atelier du mercredi n°4

Date : 29 novembre 2021

atelier d’écriture n°4 du mercredi 17 novembre
Aujourd’hui, nous allons travailler à partir de Stèles de Victor Segalen

« La forme Stèle m’a paru susceptible de devenir un genre littéraire nouveau, dont j’ai tenté de fixer quelques exemples. Je veux dire une pièce courte, cernée d’une sorte de cadre rectangulaire dans la pensée, et se présentant de front au lecteur. »
Le projet du livre n’était pas évident : Briques et Tuiles présente d’abord une série de « réflexions personnelles qui sont devenus des stèles ». Le passage de ces notes à Stèles s’opère par gommage de tout « exotisme » au sens touristique du terme, effacement du voyageur au profit de l’objet lui-même, abolition du regard pour le seul regardé.

Art lapidaire, densité et concision
La stèle circonscrit un espace et fixe un moment du temps dans son rectangle.
Structure interne qui varie peu : proche de l’épigramme et du sonnet, presque toutes les stèles se terminent par un trait expressif : produire un effet de surprise ; ou couronner une gradation amenée.
Composition souvent en 2 parties:
1ère partie pour exposer une anecdote, un fait…
2nde suggère le sens allégorique de ce qui vient d’être dit (le lecteur effectue le décryptage.) L’allégorie, chez Segalen, c’est dire autre chose faute de pouvoir exprimer directement l’essentiel, qui est indicible.
Selon 3 aspects :
– opposer deux attitudes, opinions, idées… tout en conservant la diversité
– après avoir utilisé la feinte et la ruse dans la première partie, il dévoile soudainement et laconiquement, voire ironiquement ses sentiments profonds
– élimination radicale du premier volet, usage de l’allégorie

Précédés d’une préface, les poèmes sont répartis en six ensembles :

  • Stèles face au Midi : stèles portant les décrets, l’hommage du Souverain à un Sage, l’éloge d’une doctrine, un hymne de règne, une confession de l’Empereur à son peuple…
  • Stèles face au Nord : stèles amicales
  • Stèles orientées  : stèles amoureuses
  • Stèles occidentées : stèles héroïques et guerrières
  • Stèles du bord du chemin : stèles sans thème prédéfini, qui « suivront le geste indifférent de la route »
  • Stèles du milieu : stèles portant « les décrets d’un autre empire, et singulier »

1 — faites vos stèles érigées à différents endroits de la ville

Sylvie :

L’ARC-EN-CIEL
Comme une pluie après l’orage, le prisme des couleurs s’étale. Voici donc le roi Coniculus qui s’avance, en majesté, il marche sur l’arc, il est vêtu de son manteau à sequins.
Les collines le portent et son regard embrasse le paysage jusqu’à l’horizon.
*
Rendons grâce à ses beautés singulières et à ses merveilles.
Les ténèbres s’ouvrent à son passage.
Le ciel mauve scintille en mille gouttelettes et je m’émerveille.

LE PARC
Grave plaine verdoyante, elle porte des fruits, espèces selon leurs noms.
Les odeurs sures et puissantes font frissonner mes narines, les plaqueminiers débordent en grappes et font ployer les plus hautes branches.
– Les vieux palmiers ont été brûlés la nuit dernière, j’enrage.
*
Pour ces infâmes et lâches mioches qui traversent tes douves, décidément ils troublent notre sommeil. Que ce dieu qui a déclenché la foudre regarde ses pieds. Disons que ces arbres ne sont pas morts.

LE GRAND ÉPICÉA
Les étourneaux tournois dans le ciel gris et l’obscurcissent. Des ténèbres rondes et mouvantes planent au-dessus de nos têtes. Silence. Les branches se courbent chargées de têtes d’épingles. Rien ne bouge. L’énigme de leurs tournoiements et de leurs arabesques nous obsède.
*
Le sens caché ? La danse noir des oiseaux ? Que devinons-nous dans l’obscurité de notre monde-terre ?
Il garde ses fragiles et modestes secrets : son tronc est énorme et son écorce épaisse. Nous venons en pèlerinage et tournons autour de l’épicéa. Oh Maître du jardin quadrillé.

LES TAPIS DE CYCLAMEN
Encore et toujours les cyclamens ! Ils reviennent par période dans le parc souverain. Deux lions gardent l’escalier, leurs babines se soulèvent. Rémy et Colette abusent, c’est la fin du livre vert, le plus beau moment de l’année. Ils se sont retrouvés pour hanté ces lieux. Je me penche vers leurs petites têtes violacées, elles se courbent doucement vers la terre.
*
Je viens d’un monde imparfait. Je rêve de paradis, il n’est pas de ce monde. L’autre nuit, je me souviens à peine… décidément ça ne me revient pas. L’année dernière les tapis m’étaient apparus plus grands à l’ombre des grands épicéas.

LES TRIPODES
Grandes barres en osselets gigantesques, ils font bel effet vu du ciel. L’architecte les a pensé et tracé dans une belle harmonie. La dalle et ses coursives.

Franck :

 

 

Clara :

 

 

Marie-Jo :

 

 

Pierre :

 

 

Sylviane :

 

 

2 – Vous voyez une des stèles décrites à l’exercice précédent

Clara :

 

 

Franck :

 

 

Marie-Jo :

 

 

Pierre :

 

 

Sylviane :

 

 

Sylvie :

STÈLE DE LA MINIATURE AU-DESSUS DE LA TOUR EIFFEL
Je passe par là et je la cherche. Je l’aperçois à peine : j’avais entendu dire qu’elle était visible dès que le brouillard se dissipait. Il me revient instantanément l’histoire du chien assis sans maître au pied de la Tour Eiffel. J’essaie de me raisonner et de balayer cette idée saugrenue.
En effet sa forme est à peine perceptible mais je la devine tout de même : c’est une chaise ! Quelles forces méchantes ont pu installéer un tel symbole sur la Tour du champ de Mars ? Arrêt des combats ? Arbitre de luttes absurdes ? Histoire d’un philosophe contrarié ? Une créature céleste peut-elle s’y asseoir commodément ? Où serait-ce le piédestal d’une femme ravissante ?
Hélas ! Les brises épaisses la laissent souvent vide.


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