atelier du jeudi n°17

Date : 22 avril 2021

Atelier 17- jeudi 22 avril 21

Après être allé à l’est d’Eden, voici des extraits d’Eldorado, de Jacques Monory, qui est un peintre qui manie l’écriture.

— Pour présenter son travail et ses préoccupations, des extraits d’articles :
Interview (extrait) dans Libération en 96 à l’occasion d’une exposition :

  • Propos repris d’une émission radio, “Jacques Monory, un roman-photo – Surpris par la nuit 30/09/2008”
    « Et tous ces meurtres m’ont reposé : ils ont été les images amusées de mes peurs. »
    J’ai toujours eu peur du monde, alors j’ai trouvé la peinture. Avec la peinture, je peux faire ce que je veux, je peux tuer qui je veux, ça ne fait pas de mal.
    Le bleu que j’employais est comme une glace pare-balles colorée. C’est un filtre coloré superposé à une image qui ne devrait pas être monochrome. […] Cela, je veux ainsi dire que ce n’est pas vrai, c’est une illusion. Le bleu est un filtre pour indiquer que ce n’est pas vrai.
    Le tableau n’est que notre pensée qui passe à travers, derrière le tableau, qui nous revient. Ce que je montre n’est pas ce que je veux dire. C’est d’éveiller une autre pensée, une autre sensation que ce qui est représenté.
    Le bleu, naturellement, il devient léger et infini.
    S’il n’y avait pas le cinéma, qu’est-ce que j’aurais fait ? Avec le cinéma, le monde est devenu un rêve.
  • Dans sa peinture, ses films, ses photographies, ses écrits, l’artiste Jacques Monory pratique inlassablement l’assassinat mental, sentimental et autobiographique de l’image, entre rêve et réalité.
    […] En effet, Monory a commencé par faire d’un bleu d’étrangeté sa signature, comme pour nimber ses toiles d’un gilet pare-balles contre la réalité avant d’opter pour trois couleurs récurrentes, le bleu, le jaune et le rouge violacé, abandonner “la monochromie bleue pour une trichromie grinçante, mais joyeuse».
    “L’histoire est un cauchemar dont j’essaie de m’éveiller” dit Stephen dans l’Ulysse de Joyce. Monory en dit autant de notre société : ce rêve  collectif errant, où règne le faux-semblant et où “l’amour, l’amitié, sont des secrets que l’on risque de perdre, mais dont sa peinture entretient le feu sous  la cendre”, selon le philosophe Alain Jouffroy, ami de Monory.
  • Si la peinture de Monory n’est pas à proprement parler politique – il précise, en 2004, que sa véritable critique porte sur la condition humaine et « non sur la société qui en découle » –, huit tableaux de l’ensemble du Catalogue mondial des images incurables, Velvet Jungle ou Hommage à Caspar David Friedrich n°1 témoignent de la manière dont il réagit aux guerres, aux événements politiques ou sociaux.
  • Jacques : J’ai fait des Meurtres pour des raisons très personnelles… d’envie, de pulsion. Si vous avez un sentiment meurtrier envers quelqu’un, comment l’exprimer visuellement ? Un revolver qui tire s’avère alors l’acte le plus symbolique de votre état d’âme ! (rires)
    Maga : La peinture, une thérapie ?
    Jacques : En tout cas, moi j’en ai fait l’expérience. Quelque chose m’avait fait vraiment très mal à l’époque. J’ai commencé à la peindre transfigurée par des gens qui se tuent. 
Au départ, j’étais vraiment malade, et quand j’ai fini cette série de vingt-cinq tableaux, 
j’ai commencé à aller bien.
    Maga : Il est d’ailleurs frappant de voir qu’après le Meurtre n° 10, vous ne mourez plus.
    Jacques : Ce sont les autres qui meurent ! Ah ça, c’est un signe de bonne santé !
    Maga : Niki de Saint Phalle tirait aussi sur ses tableaux à la même époque.
    Jacques : Oui, mais pas de la même façon ! Elle tirait au fusil. Moi, au revolver. C’est mon côté Bogart ! En plus, je tirais sur le tableau pour avoir des impacts de balles.
  • Les architectures lisses des villes américaines n’ont d’intrigant que les inscriptions qui les distinguent les unes des autres, comme cela semble être suggéré dans Métacrime n°1 (1989), où on voit une grande enseigne « ELDORADO » sur un immeuble sans âme. Le décalage entre ce qui est écrit et le lieu où est placée l’inscription interpelle l’artiste car il produit du sens : « Eldorado. C’est toujours un mot extraordinaire. Le paradis dans des atmosphères pas du tout paradisiaques, c’est intéressant… » L’écriture trompe. Ceci n’est pas une pipe, écrivit Magritte dans La Trahison des images.

— Pour se rendre compte de son univers visuel, vous avez devant les yeux une œuvre de Monory dans la collection de l’artothèque, et dans les oreilles sa présentation par David Molteau.

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Extraits de son livre Eldorado (Christian Bourgois editeur, 1991)


1 — Entre rêve et réalité, faites-moi un récit cinématographique d’une situation/scène qui vous a donné envie de prendre la fuite
(en reprenant le style des écrits de Monory)

Clara

 

 

David

 

 

Yvette

 

 

 


2 — En mélangeant des éléments qui vous ont intéressé dans votre texte et celui des autres, écrivez des “débuts de roman” — en reprenant le style du texte (extrait) de Monory

Yvette

 

 

David

 

 

Clara

 

 


3 ­ — A partir de l’œuvre intitulée Deltaplane que vous avez sous les yeux et des textes de Monory, écrivez un texte en vous inspirant de l’extrait intitulé “Toxique”

David

 

 

Clara

 

 

Yvette

 

 

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Merci à vous 3, un peu seulets pour cet atelier…

 

 

 

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