L’ENDIGUEMENT DES RENSEIGNEMENTS – (Attila) Le Tripode – 14 cm X 20 cm –  128 pages – bichromie – isbn 978-2-917084-44-1 – février 2012 – 13 euros

On trouvera l’origine de ce travail dans 20 cm de 4ème dimension, repris également dans Télescopages.

N°189,286, Ardennes. Hélas! Que d’illusions! D’abord ce n’est pas moi qui suis chargée de lire les manuscrits; ensuite, où prendrais-je le temps de faire cette analyse et ces retouches ? Pendant que je m’occuperais de ce travail, le plus difficile et le plus ingrat de tous, qui fera mon travail, ce travail qui me prend de 8 à 10 heures par jour ? — N° 184,143, Italie. Le prix de la photographie de Mme Emmeline Raymond est de 1 fr. 50, franco pour la France. Pour l’Italie, ce prix est de 2 francs. On ne peut l’envoyer contre remboursement. Répétons pour la dix-millième fois qu’on ne peut recevoir de réponse dans le prochain numéro. — N° 186, 465, Hérault. Merci pour moi. Mais l’objet même de votre aimable partialité nous prie de ne point la porter trop loin et de songer qu’un public de plus de 90 mille abonnées, par conséquent de 400 mille lecteurs et lectrices, ne peut être, à perpétuité, condamné à la littérature destinée aux enfants. — N° 122,014, Maine-et-Loire. Notre abonnée semble ne pas se douter que ma vie suffit à peine à mon travail, et que je ne pourrais ajouter à celui-ci même le poids d’un fétu de paille ! — N°178,194, Calvados. je ne puis exprimer, ni surtout imprimer, de telles préférences. — N° 232,325, Gironde. Il serait de très mauvais goût de dire : Bonjour, Monsieur Dubois. Sans reproche, si chacune de nos abonnées m’adressait dix-neuf questions, les Renseignements seraient tués net. — N° 92,612, Allier. Si nos abonnées consentaient à demander moins de Renseignements, elles recevraient plus de roman, car il ne dépend pas de nous de rendre nos pages élastiques. — N° 14,235, Paris. Ce n’est pas pour mon plaisir que je me livre au travail des Renseignements. Mieux que personne, je sais que les deux tiers de ce travail pourrait m’être évités, si l’on voulait bien prendre la peine de lire le journal… Mais qu’y puis-je? La majorité, la très-grande majorité, impose sa loi, et ne consentirait pas à renoncer aux Renseignements. — N° 124,305, Indre-et-Loire. Hélas! L’encombrement des Renseignements n’a pu se comparer dans le mois de décembre qu’à l’encombrement des gares.  — N° 129,086, Rhône. Les renseignements sont l’accessoire, non le principal. Ils prennent seulement la place dont on peut disposer après avoir rangé les gravures, les explications, les articles Modes, les variétés, le roman. — N° 60,057, Loire. Hélas! ce n’est pas pour mon plaisir que j’écris les colonnes des renseignements… Mais je ne suis pas fâchée non plus de leur extension, qui est en rapport direct avec celle du nombre des abonnées. — N° 17,678, Paris. Il ne dépend pas de moi de supprimer les renseignements; il dépend de nos abonnées d’en diminuer la longueur mortelle, en s’abstenant de faire des questions inutiles, d’avance résolues dans le journal. — N° 34,864, Bouches-du-Rhône. Je n’ai pas assez de temps pour inventer ce qui compose les Renseignements. la besogne serait d’ailleurs peu divertissante pour moi. — N° 95,360, Indre. J’ajouterai que je n’ai rien compris à l’injonction de répondre plus vite que cela. J’ai parfois entendu adresser cet ordre à des chevaux ou à des chiens ; mais, n’étant pas le quadrupède de notre abonnée, ce langage n’a point de sens pour moi.

Qui est Emmeline Raymond :

Au retour d’un séjour en Roumanie, où sa mère était allée fonder une pension de jeunes filles, Mme Emmeline Raymond (née en 1824) collaborait au Journal des demoiselles, lorsque Messieurs Firmin-Didot la prirent pour la mettre à la tête de la publication à créer en 1859 : La mode illustrée, journal de la famille.
Elle s’occupe des articles Variétés, Modes, Musique, Art, Us et coutume, Vie à la campagne, Savoir-vivre, etc. Elle reçoit au journal un jour par semaine, répond au courrier et aux questions des nombreu(se)s abonné(e)s dans la rubrique des Renseignements. Elle travaille au journal jusqu’à sa mort.

Le dimanche 22 juin 1902, 43ème année de parution du journal, le décès d’Emmeline Raymond est annoncé :    “prière à nos abonnés de continuer à envoyer leurs demandes de renseignements au nom de Mme Emmeline Raymond. Il y sera répondu comme par le passé.”
On peut lire : fondatrice : mme Emmeline Raymond dans l’ours en dessous du titre le 6 juillet 1902, où il y a des renseignements signés E. R., pour la dernière fois.
Dans le n°30, 27 juillet 1902, on y lit que Alfred Firmin-Didot & le comité dictatorial réunis ont cherché un pseudonyme pour la femme qui remplace Emmeline, qui désire garder l’anonymat : “Afin qu’il ne puisse y avoir de confusion et qu’il soit bien établi qu’en prenant ce nom, qui devient un simple pseudonyme, c’est un lien qu’on veut former entre le passé et l’avenir, lien qui est la garantie, pour les abonnés, que rien ne sera changé ds leur journal, il a été décidé que la nouvelle directrice conserverait le prénom qui lui appartient, qu’elle signerait : Aline Raymond et qu’elle entrerait en fonction dès le premier n° du mois d’août”.