des liens

Date : 2 avril 2020

• Une lettre de Leslie, qui dit bonjour à sa maman

…le lien est

• Un mail de la MEL (maison des écrivains et de la littérature)
Opération Pangolin
Il paraît que le 1er avril 2020 est reporté à 2021…
Qu’à cela ne tienne, la Mél a très envie de partager avec vous cette nouvelle de Didier Deanincks digne d’un 1er avril : Opération Pangolin.
Courte fiction ancrée dans la réalité de la crise du coronavirus qu’il a rédigée pour Libération et qui a été publiée dans le journal le 23 mars dernier ici

Didier Daenincks est depuis longtemps un auteur adhérent et ami de la Mél.

Nous vous invitons à voir/revoir la vidéo de sa participation aux Enjeux 11 “Droits de cité” du 25 janvier 2018 autour des mutations urbaines

& moi, je vous invite vivement à regarder celle-ci, c’est un peu long mais c’est encore plus formidable!!

• & puis Gégé envoie souvent des liens, aujourd’hui celui-là

• & un message d’Aysé, reçu hier
Au secours catholique et au Secours populaire, J’avais interviewé des ‘bénévoles’ et ‘bénéficiaires’ au sujet du courage (thème du printemps des poètes) le mois dernier, Aysé était absente.

Hélas, ça n’intéressait pas le nouvel animateur de Bram fm…

A signaler que j’ai envoyé les enregistrements à Radio Cave-Po, à suivre…


atelier d’écriture du mardi – N° 26

Date : 31 mars 2020


double page de l’Agenda noir 1985

 

atelier 26, mardi 31 mars, chacun.e chez soi

 

Aujourd’hui, on va profiter que vous soyez chez vous :

 

• Avec Benoît Casas, qui a écrit L’ordre du jour, un « journal » poétique, en reprenant chaque jour des phrases de livres lus, ouverts, ce jour-là (et écrites ce jour-là), qui font écho à sa journée. (ed. Seuil)

extraits :

• & Fernando Pessoa (poésies d’Alvaro de Campos – gall.), qui met de l’ordre…

Je vous demande d’aller ‘picorer’ dans votre bibliothèque, ou ailleurs,
dans les livres, les journaux, les revues, (pas forcément en littérature) qui sont chez vous.
Ne les choisissez pas forcément, ouvrez les aussi au hasard…

Relevez des courts paragraphes, des phrases, des formules, qui vous parlent immédiatement,
en écho avec vos préoccupations et occupations, pensées, sentiments, impressions, etc.

(notez vos sources)

Composez 4 textes à partir des extraits choisis
Changez de partis pris à chaque fois (de règle du jeu assemblage-composition -écriture)
Je vous demande d’écrire personnellement à travers le « montage », dans 2 d’entre eux
(En début de chaque texte, dites-nous quelle a été votre règle du jeu — je préfère ne pas vous les imposer, d’autant que vous pouvez disposer de plus de temps que d’habitude…;
en fin de textes, citez les co-auteur.e.s..!)
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Raphaëlle :

 

 

 

NOUVELLE :
Monsieur T. ayant partiellement perdu la vue, s’est vu obligé d’investir dans un chien guide d’aveugle pour garantir toute son autonomie. Il a commencé par investir dans un beauceron. Pourtant, on le lui avait bien dit, le beauceron n’est vraiment pas le chien idéal pour guider. Certes c’est un chien d’une corpulence agréable qui a cette capacité à rassurer mais il a bien des difficultés à anticiper, prévoir et prévenir, fonctions essentielles du guide du malvoyant.
Tant et si bien que Monsieur T. se trouva peu de temps après l’acquisition de son premier chien, renversé par une voiture. Grâce à cela, oserions-nous dire, il a développé des réactions nerveuses tout à fait particulières ; gestes intempestifs, blocages partiels de la faculté de marcher, difficulté à maîtriser ses pas, si bien que Monsieur T, devenu un cas d’école, accepta d’intégrer un hôpital psychiatrique de façon permanente jusqu’à ce qu’il meurt, les os de chaque membre fracturé, le personnel médical ayant été incapable de caparaçonner l’ensemble de l’hôpital.
(source : Jean-pierre Changeux, Du vrai, du beau, du bien. Une nouvelle approche neuronale.
“Les neurones de la rétine effectuent un premier traitement de l’information visuelle”.
“La neuropsychologie a pour vocation d’exploiter les conséquences de lésions cérébrales dues à des traumatismes, des accidents vasculaires ou des maladies génétiques sur les fonctions supérieures du cerveau.”)

MANUEL à l’usage des parents qui veulent mettre leurs fils au tricot.
Règles de base :
1. Si le père est devant la télé, il est toujours avec son tricot : un pull pour sa fille de préférence.
2. Le père lisant une histoire à ses fils peut privilégier tout type de livre concernant des animaux laineux et profiter de cela pour donner une image positive du matériau laine.
3. Le père réalisant un pull pour sa fille, n’hésitera pas à faire participer ses enfants à l’ouvrage.
4. Le pull de la fille sera particulièrement doux et chaud, ce qui motivera les fils d’avoir leur propre équivalent.
(source :  Le grand livre du tricot. Les techniques , les points, ouvrages et tours de main.
“Le tricotage est une technique ingénieuse qui permet d’obtenir une surface de tissu à partir d’un ou plusieurs fils continus, à l’aide, du plus simple des outils, l’aiguille à tricoter.”)

POESIE
Je cours après le temps
Je cours tout court, de temps en temps
Où cours-tu me demande le taon ,
Là où personne ne me ment
Ah bon on te ment ?
Oui, tout le temps
Il est temps de prendre ton temps
Donc, je t’attends
Vraiment ?
Assurément
Et voilà les deux amants
Partis sur l’air du temps.
(source : Erik Pigani, L’art de gérer son temps ou savoir vivre efficacement.
“A force de courir derrière un temps qui va toujours plus vite, l’homme occidental a oublié son présent.”
“Ainsi, toute la planète est devenue synchrone, avec un temps unique, contrôlé par les nanosecondes des horloges atomiques.”)

Interessons-nous à la maltraitance animale.
Les exemples foisonnent :
“On a vu par exemple les pieux solitaires de Port-Royal clouer un chien sur une planche et l’ouvrir pour voir comment cela marchait à l’intérieur.”
et d’expliquer peu après que Malbranche, ayant donné un coup de pied à une chienne, répondait à *Fontenelle qui protestait : “Ne vous inquiétez-pas, c’est de l’air qui passe par des taux sonores, cela ne sent pas.”
(avec Théodore Monod,  Dictionnaire humaniste et pacifiste.)

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Leslie :
Coucou
Attention c’est journal un peu du coup
Et c’est pas la grande forme aujourd’hui… Les risques du métier.

Je n’ai réussi le truc des règles du jeu, peut-être parce que ça ne colle pas aux types d’extraits que j’ai choisis ? J’ai fait des chapitres à la place.

  1. C’est la merde

Se faire défoncer la bagnole par un autre pauvre qui prend la fuite
La débandade
On a de bonnes raisons d’être en colère aujourd’hui
moi je bous
ça me fatigue
je veux aller me coucher alors qu’il n’est même pas huit heures
être en colère c’est comme être malade
Je n’ai toujours pas réussi à dire ce que je voulais depuis ce matin !
Mes projets, mes désirs
La récupération du DIY jusque dans les kits IKEA est l’occasion d’aiguiser notre définition de l’autonomie. Quand le philosophe franco-grec Cornelius Castoriadis défendait un « projet d’autonomie », il s’agissait d’auto-détermination populaire, de liberté d’un peuple assemblé à se choisir un destin commun. Voilà cette exigence qui sombre dans le désir d’autonomie que nous vend Castorama.
C’est marrant j’ai bossé pour Castorama alors que j’aime quand même le projet d’autonomie de Cornelius Castoriadis.
tant pis pour la pureté
c’est pas la pureté qui nous sauvera finalement
Je n’écoute plus les infos, ça m’a tué l’espoir
J’ai compris petit à petit que ça serait pire après
Il est prédit :
que les machines dédiées à la navigation peuvent
être dénuées de rameurs de sorte que
les plus grand navires sur les rivières ou les mers seront
propulsés par un seul homme à
une vitesse plus grande que s’ils étaient
remplis d’hommes
et on ne peut rien y changer.

  1. La musique

« C’est qui, ce juif ? » A demandé avec un certain déplaisir l’un des convives en désignant une petite lithographie colorée, au mur du salon. « C’est Stravinsky », a répondu ma grand-mère. Le lendemain, elle a déplacé la lithographie pour que les invités ne la voient plus.
Elle aimait bien avoir des invités
Maintenant elle n’aime pas trop les arabes
ma grand-mère juive
le temps a tamisé les histoires de son enfance en Algérie
il n’en reste que six ou sept, pas les meilleures
la semaine dernière j’ai réalisé qu’elle pouvait mourir toute seule (moi aussi)
Il faut la rassurer (moi aussi)
This world is not conclusion.
A Species stands beyond –
Invisible, as Music –
But positive, as sound –

  1. Ça ira mieux demain

C’est curieux comme tout se met en place et s’apaise. Les sombres inconnues qui s’étaient dressées devant nous au début du voyage se sont peu à peu dissippées et ont fait place aux maigres prespectives qui sont aujourd’hui les nôtres.
C’est mon tour de dormir. Dormir dans la voiture, dormir, rêver sa vie, le rêve changeant de cours et de couleur à chaque cahot, menant rapidement l’histoire à son terme lorsqu’un cassis plus profond vous ébranle, ou un changement soudain dans le régime du moteur, ou enfin le silence qui déferle quand le conducteur a coupé le contact pour se reposer lui aussi.

  1. Je ne fume pas, je ne bois plus.

Sur la neige ou sur le sable
tu peux tomber de cheval –
ivresse du saké
On ne peut fumer plusieurs cigarettes en même temps, mais il est des circonstances où, voulant allumer une cigarette, vous vous apercevez que vous en avez déjà une à la bouche que vous avez oubliée. C’est moins anodin que vous ne le pensez.
Un véritable pétrin de boulanger.

Avec le Magazine saveurs, Octobre 2016Les aventures de Maqroll le Gabier, Alvaro Mutis.Egologie, Aude Vidal Tu ressembles à une juive, Cloé KormanL’usage du Monde, Nicolas Bouvier Selected poems, Emily Dickinson Y en a marre d’être pauvre, Fabienne Yvert Woman and Nature : the roaring inside her, Susan Griffin (in Reclaim, Anthologie de textes ecoféministes, Emilie Hache)La méthode simple pour en finir avec la cigarette, Allen Carr Haikus, Bashô

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Jessica, (dont c’est le 1er atelier avec nous) :
Bonsoir,
Je ne sais pas trop si j’ai bien respecté le cadre d’écriture…

“poétique”
=> 31 mars. Après-déjeuner au soleil. Etonnement d’un silence inhabituel, étourdissant tant il est plein. Vertige du vide sonore, soudain troublé par le chant gaillard d’un merle audacieux, venu se poser sur le rebord d’un bac de fleurs. Les notes de ce petit monde urbain se réinventent …
(source : Fabrice Humbert, Le monde n’existe pas
“De même qu’un coup de poing au cinéma n’a rien d’un vrai coup, l’environnement sonore est une réinvention.”)

“journal intime”
=> Journée difficile. La solitude m’épuise, et j’ai l’impression d’être un oiseau en cage. Paradoxalement, j’ai pourtant plus de nouvelles de mes “proches” ces derniers temps, mais cette sur-présence me gêne, me parasite tout autant qu’elle me réconforte. Manque d’habitude sans doute.
(source : Laurent Gaudé, Salina
“Je ne te tuerai pas mais je te bannis. Que le désert fasse de toi ce qu’il voudra. Pour toi, la solitude et l’errance.”)

humoristique
=> Drôle de rêve, cette nuit. Moi, cette combinaison repérée dans une boutique et … Karl Lagerfeld. Sacrée bande ! Le pape de la mode m’enguirlande copieusement (je n’aurais peut-être pas dû manger de la tarte hier …), la jolie combinaison ayant une tendance persistante à marquer des agrégats disgracieux de chairs non conviées à la fête de la mode. Bon, eh bien, pas de Fashion Week pour moi, ressortons le jogging, mon allié et mon armure !
(source : Léonor de Récondo, Pietra viva
“Michelangelo se lève. Il marche tant bien que mal et sèche ses larmes. Il veut dormir. Ne pas rêver, ne se souvenir de rien.”)

Parti pris journalistique
=> Discipline de fer dans cette famille de trois enfants. La mère déclare que c’est un indispensable pour le bien-être de tous en ces temps d’enfermement. Et, de fait, l’organisation de l’emploi du temps de la fratrie est quasi militaire. Le matin est ainsi consacré aux tâches scolaires, les enfants devant ensuite aider à la confection du repas. Après une récréation méritée, le reste de l’après-midi permet aux enfants d’approfondir leur culture personnelle par la lecture ou les jeux de société pédagogiques. Le dîner est l’occasion de faire le point sur les tâches du lendemain. Et tout ce petit monde va sa coucher tôt pour affronter vaillamment les exigences du lendemain.
(source : André Gide, La porte étroite
“Il m’était aussi naturel de me contraindre qu’à d’autres de s’abandonner, et cette rigueur à laquelle on m’asservissait, loin de me rebuter, me flattait.”)

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Dominique :
Hello Fabienne me voici de retour! En bonus ,un petit acrostiche dessiné à Cuba
et 3 petites bonnes femmes de Matha Jiménez, une artiste de Camagüey…
Retour morose et nostalgie…

 

Nuxe,la nature est prodigieuse
Sun, crème fondante haute protection aux fleurs d’eau et de soleil…
Exactement ce qu’il me faut en ces temps moroses!

 

 

 

 

 

 

30 mars au matin :
ouvrir les volets, tous les volets, pour faire entrer le soleil.
Ouvrir les portes sur l’extérieur.
Ouvrir les fenêtres pour sentir l’air et respirer…
S’enivrer d’air et de lumière

 

 

S’enivrer…
Tous les soirs, une seule chose nous rassemble encore: un verre de vin.
Quelques mots échangés “Faudra aller à Bergerac pour retrouver ce vin quand on pourra sortir”…
Sortir, sortir de la maison-prison, retrouvée sans joie, triste tête à tête, journées passée à s’éviter…
Attestation de déplacement dérogatoire, motif: éviter d’avoir à adresser la parole à sa femme…

 

Dans ma tête surgissent immédiatement les images de la ville, le quartier du Vedado, le Mâle on désert, la mer si bleue, le soleil ardent…
Je me réfugie dans mes rêves…
Je regarde par la fenêtre, ici aussi le ciel est bleu et la lumière du soir est douce et dorée : il est 19h.


“De la rutina”,livre de poésie cubaine ouvert au hasard (?) Explications no pedidas de Piedad Bonett
Un guide du routard posé sur le bureau, un marque-page de l’hôtel Havana libre pour retrouver la carte de La Havane…

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Manée :


Chère Fabienne, merci pour cette proposition, j’adore feuilleter et si je m’y suis perdue avec délice tard hier soir avec seulement deux montages, cette nuit dans mon sommeil deux autres partis pris me sont venus, alors ce matin je saisis tout cela ( vitesse de saisie d’une tortue ) et je t’envoie le premier montage pour que tu ne continues pas à penser que je n’ai ni compris (enfin j’espère !) ni travaillé !

DE L’ACTUALITÉ…

L’état compte ses sous, on comptera les morts
Le malade que nous sommes, ou nous serons un jour, a tout lieu de s’inquiéter. Le mal est profond. Il s’entend dans le nouveau langage qui s’est imposé au sein de l’institution et des pratiques hospitalières. Tel est l’éloquent symptôme qui révèle le dessein de faire de l’hôpital une nouvelle industrie au mépris de son humaine justification. Un dessein indicible, qui rêve de fondre le soin dans la technicité abstraite et gestionnaire de notre société
Quand j’avais franchi le grand portail en fer de l’hôpital, je devais être encore vivant. Du moins le croyais-je puisque je sentais sur ma peau les odeurs de la ville que je ne reverrais plus jamais.
Et alors même qu’on n’est pas encore conscient qu’un monde est au bord de sa chute, un trouble grandissant fait apparaître des ruines de toutes part
Un exercice difficile le montage, pour ne pas ajouter trop de sens au sens qui finit par tuer lourdement le sens…
Ici on établit régulièrement la liste des croyances, on appelle ça: faire un point. Ici on établit une croyance chaque jour plus vraie que la croyance de la veille. Il te faudrait venir chaque jour pour être exactement au fait de la croyance, mais tu serais tout de même toujours légèrement en retard, légèrement déboussolé. Tu donnerais l’impression de pédaler dans le vide, tu brûlerais de l’énergie pour rien, tu paraîtrais si petit si tu voulais vraiment te maintenir à flot. Ici on calme tes ardeurs, on arrête tes gesticulations. Si tu savais le nombre de données qui sont traitées ici pendant que tu cherches des yeux une indication pour comprendre. Entre.
Installe toi. Ce n’est pas ici que les croyants se fabriquent. C’est ici qu’on te les donne, qu’elles arrivent, qu’elles daignent descendre jusqu’à toi.
IL sait que les chats ont neuf vies, les hommes autant qu’ils le décident, qu’on est plus souvent qu’on ne le croit planté à la croisée des chemins, qu’il faut manœuvrer sans faiblir pour éviter l’enlisement, que c’est joyeux, l’aventure, au lieu de quoi, la plupart du temps on lui répond que la route est droite et le malheur ancestral, et lui qui porte plusieurs siècles sur le dos, ça le laisse sans voix.
Mais ce matin IL aura raison contre toute logique, IL sautera les barrières contre toute lampe braquée, IL aura le dernier mot contre toute logorrhée.

Avec : Banderole dans une manifestation des soignants en novembre dernier — Stéphane Vellut, L’ HÔPITAL UNE NOUVELLE INDUSTRIE, le langage comme symptôme. Tracts Gallimard, Numéro 12, Janvier 2020 — Ahmed Bouanami, L’hôpital, Ed Verdier — Annie Le Brun, PERSPECTIVE DÉPRAVÉE, entre catastrophe réelle et catastrophe imaginaire, Éditions du Sandre — Mariette Navarro, Les chemins contraires, Cheyne Editeur

CADAVRE EXQUIS

A l’intérieur de sa maison, tout est en mouvement.
Des objets sont étalés partout.
Certains parlent du passé- La théière de sa grand-mère-
et d’autres du futur- les carnets à remplir.
au delà de la pierre le vertige des
fontaines rouillées de fonte taries les
mulots et les fauvettes s’y disputent
le pain bénit que je leur dispense
que l’herbe serait douce à qui vou-
drait s’étendre qui a fermé les vannes
des fontaines rouillées ? les bancs
ruminent l’absence des convives les
les feuilles que le vent emporte jusqu’aux
traces de leur pas oh qu’il est doux
le temps des fontaines qui chantent
TAGETES
Famille des Asteraceae
Tagetas lucida
Plante annuelle sous nos climats, aux tiges dressées de 30 à 40 centimètres de hauteur. Fleurs d’un jaune orangé vif à capitules nombreux et petits. Parfum très agréable. Saveur aromatique rappelant celle de l’estragon
En somme, il faut éliminer radicalement la concurrence mercantile avec l’appétit individuel d’or et de gloire pour que l’individu puisse s’épanouir.

Avec Mélanie Ruttin, Nour, le moment venu,  éditions MeMo — Francis Ricard, En un seul souffle, Cheyne Editeur — Les semences de Kokopelli, manuel de production de semences dans le jardin familial  — Les utopistes, Karl Marx et Friedrich Engels, petite collection Maspero

À TRAVERS LES SIÈCLES , XVIII, XIX ET XX

Dans les airs frémissants j’entends le long murmure
De la cloche du soir qui teinté avec lenteur.
Les troupeaux en bêlant errent sur la verdure;
Le berger se retire et livre sa nature
À la nuit solitaire
Déjà les beaux jours, la poussière,
Un ciel d’azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs;
Et rien de vert : à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameau noirs !

Ce beau temps me pèse et m’ennuie
Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau
Le printemps verdissant et rose;
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui souriante, sort de l’eau
Dans l’air de plus en plus clair
Scintille encore cette larme
ou faible flamme dans du verre
quand du sommeil des montagnes
monte une vapeur dorée

Demeure ainsi suspendue
sur la balance de l’Aube
entre la braise promise
et cette perle perdue

Avec Châteaubriant, Les tombeaux aux champêtres  — Gérard de Nerval, Avril — Philippe Jaccotet, Lune à l’aube d’été – Gallimard

HAÏKU

C’est cette nuit en rêve que m’est venue cette idée
du parti pris d’un montage à La haïku,
je me suis levée pour chercher un papier et un stylo
de crainte que le rêve ne s’évanouisse.

Tu t’en vas sans moi ma vie
Tu roules
Et moi j’attends encore de faire un pas.
Tu portes ailleurs la bataille.
Tu me désertes ainsi.

Je ne vois pas clair dans tes offres.
Le petit peu que je veux, jamais tu ne l’apportes.
A cause de ce manque, j’aspire à tant.
A tant de choses, à presque l’infini…
À cause de ce peu qui manque, que jamais tu
n’apportes

Il est vraiment étrange que moi qui me moque
du patinage comme de je ne sais quoi,
à peine je ferme les yeux,
je vois une immense patinoire.

Avec Henri Michaux Ma vie et Le sportif au lit, La nuit remue, Poésie / Gallimard

PS: oui, les consignes de Fabienne Yvert nous poursuivent la nuit …

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Sylvie : C’est toujours une surprise…

1/
Je vis sans télévision depuis plus de trente ans, mais de 1968 à 1980 elle fut dans la ferme au bord de la Santoire un œil ouvert sur le monde.
2020. Depuis le 16 mars je vis confinée dans un entre deux mondes : celui de l’information, continue, qui égraine à heures fixes sa litanie de nouvelles, le nombre de malades, toujours plus qu’hier. L’extérieur est devenu un monde inquiétant, un monde où peu s’aventure.
La musique, le silence, les émissions de radio, grand bien vous fasse. Les oiseaux font leur parade, les merles sifflent, les hirondelles ne sont pas encore arrivées. A l’intérieur c’est rassurant. Calme. Je suis bizarrement rassurée par ce petit monde clos.
Je respecte les gestes barrières ! Chaque soir les soignants sont applaudis.
Le service et le soin sont toujours une relation asymétrique : celui qui est soigné ne pourra jamais rendre ce qu’il a reçu. C’est un donné sans retour. Ce mode de relation est directement celui de visage à visage. Le serviteur n’est pas plus grand que le maître et, dans le soin, le maître est le malade, c’est-à-dire le faible, le petit, le vulnérable.

Mardi 31 mars.
Juste au dessus de la porte un raie de lumière orangée dit la couleur du temps.
La fraîcheur du dernier matin de mars. Je me lave les mains.
Je prends le petit déjeuner avec ma robe de chambre à carreaux jaune et turquoise, lui la trouve encore belle.
Ce matin je n’ai rien fait. Juste répondu au téléphone. Je dis comment ça se passe.
On prend des nouvelles les uns des autres.
Je bricole, je lave, j’aspire, je range… Le téléphone encore, une personne sans abris, une maman avec son bébé, elle a peur qu’on le lui enlève. Oui, bien sûr elle peut sortir avec son bébé. Une vieille intrépide ne tient pas en place, elle n’en fait qu’à sa tête. Elle a des idées de transgression.
Ce soir deux avions de chasse sont passés. Lui se couche tard.

Avec  Marie-Hélène Lafon, Traversée, Chamonix, éd. Guérin, 2015. — Dominique Rivière, Sur l’autre rive de la vieillesse, Toulouse, éd. Érès, 2017.

2/
Mars le surpris. Il resta deux jours sans mettre les pieds dehors. C’était certain qu’il resterait confiné jusqu’à la fin du printemps. On lui apportait des sandwichs dans la chambre. Il souffrait. Chaque bruit du dehors lui faisait mal.
Cependant, avril bourgeonnait aux marronniers des squares. Les effluves chaudes de la pluie réapparurent dans la ville. Dans les quartiers désertés les chats s’accouplaient en miaulements rauques. Le vent dispersait certaines graines. Tout était changé. L’air lui-même.
Mai étira ses jours. Aux bourrasques sèches et brutales succéda le souffle d’une brise souple chargée d’odeurs. Un bruit semblable à celui de l’eau venait des hauteurs : c’était celui du vent dans les forêts. Réapparaissaient les saules, les osiers, les prés, les jardins, les fleurs et une certaine raison de vivre.

Avec Francis Carco, Jésus-la-Caille, Paris, Le livre de poche,1964. — Jean Giono, L’homme qui plantait des arbres,  Gallimard, 1996.

3/
Été. Le paysage est un travail, un vaste chantier géologique qui dépasse la force des personnes.
Arrivé à l’endroit où il désirait aller, il se mit à planter sa tringle de fer dans la terre. Il faisait ainsi un trou dans lequel il mettait un gland, puis il rebouchait le trou. Il plantait des chênes. Je lui demandai si la terre lui appartenait. Il me répondit que non.
J’arpente le pays premier et je connais la litanie incarnée des ses noms, noms de lieux, noms de personnes.
Trotte chien, la Ménardière, la Hutte, le Moulin enragé, chez Jaulin, chez Christin, le Né

 

 

 

 

Avec Marie-Hélène Lafon, Traversée, Chamonix, éd. Guérin, 2015. — Jean Giono, L’homme qui plantait des arbres, Gallimard, 1996.

4/
Aide-soignante comme prophétesse du service
Infirmier comme porte-parole du sans voix
Commenter le journal
Éplucher quelques fruits
« La java bleue »
Chanter
« Étoile des neiges »
Ou la joie d’être ensemble
« Le petit vin blanc »
Toujours gratuitement
Le vieux sait très bien qu’un jour
Tout sera abandonné
Elle sortit du bar après avoir vidé son verre
Il lui semblait que tout lui échappait
Brusquement
Comme cela s’était vite accompli !
Vous êtes tous
Nous sommes tous
Des gens âgés dépendants car
Nous avons besoin les uns des autres
Pour le comprendre
Le cerveau du vieux… est âgé
Même pas besoin d’être médecin
En réalité


Avec Dominique Rivière, Sur l’autre rive de la vieillesse, Toulouse, éd. Érès, 2017 — Bernard Ennuyer, Commission des affaires sociales, 26 janvier 2011 — Francis Carco, Jésus-la-Caille, Paris, Le livre de poche,1964

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Jeanne : (qui a enregistré et envoyé pour la 1ère fois des fichiers sons avec son téléphone)
Génial ! … C’est fou ce qu’on découvre avec l’atelier d’écriture …

ci-joint, une clampe cubaine

 

 

 

Avec Tulle mag, mars 2019


Avec le Guide du pays de Tulle 2019 /2020

 

 

 

 

 

 

 

Avec Paul Colize, Un long moment de silence

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Sylviane :

 

 

 

1
Jeanne parle ; elle dit des choses qu’elle ignore ;
elle envoie à la mer qui gronde, au bois sonore,
à la nuée, aux fleurs, aux nids, au firmament,
à l’immense nature, un doux gazouillement
tout un discours profond, peut être, qu’elle achève
par un sourire où flotte une âme, où tremble un rêve,
murmure indistinct, vague, obscur, confus, brouillé.
Je voudrai réfléchir seul cette nuit.
Il s’est passé trop de choses ces derniers temps.
C’est tout.

Avec Victor HUGO et Haruki MURAKAMI

2
On vient de se réveiller, on se souvient de quelque chose, mais on n’arrive pas à se souvenir ce dont on a rêvé. Certains monstres n’en sont pas : ils se fabriquent à l’intérieur de quelqu’une ou de quelqu’un sans faire de bruit et se tiennent là, en ami secret.

Demander à quelqu’un « Bonjour, ça va ? » , c’est prendre le risque qu’il me réponde « Ferme ta gueule ». Comprendre les hommes du temps jadis suppose de prendre en compte ce qu’ils ne savaient pas.

Avec Ludmila OULITSKAÏA — Claude PONTI — F. KECK — A. CORBIN

3
Depuis tout à l’heure, quand je tends l’oreille, je perçois des bruits.
Mon environnement ne change pas,
je regarde passer le temps et pousser mes légumes.
Ces légumes printaniers sont l’une des rares fenêtres ouvertes sur le monde extérieur.

Des scientifiques se demandent si la propagation du virus est en rapport avec les conditions météorologiques : température de l’air, taux d’humidité… Qui peut bien savoir les préférences du virus ?
Si aucune antithèse ne vient réfuter une hypothèse, aucun progrès scientifique n’est possible. Une antithèse est un champ de bataille dans le cerveau.

Dans l’attente, préservons ce qui est.
Le printemps est un nourrisson dont il faut prendre soin. Il est fragile, éphémère.

Avec Ito OGAWA — Ryoko SEKIGUCHI — Haruki MURAKAMI

4
Je vivais dans un western arrosé de lumière et l’enfance coulait à nouveau en moi, limpide, irrigant chaque parcelle de mon corps.
Débarrassée des contraintes de la vie quotidienne, n’ayant pour seule préoccupation que celle de ne pas mourir, l’énergie montait en moi comme une force nouvelle.
Plus rien n’avait d’importance, la vie s’était arrêtée alentour. Seuls les oiseaux continuaient leurs aller-retour aux nids, les bourgeons s’enflaient jusqu’à éclater libérant de minuscules feuilles vertes.
Quelquefois je me demandais si je verrai l’été… Qu’importe, chaque matin m’apportait sa radieuse journée. Je m’affairais à faire pousser des légumes, à écrire aux amis, à résoudre quelques sudokus diaboliques, à faire la sieste au soleil allongée dans l’herbe.

Cette vie me plaisait. Allait-elle durer ? Je m’imbibais d’être.

Qui était-elle celle- là ?
Son reflet dans le miroir avait la grâce d’une belle journée de printemps, comme une flaque de soleil déposée juste là.

Avec Negar DJAVADI — to OGAWA

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David :

 

 

 

Avec Quand les artistes dessinaient des cartes – vues et figures de l’espace français, moyen age et renaissance (catalogue d’exposition) —  Cormack McCarthy, De si jolis chevaux (roman) — Lauren Groff, Floride (nouvelles) — Sei Shônagon, Notes de chevet (Japon XIe siècle) — Français -1000 mots pour réussir – guide pour les classes de seconde, première et terminale — article de l’Echo du centre (2016) sur la sécurité routière signé S.H.

Les trois premiers textes sont du pur collage à partir des références ci-dessus dont j’ai extrait au hasard des pages certaines phrases, sauf l’article de journal que j’ai choisi.

1
Les gendarmes faisaient la chasse
aux chauffeurs de poids lourd
adeptes de films vidéo
au volant de leur quarante cinq tonnes
Ils bivouaquaient la nuit
sur les hauts promontoires
leurs feux cisaillés par le vent
Tour à tour chassé, repoussé, excommunié
ou au contraire fêté, recherché, imploré
L’errant apportait avec lui
un monde de damnation
ou un monde de salut
L’homme orange en danger
objet de toutes les convoitises
n’était lui même qu’un deuxième christ
trop vite, trop près, trop distrait
en dépit de maladresses certaines
Peut-être aussi un malheur
qui l’accablait s’en est allé
la preuve avec ce camion en accordéon
la preuve que rien n’advient n’importe comment

2
Je ne sais pas comment j’ai pu                          
devenir une femme qui hurle
la dureté et le cynisme dominant
m’ont laissé exsangue et épuisée
j’ai l’impression d’être un objet dans le décor
voilà qui est clair
la famille peut subsister
il faut qu’elle perde son contenu répressif
mon mari lui n’est pas un homme qui hurle
les jeunes enfants vont et viennent
le visage fermé
l’herbe qui endure me fait pitié
il leur raconte le pays
les gens qui y vivent
et les gens qui sont morts
et comment ils sont morts
il faut supprimer l’autorité patriarcale
et tous les rapports de possession
qui caractérisent la famille
alors respect des consignes ! plus que jamais !

3
Les hommes sont convaincus
que la guerre se guérit par la guerre
comme le guérisseur
prescrit la chair du serpent
pour guérir sa morsure
l’herbe aventureuse
croît dit-on sur les falaises
j’ai pris l’habitude après le dîner
d’enfiler mes baskets pour sortir marcher
c’est qu’avec ces mains inconnues
qui caressent encore l’air
un relâchement de vigilance
le quartier n’est pas très sûr
bien qu’il soit ancien
le quartier s’assombrit
à mesure que j’avance

les textes 4 et 5 sont un collage d’extraits des mêmes textes avec des ajouts et des modifications personnelles.

4
Je suis l’homme orange en danger
je marche vite pour me réchauffer
au bord du grand champ
tapissé d’une herbe de couleur tendre
l’espace forestier se dessine
sous la forme d’une masse sombre
de couleur bleu vert
je marche au bord de la route
il faut redoubler de vigilance pour ne pas être shooté
par les voitures les camions les camping cars
je suis parfois un homme qui hurle
dans un temps ou le conquérant
par la logique même de son attitude
devient exécuteur et policier
l’artiste est forcé d’être réfractaire
je rêve de bivouaquer la nuit
sur les hauts promontoires
mon feu cisaillé par le vent
la dureté et le cynisme dominant
m’ont laissé exsangue et épuisé

5
Je n’aime pas respecter les consignes
J’aimerais tant faire des dessins
dessiner serait comme le synonyme
d’être attentif à l’herbe aventureuse
qui croît sur les falaises
ou à la surface d’un étang calme et limpide
un chat sauvage détale sous mes pas
Artiste c’est un métier dangereux
on est tour à tour chassé repoussé excommunié
ou au contraire fêté recherché imploré
au fond il faut rester nomade
s’en tenir à la part la plus archaïque de nous même
être comme l’enfant qui va et vient
le visage fermé et qui soudain s’éclaire
comme si le malheur qui l’accablait
s’en était allé

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(sorry, j’ai oublié de qui et de quel album jeunesse est sorti cette magnifique illustration…)

Bon, visiblement, mes explications sont trop confuses pour la plupart d’entre vous, en “vrai”, on arrive à se comprendre, mais à distance, c’est plus compliqué…

 

 

 

Pour clore, un poème encourageant de Robert Desnos, dans Destinée arbitraire (gall.)

& puis, dans 5 minutes, c’est le 1er avril : (je ne sais plus dans quel livre — sur les vêtements, à cause de cette jupe-pagne aux poissons? — j’ai vu cette photo bien mieux que ça)


agitations, actions et inactions

Date : 31 mars 2020

Après avoir causé d’autres choses et de boulot avec Jean-Pierre Larroche au téléphone, il m’envoie un mail avec des dessins pour participer au blog. Merci!
“ce soir un dessin idiot avec bête :un bonhomme : (& le même en pied)

et là j’imagine une scène avec une oreille conférencière (l’oreille, pour une fois, prendrait la parole) :

la scène s’ouvre sur la forme d’une conque
un théâtre de l’ouïe
et après ça continue à l’intérieur mais je n’ai rien encore sur le papier et dans ma tête ça bouchonne

et pour finir je t’ai t’ai tiré au hasard deux cartes de notre jeu des principes d’action (celui qui t’était destiné et qui s’est volatilisé mais que je te ferai parvenir à nouveau)
à gauche un principe d’inaction, à droite un principe d’action :

alors en réponse, à rester sur son rail et se couler dans l’action…

oui Jean-Pierre, je t’entends bien, ça va venir,
c’est un (r)appel pour notre projet, je le sens..!
Tiens, j’ai retrouvé cette photo
(qui illustrait avoir les portugaises ensablées, je crois..)

On avait causé entre autre de ça :

Référence donnée par Hendrik Sturm (artiste marcheur) pour son cours – à distance…-  “biologie de la perception: l’oreille et l’audition”, envoyé aux étudiants confinés des BA de Toulon, où il enseigne la sculpture et la culture générale (approche scientifique).
Avant d’avoir entrepris des études en biologie (thèse en neurobiologie), Hendrik a étudié à la Kunstakademie de Düsseldorf, notamment dans les ateliers de Jan Dibbets et Tony Cragg. Contrairement à un nombre important d’artistes ou de scientifiques qui procèdent à des échanges entre des domaines scientifiques et artistiques, il ne s’intéresse pas en tant «qu’amateur» à la science ou vise-versa : ses parcours le placent comme professionnel à la fois dans le domaine scientifique comme dans le domaine artistique.
Souvent, les relations entre sciences et art s’appuient sur l’utilisation d’approches scientifiques comme une technologie qui sert à produire des propositions artistiques. Hendrik Sturm n’est pas intéressé par cette forme d’articulation : les liens entre le domaine scientifique et le domaine artistique ne se situe pour lui pas au niveau du contenu, mais au niveau de la méthodologie : son travail scientifique en neurologie l’a familiarisé avec la difficulté de récolter des données, de les interpréter, d’en trier les données exploitables et de prendre en compte la pollution de ces données par d’autres informations. S’appuyant partiellement sur une posture scientifique, il réfléchit dans son travail artistique essentiellement sur l’organisation des modèles pour décrire le monde. Ces modèles scientifiques s’appuient, comme les productions artistiques, partiellement sur des métaphores.

Ça me fait penser à Zaven Paré.
Qui est confiné à Marseille dans le jardin de l’observatoire (y’a pire…) pour sa résidence à l’IMéRA (Art, science et société)
Allez voir son site, car super Z est un cas génial de non confinement dans une petite case (& il est passé par le lycée agricole)!!
& , dans une galerie,
et , au sujet de Madame Bovary
et aussi sur le site de TK21 (allez au bout de la video!)

(j’aime bien son portrait avec mon manteau en renne sur fond de parpaings !!)

Donc, après avoir causé au téléphone, Z m’a reexpédié un mail (de confinement) au sujet du ‘conditionnement’ :

” À la galerie Tretyakov de Moscou, est exposé le portrait d’Ivan Pavlov pour lequel le peintre symboliste Michail Nesterov a reçu le prix Staline en 1941, durant la période de l’art réaliste socialiste de propagande. Peinte en 1935, alors que le théoricien des réflexes conditionnés avait 86 ans, cette toile le représente assis de profil […] face à un pied de pervenches blanches.
[…] Pavlov fait face à une plante comme s’il s’agissait d’un sujet d’étude scientifique maintenu à une distance calculée. Dans une sorte de mise en abîme, Nesterov peint son ami dont le métier est justement d’étudier le rôle, le fonctionnement et l’organisation mécanique, physique et biochimique des organismes vivants dans leurs interactions avec leur environnement.
Nesterov dit que la pose aurait duré 8 heures, 8 heures durant lesquels Pavlov donne l’impression de guetter le moindre frémissement du végétal. […]
Pavlov était connu pour être un expérimentateur méthodique jusque dans ses habitudes. Il déjeunait et se couchait à heure fixe, il nourrissait ses chiens à la même heure et chaque année il partait en vacances le même jour. Pour lui, tout semblait se résumer à la mesure du temps. Le sujet de cette toile semblait représenter l’attente dans la durée: le portrait d’un vieillard face à l’éphémère printemps d’une fleur, une fleur qui symbolisait aussi l’amitié, la sincérité et la loyauté dont parle Nesterov dans son journal. Cette relation au temps qui s’écoule est au cœur de toute recherche, de celle du peintre comme de celle du scientifique. Même si aujourd’hui, il a été démontré que le conditionnement classique au sens Pavlovien existe également chez les plantes, c’est leur observation dans des dispositifs expérimentaux étirés dans le temps qui a permis cette découverte (Gagliano – Vyazovskiy – Borbély – Grimonprez, 2016).

Sur ce tableau, le visage de Pavlov est calme et les plis de sa veste indiquent que son corps est relâché. Seules les jointures de ses doigts refermés avec fermeté révèlent que ses poings sont volontairement maintenus serrés. Sa puissance physique et ses pensées paraissent à la fois avoir l’air apaisées par les stimuli envoyés par la plante, en même temps qu’il semble avoir un effet héliotropique sur les petites fleurs blanches qui se tournent vers lui. Ici, c’est le peintre qui a fixé le cadre de l’expérience au physiologiste : aucun réflexe conditionné, juste une pose. Dans cette mise en scène, le paysage silencieux de la vie intérieure du scientifique ressort. Selon Rousseau, la contemplation des fleurs préviendrait le tumulte des passions.
Tout observateur cherche à faire parler les objets qu’il étudie. Même en donnant une valeur de témoignage et de document à sa peinture, Nesterov n’a pas cherché à faire un simple portrait, mais il a aussi essayé de peindre une allégorie de la sagesse, dans cette disposition où Pavlov donne l’impression d’écouter une plante. En humanisant le scientifique, Nesterov transforme ce portrait en scène de contemplation. Une représentation de la contemplation qui illustre le temps qui coûte à l’observateur, la durée inhérente au travail et la persévérance qu’implique toute recherche.

Zaven Paré
Résident du programme Art, science et société
IMéRA – Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université “

& pour continuer, des extraits d’un livre ‘ancien’ de Zaven Paré que je trouve toujours aussi formidable chaque fois que je le regarde :
Brasilia, (livre d’artiste, 45 ex., 1993)
(réédité en 1999 chez Harpo &     EAN : 9782913886056   12 €)

& puis, ça m’a donné envie de ‘rechercher’ dans Télescopages quelques extraits où Z apparaît :

 


au dehors

Date : 30 mars 2020

• Il y a souvent des bonnes surprises au courrier !

Vous allez pouvoir y voir vous aussi, avec les adresses ci-dessus !

& puis je vous partage quelques “je me perds dans les jours” de Philippe Guerry, avec du dehors, tant qu’à ne pas y être… :

• Tiens, toujours le courrier, un peu de pub et contre pub !
J’ai toujours eu des ordi Mac, toujours d’occase vu que j’suis plutôt pauvre. Et je les ai achetés chez eux, à Villejuif (par la poste!)
& j’aime bien leurs newsletters, voilà (1 bout de) celle d’aujourd’hui

• des news de Xavier, qui est parti au Chili voir sa fille…

Je vous ressors de leur enveloppe où elles sont rangées 2 photos de Xavier Pinon, sur lesquelles je dois écrire (un jour viendra… heureusement que Xav. est patient!)
Les 2 prises de vues sont hors confinement, quoi qu’on puisse penser! (au Pays Basque, et à côté d’Arromanches)

• Une illustration qui déconfine avec oiseau qui piaille (extraite de Listen,  illustration Pascal Lemaître) :

et justement sous l’eau (salée), des bêtes extraordinaires à voir ici et ici

• & d’autres bêtes “fantastiques” :

à lire
et puis, de fil en aiguille, sur la même actualité, toujours à la radio, merci Annie Ernaux

• et à Radio Cave-Po cette semaine :

• bon, mais j’ai rien fait encore pour radio Cave-Po, au lieu de ça je fais des travaux forcés volontaires sur mon balcon…
j’ai quand même été à l’atelier, déballer et ranger par couleur les tiges de verre commandées cet hiver

& cette nuit, j’ai visité une exposition avec des boulots en verre qui m’ont beaucoup plu..!!!! je crois que je vais essayer de copier certains boulots de mes rêves..!

• et je ne range pas ma maison plus que d’habitude — plutôt moins, même…., mais j’ai commencé le ménage de printemps dans mon ordinateur..!
alors, parmi les images archivées, toujours Pour Lucky, d’Aurélien Delsaux

• et en ouvrant le pot de miel

• D’ailleurs, ce we, le coucher de soleil était rectangulaire

Heureusement qu’il y a Bonnard

•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

Il y a souvent un addenda après un post, (ils sont rarement “définitifs”!)
Une “réponse” de Philippe Guerry après avoir lu la 1ère mouture mise en ligne de celui-ci, qui m’en bouche un coin! extra!!


des choses qui filent la niaque (ou pas)

Date : 26 mars 2020

Je ne connaissais pas les éditions Artulis.
Lise Maurer qui a participé à l’ouvrage ci-dessous m’en a parlé aujourd’hui, et j’ai été voir sur le net…

 

Qu’un éditeur fasse à la fois de l’édition de bibliophilie pour les happy few et numérique pour tous, c’est déjà formidable!
Je vous engage à aller voir sur leur site !

Il y a aussi ces entretiens, en voilà 2 qui m’ont fait comme des cadeaux !
(et je vous renvoie aussi, sur le blog, à ce livre)

 

••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

& puis, pour revenir à des choses moins belles, un message reçu :

et une photo vue sur un blog (E. Tourtet) avec un journal de confinement, ça fleurit en ce moment (j’espère qu’on va pas en retrouver plein les tables des libraires..!!)

• Mais pour ne pas finir là-dessus, un autre mail, qui fait plaisir, de C.T.
(et qui me donne envie de m’y remettre d’une façon ou d’une autre…)


et pour comprendre, le “départ” de ces 3 bonnes choses par jour…

c’est bien si ça fait yoyo et que me redonne envie de chercher une nouvelle forme pour dire les jours…!
• & on finit en apothéose, donc, par un chaud coucher de soleil de printemps froid (ça caille aujourd’hui!)


par la fenêtre

Date : 25 mars 2020

 

• Hier, je reçois ce message de Laurent

 

 

 

• & puis cette chose réjouissante, dans le genre, avec ce ridicule masque “télévision”  :




je repense à cette banderole en recevant ce message
(c’est plus compliqué de voter que d’applaudir…?)
et en attendant 20h que mon voisin mette (vraiment, il a du super matos) à fond la Marseillaise…

& puis aussi ce soir, c’est un concert de cloche… pour l’annonciation…
(attention aux postillons…)


Après Fra Angelico, la transition est un peu rude, mais….
(& si les gens n’ont “rien à faire” chez eux, est-ce qu’il va y avoir un regain de natalité à Noël pour compenser la mortalité?)

Bien sûr, il y a la formule de San Antonio (Bravo Docteur Béru), mais bon…

et cette phrase que j’adore sur la page de dédicace  :

à laquelle je pense après avoir reçu d’une amie (allant se faire poser un cathéter pour une chimio) cette petite video :

• & demain, sur radio Cave Po

 

 

• un report annoncé avec une date, justement

• & reporté aussi, organisé par la Boutique d’écriture de Montpellier (membre du réseau PEC), la projection de ce film dont ces quelques extraits donnent envie de tout voir!!!

 

• et en attendant de retourner voir des films dans des salles et des expositions, ces peintures de Bonnard (à propos des “compositions avec appui” comme les nomme Didier Christophe qui a partagé une petite conférence) qui réjouissent le cœur et les yeux (dont certaines peintures que je n’avais jamais vues) !
& puis de la lumière,  la circulation dans l’espace même bloqué, entre les plans, le dedans et le dehors, la à côté…
C’est bien en ces temps de confinement..!!


atelier d’écriture du mardi – N° 25

Date : 25 mars 2020

atelier 25, mardi 24 mars, chacun.e chez soi

Voici des poèmes de Blaise Cendrars (Gallimard)

et puis voilà 15 fichiers son pour des exercices (sur une idée-involontaire-de Raphaëlle, qui m’avait envoyé les 2 premiers sons en me demandant si je trouvais ce que c’était !)

Pour chacun, écrivez un texte sur que vous entendez, ce à quoi ça vous fait penser, n’essayer pas de contrôler toutes vos pensées (car vous pensez…!)
(les poèmes de Cendrars ne sont pas là pour les chiens, je voudrais que vous forciez votre écriture « habituelle » dans ce sens… ça va bosser!!!)
(et normalement, ça devrait vous changer les idées confinées par ce virus)

si ça vous est possible, tapez moi vos textes
sinon enregistrez-les
sinon, ou en plus et si ça vaut le coup visuellement, faites-moi une photo de votre page


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Les sons 1 & 2 proviennent de Raphaëlle, donc
Les sons 3 à 13 proviennent du site

Les sons 14 & 15 sont les sonneries (téléchargées) de réveil et d’appel de mon téléphone….
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1 — Uncle Meat :
“C’est le bruit que je fais lorsque je mange. ”

 

 

Sylviane :
Imperceptible bruit de la vie
Choses remuées pages tournées
Ils traversent l’air pour déchirer
Mon silence

L’un après l’autre
Ils viendront décourager
L’adversité

 

Sylvie :
De l’eau
On lave
On récure
Elle racle
Elle respire la terre
Son couteau racle la pierre, la terre
             qu’elle retourne avec l’eau
La terre est traversée de petites rigoles
           qui dessinent des stries
Je l’observe, elle prend la pelle-bêche
            elle coupe la terre et la fend
            son dessin est rigoureux et précis

 

Manée :
J’entends des cochons qui mougent,
verbe « mouger » premier groupe,
dans la langue de mon enfance,
patois disait- on…
Des bruits qui laissent venir des odeurs
l’odeur des pommes de terre
cuisant à l’étouffée
dans la chaudière
d’une vieille locomotive à vapeur
pour la pâtée des cochons

 

David :
Je marche comme un zombie
Au coté de choses hideuses
Apparitions difformes
Soufflantes et mugissantes
En un rythme infernal
L’humanité s’est perdue
Le minotaure triomphant
Est à nouveau dans la place
Monde entier labyrinthe
Aux recoins de folie
Tu vas encore sombrer
Dévorer tes enfants

Dominique :

2 —

 

 

Parasite cri au secours
Quelqu’un vient les pas résonnent
Fruit de mes rêves les meilleurs gagnent
Pourquoi rester sur le chemin de halage
Je prends les rênes
Me conduire mieux que le pire des cochers
Ils boivent c’est bien connu
Alors je n’aurais pas de mal

Trinquons à la vie!

 

Par mauvais temps
             elle sort quand même
Des bruits de botte sur le sentier humide
Le son de ses bottes sur l’herbe gelée
Le sol est doucement blanc
Ça crisse, ça cri sur la boue

 

Raphaëlle :
Celui-là ose et il fait du bruit

Avec ses pas dans les feuilles
Tout est crissement
Je l’entends
Sans blague
Je n’écoute pas correctement ?
Allons donc
Ceci n’est point un poème

 

Est ce bien raisonnable
de passer déjà la faucheuse ?

 

Ça a coupé
C’est sûr c’est foutu
Seul mais y sont où les autres
Contact plus de contact
Seul dans la station
Le vent dans les câbles
Au son plaintif et lugubre
Effrayé par moi-même
Je pressens cette chose
Les russes sont à 15 kilomètres
C’est dangereux d’y aller
Et si je reste là
C’est fini pour moi

Dominique :

3 — (bol tibétain frappé)

 

 

Des amis sont revenus du Népal
Ils m’ont ramené le cadeau promis
Une vache qui répond par oui ou par non en remuant sa tête
Une vraie vache habillée de tissus de coton coloré de pompons de broderies
J’ai besoin d’une vache pour répondre à mes questions
Car personne ne sait 

Oui ! dit ma vache

 

Le son de la cloche claire, reste et dure
                     longtemps

 

L’heure de la cloche a sonné
ça m’fait penser
Qu’c’est pas l’été
Et pourtant
Les bras ballants
Je m’en vais
Je vais
Partir
Au loin, là où vaches et brebis ne s’échappent pas.

 

Le bruit de l’enclume sonne clair
jusque dans le lointain
et s’éteint doucement dans le vallon

 

Y a quelque chose qui cloche
Sommeil paradoxal
Je sombre lentement
Plumes duvet et cire fondue
Je chute à l’envers
Ça s’entend encore
Alors que ça n’est plus

4 — (brouette sous la pluie)

 

 

Quelque chose en moi remue
La machine est en route
Tourner ! tourner ! les cellules s’entrechoquent
Dans les cellules les prisonniers trinquent
Laver les verres
Lever les verres
À bon entendeur salut

Je n’entends plus ce qui choque
Le vacarme est éternel pour celui qui entend

 

La pluie tombe drue sur la véranda recouverte d’éverites
Pour la première fois j’ai touché le son des gouttes de pluie
                   en les effleurant avec mon pouce
Un peu de pluie
Des bruits de pas à côté
Mécaniques
Répétitifs et saccadés comme le cheval de fer à l’entrée en gare du Capitole
Une machine trie les haricots secs et fait voler les cosses

 

Voilà qu’on entend plus
Quand on est confiné
Ce bruit des machines
Ces bruits de la rue
Ou de la presse
Je ne sais
Ou bien la pluie
Et puis quoi ?
Et ça n’en finit pas.

 

Lire de la poésie
dans le bruit d’une bétonnière
comme Maïakovski
aimait à le faire dans
le brouhaha de la grande roue

 

Pluie battante
Sur les tôles du hangars
Libère d’une sécheresse
L’odeur de terre assoiffée
Enfin mort le silence
Aux promesses désertiques
La toiture pleure et chiale
Les gouttières en explosent

5 — (bulles soufflées avec une paille dans une baignoire)

 

 

Sortir du monde
La tête sous l’eau le soleil me rattrape il est chaud
Je lâche des cris qui deviennent bulles
Les paroles ne se comprennent pas
Lacher des bulles tout ce qui me reste
Résister à l’intérieur expirer et lâcher prise

 

Le son glousse d’un ton humide
De petites bulles m’éclaboussent le visage
Je ris
La baignoire se vide, des globurlesques
                sortent de la bonde affolées

 

F. a mis la tête sous l’eau
Elle croit ainsi qu’elle verra l’univers
Mais en fait elle bulle
Fait des bulles
Et ça bouillonne
Et ça tourbillonne

M. annonce qu’elle est prête à plonger
Malheureuse.

Il n’y a pas de fond
Aïe ! Elle va se cogner
Tant pis. ça glougloute, l’air est vicié
Et je mets fin à ce poème à peine commencé.

 

Grenouille
grenouille
tu gargouilles
gargouilles

 

L’enfant
Met la tête sous l’eau
Vide ses poumons
Lentement
Éprouve son souffle
Puis recommence

6 — (clavier lent)

 

 

Qu’est-ce qui se cache dans cette dent creuse ?
Au clair de la lune trois petits lapins qui mangent des prunes
Un éléphant fait des ronds de jambe
Attrape une prune
Monsieur l’agent je ne voulais pas…
Tout contrevenant est passible d’une amende
La saison des amandes n’étant plus
Nous sommes dans l’obligation de distribuer des prunes
Au clair de la lune trois petits lapins n’ont plus les moyens

 

Clac, clac, clac-clac-clac
Ses doigts trottinent
Son écriture est hachée
Elle recommence comme une romance
Ses petits talons frappent la terre glacée
            j’écoute et j’écoute encore ce petit bruit qui crépite

 

Il veut faire croire qu’il coupe
Non, le rythme n’y est pas.
Tout décousu même.
Tiens, une ampoule à mon pouce
Pour avoir coupé les cheveux
Les cheveux en 4
D’une sonorité mal placée.

 

Les trots d’ânes
quand ils boitent d’une patte
ressemblent
à des percussions désaccordées

 

Comment écrire un roman fleuve
Quand on tape avec deux doigts
Même un haïku
Ça mettrait des plombes
On devrait indemniser
Les handicapés du clavier

7 — (frottement de mains avec du gel hydroalcoolique)

 

 

Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine
Toute peine mérite salaire
Sale air mauvaise tête
Quelques têtes d’ail font fuir le diable
Mais le diable existe-t-il ?

 

Maintenant elle frotte
Elle lave et elle frotte
La porte s’entrouvre
            et je la découvre à genou au bord du lavoir – Le facteur Cheval

 

Poncer
Pas trop
Pas tant
Sans papier
En faisant croire
Qu’un bel objet
Est en phase de se faire
Foutaise !

 

Grattage et ponçage
sont les deux mamelles
des travaux
mais c’est comme au jardin
semage et repiquage
sont plus plaisants
que bêchage

 

Un diable jaillit
De sa boite à ressort
Et se brosse les dents
Avec force et vigueur

8 — (oiseaux de nuit avec rossignol)

 

 

Toujours un plus fort que l’autre
La plainte éternelle moi moi moi toujours moi
Le ricanement de la hyène
Fait taire tous ces mécréants
Jusqu’où aller ?

 

Bien sûr les moteurs sont à l’arrêt
Je ne crains plus d’entendre le chant des oiseaux
Ils n’en font qu’à leur tête
Ils s’égosillent
J’en ai plein les tympans !
Le printemps les ranime
            ils appellent les filles, c’est sûr
Qu’est-ce que c’est que ce chahut ?
Un cri strident
Un cri de feu

 

Ah comme l’on se marre
Nous, oiseaux nocturnes
Faisons tintamarre
Les chiens en ont marre
Me voilà assourdie
Par le chant de vie

 

Tiens la chouette s’est trompée d’heure
et hulule sur fond de chants des mésanges
et même les grillons s’en mêlent

 

Le vieil homme écoutait
Et réécoutait sans cesse
Ce son d’un autre âge
Disparu révolu
Le silence matinal
Morne et poussiéreux
Se colorait de vie
La joie se nichait
À nouveau dans l’oubli

9 — (crayon à papier sur une feuille)

 

 

Frotter pour faire disparaître une tâche
Les poils de la brosse sont durs la tâche résiste
Je frotte plus fort
Pourquoi les tâches doivent-elles disparaître ?

 

Elle écrit comme un chien qui a couru
J’entends son haleine, sa respiration forte
Elle gomme, elle rature
Elle va vite, elle est pressée, il est urgent
            qu’elle écrive

 

Allô Londres
Je ne reçois plus

 

La main qui dessine
Rature et rayure
Abandonne toute pensée
Enrage le papier
Le monstre noir surgit
D’un geste décidé

10 — (rouge-gorge)

 

 

Ne pas hésiter
Il faut tout sortir
Les trilles avec les notes
Les paroles avec les pensées
Le portefeuille avec le mouchoir
Les mains de sous la table
Le bébé dans la poussette
Les secrets des tiroirs
Les papiers du coffre

Attention aux fausses notes

 

Coup de sifflet dans la ville muette
La partie est gagnée !

 

Oiseau tu chantais si bien
qui t’a cloué le bec?

 

Dis donc l’oiseau
Tu vas continuer longtemps
À me casser les oreilles
Est-ce que je viens moi
Brailler à tue-tête
Ferme-la un peu
Écoute les avions
Les autos et tondeuses
Et tout le tremblement
Écrase un peu
Écoute la mécanique

11 — (petit ruisseau)

 

 

L’eau ne coule pas dans les villes
Comme à la campagne
On entend le bruit des cailloux
Et la fraîcheur de l’air

 

L’eau ricoche et rigole
C’est une coureuse
Elle va et elle vient entre les rochers
Le petit bras du né
Le moulin à noix
Les sifflets de sureau fabriqués par mon grand-père sur les berges
Les fritillaires rose nacrées dans les prés inondés de la Charente – Février

 

Coule coule
Roucoule
Ma poule
La houle
Le foule
La boule
La moule
C’est cool.

 

Il reste encore quelque part
des eaux de ruisseaux
aux reflets d’argent
et truites qui les remontent
vivement

 

Enfant dans un moulin
Le bruissement de l’eau
Sous le plancher de ma chambre
Ça parle et dit des choses
Dans la torpeur du sommeil
L’eau sous mon lit
Bavarde et fait sa vie
Elle rempli la mienne
D’histoires sans embrouilles

12 — (chouette effraie)

 

 

Chute cheval chant chameau chacal
Chat huant charme chastement chatoyant

 

Il sera bientôt nuit
Son cri grinçant me crispe et m’inquiète
Le chat ne se réveille pas à ce cri de rapace

 

ça pourrait être un oiseau
Mais c’est un ronflement ajusté
Qui ne permet ni de s’endormir
Ni de réfléchir
Tout juste d’imaginer
La nuit étoilée

 

Tout le monde peut adoucir sa voix
même une scie sauteuse

 

L’oiseau se signale
Bien tard dans la nuit
Accompagne l’insomnie
Nuit blanche nuit noire
Comme le plumage des rôdeuses
Accrochées aux voliges
Des granges éventrées

13 — (grillon l’été)

 

 

Chaque treizième coup de minuit
Les pendules sont remises à l’heure
Il manque une heure à chaque fois
Au bout de combien de jours n’y a-t’il plus d’heure

Je donne ma langue au chat

 

Un autre cri lui répond, plus gai
Appel
La chaleur est accablante comme dans les romans italiens

 

L’été 76, il fit tellement chaud
que j’entendis une cigale
comme celle-ci
chanter près d’un sapin
(oui en Corrèze)

 

Le vieil homme arrêta
Le son des oiseaux
Et se remit un peu
Celui du grillon
Ça aussi disparut
Les odeurs de l’enfance
Lui piquèrent le nez
L’ancêtre éprouva
L’envie de rejouer

14 — (loriot)

 

 

Il suffit d’avancer résolument pour parvenir à son but

 

Ce cri est celui d’un amoureux qui se met en quatre
Il n’a pas peur, il veut la séduire
La réduire
Pour quel mal ?

 

V’la l’printemps
On est bien contents
On s’en fou
On est chez les fous
Y a Macron qui,
enfermant les hommes,
A libéré les chants

 

Et maintenant l’oiseau
qui t’a blessé ?

 

Les oiseaux sont étranges
Bavards et connectés
Shootés de liberté
Et nous pauvres rampants
Lourdingues à en crever
Prenons-en de la graine
Observons-les un peu

15 — (hiboux petit duc)

 

 

Le réveil matin et l’endort soir
L’entonnoir sur la tête du fou le fait passer pour un oiseau moqueur
Tout le monde rit
Seul le fou pense
J’amuse la galerie de ces biens pensants
Malgré eux la folie gagne
L’entonnoir accepte plus qu’il ne peut donner
Les égouts se déversent dans de belles rivières
La mer est sale
Elle baigne tous les rivages
Endors toi oiseau moqueur
L’entonnoir n’a pas de filtre

 

Appel
Signal d’alarme
Sirène près de l’étang à crapaud
Nom d’un chien !
Le train est déjà parti

 

Hibou sur le vieux tronc
Veille sur ton pays
Mousses roches et vielles branches
Bâtisses abandonnées
Ton appel nous soulage
Insomniaques inquiets
Si tu es encore là
Il nous reste de l’espoir

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• & après avoir entendu et vu brouter Uncle Meat, une video où on entend Raphaëlle parler de son travail :

• & dans un mail de Manée, accompagnant ses “devoirs”  :
PS:  à propos des mésanges, je retrouve un extrait d’une lettre de Rosa Luxemburg à Sonia Liebknecht du 2 mai 1917 :
« Je me sens plus chez moi dans un petit bout de jardin entourée de bourdons et de brins d’herbe que dans un congrès du Parti. A vous je peux bien dire cela tranquillement : vous n’irez pas me soupçonner de trahir le socialisme. Vous savez bien qu’au bout du compte du compte, j’espère mourir à mon poste : dans un combat de rue ou au pénitencier.
Mais mon moi le plus profond appartient plus à mes mésanges charbonnières qu’aux camarades. »

• & les sons, à Cuba ?
Dominique et Jeanne sont (encore?) à Cuba et nous envoient ces photos :

“Hello, ici on a internet de temps en temps, on est encore relativement préservées, mais difficile de trouver du temps pour l’atelier…on en prend plein les yeux et on fait le plein de sourires en attendant de rentrer…le plus tard sera le mieux! Prenez soin de vous et faites de beaux rêves…”
& un autre mail reçu en même temps :

• & Manu Dibango est mort du coronavirus…


pas de confinement pour l’écriture – 1

Date : 24 mars 2020

en attendant, comme le suggérait Leslie à la fin de l’atelier n°24, je vous envoie des « devoirs facultatifs » avant l’atelier du mardi !

C’est pas une punition, alors faites-le si vous en avez envie et le temps, et avec le sourire, car ça peut être top et ça peut faire du soleil dans les nuages du confinement…

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Atelier en rab jeudi 19 mars

Voici une page du journal de bord de La Pérouse :

& voici différentes lettres de Gaston Chaissac (prises dans différents livres de différents éditeurs, très petits ou plus gros) :

En vous inspirant de ces documents (style, ton, etc), écrivez votre journal d’un jour, et une lettre à envoyer à quelqu’un.e de l’atelier. (et à moi!)

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• Leslie m’a écrit hier lundi :
Essky ya un Natelier ce soir ?
(J’ai pas fait mes devoirs madame j’étais malade)
(je suis la seule qui a la grippe dans le covid intersidéral)

Alors oui, ça y est je confonds les jours.
Pourtant c’est pas très différent pour moi (hors tournée…)
Je me suis mis mardi en tête et après c’était foutu.
A demain
Leslie

• Manée me dit que c’est en train …
“mais en attendant je t’envoie une lettre dans la lettre ( sache d’ailleurs que j’en ai aussi commencé plusieurs que vous allez recevoir; je prends mon temps-puisque le temps de cet étrange confinement, qui à la fois s’étire et se précipite, va durer- et je me disperse avec plaisir et vertige entre jardin, rangements et lectures ); bref voici une lettre de Erri de Luca adressée à Nicoletta Dosio, enseignante de latin et de grec condamnée à un an de prison pour s’être opposée à la construction du tunnel du Val di Suza et emprisonnée depuis trois mois à Turin.
C’est aussi curieusement, avec le chant de la mésange, un écho aux sons que tu nous a envoyés pour l’atelier 25.

PS: Et à propos des mésanges, je retrouve un extrait d’une lettre de Rosa à Sonia Liebknecht du 2 mai 1917 :
« Je me sens plus chez moi dans un petit bout de jardin entourée de bourdons et de brins d’herbe que dans un congrès du Parti. A vous je
peux bien dire cela tranquillement : vous n’irez pas me soupçonner de trahir le socialisme. Vous savez bien qu’au bout du compte du compte, j’espère mourir à mon poste: dans un combat de rue ou au pénitencier.
Mais mon moi le plus profond appartient plus à mes mésanges charbonnières qu’aux camarades. »

• En recevant un mail de pub des éditions Parenthèses, je fais un lien d’épistolerie  :

 

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• Sylviane est la seule a avoir répondu aux consignes  :

 

 

Elle a écrit une lettre à Agnès et me l’a envoyée (ainsi qu’à Agnès, à qui ça a fait chaud au cœur) en fichier son.
(J’ai exploré différentes appli de retranscription pour obtenir un fichier texte… Ça aide, mais faut revenir dessus, et quid de la ponctuation !
Celle-ci (et les fautes d’orthographe et d’accords) est de mon fait, en écoutant l’enregistrement…)

Chère Agnès
Ce sont nos rencontres à l’atelier d’écriture les mardis dont j’ai la nostalgie. Ne crois pas que c’est pour les écrits que je produis. Certes j’aime m’acquitter de nos consignes et partager les mots que j’ai soigneusement  alignés.  Je m’efforce d’agiter ma plus belle plume, avec un peu de vanité; j’ai eu mes belles heures, mes beaux jours… Je ne sais pas expliquer ce que produit sur moi le glissement du stylo ou du crayon sur la feuille.
Aujourd’hui, j’ai décidé de commencer un grand ménage dans ma maison. Le printemps est là, c’est donc le ménage de printemps. Et il ne font rien oublier : le réfrigérateur, faire le tri dans les placards, laver les rideaux, …et faire les vitres, sinon les rideaux n’auront l’air de rien.
Ce soir, j’ai fait cuire des poireaux dans une grande marmite d’eau salée. Quel régal..! Les poireaux chauds en vinaigrette et le bouillon agrémenté de quelques vermicelles italiens.  Les poireaux sont le ménage de printemps des intestins et on peut le faire en toute saison.
Le temps est doux, il fait soleil, nous n’avons presque plus de chauffage. J’espère que tu te plais à Tulle ces jours-ci. Avec le confinement, il n’y a plus de circulation, ni des véhicule, ni des personnes.
La dernière fois où nous nous sommes vues, tu m’as dit envier l’endroit où j’habite. Aujourd’hui, c’est toi qui a l’avantage d’être dans une ville aux allures de campagne ; certes provisoire..!
Est-ce que tu écris pour toi ces temps-ci ? Comment passes-tu le temps dehors de ton travail ? Si tu ne travailles pas, cela ne doit pas être facile non plus de passer le temps.
Je te quitte; je veux garder du temps pour lire ce soir et il est un peu tard. C’est la première fois de ma vie que je vais me coucher sans avoir vu personne depuis 4 jours !
Bien affectueusement à toi.
Et bonne santé.
Sylviane

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& puis, pour poursuivre le ménage de printemps, Jeanne range des livres chez sa mère et retrouve des merveilles, dont ce livre sur les affiches polonaises de mise en garde au travail :


En haut à gauche, affiche Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski

 

Milieu : Papa, fais attention
(Andrzej Kowalewski)

En dessous, page de gauche :
Ce n’est pas comme ça qu’on fait le plein.

Droite :
– Tu as choisi le mauvais cheval
– Tu bois tout ton gain
– L’alcool au travail/ mauvais travail


En haut à gauche : Vérifie (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)
À droite : Arrête — les doigts ne repoussent pas — presse la viande avec le poussoir
En bas à gauche : Les étourdis — épouvantails des chauffeurs
À droite : – la mort sera plus rapide (Roman Ciéslewicz)
– N’aveugle pas    – Piétons, attention

En haut à gauche : Ne pense pas à autre chose
À droite : Aie l’esprit au travail (Stanislaw Zagórski)
En bas à gauche :
– un petit verre augmente les risques d’accident au travail (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)
– entrée interdite aux personnes étrangères au travail
À droite : après l’eau-de-vie — avant l’accident (Waldemar Swierzy)

En haut à gauche :
– Ne risque pas
– ne descends que comme ça
À droite milieu :
par ici le passage est plus sûr

Milieu : pas besoin de légende…
(Waldemar Swierzy)

 

En bas à gauche :
protège tes mains (Maciej Urbaniec)


En haut à gauche :
– Ne tend pas de pièges aux autres  – Protège ta santé
À droite : Ne fais pas de bruit inutilement (Maciej Urbaniec)
En bas à gauche : Ne fais pas de bruit (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)
À droite : Le bruit est l’ennemi de la santé

En haut à gauche : une mauvaise chaussure blesse (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)
À droite : Ne blesse ni tes mains ni les boulons – abandonne les vains espoirs (!!)
En bas à gauche :
– le coût de l’inattention
– la négligence peut vous coûter cher
– un fusible supplémentaire protègera l’installation électrique
À droite : Ne touche pas à l’installation électrique si elle est endommagée (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)


En haut à gauche : On en fume une ?
À droite :
– il voulait nettoyer ses vêtements à l’essence (Roman Ciéslewicz)
– ça a commencé par un mégot

Milieu : attention bête dangereuse (Maciej Urbaniec)

En bas à gauche :
Ne néglige pas tes égratignures
À droite :
Avec une mains comme ça, tu ne gagneras rien (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)


En haut à gauche : Fini le jeu sur la chaussée
À droite : une bouteille d’oxygène, c’est comme un bébé (Stanislaw Zagórski)
En bas à gauche : Respecte les normes de charge à porter (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)
À droite : Ne transporte pas plus que ne le prévoient les normes
– Danger de mort pour celui qui transporte des charges au-dessus de ses forces. Fais-toi examiner. Va voir le médecin (Roman Ciéslewicz)


En haut à gauche :
L’essence empoisonne ton sang
À droite :
Évite les décharges. Observe les dates de révision de ton matériel

Milieu : Ton ennemi

En bas à gauche, à gauche :
– Maintenant tu peux nettoyer
En bas à droite :
Une burette appropriée pour chaque recoin (Waldemar Swierzy)


À gauche : Veille à la culture au lieu de travail (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)
À droite : Moi je n’attends pas pour faire de l’ordre dans mon atelier. Fais de même (Waldemar Swierzy)

Beau, non ?! (& comme quoi le travail est dangereux..!)
Des échos dans ma bibliothèque :

et un message hier de Christine, qui confine par moment sur instagram :

bon ben, va falloir aussi ranger mon atelier pour aller y bosser (sans danger et sans oublier d’être libre malgré le confinement..!) et ranger la bibli pour retrouver des trésors..!!

Pour finir, une photo envoyée par Manée, qui conjugue affiche (une repro de Delaunay?), fleurs, céramique ,et impression textile… (au boulot….!)

 

 

 


courriers confinés

Date : 20 mars 2020

Lundi, tout s’accélère, (pour se ralentir…)
Des formulations laissent pantois.e.

Lundi matin, aussi, ce texte dans lundi matin


et chacun se fait un peu de soleil qui circule dans les messages…
 
Mettre à profit ce temps de confinement obligatoire pour travailler..!
avec Jean-Pierre, par ex., qui s’est occupé des oreilles ce we, “avec des légendes parce qu’il y a des mots pour tout”

“tu sais comme c’est compliqué de dessiner ou de peindre une oreille ?
un bourrelet devient un creux, l’extérieur passe à l’intérieur, ce qui distingue deux régions s’estompe, on ne sait jamais où les formes commencent et où elles s’arrêtent
c’est un vrai problème pour quelqu’un comme moi qui ne sait pas faire le modelé, mes oreilles font souvent n’importe quoi…”
je lui réponds, et lui envoie le livre extra de Joël Baqué (qui vient de ressortir chez POL) La mer c’est rien du tout (on avait travaillé à partir d’extraits dans un atelier d’écriture)
accompagné de la carte de vœux 2019 de la Cave-Poésie, avec un texte d’Emanuel Campo


et par rapport à l’auriculothérapie, on peut parler à un organe directement, d’autant qu’on a les doigts dans les oreilles…!!!

mardi,

cette annonce d’un fonctionnement dé-confiné pour les oreilles (et la tête) à la cave poésie, chouette, c’est là, et ça donne envie d’y participer ! (à suivre…)

& on reçoit un max de mails de différents sites, sociétés, etc. pour nous informer de leur nouveau fonctionnement, tous un peu pareil…
En voilà un qui m’a fait rire (c’est eux qui vendent les “néons” flexibles!)

& puis mercredi, dans la boîte :

ça faisait juste plusieurs mois que je l’attendais…
… depuis avoir travaillé pour ce projet au mois de juillet, en écrivant dans des magasins parisiens de tous les arrondissements et banlieues…

… depuis avoir repris la maquette pour mon texte, pour que ce soit plus lisible…
… depuis avoir attendu d’être payée à la saint glinglin…
… depuis être sans nouvelle depuis des mois…

en voici des extraits de mon texte, avant version pour l’édition, en ces temps de rues vides :

& puis, c’est le printemps, qui s’en fout du confinement :
Des extraits de


atelier d’écriture du mardi – N° 24

Date : 19 mars 2020


Aujourd’hui, ça commence par un mail :
Bonjour!!
bon alors, l’atelier d’écriture aura lieu chez vous!
je vous propose de garder les mêmes horaires
je vous envoie donc les consignes à 18h30…!
A ce soir
et des bises de plusieurs centaines de kilomètres de distance
fabienne

et des réponses :

atelier 24, mardi 17 mars, chacun.e chez soi
Encore une nouvelle expérimentation pour ce nouvel atelier


(photo Xavier Pinon)  (sans trucage ni machine..!)


(photo Raphaëlle, donc..!)

1 — l’équilibre de la chute.

Vous vous promenez dans les bois, le loup n’y est pas. Mais certains arbres jouent à ne pas tomber.

Faites 2 textes, un pour chaque photo. (vous avez 20 mn X 2)
Pour chacun, une description « de la réalité » et une description onirique. Pensez à la chute (du texte).
pensez au style, essayer qu’il suive vos descriptions, que les idées et le style marchent ensemble si possible

 

 

 

 

Sylvie :
Une forêt, dans une forêt une clairière, un peu de soleil filtre au travers des branches.
Le feuillage est plus dense et plus vert sur la partie basse de la végétation. L’arrière plan est flou, ou carrément la photo est floue.
En avant et au centre de la photo, comme sur-ajouté au premier plan, un petit tronc flotte, il est coupé de sa base. Il est net. Le cadrage coupe le tronc sur la partie supérieure. Le tronc est un jeune tronc, avec sur le côté droit comme le départ d’une toute petite branche, frêle et pointue, qui la fait ressembler à une épine.

J’ai comme l’impression qu’il se passe quelque chose d’inhabituel, le soleil et la chaleur ont ramolli la forêt et maintenant mes lunettes double foyer me font percevoir une drôle de chose : de mon œil gauche je vois un paysage flou, et de mon œil droit je vois un demi tronc bien net.
Son épine est comme un clou où je pourrai accrocher mon manteau.

 

 

 

 

Leslie :
La coupure est nette. C’est la trace d’un outil motorisé piloté d’une main décidée. L’arbre est suspendu, probablement provisoirement, je ne pense pas qu’on puisse laisser un arbre comme ça, légalement. Il n’a plus d’attache au sol, il flotte en l’air, il lui manque le bas. En haut, tout va bien, ses voisins de futaie le tiennent dans les nœuds de branchages qu’ils avaient poussé ensemble depuis plusieurs années. L’arbre sans attache au sol a l’air jeune. Il avait déjà été taillé. Quand même son écorce est ridée, mais je ne connais pas suffisamment bien les arbres pour savoir si ça veut dire quelque chose.

Ça se voit que ce n’est pas un castor qui a fait ça. On a envie de s’y mettre, en-dessous, là où est le vide, on n’y croit même pas que ça tienne. Imagine un arbre, et ensuite, imagine qu’à la hauteur de tes yeux ton regard en passant l’a découpé, pour que tu remplaces ce qui avant le reliait à la souche. Imagine la taille des racines en dessous, moi je les sens qui tendent tout entières vers la reconnexion, il y a quoi, un mètre cinquante, c’est fort les racines, tu sens que la sève pousse vers le contact. C’est pile ta taille ce qui manque. Si tu t’y mets tu dois porter mais tu sauras ce que ça fait d’être un arbre, jusqu’à ce que la sève t’enveloppe, à la façon qu’ont les arbres de cicatriser, en traversant tout.

Leslie

Difficile d’interpréter la scène. On dirait quand même que quelqu’un est passé, a fait n’importe quoi et est parti. Mais c’est sûrement pas ça. Avant ça devait être un petit bouquet de troncs, et maintenant c’est un petit bouquet de troncs, mais deux d’entre eux ont été encouragés à se désolidariser de leur souche en tombant vers le côté, sciés nets mais ça tient encore, parce que c’est posé contre, vers l’extérieur. Un autre juste devant, il a plus de souche mais il repose sur les autres, on dirait qu’il est même pas là. Ceux qui ont l’air d’avoir été choisis pour rester là sont épluchés, ça nous fait un mélange de mousse, d’écorce et de bois à vif, avec des trous à travers lesquels on voit la forêt et le ciel. Ca ressemble plus au pied d’un vieux champignon qu’à un arbre, avec deux bras de la victoire.

Lui, avec ses deux bras articulés, et son air de victoire, il sait pas ce qui l’attend, c’est beau, et c’est triste évidemment. Ce petit moignon qui dépasse, et lui fait un nez, comment il est arrivé là ? Ce trou de ciel entre les troncs, c’est un œil, évidemment, et tout entier le multi-arbre condamné regarde à droite, vers le futur, un futur où ses bras vont inévitablement se détacher avec toutes les tempêtes et les gens qui ont besoin de bois pour leurs cheminées. Il dit « halte-là » avec son œil et ses bras, et ça ne le protègera de rien, il a sûrement déjà disparu maintenant. Ca ne fait rien car je ne me crois pas capable de l’oublier, même si dans la cheminée peu de chances que je reconnaisse les bras d’un monsieur multiarbre défiant et innocent qui m’avait ému.

 

 

 

 

Sylvie :
Dans un bois, en lisière d’un champ, quelques conifères en mauvais état. Au centre les troncs enchevêtrés forment une composition en V. Les troncs de droite et de gauche forment le V, pour cela ils ont été coupés à leur base et orientés dans des directions opposées. Ceux du milieu semblent écorcés, leur matière et leur couleur ocre les différencient : ils sont installés à la verticale, les uns contre les autres, au milieu du V.

V. En bûcheron maladroit, il a dévasté un petit bosquet
Arbre écorcé
Arbre à mousse
V est près de la lisière
Une pâle lumière horizontal

 

 

 

 

2 —

Collez (par l’imagination) votre oreille contre un de ces arbres en photo et écoutez-le :
Transcrivez le message
Pensez au style de votre transcription (15 mn)

 

 

 

Sylvie :
Le petit tronc : Trutt psitt psitt grrr pff trutt psitt, hep, hep… mais qui me tient en l’air comme ça ?
Je suis suspendu à un fil !
Mais qui m’a attaché ?
J’arrête pas de tourner sur moi-même !
Grrr, psitt, trutt, psitt…
De quoi j’ai l’air ? Une toupie dans le vide !
Ce fil n’est pas bien gros, on devrait bien arrivé à le couper… Un petit fil de laine rouge…
Grrr, psitt, trutt, grrr, psitt…
Épépé, je suis dans le vide ! Hep…

 

 

 

Leslie :

Je n’étais pas trop jeune pour le job,
Mauvaises langues.
Tenir
Tiens

Voyez mes peintures de combat
Et les sept bois dont je suis fait
La forêt m’a donné une parure de cheveux
Pour les yeux des intrus

Je triomphe
surplombe les décombres laissés par la bataille
Que j’ai tout seul menée
Que rien de bouge et ça ira

Et si mes articulations sont à deux doigts de céder
Pour l’instant ça tient
Mauvaises langues

 

3 — Extrait de La Rage de l’expressionLe carnet du bois de pinFrancis Ponge (gall.) :

Reprenez la chute de vos 2 premiers textes
Repartez de ces phrases pour faire un nouveau texte

 

 

 

Sylvie :
Le tronc est un jeune tronc, avec sur le côté droit comme le départ d’une jeune branche, frêle et pointue qui la fait ressembler à une épine. Son épine est comme un clou où je pourrais accrocher mon manteau.
Quelle drôle d’idée d’accrocher son manteau, dans une forêt, à l’épine d’un arbre ?
Cette idée d’épine me poursuit tout comme l’idée du clou. L’épine est, ma foi, pas si grande que ça, elle n’est peut-être pas si dangereuse ? Les arbres ont des épines pour se défendre, ils sont fragiles, et il faut bien qu’ils se protègent un peu. Certains ont imaginé cette solution contre les prédateurs. Le févier d’Amérique a même de petites touffes d’épines sur son tronc qui ressemblent à des oursins. On l’appelle parfois épine du christ. Çà ne donne pas du tout envie de grimper aux arbres tout ça !
De fil en aiguille, de l’épine au clou, de l’épine de la couronne du Christ au clou de la crucifixion, je me perds.
Du fil à l’aiguille, de l’épine au clou, du clou au manteau, le manteau rouge de la résurrection, il me revient en mémoire ce retable de Colmar où l’on voit le Christ flotté dans les airs, au-dessus du tombeau vide enveloppé du manteau rouge qui le touche à peine.

 

 

 

 

Leslie :

J’ai écrit ceci : « Quand même son écorce est ridée, mais je ne connais pas suffisamment bien les arbres pour savoir si ça veut dire quelque chose. » Je m’appliquais à décrire la réalité. J’ai écrit aussi que je ne pouvais pas.

Ici un arbre, là autre chose : être objective.

J’enfile mon déguisement de garde-forestière, mise en situation, confiance : chapeau large bords, bottes, ridicule ! Je ne sais même pas comment s’habille l’ONF. Qui suis-je pour parler d’un arbre ? Et quand je parle de lui, je parle de la peau des vieux et des vieilles, de nous les humains, comme si ça l’honorait, l’arbre, qu’on le compare à un vieux. Vieille déformation, oui, humanocentrisme, bêtise.

Mais bon, je ne parle pas arbre. RIDICULE ! Les arbres ne parlent pas.

Ils font sûrement des trucs qu’on ne comprend pas, et nous – quand on parle – ils pensent (RIDICULE ! Ils ne pensent pas, ils exhalent divinement le message transcient et permanent qui les relie) qu’on fait KRRR KRRR KRRR en criant trop de mots qui ne veulent rien dire et qu’on parle sans savoir, en parlant de leurs belles peaux ridées et en SE SERVANT D’EUX pour justifier qu’on est « encore belle » à deux cents ans comme grand-mère feuillage dans Pocahontas.

Tous ces gens qui me regardent parler d’un arbre.

C’est insultant pour eux et pour l’arbre.

Personne pour décrire la forêt vraiment, tu dois expliquer à quelqu’un qui n’a jamais vu un arbre, tu fais comment ? T’as jamais vu d’arbre, tu connais pas les feuilles non plus, ni le bois, ni la sève, ton monde c’est pas le même à la base. Il y a pas de forêt, tu respires pas, comment t’expliques ?

Quand je parle onirique je dis : « si tu t’y mets tu dois porter mais tu sauras ce que ça fait d’être un arbre, jusqu’à ce que la sève t’enveloppe, à la façon qu’ont les arbres de cicatriser, en traversant tout »

C’est beaucoup plus réaliste.

 

4 — Extraits de La fabrique du pré de Francis Ponge (Skyra)

Reprenez tous les éléments écrits ce soir pour refaire 1 texte (nouveau) pour chaque photo, comme si vous « creusiez » le sujet et l’écriture.

 

Raphaëlle m’envoie un message avant que je reçoive sont texte :

 

 

Leslie :

Il lui manque le bas
Il lui manquerait le bas, si c’était un homme. Là c’est seulement la photo d’un arbre. Avec un tronçon manquant (tronçonné), remplacé par le petit sapin de second plan.
J’ai la sensation qu’il bouge, ce premier plan d’écorce, nimbé de flou, et je la sens dans mon ventre, l’absence. Je n’ai pas l’impression que l’arbre va tomber. Son membre fantôme, membre d’arbre, membre d’un seul membre, résonne trop fort, et c’est l’image qui fait ça, avec son net et son flou. Même quand j’imagine que c’est une mise en scène, que tu tiens une bûche dans la forêt, ça marche pas, je sens toujours la vibration dans la photo.

 

Il y a quelques années j’ai acheté une tomate dans un supermarché pas du tout éco-responsable, parce qu’elle avait des yeux et une bouche, dessinés sur sa peau de tomate sans goût par les chocs successifs ou simultanés. Avec mon amoureux de l’époque on disait que c’était notre enfant et on a commencé à ne plus pouvoir la manger. Elle était dans le frigo pour ne pas pourrir. En y repensant c’est vraiment bizarre et triste comme comportement, mais ça reste, un sentiment très fort envers les choses qui ont des visages, qui ont l’air de passer un message, de dire « ne me détruis pas, s’il te plaît ». C’est seulement une résonance inconnue avec ce quelque chose de triste chez moi qui refuse de ne pas s’attacher à l’inanimé. L’histoire de cet arbre, de cet enfant-arbre de la forêt, sacrifié et ridicule dans sa volonté de faire barrage, alors que le temps étire son visage vers le haut et que nous lui enlèverons les bras, je sais que c’est inutile.

Sylvie :

Le tronc est un jeune tronc, avec sur le côté droit comme le départ d’une jeune branche, frêle et pointue qui la fait ressembler à une épine. Son épine est comme un clou où je pourrais accrocher mon manteau.
Quelle drôle d’idée d’accrocher son manteau, dans une forêt, à l’épine d’un arbre ?
Cette idée d’épine me poursuit tout comme l’idée du clou. L’épine est, ma foi, pas si grande que ça, elle n’est peut-être pas si dangereuse ? Les arbres ont des épines pour se défendre, ils sont fragiles, et il faut bien qu’ils se protègent un peu. Certains ont imaginé cette solution contre les prédateurs. Le févier d’Amérique a même de petites touffes d’épines sur son tronc qui ressemblent à des oursins. On l’appelle parfois épine du christ. Çà ne donne pas du tout envie de grimper aux arbres tout ça !
De fil en aiguille, de l’épine au clou, de l’épine de la couronne du Christ au clou de la crucifixion, je me perds.
Du fil à l’aiguille, de l’épine au clou, du clou au manteau, le manteau rouge de la résurrection ; il me revient en mémoire ce retable de Colmar où l’on voit le Christ flotté dans les airs, au-dessus du tombeau vide enveloppé du manteau rouge qui le touche à peine.
J’ai l’impression qu’il se passe quelque chose d’inhabituel. Dans la forêt les branches enchevêtrées laissent filtrer un peu de lumière. Un petit tronc flotte, il est coupé à sa base. Le tronc a une jeune pousse au côté droit, un jeune rameau, ou une épine, je ne sais pas bien. Il flotte mais nul manteau ne l’enveloppe.

 

& puis, pour Clore, un message de Manée :

 


atelier d’écriture du mardi – N° 23

Date : 18 mars 2020

atelier 23, mardi 10 mars
aujourd’hui, pour l’atelier d’écriture (et pour nous !), nous assistons au

En assistant à cette présentation-conférence-discussion, je vous demande :
de prendre des notes sous différentes formes :
• relever le vocabulaire et la précision du propos, les formulations qui vous frappent

• faire une carte mentale, un « arbre à paroles », avec ce que vous entendez, et ce à quoi cela vous fait penser ou fait dériver votre imagination, comment vous reliez ces idées
à vous de trouver la forme (+ ou – visuelle) qui vous convient le mieux

• écrire/construire un texte sous forme de vers libres avec vos prises de notes (et notes personnelles) sans chercher à faire quelque chose d’harmonieux et de juste syntaxiquement
pensez au retours à la ligne, au blanc entre 2 prépositions qui n’est pas neutre
etc.

Chacun.e assistant au même événement, quels différents textes obtiendrons-nous ?

Comment écoute-t-on en prenant des notes ? quelle est la part d’automatisme, de passivité, de re- création, de meilleure écoute ou différente, comment circule la pensée « en direct » des oreilles au bout du stylo ? appréciez cette expérience

Puis une fois rentré.e chez vous, sans regarder vos notes, faites un petit texte qui traduise cette expérimentation

(et faites-moi suivre les textes, (photo des) dessins, enregistrements de cet atelier 23… merci !!!)
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A ce jour, voilà juste les feuilles (je ne les ai pas toutes photographiées recto/verso) de Sylvie, qu’elle nous a lues samedi au Lieu/Lien :


et les voilà tapées :

merci beaucoup Sylvie pour ce beau travail !


entre 2 mars

Date : 18 mars 2020

Revenons sur mon dernier séjour à Tulle, j’étais tellement occupée que c’était silence radio !

Aller vendredi 6 mars, raté ma correspondance à Toulouse (10 min entre 2 trains dont l’intercités qui vient de Marseille et qui est souvent en retard….), mais outre travailler dans le train, c’était aussi l’occasion de lire les 3 livres que j’avais commandés aux éditions Sombres torrents, dont le livre découvert à Tournai dans la bibliothèque de Camille :



J’ai la flemme de photographier quelques pages du livre, juste les titres des chapîtres pour vous donner l’eau à la bouche :
Dormir dans l’eau / Tenir dans l’espace / Envol textile / Light and colorful / Dansables / Le velouté des fleurs / Le paradigme du tapis / Comme sur des roulettes / Circulations chromatiques, entre le soleil et la nuit qui glisse / Move it, move it

& aussi ce petit livre, bien que je ne connaisse pas le travail de Thomas Salvador, mais le titre et le résumé m’avaient fait envie.

& après l’avoir lu, je l’ai donné à Federico, que ça pourrait interesser..!

Car Federico Rossin présentait l’œuvre documentaire d’Eric Rohmer (né à Tulle il y a 100 ans)

& puis, c’est extra, on peut voir la plupart de ces documentaires sur le site de Gallica
et spécialement ces 2 là qui m’ont enchantée (chacun ses goûts)
celui sur Victor Hugo à Jersey

et celui sur Mallarmé et le style

portrait par Manet ou Nadar…

& le lundi 9, on attaquait notre semaine du Printemps des poètes

Avec Dominique, on prend la navette de 11h35 à la gare, avec une provision de textes et de bonne humeur

Il n’y a pas foule, le chauffeur n’est pas au courant mais partant pour l’aventure, et il éteint sa radio, les passagers écoutent, ou pas, une dame préfère téléphoner, mais on ne s’arrête pas pour autant de lire (un peu plus fort). Dominique, qui a oublié son téléphone avec sa chanson enregistrée, chante gaiement à la place d’Henri Salvador entre 2 poèmes de Vian. On descend du bus, après le tour complet de la ville, enchantées, et le chauffeur aussi est content!

Mardi, même chose avec Serge, qui remplace, un peu inquiet de n’avoir jamais lu en public, les absent.e.s de l’atelier d’écriture. Il a choisi des textes qu’il aimait bien, dont un de Armand Gatti qui n’a pas l’air de plaire à une dame (trop politique ?)
C’est la navette plus vieille et plus bruyante qui nous emmène. Un couple de gros handicapés monte en cours de route et parlent extrêmement fort, écoutant quand même d’une oreille et disant c’est beau, plus calmes en fin de trajet. On n’est pas mécontents d’arriver de nouveau à la gare après notre périple qui nous a demandé de l’énergie…

 

Mercredi, avec Sylviane,

qui me fait découvrir (puisque je suis aussi voyageuse!) de superbes textes de Claude Ponti, que je m’empresse ensuite de commander à la librairie.
Un monsieur un peu simplet qui traine souvent en centre ville prend la navette, et au début refuse d’écouter et de s’assoir, en disant que la télé, ça suffit..! Puis il se calme et s’assoit à côté de moi, écoute, apprécie certains textes plutôt que d’autres, fait signe aux gens de se taire et d’écouter.
Le chauffeur est jovial, qui apprécie la pêche et nous demande des textes qui parlent d’animaux, il prévient en chuchotant tous les gens qui montent dans le bus : aujourd’hui, chut, il y a une lecture de poésie!
Il suggère aussi que ça ait lieu à d’autres moments dans l’année… pourquoi pas ?

Pour le chauffeur  (Cali) :

Jeudi, personne de l’atelier pour m’accompagner, alors je fais grève (mais je bosse comme une damnée!)

Vendredi, c’est Sylvie, après une réunion spécial Coronavirus à la mairie où elle est adjointe aux Affaires Sociales et Solidarités.
On rate la navette de 11h35, alors on prend celle de 12h05 après une pause au soleil sur un banc… Au milieu jusqu’à la fin du parcours, nous ne sommes plus que 3 avec le chauffeur, c’est l’occasion d’écouter l’extrait de roman qu’elle nous lit, et comme elle n’a pas finit le chapitre, elle me lit la dernière page en descendant du bus (car je veux savoir la fin!!)

& ça m’a donné faim, et comme il y a du soleil (alleluia!), j’attends David à La Régalade, où, quand le monde retournera (en) rond, vous pouvez aller car c’est bon, sympa, pas cher !

Fin de l’épisode lectures toute la semaine dans la navette du centre ville…!

lundi aussi, petit tour à Bram fm pour enregistrer un entretien sur ce qu’on fait pour le printemps de poètes ; le nouvel animateur prépare tout pour ne rien oublier, imprime les papiers en 2 exemplaires pour moi et lui..
Par contre, tout ce que j’ai préparé pour une émission “spéciale” (les entretiens aux secours catho et pop, les lectures de l’atelier d’écriture passeront à l’as…
(trop de boulot inconnu en perspective pour ce nouvel animateur angoissé ?)
Je suis déçue (d’autant que ça représente beaucoup de temps passé), mais déterminée à ce que ça existe quand même, autrement, ailleurs !!

Le mardi, avait lieu l’atelier d’écriture n°23 au théâtre, en écoutant Marielle Macé

Pour Marielle Macé, la cabane est une formidable invention qui puise dans l’imaginaire et les savoirs collectifs et partagés. On la retrouve partout, théâtre des jeux d’enfants ou encore espace-refuge des populations déplacées. La cabane permet la poésie et élargit notre vision de l’hospitalité. À la croisée de la littérature et des sciences sociales, Marielle Macé nous entraîne sur des chemins sensibles, en quête d’espaces intacts et réinventés dans un « monde abimé ».
Marielle Macé est directrice de recherche au CNRS. Spécialiste de littérature française, elle a publié Nos Cabanes (2019) et Sidérer, considérer (2017) aux éditions Verdier, ainsi que Styles, Critique de nos formes de vie (2016) aux éditions Gallimard. Normalienne, agrégée, docteur (Paris-IV, 2002), habilitée à diriger des recherches (EHESS, 2011), elle enseigne la littérature à l’EHESS. Elle fait partie des animateurs des revues Critique (Éditions de Minuit} et Poésie (Éditions Belin). Au sein de la revue Critique, elle a récemment coordonné un numéro spécial « Vivre dans un monde abîmé » en 2019.

Pour différentes raisons, ça aurait pu être mieux, mais ici, c’est bien
& puis aussi, en partant et parlant plus du théâtre :

Faire une cabane de pensées, une cabane à penser, comme un outil pour mieux voir et comprendre le monde, ce qui lie les éléments pour que cette endroit soit tenable ; Sylvie a bellement (sans mouton) retranscrit la rencontre :
 

Mercredi et jeudi, revoir une maquette et commencer par faire du nettoyage d’un fichier repris d’années en années par commodité(s) et qui à force contient des fantômes informatiques, et plus beaucoup de forme !

& on va pas laisser ces filles avec une forme qui n’est pas la leur (non décidée) et ignorer l’appel de la couverture !

Alors la page d’ouverture donne déjà envie d’y être ! (ou ça sera reporté….)

jeudi soir, de la poésie iranienne à la médiathèque

sauf que les poètes contemporains dont il est question ont tous plus de 80 ans et que le décor de la médiathèque ne fait pas rêver…
Mais apprendre qu’en 1896 en Iran, naît une nouvelle poésie où il n’y a plus forcément de rimes, que Lamartine a beaucoup influencé la poésie iranienne, que des petites filles qui jouent s’interpellent dans la rue par le 1er vers d’un poème très connu (je ne sais plus l’auteur)  “Mais où vas-tu si diligemment ?” et que c’est pour elle une langue naturelle…
& puis, il y avait un musicien formidable, Mohsen Fazeli, qui jouait du târ (en habits de tous les jours) :

vendredi soir à la librairie Préférences, concert-lecture en hommage au poète Pierre Peuchmaurd, avec Pierre Mainard, éditeur, (et Laurent Albarracin, qui a écrit sur son œuvre et présenté une anthologie)

Pierre  Peuchmaurd a aussi publié
le journal de Maurice Blanchard chez Patrice Thierry, réédité depuis par ?(cherchez!),
quel livre (et esprit) formidable !

 

 

Puis, aller au Lieu/lien préparer le local, mettre le chauffage pour pas qu’on se caille trop et faire vite (et bien) fait une vitrine pour le lendemain :
 
Samedi (on sera moins de cinquante, et pas tassés, pour les nouvelles normes de rassemblement en période virale)

On attend “le monde”, c’est pas le quart d’heure marseillais, c’est la demi-heure (ou plus) tulliste… Manée a mis son pantalon jaune qui fait du soleil et va bien avec l’affiche !!

A midi, débutent les lectures de Sylviane, David, qui lit un texte de Pascale, Manée, qui lit un texte de l’atelier et des poèmes de Mahmoud Darwich, et Sylvie, qui lit (en primeur pour nous tou.te.s) ce qu’elle a écrit lors de l’atelier de mardi au théâtre
(contrairement à ce que les photos laissent penser — je les prends de côté, où je suis — la salle n’est pas vide, il y a un peu de monde!!)

Vous pouvez retrouver ce que Sylvie nous a lu ici


Puis monsieur Madiane, traducteur et interprète syrien (que je suis bien contente de rencontrer), nous lit des poèmes dont celui-ci (je fais la voix française et lui lit en arabe, mais je ne sais pas toujours où nous en sommes de la lecture alternée…!) ( je l’ai enregistré, mais il vous faudra attendre un peu pour le ré-entendre…!)

Jeanne a filmé :

Puis pause et apéro dehors, mais ça caille dur.
On rentre pour la 2ème partie, où je lis mon texte énervé de l’été avec les poubelles à la mer…

Je retrouve dans l’ordi cette capture d’écran, dans le dossier :

Raphaëlle a enregistré la lecture de loin, mais ça dure 20 min, et puis, je ne sais pas trop quoi en penser, c’est à reprendre…
voilà le début :

[…]  (et ce qui a déclenché ça : )

[…]

 

& après, on a mangé des bonnes choses apportées par tou.te.s, et puis, une fois (presque )tout le monde parti, tout rangé, nettoyé.
Avant de fermer le local, j’ai passé la serpillière, une serpillière de rêve :

& puis, après cette semaine tendue de boulot, aller se promener, il fait beau et y’a pas foule, un petit tour aux jardins partagés près de la Forêt du souvenir.
En passant devant, admirer la typo sur l’ancien gymnase :

& dimanche, le train, avec peu de monde, de rares masqués. Pas de contrôleurs (ce qui me donne toujours le regret d’avoir un billet, ou de ne pas avoir pris celui d’avant, au changement à Toulouse, qui était en retard et donc à mon heure, bien que l’attente au soleil en lisant ne fut pas désagréable !)

Booming de Mika Biermann
Contente de l’avoir fini pour ouvrir cette vraiment belle découverte :

Rentrer juste à l’heure pour pouvoir voter avant 20h, voter avec des gants… (la lumière verte sur la photo tulliste fait hôpital à souhait!)

& après avoir lavé les vitres des embruns, aller cueillir dans la nuit juste 2 freesias, pour le parfum et pour le regard de la chouette…


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