que faites-vous jeudi 17 ?

Date : 10 octobre 2019

pauvre

— & le 17 octobre, c’est une date mauvais souvenir historique, celle du 17 octobre 61
rdv le mercredi 16 et le samedi 19

1981
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atelier d’écriture du mardi – 4

Date : 10 octobre 2019

Mardi 8 octobre, 18h30-20h30 (venez vous joindre à nous!!), nous travaillons à partir de 2 textes :
20191008_185254des extraits de Annie Ernaux, la Place (Gallimard)
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La place, c’est le lieu où l’on vit (a vécu), & l’endroit (mental) d’où on écrit…

1 – Décrivez la place de votre jeunesse (en pensant à l’écriture d’Annie Ernaux), faites le portrait d’une société et vous au milieu, comment vous vous débrouillez avec les différents éléments.
Signifiez le bonheur et l’aliénation, arrachez-vous du “piège individuel”.
• la maison

David :

 

 

Agnès :

 

 

Dominique :

 

 

Manée :

 

 

Raphaëlle :

 

 

• les habitudes de vie • les relations entre les membres de la famille • le langage

Raphaëlle :

 

 

Dominique :

 

 

David :

 

 

Agnès :

 

 

Manée :

 

 

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des extraits de André Markowicz, Partages (Inculte)
markopouchkine
– Cherchez un ou des détails révélateurs, qui ont un sens “supplémentaires” dans votre histoire (histoire, langage, objet…)
– Un acquis joyeux conservé quoi qu’il arrive, qui permet de supporter tout le reste

David :

 

 

Dominique :

 

 

Agnès :

 

 

Raphaëlle :

 

 

Manée :

 

 

 

           Poule, poule ! !


histoires

Date : 2 octobre 2019

le_roman_noir_de_l_histoire-168x264Dans Le Roman noir de l’Histoire, Didier Daeninckx retrace par la fiction documentée les grands mouvements du temps (de 1855 à 2030…), les utopies de la Commune, le fracas de la chute des empires, les refus d’obéir, les solidarités, la soif de justice, l’espoir toujours recommencé mais aussi les enfermements, les trahisons, les rêves foudroyés, les mots qui ne parviennent plus à dire ce qui est…

Ecoutez cette émission, avec Didier Daeninckx au micro de Laure Adler, c’est absolument passionnant !!

A un moment, vous l’entendrez, il parle de son enfance, des couvertures de Détective chez ses parents ou sa grand-mère, je ne sais plus, et puis aussi, de leur voisine morte au métro Charonne le 8 février 62, alors qu’il avait une dizaine d’années, de l’enterrement au Père-Lachaise (avec le mur des fédérés), avec 500 000 personnes dans les rues… Il dit qu’il a été happé par cette histoire.
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Il parle aussi de son livre sur Missak Manouchian,

dont ces paroles :
“Pour sauver la poésie, il faut prendre partie et prendre les armes. Le moteur de sa vie (à Manouchian), c’est de  sauver la poésie, le seul espace de liberté où les mots peuvent dire 10 000 choses à la fois alors que la 1ère victime des dictateurs c’est toujours la poésie, quelques chose qui ne peut pas être mis en ordre de marche ; c’est Garcia Lorca et ainsi de suite.”

malgré le mot-à-mot de certaines “illustrations”.., sinon, cette version dépouillée où le texte résonne :

& cet entretien réalisé par Nicolas Dutent et Guillaume Quashie-Vauclin avec Didier Daeninckx  dans La Revue du Projet, n° 11, octobre-novembre 2011 :
Nicolas Dutent 
: Si on opère un retour rétrospectif sur votre œuvre, une question qui s’impose est de savoir de quelle manière vous avez décidé de permettre et de réussir la synthèse entre mémoire historique et démarche romanesque.
Didier Daeninckx : Au départ ce n’est pas une volonté théorique de choisir cette manière d’interroger l’histoire par le biais de la fiction. Cela tient vraiment à un parcours personnel. Dans une première période, le roman m’a permis d’interroger des moments de ma propre histoire, et d’élucider certaines interrogations en jetant des hypothèses. Mon premier roman, avant Meurtres pour mémoire (1984), évoquait la construction de la centrale de Fessenheim et traitait des enjeux liés au nucléaire dès les années 1970. Il interrogeait par exemple la manière dont une société est saisie d’une technique qui peut la conduire à sa destruction.
Je venais d’un milieu extrêmement confiant dans l’idée de progrès, qui était alors considéré comme quelque chose d’obligatoirement positif et libérateur et, d’un seul coup, cet espace était confronté à quelque chose qui disait le contraire, pointant l’incapacité  d’aborder cette interrogation environnementale.

Juste derrière j’ai écrit Meurtres pour mémoire, qui questionnait la guerre d’Algérie, les répressions, le fossé qui s’était creusé entre des gens qui portaient un discours et une action indépendantistes et des forces progressistes qui les avaient lâchés. Je m’étais alors inscrit dès 1983 dans l’interrogation du silence d’une société sur les responsabilités de gens arrivés aux plus hautes instances du pouvoir. Tels Maurice Papon ou Bousquet en embuscade. Il y a dans mes livres d’une part une critique de l’état de la société mais aussi un regard parfois effaré sur mon propre camp, une forme de désespoir raisonné sur ses insuffisances et petites lâchetés.

Guillaume Quashie-Vauclin : Ce qui est justement frappant dans Missak, c’est cette sorte d’état d’esprit historien qui est le vôtre à certains égards, votre volonté de comprendre et de faire comprendre qui est Dragère. Sans amener le lecteur à juger de manière trop frontale. Cette démarche, pourtant ancrée dans le code génétique de la discipline historique, un certain nombre d’historiens s’en écartent paradoxalement aujourd’hui… Comment conciliez-vous donc l’exigence de la méthode historienne et son articulation avec les « droits imprescriptibles de l’imagination » (La Semaine Sainte, Aragon) ?
DD : Pour Missak, cet enjeu a été encore plus évident que dans mes autres romans. Par l’intermédiaire d’un personnage clairement identifié, ma recherche a été celle du vraisemblable. Constatant des « trous » énormes dans la biographie de Missak Manouchian, ma volonté a été de rechercher ses actes à partir d’éléments concrets datant par exemple de 1938/40 et en tirer des éléments romanesques vraisemblables. Confronté au pacte germano-soviétique et apatride, les Allemands ayant eu à l’époque une responsabilité majeure dans le génocide arménien, comment va-t-il se comporter ? Si nous n’avons pas de textes, nous savons comment il va agir, il le fera en s’enrôlant dans l’armée française dès 1939. Il est ainsi tout sauf dans une position attentiste ; il est dans une démarche de lutte contre le nazisme qui le pousse à se retrouver instructeur en Bretagne. Tout ce parcours est vérifiable. Si ce travail est à base historique, sans que je sois pour autant historien, j’emprunte effectivement ces techniques d’interrogation de la réalité. Mais l’historien, lui, ne s’autorisera jamais à constituer des scènes et à « placer » le personnage. Ce travail s’est accompagné par ailleurs de nombreuses découvertes d’archives, avec l’injonction correspondante de ne jamais excéder la réalité vérifiée du personnage. Sans pour autant se priver de l’invention romanesque : cette voie est donc extrêmement étroite. Aragon avait si bien montré dans le Cycle du Monde réel sa capacité à interroger à la fois son époque et sa relation à son père, préfet de police ; la filiation est donc là, en abîme, elle devient un enjeu essentiel à côté du travail de retranscription historique.

ND : Envisagez-vous donc la fiction comme un moyen, si ce n’est d’accéder à la vérité (entreprise fort risquée et incertaine), mais de la rétablir lorsque celle-ci pour des raisons parfois obscures a été bafouée, comme par exemple le 17 octobre 1961 ?
DD : C’est dire en effet une partie des éléments de la vérité qui ont été dédaignés, mis de côté, rabaissés. Mais au moment de la production du livre, cette intention ne préexiste pas. C’est un constat a posteriori, possible rétrospectivement. Le plus essentiel demeure pour moi le point de vue adopté pour faire en sorte d’être au plus près de la réalité. Cette question du point de vue est résolue de manière différente dans Meurtres pour mémoire où j’entreprends un travail sur trois époques par un jeu de miroir, tandis que dans Missak, c’est choisir le moment où on peut débusquer les non-dits quand les choses ne sont pas encore dites vers 1955/56 (Budapest, rapport de Khrouchtchev). On navigue entre le mensonge absolu et le début des aveux. C’est là qu’Aragon, personnage non central mais important de ce roman, écrit son magnifique poème « l’Affiche rouge » qui pose le problème de la vérité et montre les contradictions et les tensions du moment, de ce qu’on nous a rabâché, de ce qu’on a pris alors pour vérité […].Ce qui me passionne dans l’écriture c’est ce passé récent qui a encore une charge sur le quotidien. Meurtres pour mémoire n’est ainsi pas écrit n’importe quand : il prend forme en 1983 au moment de la marche des Beurs, quand un mouvement profond se développe dans notre pays où une partie de la population discriminée se rend compte qu’elle est discriminée aussi parce qu’on l’a privé non pas seulement de territoires, mais de territoires imaginaires notamment. Cette irruption-là, comme le 17 octobre 1961, est centrale car les acteurs de cette nuit-là ne sont pas à considérer en premier lieu comme des victimes – certains l’ont été et ce, horriblement – mais j’y vois avant tout une exigence de dignité et de citoyenneté dont le cœur de Paris est le théâtre (les manifestants devaient confluer place de l’Étoile) et qui s’exprime dans le défi suivant : « on vous regarde en face comme votre égal et ce territoire, nous avons le droit de le fouler des pieds ». Cette irruption de dignité est essentielle et traverse le 17 octobre 1961. C’est un défi historique majeur, tellurique, avec un peuple colonisé qui défie un empire en son sein, au cœur de sa capitale. Le travail de mémoire autour du 17 octobre 1961 est décisif car il met en lumière le dépassement en acte du statut de victime ou de colonisé et valorise une pleine phase avec la citoyenneté et l’histoire.

Quand je travaille, j’utilise mes intuitions au service de hasards, mais de « hasards objectifs » comme le dit l’ami contradictoire d’Aragon (André Breton). Dans ce que j’ai envie d’écrire, il y a des choses qui ont été disposées dans l’histoire contemporaine qui me permettent de les aborder et de les mettre en perspective aujourd’hui.

ND : Votre roman Missak, tout en donnant des clés de lecture et de compréhension nouvelles et précieuses pour ce qui est du parcours du poète arménien M. Manouchian, opère un retour attendu sur la polémique liée à l’Affiche rouge. Avez-vous eu l’intention, consciente ou inconsciente, de faire découvrir enfin à un plus grand nombre le destin pour le moins exceptionnel des vingt-trois membres des FTP-MOI de la région parisienne ?
DD : J’ai toujours été fasciné par le personnage de Missak Manouchian, par tout ce qu’il peut dire ; j’avais des éléments de lecture et de rencontres mais j’avais le sentiment que sa statue lui faisait de l’ombre. Comme c’est le cas pour certains héros. Le personnage était trop insuffisamment exprimé, avec des manquements énormes. Il y avait aussi les promesses non tenues, comme sa dernière lettre qui fait figure d’icône littéraire et donne naissance au poème d’Aragon et à la chanson de Ferré. Dans cette lettre, des choses sont demandées mais ne sont toujours pas tenues. Il demande à ses camarades d’éditer par exemple ses poèmes. C’était en février 1944 ; nous sommes en octobre 2011. Qu’on me montre une seule traduction française, ne serait-ce que d’une vingtaine de ses poèmes ! Le point de départ était donc celui-là : restituer une partie  de sa parole et de son itinéraire qui n’étaient pas apparents. On s’interroge ainsi peu ou pas sur son parcours politique. Comme s’il était né avec la carte du PC arménien… J’ai voulu traduire l’histoire d’une prise de conscience qui tient dans la rencontre avec la langue française, ce qui n’est pas banal. Il y avait aussi un flou à résoudre sur la présence et l’action près de lui du militant trotskiste de la bande, Manoukian. Il m’a fallu voir comment les pièces qui semblaient appartenir à un autre puzzle pouvaient prendre place dans le « puzzle Missak Manouchian ».

Par ailleurs, en décidant que le point de vue adopté serait l’inauguration en mars 1955 de la rue du Groupe-Manouchian à Paris (XXe), j’ai pu aussi bien donner un rôle déterminant au journal L’Humanité (à partir de recherches réalisées à Bobigny, aux archives) ou à Willy Ronis que m’inspirer pour une bonne part de Jean-Pierre Chabrol pour fabriquer et asseoir mes personnages dans le roman.
Dans ce paysage de nuages, on parvient progressivement à lever ces mystères, au milieu de certaines impossibilités toutefois.

Ma méthodologie a ensuite été facilitée par certains épisodes romanesques comme la découverte d’archives personnelles le concernant. Pour la petite histoire, alors que je commençais le travail de lecture, j’ai appris qu’une exposition sur la résistance arménienne se tenait au musée Jean-Moulin au dessus de la tour Montparnasse. Il y a de nombreux documents de la préfecture de  police, de filatures, de comptes rendus et diagrammes établis à l’époque et certaines choses émouvantes comme la Bible sur laquelle Jean Epstein écrivit le nom de son fils en prenant ce faisant un risque incroyable. Et il y avait un tableau datant de 1925/27, une huile de très bonne facture représentant M. Manouchian, nu et sportif. Je relève le prénom du peintre et me renseigne naturellement sur sa provenance. Après des recherches, je retrouve la personne ayant prêté le tableau et je tombe sur Katia Guirogossian qui se trouve être la nièce de M. Manouchian. Mélinée avait une sœur, Armène, qui est la grand-mère de Katia dont je suis devenu assez proche. Elle m’apprend alors qu’elle possède des sanguines, des études, des photos et plusieurs cartons de documents appartenant à Missak et Mélinée, ainsi qu’à Armène passée sous silence dans l’histoire du groupe Manouchian… Elle me confie qu’elle n’a jamais osé lire dans le détail tout cela, le poids de l’Histoire étant trop massif. Croyant être engloutie par ce passé, elle me demande si je veux bien lire ce qui se trouve dans ces témoignages divers. C’est essentiellement là-dedans que j’ai trouvé et puisé une grande partie de ce qui se trouve dans le livre. Comme le fait de tomber sur l’original de la dernière lettre de Manouchian glissé dans la lettre qui porte le nom de Mélinée, et dont on s’aperçoit quand on la retourne qu’il est inscrit : « Missak Manouchian, section allemande de la prison française de Frênes. » Il domine le moindre mot qu’il trace : tout est net, calibré. On sait qu’il s’adresse à l’Histoire.

Quand je repose cette lettre, il y a la sœur de cette lettre, avec une enveloppe et un papier identiques. L’avant-dernière qu’il écrivait à Armène, la sœur de Mélinée et dans laquelle il y a le début de « l’énigme Manoukian » et sa résolution : dans cette lettre – document inédit et authentique que personne n’a eu entre les mains hormis sa famille, document reproduit pour la première fois dans mon roman – il confie à Armène un devoir sacré, celui de prendre en charge et de défendre la mémoire de son ami Dav’tian dit Armenek Manoukian. Le fait que ce soit le seul de ses compagnons cité représente une importance capitale et un enjeu considérable.

GQV : Ce Dragère enquêteur, curieux et admiratif de la figure communiste peut-être exemplaire de M. Manouchian, n’est-ce pas finalement une certaine projection de l’objet et du contenu de votre travail ?
DD : Il y a de cela. Il y a en germe également cette interrogation : comment gérer les désillusions ? Considérons néanmoins qu’il s’agit non pas d’un travail de déconstruction mais d’« amplification » de la figure de Manouchian. Un personnage meurtri mais dont l’image n’est jamais abîmée. Il est en échec dans tout son univers mais il se fortifie sur des adhésions et des principes. Il y a ce double mouvement qui fait que la vérité sur Manouchian est bien plus enthousiasmante que ce qui avait été compris ou construit.
Cette complexité nous conforte dans l’idée que la vérité vraie est beaucoup plus dynamique que la vérité construite.

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(une affiche de François Burland)
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J’ai repensé à Daeninckx ce midi ;
ça fait plusieurs fois que je vois vers midi un camion de détenus qui passe à toute blinde sur les voies (vides) du tram, avec leurs mains accrochées aux petites et hautes ouvertures grillagées, un bout de visage déformé (la “fenêtre” est très en hauteur près du plafond) et les gars qui gueulent.
Comme je devais regarder ce convoi pénitentiaire avec un drôle d’air, une femme m’a parlé :
— A chaque fois, c’est à l’heure de la sortie des écoles et mes enfants voient ça, c’est terrible…
— Ils peuvent quand même leur faire des signes de bonjours!

Est-ce que ce passage “spécial” de camion pénitentiaire en ville avec les détenus à peine visibles et leurs cris peu compréhensibles, sera pour un quelconque enfant une scène “marquante” pour son avenir?

 

 


C’est bientôt le 5 octobre

Date : 2 octobre 2019

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Un entretien de Serge Hulpusch avec Federico Rossin, dans l’Echo, à propos du Journal d’un maître d’école , qu’on verra le 5 octobre à Tulle :

Comment Vittorio De Seta en vient à tourner en 1971, Diario di un maestro ? Quel est son cheminement, le contexte politique, culturel, cinématographique ?
Il a lu un livre qu’un ami scénariste lui a proposé, un journal d’un vrai maître d’école de la banlieue de Rome, publié par une maison d’édition qui s’intéressait aux pédagogies nouvelles et notamment traduit les écrits de Freinet. Ce livre racontait au fil des jours pendant une année scolaire la découverte de ce monde de la banlieue, fait de bidonvilles, de baraques, un quartier laissé à lui-même par l’Etat. L’école était une sorte de frontière à franchir. Les enfants n’allaient même plus à l’école.
L’instituteur a décidé, au lieu de faire une classe-poubelle, d’aller à la rencontre de ces enfants, de les impliquer dans une transmission de savoirs qui n’était plus verticale, classique mais horizontale. C’est-à-dire de faire émerger des enfants le savoir à partir de leurs connaissances de vie, de leur art de vivre, de leur appréhension de l’espace. Donc de détourner complètement le dispositif de l’institution scolaire tout en restant à l’intérieur.
Cette façon de faire autrement comme Montessori, Freinet et plein d’autres pédagogues a passionné De Seta. Au début il voulait juste adapter le livre pour en faire un téléfilm classique.

Le basculement s’opère comment aussi pour le cinéaste ?
C’est le moment d’or de la télé italienne. Rosselini, Bresson, Straub étaient produits par la Rai. Il y avait la possibilité de réaliser des films à la fabrication plus expérimentale.
Vittorio De Seta s’est rendu compte que sa première adaptation ne fonctionnait pas parce que si on veut réinventer le dispositif pédagogique de l’enseignement, il faut aussi réinventer le cinéma. A partir de là, il a trouvé un acteur professionnel, le seul du film qui joue le rôle du maître. Il a travaillé pendant un an avec un assistant pédagogique. Et au fur et à mesure du tournage dans une vraie classe, avec de vrais enfants.
Pour « ne pas faire un film », et « faire une école », De Seta renonce au principe du scénario. Il s’entoure de techniciens virtuoses et avec un conseiller pédagogique qui assiste les enfants sur le tournage quotidiennement, il écrit chaque soir un schéma de tournage transmis à l’équipe le matin même. Les scènes sont improvisées par les adolescents et le maestro sur la trame d’une fiction écrite au jour le jour. Le récit venait aussi des enfants. Par exemple, ils amenaient des lézards et ensuite travaillaient sur le sujet de la violence sur les animaux, la science. A partir de là l’écriture des textes, leur correction, la grammaire, la lecture sans rien imposer pour que les choses arrivent du savoir des enfants.
Dans le cadre de ce travail collectif, le réalisateur se trouve volontairement dessaisi de la direction des opérations, à l’image du maestro qui renonce à sa position de maîtrise pour se voir inversement enseigné par le savoir et l’imprévisibilité des enfants-adolescents. La notion d’auteur est mise à mal ; la capacité de réagir collectivement à l’événement devient la condition de la vérité du film.

Une sorte de work in progress?
C’est un film en train de se faire sous nos yeux. Il est tourné chronologiquement. La façon de filmer change. C’est la question pédagogique du tâtonnement. On cherche au fur et à mesure, on improvise et on fait selon ce que l’on a. La question des manuels scolaires est abandonnée comme le scénario. Les enfants ne savaient pas quand ils étaient filmés. Il n’y avait pas de clap.
L’équipe avait inventé une façon de synchroniser autrement. Ils étaient payés car le réalisateur considérait que c’était un travail. Pendant 4 mois et demi, ils ont travaillé de 10h à 13h et l’après-midi, il revenait dans la même classe avec un instituteur qui poursuivait les travaux entamés le matin. Il y avait une vraie circulation extraordinaire entre la vie et le film.

C’est pour cela que vous qualifiez le film d’«essai pluridimensionnel».
Exactement. L’essai, c’est une tentative de créer quelque chose au delà de la position d’en-haut. C’est une leçon politique, d’éthique cinématographique et une invention formelle incroyable. Ce film mérite d’être découvert. Il a été vu par 20 millions de personnes quand il est sorti à la télévision et vendu 40 pays sauf la France. C’est le moment de le voir aujourd’hui.

Ce film pour la télévision italienne, fait écho à une série française des années 70 méconnue La maison des bois de Maurice Pialat, où le cinéaste joue le rôle d’un instituteur pendant la Première guerre mondiale.
C’est les hasards de la vie. Cette série a été doublé en italien et a été vu en Italie à la même époque. Là avec cette série classique, il ne s’agit pas de raconter une école différente. Il s’agit de parler d’un homme extraordinaire en train de réaliser des choses. La façon de filmer est magistrale mais on reste dans le cinéma de fiction.

Sur la forme, on pense également au cinéaste Bruno Dumont qui tourne souvent avec des acteurs non-professionnels.
C’est un vieil héritage de Bresson. De Seta fait autre chose. C’est un jeu qui ne peut avoir lieu qu’avec les enfants. Dans le film, il y a un enfant un peu plus âgé, qui a 14 ans. Lui, il n’y croit pas et il va se détacher du projet. C’est essentiel car l’école a à faire avec les enfants. l’école enserre souvent les enfants dans des projets d’adultes comme en France avec cette idée de planifier la vie de quelqu’un à partir de l’âge de 10 ans.
Dans le film, on voit que la vie est plus complexe, nuancée, moins dirigée. Il y a la prise en compte de la question matérielle, de la vie de ces gens. C’est une enquête anthropologique, ethnographique sur le champ social mené en même temps.

Le film nous dit qu’on pourrait imaginer une autre forme d’école qui prendrait les enfants tels qu’ils sont et non tels qu’on voudrait les voir adhérer à un programme, un schéma de pensée?
Pour moi, «l’inactualité» de cette oeuvre me fait désespérer de la pauvreté de l’école d’aujourd’hui. On réécrit à chaque Gouvernement les programmes mais jamais la méthode. C’est cela qui est grave.
Le film montre que les choses sont simples si on a une volonté politique. La perspective n’est pas déscolarisante, du type « l’institution est corrompue, ce ne sera jamais un lieu d’émancipation. On va faire autrement, à la maison, dans le privée, en collectif. » Pas du tout, c’est du dedans qu’on peut réformer les choses. Le film donne de l’espoir sur le faire ensemble.

Quelle a été la réception du film en Italie et son impact dans un pays où émergeait de nombreuses expériences comme l’anti-psychiatrie?
Elle a été extraordinaire. Le film a réellement contribué à un débat collectif. Il y a eu tout un changement au sein de la société italienne dans différents domaines. Ce n’est pas un hasard si on redécouvre maintenant ces œuvres quand on a considéré ces 20 dernières années, l’école comme une espèce de jetée pour lancer les enfants dans le monde du travail. Cela a causé des dégâts énormes au niveau de la transmission des savoirs, de la dépolitisation. On en revient à la réinvention du quotidien que ces œuvres promettaient.
Il y a la question des égalités des intelligences et celle de l’inégalité des points de départ. Il faudrait considérer les élèves comme des singularités pas comme des moutons. C’est un point essentiel. Le film montre à quel point on doit résister et changer les choses. Il faudrait arrêter la dictature de la validation, des acquis. Les choses arrivent dans la vie. Il ne faut pas toujours évaluer, évaluer et sur quelles bases ! Il n’y a pas qu’un niveau, un modèle qui produit des petits robots bien cadrés, formatés, disciplinés.
Le film montre qu’on peut arriver à un savoir fondamental mais par d’autres moyens. Sa forme produit une nouvelle écriture pour un nouveau contenu, un autre possible.

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Cela me renvoie aussi au travail de Nicolas Frize, et de ce très beau nouveau livre : Les sources d’Elle s’écoule, que vous pouvez trouver Capture d’écran 2019-10-02 à 08.06.10
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& pour finir sur la représentation, cette belle lettre de Pasolini à Maria Callas, vue sur fb:
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atelier d’écriture du mardi – 3

Date : 1 octobre 2019

Peu de monde aujourd’hui, mais une nouvelle (bien)venue, Jeanne !

Un extrait de texte d’André Markowicz ; (Partages ed. Inculte)
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Où il est question d’un lieu secret et fondateur, un lieu qui nous centre.
Quel est ce lieu pour vous ? Comment, pourquoi ?
Faites des phrases courtes, adressez-vous à vous-même.

Sylviane :

 

 

David :
As-tu l’idée d’un lieu secret et fondateur, un lieu qui te centre toi qui est si décentré, toi qui a traversé tant de lieux, ou plutôt tu as été traversé par tant de lieux.
Tu as choisi de revenir vivre sur les lieux de ton enfance, ce qui pourrait être sensé si le sens ne s’était pas perdu en route. C’est parfois au détour d’une pensée tortueuse ou d’un rêve tout aussi tortueux qu’un fragment de ce lieu ressurgi, odeur, lumière, sensation de re-déchiffrer quelque chose d’autre fois bien codifié, organisé, mais pas enraciné.
Dans cette vallée où tu es revenu, tu n’y comprends plus rien. Tu connais bien ce rocher sur la rivière, mais il ne te veut plus, tu n’as plus la capacité de jouer dessus, d’y inventer un monde, d’en faire ton île.
Tout est là pourtant, un peu plus enfoui, un peu plus secret, tu ne sais plus comment on n’y accède, ou plutôt ça te coûterait trop d’essayer.
Cette rivière c’est ton lieu mais les crues successives t’ont emporté en aval, du coup tu es là et plus là. Les insectes et les truites sont partis avec, libellules bleues, vertes et jaunes, parties.
Malgré tout c’est là que tu veux être, vivre, construire ta maison.

Jeanne :

 

 

Un texte de Marc Graciano, dans la Revue 19 : Ce que vivre veut dire

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& pour vous, ce que vivre veut dire, par double vers, comme le texte
plusieurs pages svp, vous crispez pas, laissez venir les images et les idées, même « futiles », même « 3 fois rien », même un peu « folles », etc…
évitez les lieus communs ou  détournez-les.

Jeanne :

 

 

David :

Être en roue libre
Lécher sa sueur

Manger goulûment
Regarder ailleurs

Avoir peur
Reprendre un verre de vin

Aller aux champignons
Poser un lapin

Mourir ventre à terre
Voler au-dessus de ses moyens

Boire une tisane sans eau
Sucer un caillou

Aller à la pêche
Cacher la misère

Écrire une page de duplicité
Se fendre la gueule

Avoir un mal de chien
Défroquer un prêtre

Être en panne sèche
Avoir le feu au cul

Écouter quelqu’un vous parler
Comprendre autre chose

Casser les pieds
Sortir prendre le frais

S’arracher une dent
Se recoudre une braguette

Penser à un beau cul
Reprendre du céleri rémoulade

Couper un vieux chêne
Mentir à son chien

Sauter en parachute
Éplucher des mouettes

Se marier à Pâques
S’enfuir en Australie

Gratter des moules de bouchot
Casser du sucre sur son dos

Sauter à pieds joints en juillet
Manger un plat froid le dimanche

Passer son chemin aux micro-ondes
Suivre une fourmi en enfer

Sylviane :

 

 

& Agnès en guest star, qui a improvisé l’exercice dans sa bagnole un jour en allant au boulot..!

 

 

Merci à vous avec cette photo du jour…

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messages

Date : 30 septembre 2019

Parmi les mails, un message de Pascale Evrard pour nous inviter à découvrir le “livre/journal” du compositeur Nicolas Frize, Les sources d’Elle s’écoule.
Le Livre_87c095Pascale y a travaillé, depuis la mise en œuvre de la création musicale de Nicolas Frize avec des lycéens et collégiens de la Plaine Saint-Denis et des musiciens professionnels — (suivie en reportage dessiné — jusqu’à la mise en forme et en page de l’ouvrage. (Le livre est diffusé par les éditions de l’œil, 20 €.)
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& comme chaque fois avec Nicolas Frize, c’est formidable, et avec les livres de Pascale Evrard, c’est calé aux petits oignons, bref, un livre précieux et vivant.
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Un message de Manée, qui fait la libraire itinérante et précautionneuse à une réunion PEC parisienne
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Un mail de Jean-Pierre Larroche pour la toujours expo de Saint-Pardoux, et qui prépare une édition sous la pression de “Jeanne la harceleuse”(!) qui a encore frappé juste!
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et de Dominique :
Jean Pierre Larroche a présenté le musée de St Pardoux sur le site de sa compagnie théâtrale
Le site de la mairie, bien sûr, en parle aussi 
sur ces deux sites vous pouvez visionner les vidéos qui étaient dans l’église.
et Fabienne Yvert qui était au vernissage l’a commenté sur son blog (retour dans le temps)
enfin une page est en préparation sur le site de Peuple et Culture et sera bientôt disponible
Ainsi il sera possible de continuer la visite lorsque l’expo aura disparu mais en attendant on peut toujours la voir dans les rues de la commune jusqu’à la fin du mois d’octobre.

Un message croisé montagne et mer, avec les derniers jours de la saison de la navette maritime :
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Un gâteau de Noël subliminal de Christine le 29 septembre, histoire de bousculer le temps, profiter des décorations, et rappeler l’abécédaire que nous avons entrepris :
la hache du billot en chocolat pour la lettre K (pour le cabillaud, & avant on avait mangé de la délicieuse morue à la portugaise!)
et le daim pour la lettre D (pour le dédain..!)
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Une carte de géographie qui se dessine sur le mur en s’effritant…
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bab_sebta-579356831-mmedL’occasion de me rappeler ce beau film documentaire portugais réalisé par Pedro Pinho et Frederico Lobo & Luisa Homen, sorti en 2008 : Bab Sebta
“La porte de Ceuta est le dernier barrage vers où convergent les migrants qui, venus de tout le continent africain, traversent le désert du Sahara pour arriver en Europe. Depuis les faubourgs de Tanger, à Oudja à la frontière avec l’Algérie ou à Nouadhibou au Nord de la Mauritanie, hommes et femmes évoquent leurs rêves. Ils attendent, ils ont l’espoir mais aussi l’angoisse d’un échec presque assuré.”

Un des plusieurs essais pour un petit travail à venir avec/pour Altiplano et Pascale Lefebvre, à partir de La fille de Rappaccini de Nathaniel Hawthorne

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Quand l’actualité (correzienne..!) me fait sortir une curiosité de ma bibli,

— un livre d’artiste de Nicolas Giraud (faut le savoir),
qui “développe une recherche artistique autour des mécanismes de construction de l’image” :

(reprise d’un article sur le net)
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!! & une petite compil’  sur le travail de Haim Steinbach pour ceux qui l’ignore,
” figure incontournable de l’art d’aujourd’hui, qui questionne l’omniprésence des objets et leur place dans notre relation au monde. Que ce soit des objets manufacturés de la grande distribution et de l’industrie du luxe, ou encore ceux de collection, de brocante et de mémoire. Par les dispositifs de présentation auxquels il les soumet et nous les fait percevoir, par les correspondances qu’il établit, il génère un faisceau d’associations, de souvenirs et de projections mentales, sans fin, ni hiérarchie, où chaque spectateur se retrouve confronté à ses propres interrogations, à ses propres grilles de lecture et d’analyse.
Ainsi, son œuvre constitue sans aucun doute l’une des positions les plus radicales et les plus justes en regard de la place et du rôle central que notre société assigne aux objets, que ce soit à travers la culture consumériste et mercantile du monde et la séduction du néant que les objets nous imposent, mais aussi à travers les processus d’identité et de projection présents dans le processus de la collection et des souvenirs.
Chez Steinbach, l’objet devient un signifiant, témoignage d’une époque au même titre qu’un tesson archéologique, exprimant un mode de vie et de représentation.”

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!! & quelques pages en + de ce livre improbable… :
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Enfin, parce que je ne m’en lasse pas, quand Fabcaro vise tellement juste
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la vie formidable

Date : 26 septembre 2019

Xavier Pinon est un ami et complice.
Il est photographe. Il expose en ce moment à Issy-les-Moulineaux, tout à côté de Paris.
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Chaque fois qu’il expose, tout le monde trouve ses photos bien, mais personne ne veut lui en acheter parce qu’on a pas envie de voir ça chez soi…
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Les mairies, etc.. ne sont pas prêtes à l’aider ou à faire des acquisitions, vu que ça ne rend pas une image reluisante de ce qui se passe, qu’il n’a pas un discours intello comme il fau(drai)t et qu’il n’est pas branché-reconnaissance étatique (et c’est un cercle vicieux). Il n’est pas passé par une école d’art ou de photo.
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Il anime régulièrement des ateliers photo dans des écoles de quartiers “défavorisés” comme on dit, a fait un atelier d’un an avec les patients d’un HP, mais qui n’a pas été reconduit par la Drac l’année suivante, ce qui a fortement désolé et les patients, et les soignants, et Xavier…
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Il aime aussi trainer dans des endroits improbables, des bistrots où il rencontre des gens, boit de la bière et regarde du foot.
J’ai fait sa connaissance par Virginie Rochetti ; il nous a rejoint dans l’aventure de Pourquoi l’horizon ne suit pas la barre tordue du balcon.
Il est daltonien (ce qui n’est pas rare chez les photographes), ce qui donne parfois des scènes cocasses, comme lors de cette journée de travail avec Xavier et Virginie :
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L’usage et usure du temps par l’homme vrillent les représentations traditionnelles du paysage.
Prélever le dérisoire & le quotidien dans le réel, représentatifs  de nos vies et du monde comme il (ne) va (pas).IMG_0057
Juxtaposer les éléments, en plans, ensemble pour le meilleur et/ou pour le pire, antagonistes dans une perspective symbolique.
Travailler frontalement une prise de vue qui exacerbe ces éléments pour en faire un “paysage puissance 2”, c’est-à-dire imparable.
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Pour en (sa)voir +, allez voir le site de Xavier (en train d’être refait, car son ancien site ne s’affichait pas sur les smartphones et tablettes, alors que maintenant…
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On a rempli plein de dossiers pour faire des projets ensemble, on n’a été pris qu’une seule fois (mais vu qu’il n’y a pas de pognon, il devait y avoir moins de monde au portillon…! et puis moins de “normalisation” dans les choix de résidents), et ce sera cette année à Arromanches à la Villa La Brugère pour chercher ensemble comment “écrire” dans le paysage.
lettre de motivation
& on est bien contents!! Alors à suivre….


atelier d’écriture du mardi – N°2

Date : 24 septembre 2019

2 textes à lire :
— Texte d’Ahmet Altan, extrait de Textes de prison (actes sud, sept 19)
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— Textes d’Atiq Rahimi extrait de Le retour imaginaire (un livre avec des photos, POL, 2005)
Avec cette introduction au livre :
« J’ai beau vouloir me fuir, je retrouve toujours cette prison de l’être.
Je suis comme la biche qui bondit en vain dans l’image «  V. Quazvini
« Car la photographie, c’est l’avènement de moi-même comme autre : une dissociation retorse de la conscience d’identité. «  R. Barthes
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Vous avez apporté 2 photos :
— Une de vous enfant, ado ou adulte
— Une d’un endroit que vous aimez

1 — Vous avez devant les yeux la photo de vous :
Qui et que voyez-vous ?
(Repensez aux textes joints dont les thèmes et styles complèterons vos réflexions)
Echangez votre photo avec celle de quelqu’un d’autre :
Qui et que voyez-vous ?

Agnès :
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Dominique :
dominique

 

 

David :
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Sur cette photo je dois avoir autour de 10 ans, c’est le début des années 70, peut être 72 ou 73, j’ai les traits fins et les cheveux longs comme une fillette, aujourd’hui je ressemble plus à une chauve souris. J’ai du mal à comprendre cette image de moi, ça fait comme un gouffre. Tout ce que j’ai perdu est dans ce gouffre. J’ai l’impression que ce petit garçon aurait pu être autre chose, avoir un cheminement différent. Son seul but était sûrement de manger la vie à pleines dents mais il a eu sa dose de poison.
En regardant cette image je me sens effectivement dissocié, j’ai du mal à me projeter dans cette image. Qu’est ce qui était dans ma tête à ce moment là, il ne pouvait imaginer que sa vie partirait en morceaux plusieurs fois. Heureusement j’ai pu recoller un peu tout ça, grâce à l’aide de certaines personnes, ma compagne en particulier. J’espère, je crois avoir gardé quelque chose, quelques fragments de l’enfant dont je vois l’image, qui était moi dans une autre vie.

 

 

Sylviane :
sylviane

 

par David :
Sur cette photo je vois une petite fille âgée de deux ans peut-être, debout, une fleur à la main, avec un regard très intense, qui dénote d’un caractère bien trempé, genre je vais vous donner du fil à retordre. C’est une image d’un autre temps. Que semble s’exprimer derrière ce regard intense ? Dépêche-toi de prendre ta photo que je retourne à mes occupations.
Elle semble fixer la scène bien au-delà de l’objectif, la pièce, pas très grande, la table du salon, l’odeur des meubles, du repas, on aimerai voir tout ça dans le reflet de ces grands yeux qui font face, qui interrogent. Combien de personnes sont dans cette pièce ? Un autre lieu, un autre temps. On ne perce pas les mystères d’une image facilement.

Manée n’était pas là, mais en pensée, avec cette photo que je trouve si belle, alors un petit texte :
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Une petite fille avec un bouquet de fleurs. Dans les fleurs. Des narcisses sauvages. Qui exulte et les mange presque. On dirait qu’elle en a dans les cheveux, pour tenir ses nattes, c’est une petite fille fleur. Une petite sauvage ; elle est descendue des hauts-plateaux, à la fois correzienne et petite indienne, les lèvres rouges de plaisir. Elle tient le bras de son frère comme des petits mariés et lui transmet sa présence intérieure si forte à la vie, ne gigote pas tant, regarde-la en face. Elle rayonne. Elle est Frida Kahlo heureuse et l’infatigable Gauguin, les pommettes hautes de Pont-Aven et le sauvage à Hiva Hoa : « D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? » avant la Maison du Jouir et les luttes pour la liberté.

 

2 — La photo d’un endroit que vous aimez :
Que s’y passe t’il pour vous, « extérieurement » et intérieurement.
(pensez aussi aux textes d’Atiq Rahimi)
La photo d’un endroit aimé de quelqu’un d’autre :
Que s’y passe t’il ou peut-il s’y passer, « extérieurement » et intérieurement.

Agnès :
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Sylviane :
pays sylviane

 

 

Dominique :
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par David :
Cette Photo montre un bord de mer, sans doute l’océan, une belle photo panoramique, belle lumière, peut-être en fin d’après midi, par temps nuageux, quelques silhouettes éparses, une mer assez forte. Celui ou celle qui a pris cette photo a les pieds dans l’eau. C’est sans doute un de ces moments magnifiques où le vent, l’odeur de mer et de sable laissent une empreinte que l’on connaît depuis l’enfance, que l’on retrouve avec émotion. On dirait un coin de Bretagne, mais ça pourrait être n’importe où dans le monde, après tout.
Pour moi même, j’aurais choisi une photo de montagne d’abord, de mer ensuite. Aucun de ces deux genres d’endroits ne m’a laissé autant de traces physiques et mentales, et pour la mer c’est beaucoup lié à l’enfance. On ramasse peu de choses en montagne mais en bord de mer ce sont des collections que l’on constitue avec une patience infinie car on a tout notre temps, et la plage fait des kilomètres.

David :
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Cette photo montre un endroit magnifique en montagne, dans les Pyrénées, au moment précis où, après avoir grimpé un bon moment sans horizon, une autre vision se dévoile au-devant de nous, un lac, une vallée sous les pics, les roches, les névés.
C’est un endroit auquel on accède qu’au prix d’un effort important, avec la promesse d’un repas au bord de l’eau, dans un lieu que l’on ressent comme primitif.
Aucun lieu au monde ne m’impressionne plus que ce genre de montagnes, entre l’éblouissement et l’effroi. Chaque élément y est plus intense, au point de lâcher prise de soi-même, de n’être plus qu’un modeste calque humain traversé par le paysage. On n’y croise peu de gens car c’est dur d’y aller, et généralement ce sont des gens un peu comme nous, ils viennent chercher un peu la même chose, comme dans une cathédrale, on ne crie pas, on se sent une toute petite chose, comme l’insecte que l’on évite d’écraser. Quand on quitte ces lieux on y laisse des lambeaux de soi-même, on est un peu changé. C’est ce que je vais chercher là-haut.

 

 

3 — Votre appareil photo, c’est votre mémoire et imagination, et votre stylo :
Révélez-vous (en) 2 photos
Lecture ensemble de l’une, puis de l’autre

Sans titre
Merci à vous,
et merci Agnès pour cette retransmission
(que j’ai finalement réussi à découper en tronçons, il est 00:22 !!)


un rendez-vous à ne pas louper

Date : 24 septembre 2019

LE SAMEDI 5 OCTOBRE à TULLE

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& pour vous donner encore plus envie de voir le film, ou de regarder le DVD si vous habitez ailleurs, cet article prélevé dans Libé :
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le temps passe

Date : 24 septembre 2019

• Retour en images :
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Quand un ami vous laisse un message à déchiffrer dans le frigo…
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& des surprises au courrier, signées Marie-Pierre Aiello :
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& très longue vie à l’édition dans de beaux draps..!
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• & retour à l’Encre Rouge!
Découverte des éditions Le port a jauni, avec des beaux cahiers-livres bilingue arabe-français (traduit parfois d’autres langues) de la collection Poèmes :
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Le soir, profiter (de la dernière semaine de la saison) de la navette maritime pour rentrer en bateau!!
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accompagnée magnifiquement de remarquables nuages, & ciel plein de trajectoires…
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Dans les Pyrénées, les montagnes aussi font la mer à l’horizon
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• & puis aujourd’hui, préparer l’atelier d’écriture de ce soir, qui sera à Tulle sous la pluie tant attendue ?
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avec cette légende de Manée : Je vais pouvoir mettre mes cerises
Une autre définition imperméable du temps des cerises !
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Car j’étais accusée qu’il ne pleuve plus depuis que j’avais offert cet imper à Manée cet été….
Le sort en est levé!


SEULS ENSEMBLE

Date : 24 septembre 2019

SEULS ENSEMBLE
Sonia Zoran et Thomas Wüthrich
Documentaire  –  2019 – Suisse – 76 min – Français, english/german subtl.

 Dans un Ems vaudois, Le Marronnier, François Burland crée une gravure géante. Avec de jeunes migrants, au milieu des résidents. Le temps d’un été, ils se rencontrent, se racontent, se révèlent. Seuls ensemble.

 


we retrouvailles et découvertes à Toulouse

Date : 22 septembre 2019

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Départ Tulle-Brive , arrêt à Toulouse avant Marseille.
Je ne le savais pas quand j’ai décidé de venir, mais ce we, c’est “les allées céramique“, 50 potiers qui présentent leur travail allées François Verdier, dont mon amie Violaine Ulmer qui présente ses bijoux en céramique. Je ne rate pas cette occasion de passer à l’improviste!!
Parmi les nouvelles pièces, un collier-sautoir en macaroni porcelaine-argent, très élégant, de quoi tordre le cou à tous les colliers de nouilles de fête des mères..
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& puis ce we, c’est “le Bazar littéraire -Chez René“.
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L’occasion de retourner à la Cave po, retrouver avec grand plaisir Yann, revoir Lilian, la belle Gisèle…
& puis, Un thé chez les fous avec la super présentation-lectures de la revue 19, la jaune, à 19h :
5b46feb59fbbfe44bc6e91ce0d89f0d7“19 cette année, voit le jour sous le signe de L’IDIOT-E — ce qui devrait parler à nombtre d’entre n(v)nous.
Des auteur.es, des lectrices et lecteurs, viendront vous faire entendre des textes et autres borborygmes. Et rentreront peut-être en résonnance avec votre idiot.e intérieure.e…”
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Ils avaient fière allure, enlunettés, avec Iggy Pop comme parrain avant lectures…
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Puis, Carole et Benjamin, de N’a qu’1 œil, pour la sortie du BLABLABLABLA#4 made in Toulouse, avec présentation de Yann, sur la photo, avant le jeu-spectacle musical et participatif à l’ambiance sérieuse et loufoque qu’ils savent cultiver
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Carole me fait découvrir le travail de François Burland, dont ils ont édité 2 ouvrages salutaires (et pas chers, investissez pour un avenir meilleur !!!)      :
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et puis cette carte :
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& puis, avec Aurelio (le Grand Os et ses supers éditions) je rencontre Katia (qui a travaillé avec Violaine il y a longtemps, et qui a une phrase en porcelaine sur ses murs – enfin en carton de déménagement pour l’instant), qui me présente Laurent Albarracin, de Tulle (à côté), qui est venu avec ses éditions du Cadran Ligné. Comme quoi il faut venir à Toulouse pour faire connaissance…!
C’était bien cette soirée, et ça file la pêche!
& le travail de François Burland, une vraie belle découverte, merci N’a qu’1 œil (le bon!!) !

Retour le lendemain tôt, 4 h de train qui sont l’occasion de lire ce très beau livre (léger d’intelligence, malgré le sujet) de Ahmet Altan, journaliste et romancier turc emprisonné depuis 3 ans

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