ENCAISSE – edpl c% la ville brûle – avril 2014 – 10 cm X 13,5 cm – 76 pages – bichromie – jaquette-affiche – isbn 978-2-36012-044-4 – 10 euros

Encaisse : avant le livre, des notes dans des carnets, mêlant journal, observations, propos lus ou entendus, échangés avec des ami(e)s dans des situations difficiles & similaires.

Notes poétiques qui me viennent au fil du temps, dans les failles du quotidien, les émerveillements instantanés à conserver brut, les tremblements de sens, les arcs-en-ciel avec le tuyau d’arrosage, une vision du monde proche des éléments, un étonnement primordial lié à l’enfance, une joie du langage.
Ils se remplissent aussi dans l’adversité, avec ce qui m’écorche la vue, les oreilles ou le cœur.
Le haut-le-cœur.

La poésie est justement ce qui sauve et fait bouger en pareil cas : faire écho, aller ailleurs pour nous emmener plus loin, nous désengluer du réel.
Partir du particulier pour aller vers le général, retourner les situations et les mots qu’on se prend en plein dans la figure, en rire même jaune plutôt qu’en pleurer. Retour gracieux à l’envoyeur.
Que le biographique du départ puisse devenir “universel”, poésie pour tous. La rendre vivante, indispensable, moteur dans nos vies : effective.

Comment changer le monde, le faire voir d’une autre manière, poétique, politique, active, inventive, décapée de poussière, rouille ou vernis. La poésie parle du monde et le monde transforme la poésie, ces deux-là marchent ensemble, et c’est ce qui m’intéresse.

Habituellement, les tampons servent à se faire des cartes de visite, par exemple. Ils permettent à tout le monde d’être son imprimeur : sur différents supports, petite imprimerie de poche, et de pauvre. On se sert d’une pince pour les prendre et les clipser : prendre les mots avec des pincettes, voilà un exercice qui me paraît salutaire. Et puis, il faut qu’ils rentrent dans l’espace imparti, il n’y a qu’un certain nombre de e, s, n… en stock, on est parfois obligé d’adapter ce qu’on voulait écrire. Toujours plus de concision et de simplicité, ils obligent à être efficace.
Et un coup de tampon est anonyme, c’est l’arme de la bureaucratie par excellence. Une raison de plus pour l’utiliser, comme on pique la casquette du chef pour le mimer et faire des grimaces.

Passer du réel à la réalité, mettre en forme une vision du monde par un coup de tampon qui fait foi, qui fout les foies.