atelier d’écriture du mardi – N° 28
atelier 28, mardi 14 avril, chacun.e chez soi
Ces exercices devraient vous prendre plus de 2 h, mais en ce moment le temps se dilate…
A Un poème de Victor Hugo extrait de Les Orientales (1829)
Construit en augmentation et diminution du nombre de syllabes, avec un « climax ».
La forme et le propos du poème sont liés : la longueur des vers augmente avec la force de la tempête provoquée par le passage des djinns autour de la maison, puis diminue à mesure qu’ils s’éloignent.
Les Djinns
→ Je vous demande de reprendre cette forme d’augmentation/diminution
pour décrire une observation/sensation du paysage autour de/en vous.
Paysage extérieur ou intérieur (suivant votre humeur et/ou où vous habitez — par intérieur, j’entends l’intérieur de la maison, ou de vous-même)
Je voudrais une description très détaillée, par touches.
Pensez au point de vue (comme un travelling ?)
(Pensez à la peinture impressionniste, comment Monet traite l’espace et l’espace de la peinture dans les nympheas exposés à l’Orangerie, comment on est à la fois observateur et « dans » la peinture ….)
Soignez le style, rechercher le vocabulaire, pensez au rythme qui doivent transmettre les impressions
Ça n’est pas facile, mais ça peut être un travail réjouissant !
C’est l’occasion soit de faire abstraction de votre état d’âme en cette période en vous concentrant sur l’extérieur, soit d’analyser sans poncifs votre malaise le cas où (ou les 2 !)
& tiens, Fauré a mis le poème en musique
Manée :
Pas facile en effet, en plus cette fois la lumière était tellement belle ce soir et semer de la roquette tellement urgent ( ! ) que j’ai commencé tard…
Sylvie : (le texte est affiché plus petit que celui de Manée à cause de mes manip pour que ça rentre sur 2 colonnes….)
difficile d’arriver à la cheville, que dis-je, au petit orteil de Victor Hugo, ni même de s’approcher…
Je n’ai fais que la moitié de ce volumineux travail.
Je t’embrasse avec vue sur le bassin d’iris des marais,
David :
et voila, c’est tout ce que j’ai pu pondre pour cette fois,
mais je me rend compte après coup que je suis quand même pollué
par les annonces et commentaires.
Et je suis plus à l’aise en mécanique qu’en botanique.
merci encore à toi et aux beaux textes qui accompagnent
les consignes, et pour l’apparition extraordinaire en fin de post
du dernier atelier. A peine croyable.
Confinement votre.
Sylviane :
— Hier pas de internet. Je vais prendre les consignes aujourd’hui et faire le travail. J’ai beaucoup de problèmes avec le réseau…. Biz bonne santé à vous
— Bonsoir Fabienne, après de multiples coups de fil à Orange, un technicien est intervenu sur la ligne cet après midi et pour la première fois depuis un tas de jours, la connexion tient depuis quelques heures; j’en profite pour t’envoyer l’exercice un . J’ai eu beaucoup de peine, le moral n’est pas terrible alors j’ai du mal à penser ; alors exercice 2 de l’autoportrait j’ai renoncé; aucune idée sauf à m’imaginer en marais gluant illuminé du chant rauque des crapauds en mal d’amour.
J’imagine mon déconfinement comme un bonbon sorti du papier
B Petits extraits d’Andrée Chedid :
— Face aux violettes, Mondes Miroirs Magies, Flammarion
En sa forme concise, cette plante rassemble toute la mélancolie du monde. Ridée, feutrée, renfrognée, elle me fait penser à certaines femmes plaintives depuis leur prime jeunesse, blanchie de cœur avant l’âge. Leur sensibilité déviée, dévoyée (ce qui les rend, par moments, attachantes) les conduit à se prendre pour d’éternelles victimes, sans cesse à l’abandon. Elles ne trouvent réconfort qu’en des malaises réels ou imaginaires, qu’en d’impénétrables maladies. […]
À les contempler, il me vient une folle envie de coquelicots ardents, de pivoines échevelées, de dahlias chatoyants, de tulipes hardies ! Je brûle du désir d’appliquer sur tout ce mauve, tout ce violacé d’épaisses couches de soleil. J’en appelle alors à toutes les fleurs d’aurore : aux primevères des bois et des prés, aux capucines, aux jonquilles, aux genêts malgré leurs épines ; surtout, à ces tournesols ensorcelants si chers à Van Gogh !
— Le sixième jour, Flammarion, Mille et une pages
Le buste s’arqua tandis qu’elle prenait l’enfant sur ses genoux ; il paraissait composé de baguettes de saule, minces et friables. La femme se fit berceau. Elle se fit champ d’herbes et terre d’argile. Ses bras coulèrent comme des rivières autour de la nuque rigide. Sa robe, entre ses cuisses séparées, devint vallée ronde pour le poids douloureux du dos meurtri, des jambes raides. Sa tête s’inclina comme une immense fleur odorante, son buste fut un arbre feuillu.
→ Faites un autoportrait en plantes (travaillez la description du végétal et faites des analogies)
Et celui de quelques membres de votre famille
Manée :
Peut- être comme la bogue de châtaigne mais à l’inverse: duveteuse à l’extérieur et des dizaines d’épines à l’intérieur…
J’aimerais être fleur de carottes sauvages au bord des chemins, faites de milles petites fleurs blanches, légères et mousseuses ou onagre qui pousse n’importe où avec ses corolles d’un jaune pâle
mais je me sens plutôt comme un bulbe ou un arbre et plutôt massif comme un chêne que bouleau léger, trop de racines et de terre qui me colle après.
Mais peut être tout de même pourrais-je tenter d’être pistil noir accroché sur le fond jaune des tulipes rouges ou encore myosotis dans un vase de fine porcelaine bleue. J’hésite avec un tapis de pétales de camélias roses qui perdent enfin leur côté perfectionniste sur l’herbe neuve du printemps. Et si j’étais lilas (le plus simple, le plus mauve), j’aimerais beaucoup que quelqu’un enfouisse son visage au milieu de moi.
David :
Véronique Petitchêne
Elle est comme ses femmes sans âge qui ressemblent toujours à une petite fille, une petite rampante d’une douce discrétion qui vit dans l’ombre des autres sans qu’on l’y ait invitée, elle était là avant, elle y sera après, petite robe finement ciselée de verte fraîcheur et une petite gueule mignonne, d’un bleu assez vif. C’est une sauvageonne libre de pousser ou elle veut, pas comme ses petites copines bien sages et à leur place, myosotis, primevères, pâquerettes et cœur de Marie. On les oublie car les grosses gueules solaires des pissenlits occupent tout l’espace, l’énorme pivoine aux soieries abondantes toise son rival l’iris bleu au fort caractère.
Et que dire des glycines en cascade mauve vrombissant d’abeilles charpentières, là c’est vraiment trop. La petite ne sera point ravagée par le vent, les tempêtes et les grêles, les colères nocturnes. Elle est là sans orgueil quand les autres si belles dévastées ne sont déjà qu’un souvenir.
& pour conclure :