30 secondes
— Non, je ne peux pas, j’ai pas le temps, je prépare un enterrement..!
— Non, je ne peux pas, je suis handicapé. (ce qui ne l’empêche nullement d’aller acheter son pain en bagnole, de marcher et de causer)
— Non, ma mère (ma belle-sœur, etc.) m’attend, elle est handicapée.
— Non, ça ne m’intéresse pas. (avant de savoir ce dont il s’agit)
— 30 secondes?!! Non, je suis trop pressé(e)! (pas pour papoter auparavant ou après avec une connaissance rencontrée)
— Non, là j’ai pas le temps, j’ai un rendez-vous, désolé(e). (et qui repasse dans l’autre sens quelque temps après avec du pain, des clopes ou le journal en faisant un grand tour pour éviter la facheuse rencontre, le regard vers ses pompes ou la ligne bleue des Vosges — ici des Pyrénées)
Trop pressé de courir vers la mort? vers les petites habitudes qu’il ne faut à aucun prix déranger et vers l’ennui, vers la TV qui dit qu’on peut faire de mauvaises rencontres dans la rue, trop pressé de se méfier et de se fermer, trop pressé pour participer à quelque chose de gratuit et d’inutile, trop pressé pour faire quelque chose qui ne sert à rien d’autre qu’à être ensemble et juste se donner la main sur les murs d’une ville, prêter la main et se prêter à un jeu qui nous met tous à égalité d’humanité, trop pressé pour juste être là, avec sa main anonyme, offrir sa main à l’inconnu, (s’)offrir 30 secondes de réflexion, regarder sa main et regarder sa vie, écrire sur support (é)mouvant, se chatouiller en écrivant…
Après un grand moment de solitude devant la boulangerie du petit centre commercial à l’extérieur du village, ce mail reçu qui tombe bien :
“Tout ce que tu feras sera dérisoire mais il est essentiel que tu le fasses.”
Voici une citation de Gandhi qui parfois m’apaise.
Bonne journée. Emilie