, et documentalistes). J’avais préparé pour cette rencontre des supers carnets qui nous ont aidé à travailler, réfléchir, expérimenter, penser au support… (et pour moi lors de sa fabrication, penser à un carnet différent, joyeux et plein de surprises…)
La première surprise a été des retrouvailles inattendues avec une copine du Havre, alors au début de sa carrière de professeur d’arts-plastiques, qui habite maintenant dans le coin, et qui m’a offert-rapporté un pot de confiture venant de chez ma grand-mère, plusieurs dizaines d’années après!!
En fin d’après-midi, les cahiers étaient devenus des “petits livres” assez réjouissants.
• d’Albi à Toulouse, retrouvailles également avec la sncf et des installations qui me laisse rêveuse (encore plus le matin tôt mal réveillée..)
• & puis 2 autres matins, où le rêve disparaît bien vite : ateliers d’écriture en prison, dans le cadre de “Dis-moi 10 mots”.
(Un conseil, pour la prison et l’aéroport : ne pas mettre une salopette, ennemie du portillon détecteur de métal…)
D’autres carnets, reliés avec des fils de scoubidou… et jugés trop petits pour certaines grandes mains, ou trop beaux pour écrire dedans…
Pour le moral, le temps pourri et l’éloignement n’aident pas, même si on retrouve sa “liberté” une fois la dernière porte ouverte.
Liberté au milieu de “rien”.
Installée plus loin sur un rond-point de zone grise semi industrielle, avec une station de lavage et un marchand de verdure décorative, une boulangerie-cafèt avec une pub dans les toilettes censée redonner du (des)goût, pour attendre l’heure du retour, au chaud-sec
• Autre zone de la gare la nuit, où j’attends le dernier car retour Toulouse-Albi à 23h23 (+ 1/4 d’h) (pas assez de clients pour un train…? raté le dernier de 21h20 à 5mn près, 2h passées en compagnie d’Hélène Bessette, de laissés pour compte divers et variés, de pauvres qui attendent le train de nuit pour Paris, de jeunes chiens curieux, …) avec, c’est nouveau, un message diffusé obsessivement-obscènement tous les 1/4 d’heure :” Nous vous rappelons que la mendicité est interdite dans l’enceinte de la gare”… (heureusement, ce n’est pas la voix de Simone!)
Petit car, qui ne peut pas s’arrêter en cours de route pour laisser descendre quelqu’un si l’arrêt de cette ville n’est pas prévu dans la desserte (“sinon, je risque de perdre mon boulot” explique le chauffeur), et où on ne peut monter sans tickets comme dans le train. Une jeune fille ne peut plus rentrer chez elle, un trop pauvre reste sur le carreau, ou plutôt sur le banc en pierre de la gare routière. A l’arrivée, dans l’avenue jouxtant la gare d’Albi, une femme en survêtement hagarde-égarée fait les 100 pas sur le trottoir d’en face sous une pluie battante à 1h1/2 du mat.
Il y a des jours où la vie semble plus belle que d’autres…