secours pop – 1

Date : 9 avril 2019

Lundi, je suis au Lien/Lieu à 9h, à trier des papiers et préparer toutes les chaises autour de la table. Une jeune femme est devant le local avec une petite fille, je la fais entrer bien vite, ça caille dehors!
9h30. Aysé arrive avec tout un groupe, et fait les présentations, et une photo vite fait avant de partir!
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Enfin, nous voilà réunis pour le 1er atelier d’écriture. On se tasse et se tient chaud (même s’il y a les radiateurs, il fait froid ce matin) autour de la table, le nombre de chaises et tabourets  est juste suffisant, car nous sommes finalement 13 avec les retardataires + moi.

On commence par un “exercice” de présentation, avec plusieurs tour de table, la parole se délie.
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Je suis une femme marocaine de 36 ans, seule avec 2 enfants.
Je m’appelle Daffe Alkhany, j’habite à Tulle actuellement, je suis demandeur d’asile.
Je suis marié et père de 4 enfants, 2 garçons et 2 filles.
Je suis à Tulle depuis le 22 mai, la ville me plaît.
Je m‘appelle Rehab ; Tulle est une belle ville, j’ai 2 enfants.
Je suis une femme timide, patiente, joyeuse, je suis d’origine italienne.
Je suis une femme, moitié homme, le rôle d’une maman et du papa, seule, obligée de travailler, faire maman et papa en même temps.
Je m’appelle Nafissatou, j’ai 2 enfants, j’habite à Tulle.
Je m’appelle Mohamed Soumah, père de 3 enfants.
J’ai 22 ans, je suis une femme célibataire sans enfant, ici depuis 5 mois.
Je suis africain d’origine congolaise, ça fait longtemps que je suis ici en France.
Comme plusieurs, je suis une maman seule avec des enfants, on doit protéger les enfants.
Je fais du bénévolat à la Croix Rouge.
J’aime Tulle, c’est une ville calme, les gens sont vraiment sympathiques.
Je suis les cours de français au secours populaire et aux restos du cœur.
Nos voisins sont gentils, ils sont français.
Mes cheveux sont roux d’origine mais je les colore ; je dois me cacher (beaucoup de moqueries à l‘école)
Nous allons au cours de français tous les mardis.
Je suis séparée du père de mes 2 premiers enfants, j’ai refais ma vie avec un autre homme qui a 4 enfants, dont 2 ados, et malgré mon jeune âge, je suis fière de m’occuper de 7 enfants.
Je n’ai pas eu mon papa toute mon enfance, je l’ai retrouvé il y a peu.
Vraiment, une femme seule avec les enfants c’est difficile, je suis forte, des fois oui des fois non, comme tout le monde.
J’habite à Tulle et je vis seul, ma femme et mes enfants me manquent, ils sont au pays, en Guinée Conakry
Ma famille me manque beaucoup, ça fait 6 ans que je suis en Europe sans papiers, sans travail.
Je suis quelqu’un de bien, j’aime aider les autres.
Je suis une personne honnête, créative, je déteste les personnes de mauvaise foi.
Je suis de nouveau à Tulle depuis le 25 mars, je rencontre de nouvelles personnes et je cherche à m’adapter.
Je me nomme Bobo, c’est à dire douleur, dès mon enfance j’étais un peu turbulent, toujours en train de faire des jeux un peu brutaux. C’est pour cela, un jour ma mère a décidé de m’inscrire dans une école de rugby. Malgré l’école de rugby, je me suis aussi intéressé à d’autres domaines, tels l’aéronautique, la mathématique, la chimie et la physique.
Je suis une personne simple, avec un cœur ouvert qui est toujours disponible à servir les autres et à partager avec n’importe quelle personne
Me voilà avec mes cheveux blancs, et mes yeux qui pleurent parfois, mais pas de tristesse.
J’aime partager, rigoler ensemble.
Je suis curieuse d’apprendre, j’aime le calme et j’aime les gens.
C’est difficile, pour protéger les enfants et soi-même
Les conflits avec la famille, c’est dur, comme d’être fâchée avec ma maman.
Des fois la vie nous réserve des surprises, la vie associative est la meilleure, elle nous permet des fois d’oublier le stress et reprendre tout à zéro ; mais des fois, on n’arrive pas à atteindre nos besoins — et pourquoi ?
Pour moi la vie est facile quand on sait saisir les occasions favorables qui se présentent devant nous.
La vie propose des choses qu’on n’a pas trop le choix d’accepter ou non.
De vivre loin de la famille, loin des parents, c’est difficile.
Il faut changer les habitudes par obligation, ça change notre personnalité.
La vie c’est pas facile, mais vivre sans mari c’est difficile.
Sans papiers, la vie c’est pas facile.
A cause de toutes ces difficultés, on est appelé à rencontrer de nouvelles personnes, partager.
On ne profite pas assez des moments privilégiés, on croit que tout est acquis. Quand on les perd, on se rend compte qu’on est seul. Être entouré de sa famille, amis, animal…
On peut faire beaucoup dans une vie.
Si j’avais le pouvoir peut-être un jour, j’arriverais à changer l’image du monde, mais pour l’instant, il faudra se battre avec les moyens que la nature me donne.

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Puis, nous prenons l’exemple du livre de Géraldine Kosiak, Chez nous. & chez vous ?

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Chez nous, on vit en famille, mariage, traditions.
Chez nous, c’est pas facile.
Chez nous, des fois, la belle famille est gentille, ou jalouse.
Chez nous, le mariage m’a fait souffrir.
Chez nous, mon mari est parti en Europe depuis 2001, et j’ai trop souffert.
Chez nous, mes enfants ne connaissent pas leur père.
Chez nous, à cause du français, mes enfants préféraient venir en France plutôt que rester en Italie.
Chez nous, je ne travaille pas, c’est un souci.
Chez nous, je voudrais que mes enfants soient heureux, même si je n’ai pas de moyens.
Chez nous, on croit toujours les apparences.
Chez nous, les femmes sont pratiquement soumises.
Chez nous, on n’accepte pas trop les femmes divorcées.
Chez nous, on respecte les traditions.
Chez nous, ce sont les pères et les maris qui décident à notre place.
Chez nous, on n’a pas trop la liberté de s’exprimer.
Chez nous, la religion est primordiale.
Chez nous, la femme est très respectée.
Chez nous, avoir des enfants chez ton mari est une fierté pour une femme.
Chez nous, la femme reste toujours obéissante.
Chez nous, manger dans le même bol est pratiqué dans toutes les familles.
Chez nous, la devise est travail – justice – solidarité.
Chez nous, l’excision des filles est obligatoire.
Chez nous, le mariage précoce est toujours pratiqué.
Chez nous, les coutumes font que les femmes sont confrontées à des difficultés.
Chez nous, on joue avec tout le monde.
Chez nous, on fait le marché ambulant.
Chez nous, j’ai été adopté par la femme de notre président Moussa Dadiscamara, qui est en exil au Burkina Fasso.
Chez nous, je m’occupais de ses activités commerciales et familiales, j’étais un distributeur agréé.
Chez nous, le pouvoir en place règne toujours.
Chez nous, quand tu travailles avec la femme du président, en cas de coup d’état, ta vie est en danger.
Chez nous, quand j’étais petite : un beau-père violent alcoolique.
Chez nous, mon frère et moi n’étions pas des enfants épanouis.
Chez nous, aujourd’hui, nous sommes nombreux, je suis épanouie avec ma tribu.
Chez nous, en Italie, les gens sont macho, surtout les hommes.
Chez nous, je suis très heureuse avec mon compagnon, il me redonne confiance en moi.
Chez nous, nous ne sommes pas voilées, mais certaines personnes se respectent.
Chez nous, les moments en famille sont privilégiés ; repas, activités.
Un jour chez nous, quand la pluie est tombée, il y avait plein de monde qui se précipitait pour se mettre à l’abri chez nous.
Il arrivait un moment, chez nous, on était inondé de joie de vivre ensemble.
Chez nous, entouré de 3 frères et sœurs, et un père aimant ses 4 enfants.
Chez nous, beaucoup de respect.
Parfois chez nous, il y avait des bruits qui provenaient d’un marché ambulant qui se trouvait non loin de chez nous, et à partir de chez nous on pouvait observer tous les marchands qui venaient s’approvisionner des produits du marché qui se trouvait auprès de chez nous.
Chez nous, beaucoup de joie et d’amour.
Chez nous, un père sévère mais humble avec un grand cœur, qui a tout le temps aidé ses proches.
Chez nous, beaucoup de famille venait, des bons moments familiaux, des repas.
Chez nous, un manque et de la tristesse quand des sœurs se marient.
Chez nous, l’honneur et contentesse*, et fière de donner la vie.
Chez nous, une vie de couple remplie d’amour et d’affection, d’assurance et de confiance.
Chez nous, beaucoup de fierté de qui on est et d’où on vient.
Chez nous, beaucoup de tolérance envers les uns et autres.
Chez nous, il n’y a pas d’égalité Femme — Homme.
Chez nous, être maman est la plus belle des réussites de ma vie, la plus tendre.
Chez nous, Dieu est là pour nous, la croyance et la foi sont très importantes.
Chez nous, des larmes, de la tristesse, et des sourires qu’on ne voit plus sur le visage quand plus rien ne va dans ma vie.
Chez nous, la confiance revient, et je reconstruis.
Chez nous, les enfants respectent les personnes âgées.
Chez nous, en Guinée Conakry, il y a plein de choses que j’aime, par exemple j’aime la pêche artisanale, j’aime l’agriculture et l’élevage.
J’aime la danse de chez nous, une danse d’hommes qu’on appelle soli.
Chez nous, on respecte la religion.
Chez nous, on mangeait des gâteaux au miel et on faisait le pain.
Chez nous, notre maison était belle et chaleureuse.
Chez nous, on ne répondait pas.
Chez nous, on parlait et on parle encore.
Chez nous, on berçait les enfants.
Chez nous, on chantait et on chante encore.
Chez nous, c’est notre famille qui choisit pour nous.
Chez nous, un homme est plus fort qu’une femme.
Chez nous, ça n’existe pas la liberté.
Chez nous, la liberté ça n’existe pas.
Chez nous, on ne peut pas dire je t’aime.
Chez nous, il n’y a pas la langue française.

  • Chez nous, “contentesse” n’existe pas, mais je trouve ce néologisme survenu très beau, alors j’ai choisi de le garder. Car la contentesse, ce n’est pas pareil que le contentement, il y a dedans beaucoup plus d’allégresse..!

 

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