secours pop – 4

Date : 17 mai 2019

 1 — Décrivez le(s) métier(s) ou études que vous faisiez avant d’être là ; en quoi ça consistait, avec qui vous travailliez, ce que vous aimiez —ou pas — dans ce travail etc.
2 — Ce que vous voudriez faire en rêve, idéalement et dans la réalité…
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Une belle réponse d’Adama :

On peut rêver quand le début est bien.
Avant, c’est trop difficile.
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Adama :
Je me suis limitée au niveau Baccalauréat ; j’ai fait les sciences mathématiques.
Pendant que j’étais à l’école, je faisais le Volontariat National dans mon pays dans le cadre de la lutte contre la violence faite aux femmes. Particulièrement l’excision.
J’ai eu à collaborer avec des ONG dans d’autres luttes, par exemple : en 2015, j’ai assisté à toute la campagne de lutte contre le virus Ebola, comme animatrice Radio ; j’ai été agent commerciale pour une marque de téléphonie mobile (areeba). Je faisais parti de presque toutes les activités de jeunesse ; j’ai été agent communautaire ; j’ai fait l’E.C.
J’ai travaillé avec les autorités de mon pays, des ONG internationales, préfectorale et communale ; associations de jeunesse.
Ça me faisait du bien ; j’avais une sorte d’indépendance, les frais de formation m’aidaient à venir un peu au secours de ma mère et mes sœurs (par rapport à la scolarité, etc…)
Mais j’avais du mal à atteindre mes objectifs parce que ma famille paternelle était totalement contre mes activités, pour cause des coutumes et religion, par manque de compréhension. Mon seul soutien était ma maman et sa famille.
Arrivée en France, j’ai cherché à reprendre mes activités de bénévolats avec des associations d’aides sociales ; j’aime être en activités.

Mon souhait est que j’arrive à avoir mon statut, que je puisse faire une formation en marketing ; vente, management, parce que j’aime la marque ; en plus j’aime beaucoup l’administration, si j’ai une formation en management. C’est un atout.
Je veux être agent de marketing parce que je crois que je peux répondre aux critères.
Et je continuerai toujours à bannir cette excision et le mariage forcé parce que je suis une victime de ce mal.

…. Être indépendante, épanouie, avoir une vie de couple idéale, avoir des enfants, aller en vacances, aller danser, au restaurant, faire du cheval. Hôtesse de l’air était mon rêve d’enfance.

Mohamed :
Moi, quand j’étais au pays, je travaillais avec la femme de notre ex président de la république Moussa Dadis Camara, qui est en exil au Burkina Fasso. Cette dame me considérait comme son fils qu’elle a perdu au Canada. Quand son mari a reçu un coup d’état au pays.
Elle avait entièrement confiance en moi. Elle me faisait des procurations quand elle se déplaçait. Je faisais ses activités commerciales. On amenait l’huile à la société Kecom en France. On avait un comptoir d’or où j’avais ma propre carte d’acheteur. J’étais un distributeur agréé à la Sobragui au compte de la société Jeanne Haba.
J’ai travaillé dans un inter marché, j’étais magasinier et rayonniste. Je faisais les B.L. En même temps j’avais ma propre société GBS Guinée Business Service. Ce travail me rapportait beaucoup d’argent, je vivais bien.
Mais par malheur, son mari s’est lancé dans la politique. Il s’est créé un parti FPDD. C’est là où ont commencé mes difficultés.
C’est à cause de ça, j’ai fui de mon pays. Ma femme et mes enfants sont en danger au pays.

Quand j’aurais mes papiers, d’abord j’aimerais vivre à Tulle, faire un métier pour revivre de nouveau. Ou être magasinier.
Par contre, j’aimerais bien garder le travail que je fais comme bénévole au secours populaire parce que j’aime vivre avec eux. Parce que je me vois comme je suis dans ma famille. Tous les travailleurs sont très gentils, qui me donnent beaucoup de courage à revivre bien le nouveau.

… Quand j’étais petit, je disais à mes amis que j’avais trois choses dans ma tête :
Être un ambassadeur ou être un grand commerçant pour bien servir mon pays ou ministre de l’urbanisme et de l’habitat.
Faire du sport pour ma santé.
Avoir ma propre entreprise. Être un homme bien calé.

Nafisatou :
Avant, j’avais une boutique pour les femmes, je faisais du commerce de vêtements, chaussures, bijoux, crèmes. Ça marchait bien. De la coiffure aussi.
J’étais à Kamsar, je faisais venir mes vêtements de Conakry, j’allais les choisir, j’en ramenais beaucoup (c’est à 300 km de Conakry, 3h). J’aime bien la coiffure.
En Europe ici, mon 1er travail, c’était de m’occuper de personnes âgées, faire le ménage.
Dans l’idéal, un travail, quel qu’il soit, gagner de l’argent, aider mes enfants. J’aime le travail, je n’arrive pas à en trouver, sans papiers, c’est un peu difficile.
J’aime pas rester sans rien faire.
J’aimais le commerce, ça marchait bien. J’aime partager, rigoler avec les gens. Tout ce que j’avais, c’était de la bonne qualité, les gens aimaient, ça payait. C’était facile de vendre, j’aime bien ça. Ça me faisait plaisir.
J’ai fait de la coiffure avant de commencer ça. J’ai essayé pour voir si ça pouvait marcher. J’aime gagner de l’argent moi-même, être indépendante.
En Italie, j’avais des papiers, (je suis venue en France à cause des enfants qui voulaient venir en France, à cause de la langue) je m’occupais des enfants et des personnes âgées. J’aime discuter avec les personnes âgées ; un jour je vais devenir vieille ; j’aime aider. J’ai travaillé pour 2 personnes gentilles, une trop dure, très âgée, 90 ans, raciste, mais avec l’âge… Dans ce cas là, moi je fais mon travail, c’est tout.

Ici, presque 2 ans, je ne fais rien, beaucoup de demandes, c’est pas facile, mais ça va aller un jour.
Ménage, personnes âgées, je peux me débrouiller avec ça.
J’aime apprendre, je pourrais faire plein de choses que je ne sais pas faire.
La cuisine, j’aime bien cuisiner. Je me débrouille bien en cuisine italienne.

Ma fille a 19 ans. Elle fait de la cuisine, coiffure, maquillage ; elle aime bien.
Mon fils n’est pas décidé encore ; Il a 13 ans.
Des fois, il dit qu’il veut faire le travail de son père, soudeur.
Mais.. mon fils est curieux, il aime bien tout savoir, je me dis qu’il devrait étudier, il devrait faire journaliste. Ça c’est mon idée.
Sa sœur voudrait qu’ils fassent le même travail, comme travailler dans un restaurant, pour travailler ensemble.
Lui, il rêve de devenir footballeur. Il joue beaucoup, bien.
Mais il y a le problème des papiers.

… J’aimais danser, sortir avec mes amies ; tous les samedis, je sortais. J’aime sortir avec mes enfants. J’aimerais aller en vacances au bord de la mer, on s’amuse. Au magasin, acheter ce qu’on veut. Avoir les cheveux blonds, faire du vélo. Apprendre à conduire.

Je ne peux pas voir quelqu’un qui souffre devant moi.
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Adama, Mohamed et Nafisatou sont guinéens :

“En Guinée, on prend soin des étrangers. L’hospitalité, c’est culturel.
Tu peux dire à tes enfants d’aller coucher dehors, de se débrouiller, pour accueillir chez toi un étranger.”

Capture d’écran 2019-05-17 à 19.55.00(proverbe Soussou)

« une personne qui donne beaucoup
ne souffrira jamais »

 

 

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