atelier d’écriture du mardi – N° 34

Date : 26 mai 2020

atelier 34, mardi 26 mai

Voilà des extraits de Le Petit chaperon rouge,
de Joël Pommerat
(théâtre – Babel – Actes sud)

 



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Je vous demande, vous aussi, de réécrire la représentation d’un conte célèbre parmi ceux-là :
— Cendrillon
— La Belle au bois dormant
— Pinocchio
— Le Petit Poucet
— La Barbe bleue
— les Trois petits cochons
— Peau d’âne
— La Petite Fille aux allumettes
— La princesse au petit pois
— Le Vilain Petit Canard
— La Petite Sirène
— Le Maître chat ou le Chat botté
— Les Souhaits ridicules

Il n’est pas besoin de se souvenir exactement de l’histoire, mais non plus de l’ignorer…
regardez la définition (cnrtl) de “représentation”
Vous pouvez mélanger les époques
Pensez au style, aux temps de conjugaison, etc…

Si vous pouvez, avant de commencer, dire aux autres quel conte vous choisissez, et si possible en choisir chacun.e un différent….
(mais si plusieurs d’entre vous choisissent le même et y tiennent, alors pas de problème)

en 3 parties développées + personnages
—  les personnages
—  prologue
—  dialogue
—  épilogue

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Raphaëlle :  Je rentre de Paris et repars faucher (mais riche ;-)) immédiatement
je crois bien que je me rattraperai pas mon retard
Peut-être à la semaine prochaine je t’embrasse

David : levé à 5h du matin, une grande tasse de café et enfin un peu de temps pour taper mes textes.
Voila la petite histoire. On était deux avec Agnès à l’atelier.
Je retourne à mon chantier

Personnages :
Pinocchio, Geppetto, Méline la fée bleue, Fred le chat, Jimmy le renard, Prince Vladimir.

Geppetto sortait de trois ans de prison pour diverses arnaques sur internet. Expert en informatique, robotique et intelligence artificielle, un peu fatigué par la vie, un peu seul, il reprit son grand projet secret. Créer un humanoïde très proche du réel et qui l’aiderait à supporter le quotidien.
Troublé par l’idée que se soit une femme, Geppetto étant un peu coincé, ou un homme qui lui renverrait sa propre image, il se décida pour un enfant, un garçon.
Grand admirateur de Stanley Kubrick et donc très méfiant envers les machines et leur propension à la duplicité diabolique, il décida de l’affubler d’un nez qui s’allonge en cas de mensonge.
Le mardi 26 mai 2020 à 19h15, tout fut prêt et il activa toutes les fonctions du petit droïde qui commença à s’animer là, devant lui sur la table de travail.
Le regard, les premiers gestes, son allure, c’était bluffant. Geppetto était submergé par une profonde émotion.

— Bonjour petit, comment t’appelles-tu ?
— je suis grand et je m’appelle Pinocchio.
— Bon, moi c’est Geppetto, je suis un peu ton papa, un peu ton maître, un peu ton ami.
Le petit montra la fenêtre et demanda :
— Qu’est ce qu’il y a de l’autre coté ?
— Là-bas, et bien c’est le monde, les autres, c’est dehors.
— Ho, j’aimerai bien y aller.
— Bien, on va faire une expérience. Je te donne cinquante euros, avec ta fonction GPS tu devrais très bien t’en sortir, je te donne une liste de courses à faire dans le quartier.
Le petit sortit sur le palier. Son processeur tournait à fond devant un tel spectacle. Tout se mettait en place. Sa mission : Boulangerie, épicerie, kiosque à journaux.
Une petite fille en robe bleue l’aborda.
— Je ne t’ai jamais vu dans le quartier, tu viens jouer avec moi ? Je suis une fée, je fais des tours de magie. Je m’appelle Méline.
— Je m’appelle Pinocchio, je dois faire des courses pour mon papa maître ami, après je reviens te voir.
— Ok, je suis là-bas au bac à sable.
Il continua son chemin mais deux individus lui barraient le passage.
— Vas-y tu fais quoi dans le quartier ? J’te connais pas, t’es qui ? Tu vas où ? Moi c’est Fred le chat et lui ce gros bâtard c’est Jimmy le renard.
— Je m’appelle Pinocchio, je fais des courses pour mon papa maître ami.
— Vas-y t’as d’la tune fais voir.
— non je n’ai rien du tout !
— Ha oui mais c’est quoi ce pif trop chelou de un mètre de long, c’est une canne à pêche ? Jimmy choppe le par le nez que je le fouille. Sa mère, cinquante euros ! Vas-y le p’tit menteur.
— Vous êtes des malfaisants !
— Ha ha ! comment tu parles trop comme un vieux ! Allez, viens avec nous, on va faire tes courses ensemble et on partagera le reste de la tune, ton père il y verra que dalle. Tu vois on n’est pas des bâtards, on est plus humain que tu ne crois.
De retour à la maison, il rendit les quelques centimes d’euro à Geppetto qui s’étonna du peu de monnaie.
— Alors et le reste ?
— Pas de reste, tout est là.
Son nez fracassa la télé en face de lui, il se retourna brusquement et s’enfuit à toutes jambes.

Geppetto chercha son petit pendant des jours et des semaines. Au bout du rouleau, il pris sa voiture, l’abandonna sur le pont de Saint Nazaire et se jeta par-dessus la rambarde dans la mer. Il s’assomma sur le Prince Vladimir qui émergeait des profondeurs.
Pinocchio fut recueilli par une prostituée très sympa mais qui le faisait tout le temps mentir pour s’amuser avec son nez. Très gêné de la situation, il s’enfuit à nouveau avec une bande de jeunes surfeurs qui lui firent découvrir la mer.
Il essaya toutes sortes de drogues avec eux, mais sur lui rien ne marchait.
Seul les mensonges lui procurait une sorte d’ivresse mais le résultat en était toujours catastrophique.
Une nuit il pris un planche de surf et s’éloigna du rivage vers l’horizon éclairé d’une demi-lune, d’après sa mémoire vive il y avait plein de choses à découvrir de l’autre coté.
Au large le Prince Vladimir le souleva hors de l’eau et un marin russe sortit de l’écoutille suivi par un homme à la tête bandée.
— Geppetto !
— Pinocchio !
Longtemps après ces retrouvailles pleines d’une émotion indescriptible, de retour dans le quartier, le petit droïde devint un véritable enfant grâce à la magie de la fée Méline mais ça c’est une autre histoire.

Sylviane :    Les 3 cochons et le loup

La mère de 3 petits cochons raconte :
« J’avais donné naissance à 3 petits cochons lorsque j’habitais la grande ferme à l’entrée de Moussalon. Moussalon était alors une petite ville réputée pour ses foires grasses, ses charcuteries fines et sa mousse de foie.
Plusieurs de mes petits cochons étaient déjà partis à la foire alors qu’ils atteignaient les 6 mois. C’est le fermier et sa femme qui venaient les chercher un dimanche matin de bonne heure en me disant : « Si tes cochonnets ne partent pas à la foire, c’est le loup qui viendra les chercher ».
Le loup, après avoir disparu pendant quelques décennies était de retour à cette époque. C’est ce qui se disait et aussi qu’il mangeait de tout plus qu’auparavant !
Mais mes trois petits cochons étaient bien retors !
« Le loup pffft… »
« ça n’existe plus… »
« c’est pour nous faire peur …»
« nous envoyer à la foire… »
« être vendus… »
« transformés en mousse de foie !!! »
Je me doutais bien qu’aller à la foire était amusant mais après, pourquoi mes cochonnets ne revenaient-ils jamais ?

Aussi quand trois jours avant la foire, le plus jeune me dit :
« Maman, je n’irai pas, je pars, je vais vivre loin d’ici »
Puis le lendemain , le deuxième :
« Maman, c’est décidé, je ne reste pas , je me sauve… »
Et la veille de la foire, l’aîné :
« Fi, aller à la foire, moi jamais, j’aime mieux affronter le loup ! »

Je compris alors que quelque chose avait changé ; ces trois là, je ne les tiendrai pas.
J’ai su ensuite qu’ils étaient partis de l’autre côté de la colline, en douce une nuit.
Le plus jeune avait construit une cabane de paille avec ce qu’il avait trouvé dans les champs ; une jolie cabane dorée, confortable, qui sentait bon.
Le deuxième, plus costaud, était aller jusqu’à la lisière des bois, ramasser des planches. Il avait construit une cabane en bois, plus résistante qui sentait bon la forêt.
Mon plus grand a toujours été très réfléchi et prudent. Je ne sais pas où il a pu se procurer des briques et du ciment mais sa cabane est une vraie maison faite à l’équerre.

De temps à autre, j’avais quelques nouvelles. Mes petits vivaient bien, ils aimaient la fête, s’entouraient d’amis musiciens.
Mais un jour, le loup qui avait bien fini par arriver à Moussalon entendit parler de ces cochons qui se répandaient à travers le pays comme des chapelets de saucisses.

Le reste, on me l’a raconté. »

Un jour, le loup repère la cabane de paille.
« Oh la , petite canaille, sors de là que je te mange »
« Non, je ne sortirai pas, je suis bien chez moi. Vous ne devez pas me déranger. »
Le loup se met à souffler, souffler, toute le paille s’envole, mille fétus de tous les côtés et le petit cochon profite de la pagaille pour s’enfuir en courant de toutes ses jambes jusqu’à la cabane en bois de son frère.
Celui-ci, le voyant arriver ouvre la porte, la referme vite, pousse le buffet devant mais déjà le loup, furieux, est là.
« Ouvrez, tripailles, charcutailles. J’ai grand faim. Vous avez assez dansé, vos jarrets sont à point ! »
Les deux frères : « Non, vous ne nous aurez pas ; nous sommes bien à l’abri chez nous, retournez dans la forêt »

Le loup réfléchit, il est fatigué d’avoir couru si vite, il n’a plus assez de souffle pour démolir cette cabane de bois alors il dit d’une voix mielleuse :
«  Ah mes braves, c’est une erreur, demain je donne une grande fête et je vous demande de venir jouer de la musique, vous êtes de grands musiciens paraît-il ? »
Les deux frères : « Où se passe cette fête ? Il y aura du monde ? »
Le loup : « Oui tous les amis de la forêt, sortez demain à midi au milieu de la prairie. »

Le lendemain, à midi, les deux frères vont dans la prairie l’un avec son violon, l’autre avec sa flûte. Ils attendent un moment, personne ne vient.
Tout à coup, une odeur de roussi, ils se retournent et voient la cabane en bois qui flambe !
« Haro ! C’est le loup, il vient vers nous, la cabane brûle, nous sommes faits ! »
D’un même élan, jetant leurs instruments, les deux frères courent frapper à la maison de leur frère aîné qui a vu la scène de loin et les attend.
« Entrez, entrez vite ! »
Mais le loup arrive écumant de colère, rageant de voir son plan échoué.
Il souffle, il souffle, il souffle sur la maison…A l’intérieur, les trois cochons sentent à peine un peu d’air passer entre les briques. Ils rient mais l’aîné se doute bien que le loup ne va pas se décourager et il dit « Faisons vite la soupe ; ce matin j’ai acheté du chou et des navets ». Il place le chaudron empli d’eau dans la cheminée, allume un grand feu dessous.
Dehors, le loup trépigne, hurle, frappe à la porte, sur les volets. Il avise une échelle qu’il dresse contre le mur. Il monte, repère la cheminée, elle fume. Il redescend, trempe son arrière train dans la grande bassine près du puits. Il remonte, il enjambe la cheminée.
AHHHH c’est très chaud ; trop tard, il ne peut pas revenir en arrière, il plonge dans la cheminée et atterrit dans la soupe au chou et aux navets qui cuit à gros bouillons .
Oh ces hurlements ! Les trois petits rabattent leurs oreilles !
Puis silence, plus rien. L’aîné des cochons ose regarder dans le chaudron. Le loup est ratatiné, cuit.

Ce soir-là, les trois cochons ont invité tout un tas d’amis : lapins, oies, poules, canards, renards, blaireaux, moutons, mulots. Ils ont fait ripaille de ce loup et ils ont bu, chanté, dansé, joué de la musique. Le loup ne reviendrait plus pour les manger, c’était fini.

Seul, près de la cheminée, l’aîné des cochons réfléchissait. Ce loup n’était sûrement pas venu seul, les loups vivent en meute. Dimanche, il irait pour se renseigner à la foire de Moussalon…

Le reste c’est à vous de le deviner !

 

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& puis :

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