relations réflexives
(sorry, je ne me rappelle plus qui est l’artiste qui fait ce boulot)
Je reviens des rencontres de Lure, où je n’ai pu rester les 5 jours (à cause d’un rdv de maçon — pas franc…), mais quand même…
Des belles rencontres et la tête qui tourne à 100 000 tours.
Avec une super question pertinente (posée par Marc Smith, paléographe) à laquelle je n’avais jamais pensé : pourquoi adopter l’écriture (forcément attachée) telle qu’on l’apprend à l’école pour mes élecritures ? hein?
Et il semblerait que ce soit une spécificité française.
Je ne sais pas comment on apprend à écrire dans les autres pays qui usent de l’alphabet latin, mais ici, est-il si difficile de sortir de ce moule “primordial” ?
Est-ce que cela nous garantit une lisibilité de tous sans se poser de question ?
Est-ce que, vu que ça n’est pas aisé mécaniquement de former des lettres en tordant un fil attaché à une bobine, on (je) se raccroche à une valeur sûre d’apprentissage ?
J’avais bien vu, lors de la construction du mur d’élecriture à N’a qu’1 œil, à Bordeaux cette année, quand Mélanie et Benjamin m’ont aidée, que tous les 3 n’écrivions pas pareil…
Benjamin écrivait petit et serré-très appliqué, Mélanie, plus gros moins maitrisé, et moi peut-être plus “librement” que d’habitude, vu qu’il fallait faire vite et que le mur était grand…
Cette diversité nouvelle m’avait bien plu.
Est-ce que, vu qu’il est peu recommandé de jouer avec les fils électriques, cette écriture est un détournement un peu enfantin ?
Pour le “fil à retordre” de l’écriture en fil de fer, là aussi le problème s’est (ou plutôt ne s’est pas) posé. D’autant qu’il faut des gants et des pinces vu la raideur du matériau, & qu’on n’écrit pas vraiment “comme on veut” mais aussi “comme on peut”.
Et que j’écris une ligne sur 2 à l’envers, de droite à gauche. Avec un “modèle” pour ne pas me planter dans l’ordre et la formation (en sens inversé, donc) des lettres. Ecrire en tirant la langue (façon de parler) renvoie-t-il automatiquement à l’école?
De même, dans les 366 dessins de légendes quotidiennes. Où c’est un mixe de mon écriture et de l'”appliquée scolaire”.
J’avais oublié ça : au CM2 (avec un maître vraiment extra!), pour certaines rédactions une copine écrivait en rimes et en “caractère d’imprimerie” (je suppose que les caractères non attachés faisait plus “comme dans les livres”…). Ça m’avait plu au point de l’imiter. Au point que mon écriture dès lors a changé, et que les d,b, p, q, h, l etc. ont plusieurs formes. (De là à imprimer, longtemps plus tard…?)
Lors des expositions de ce boulot, des personnes disent régulièrement que ça leur fait penser à Ben. En France dès qu’il y a beaucoup de choses à lire (écriture manuelle + sens) dans une expo, on a besoin de repères et on pense à Ben…
En France on écrit plus volontiers en “attaché scolaire” (je ne sais pas comment nommer ça) à cause de Ben ?
En remontant encore plus loin dans mon boulot, je pense au jeu avec la(ma) calligraphie lors de l’écriture de Papa part, Maman ment, Mémé meurt ; jouer à (avec) la plume, modifier son geste par amplification, difficulté du support, changement de main, fermer les yeux, etc.
En tout cas, il m’aura fallu du temps pour que le kg de plume se transforme en kg de plomb d’imprimerie…
Et puis, il y a son(mon) “écriture de cochon”, comme on dit volontiers. Donc se forcer à être facilement lisible.
D’où vient cette expression ? Dans La ferme des animaux, les cochons apprennent à écrire dans un vieil abécédaire… & les cochons sont réputés pour être intelligents — on ne dit pas écriture d’âne, dont on affublait les mauvais élèves de leurs oreilles.
Une écriture sale… Quelle est la propre : religieuse, administrative et scolaire (travail-famille-patrie) ?
Ou il faudrait dire écriture de fumier? (& là on pense à Céline — je viens de lire Nord, que je n’avais jamais lu, chapeau bas, quel écrivain ! (et est-ce que le nom de Achille, dans San Antonio, vient de là ?))
Une écriture cochonne a-t-elle quelque chose à voir avec la littérature du même nom ?! Une écriture rose (cochon) comme les ballets ?
Mais la bibliothèque rose, qui a enchanté notre enfance, avant qu’elle ne soit verte… Et la littérature rose (à l’eau de, plutôt que rose cochon…)
Donc écrire “naturellement” que pour soi, pour ses notes et papiers, et “appliqué scolaire” quand c’est publique, quand son écriture n’est pas toujours facilement lisible ?
Se prendre la tête pour le sens, donc laisser un peu tomber la forme par paresse, fatiguant d’être au four et au moulin..?
En tous cas, la question m’est ouverte, à expérimenter, à suivre, dans de prochains essais ou boulots….?!
& une photo envoyée par Marie-Astrid après les rencontres de Lure, qui résume bien la situation de ce post..!