atelier d’écriture n°4 du mercredi 17 novembre
Aujourd’hui, nous allons travailler à partir de Stèles de Victor Segalen
« La forme Stèle m’a paru susceptible de devenir un genre littéraire nouveau, dont j’ai tenté de fixer quelques exemples. Je veux dire une pièce courte, cernée d’une sorte de cadre rectangulaire dans la pensée, et se présentant de front au lecteur. »
Le projet du livre n’était pas évident : Briques et Tuiles présente d’abord une série de « réflexions personnelles qui sont devenus des stèles ». Le passage de ces notes à Stèles s’opère par gommage de tout « exotisme » au sens touristique du terme, effacement du voyageur au profit de l’objet lui-même, abolition du regard pour le seul regardé.
Art lapidaire, densité et concision
La stèle circonscrit un espace et fixe un moment du temps dans son rectangle.
Structure interne qui varie peu : proche de l’épigramme et du sonnet, presque toutes les stèles se terminent par un trait expressif : produire un effet de surprise ; ou couronner une gradation amenée.
Composition souvent en 2 parties:
1ère partie pour exposer une anecdote, un fait…
2nde suggère le sens allégorique de ce qui vient d’être dit (le lecteur effectue le décryptage.) L’allégorie, chez Segalen, c’est dire autre chose faute de pouvoir exprimer directement l’essentiel, qui est indicible.
Selon 3 aspects :
– opposer deux attitudes, opinions, idées… tout en conservant la diversité
– après avoir utilisé la feinte et la ruse dans la première partie, il dévoile soudainement et laconiquement, voire ironiquement ses sentiments profonds
– élimination radicale du premier volet, usage de l’allégorie
Précédés d’une préface, les poèmes sont répartis en six ensembles :
1 — faites vos stèles érigées à différents endroits de la ville
Sylvie :
L’ARC-EN-CIEL
Comme une pluie après l’orage, le prisme des couleurs s’étale. Voici donc le roi Coniculus qui s’avance, en majesté, il marche sur l’arc, il est vêtu de son manteau à sequins.
Les collines le portent et son regard embrasse le paysage jusqu’à l’horizon.
*
Rendons grâce à ses beautés singulières et à ses merveilles.
Les ténèbres s’ouvrent à son passage.
Le ciel mauve scintille en mille gouttelettes et je m’émerveille.
LE PARC
Grave plaine verdoyante, elle porte des fruits, espèces selon leurs noms.
Les odeurs sures et puissantes font frissonner mes narines, les plaqueminiers débordent en grappes et font ployer les plus hautes branches.
– Les vieux palmiers ont été brûlés la nuit dernière, j’enrage.
*
Pour ces infâmes et lâches mioches qui traversent tes douves, décidément ils troublent notre sommeil. Que ce dieu qui a déclenché la foudre regarde ses pieds. Disons que ces arbres ne sont pas morts.
LE GRAND ÉPICÉA
Les étourneaux tournois dans le ciel gris et l’obscurcissent. Des ténèbres rondes et mouvantes planent au-dessus de nos têtes. Silence. Les branches se courbent chargées de têtes d’épingles. Rien ne bouge. L’énigme de leurs tournoiements et de leurs arabesques nous obsède.
*
Le sens caché ? La danse noir des oiseaux ? Que devinons-nous dans l’obscurité de notre monde-terre ?
Il garde ses fragiles et modestes secrets : son tronc est énorme et son écorce épaisse. Nous venons en pèlerinage et tournons autour de l’épicéa. Oh Maître du jardin quadrillé.
LES TAPIS DE CYCLAMEN
Encore et toujours les cyclamens ! Ils reviennent par période dans le parc souverain. Deux lions gardent l’escalier, leurs babines se soulèvent. Rémy et Colette abusent, c’est la fin du livre vert, le plus beau moment de l’année. Ils se sont retrouvés pour hanté ces lieux. Je me penche vers leurs petites têtes violacées, elles se courbent doucement vers la terre.
*
Je viens d’un monde imparfait. Je rêve de paradis, il n’est pas de ce monde. L’autre nuit, je me souviens à peine… décidément ça ne me revient pas. L’année dernière les tapis m’étaient apparus plus grands à l’ombre des grands épicéas.
LES TRIPODES
Grandes barres en osselets gigantesques, ils font bel effet vu du ciel. L’architecte les a pensé et tracé dans une belle harmonie. La dalle et ses coursives.
Franck :
Clara :
Marie-Jo :
Pierre :
Sylviane :
2 – Vous voyez une des stèles décrites à l’exercice précédent
Clara :
Franck :
Marie-Jo :
Pierre :
Sylviane :
Sylvie :
STÈLE DE LA MINIATURE AU-DESSUS DE LA TOUR EIFFEL
Je passe par là et je la cherche. Je l’aperçois à peine : j’avais entendu dire qu’elle était visible dès que le brouillard se dissipait. Il me revient instantanément l’histoire du chien assis sans maître au pied de la Tour Eiffel. J’essaie de me raisonner et de balayer cette idée saugrenue.
En effet sa forme est à peine perceptible mais je la devine tout de même : c’est une chaise ! Quelles forces méchantes ont pu installéer un tel symbole sur la Tour du champ de Mars ? Arrêt des combats ? Arbitre de luttes absurdes ? Histoire d’un philosophe contrarié ? Une créature céleste peut-elle s’y asseoir commodément ? Où serait-ce le piédestal d’une femme ravissante ?
Hélas ! Les brises épaisses la laissent souvent vide.
L’automne est là avec ses couleurs
Arthur Rackham, 1906
A Argentat, visite de l’expo Camelote et déchets les effets du déplacement systématique (assemblages et collages, 1995-2020 – collection Faclim) à la médiathèque.
J’avais oublié mon téléphone pour faire des photos..! Juste récupérées celles-ci (où on voit bien la moquette du lieu et l’effet de l’éclairage avec les vitres vertes ou roses par endroit, idéal pour un lieu d’expo…)
L’occasion de découvrir le boulot de quelques artistes, dont Anita Molinero avec un boulot ancien.
Grande discussion avec P. qui ne voyait pas l’intérêt de la chose…
Un texte issu d’une expo récente, mais qui convient bien à cette pièce !
Allez là lire ce qu’elle écrit, c’est passionnant.
& le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris présentera Hérrissé et cramé, une exposition de ses travaux, du 25 mars au 24 juillet 2022
Au château de Versailles, ça en jette!!
& Thierry Costesèque, avec des dessins-collages et une peinture.
Là encore, pour en savoir plus, c’est là
Pendant ce temps-là, les travaux de l’atelier avancent à pas de limace, mais bientôt installé…
& le boulot avec des ateliers d’écriture “à la campagne” avec le dispositif Compagnonnage de l’ALCA Nouvelle-Aquitaine :
1er exercice pour faire connaissance lors du 1er atelier au Chastang, avec ce livre que je trouve formidable, Chez nous de Géraldine Kosiak.
Avec aussi Une odeur de géranium de Dominique Dureau, il faut que je lui dise que je me sers de son livre..!
A Uzerche, avec la P’tite fabrique solidaire, l’association d’insertion Prox et la médiathèque, je n’ai pas enregistré le même exercice de début, mais parmi la dizaine de participant.e.s, 2 jeunes hommes n’ont pas voulu lire leurs textes ou pas en totalité, se sentant trop en décalage…
Ils me les ont confiés après l’atelier, défroissant la boulette que c’était devenu pour l’un…
& puis, nous avons aussi travaillé à partir de C’est l’histoire d’un type de Pierre Tilman
Va falloir arriver à ce qu’ils entendent que ce qu’ils écrivent est aussi bien que les autres participant.e.s avec une vie plus “normale”, et qu’ils écrivent bien, qu’ils peuvent en être fier..!
J’ai découvert aussi lors d’une réunion préparatoire que l’association Prox fait des meubles avec du bois de palette et de récup, avec les gens qui ne peuvent plus physiquement travailler sur les chantiers :
(on peut aussi leur commander un modèle personnel)
Un meuble TV ?
& puis, aussi, il m’a fallu reprendre le texte de cet été pour l’Observatoire de l’espace…
L’occasion de re-découvrir des éléments (c’est infini!) et des images formidables :
Une méduse comme une soucoupe volante ou un drôle de satellite
Ce qui me fait penser que j’ai un texte capturé de côté depuis longtemps :
& quant aux câbles sous-marin qui doublent les satellites
Une fresque soviétique
Le fameux lever de Terre d’Apollo revu par Lunar Orbiter LRO
A quoi serve les satellites, parfois… sans compter le militaire…
Ça nous emmène loin de la poésie….
& puis, des livres dont on parle bien, si vous ne savez pas quoi lire, ou qui vous donneront envie de les commander :
& pour finir hier soir, avec un coucher de soleil automnal
1 —
Voici des extraits de Encore mort déjà vivant
de Arnaud Viviant et Gérard Marty,
ed. Verticales
Faites 4 X court récit de vie et pensées avec un dessin un peu décalé qui l’accompagne
Marie-Jo :
Dominique :
Clara :
2 — Extraits de Extrait de la liste interminable des lieux, places, espaces et divers endroits rencontrés dans ma vie de Frédérique Soumagne, Dernier Télégramme
Ecrivez un enchainement de descriptions de lieux et actions comme un script cinématographique de souvenirs personnels.
Pensez aux éléments nécessaires sans fioritures, construction des phrases, enchainements, temps suspendu entre 2 séquences.
Marie-Jo :
Clara :
Dominique :