lundi à Villeparisis
Direction collège Gérard Philippe, pour des rencontres avec des classes de 6ème et de 5ème, qui ont travaillé sur mon boulot avec leurs professeurs de français et le cdi, (et la compagnie Bouche Bée), à l’initiative de la bibliothèque départementale de Seine et Marne.
Arriver en avance gare du Nord, pour acheter des tickets et trouver le bon quai… Avant l’accès aux quais de banlieue, un contrôle de migrants (semble-t’il), zone de sécurité avec paravents au milieu qui forment un cercle où on ne voit pas ce qui se passe, tout le monde à filmer à l’extérieur avec brouhaha, sgloup
« La Mathurine a eu bien peur » comme disait la grand-mère de Bruno en racontant l’arrivée dans une gare parisienne d’une provinciale. (C’est sa même grand-mère qui avait affiché dans son placard ce mot génial pour les cambrioleurs : “attention pièges, vous hurlerez de douleur”..!)
Emmanuelle vient comme convenu me chercher à la gare, très occupée entre ces rencontres et la soirée théâtre de ce soir, grand moment!
Passage par la salle des profs, et rencontre de la prof de français qui a mal au pied gauche, gonflé après être restée trop debout, et montée sur un tabouret pour recoller le choux ! “Si vous saviez combien de fois j’ai recollé ce putain de choux qu’est trop lourd & qui veut pas tenir…”
Visiblement, il y a des préparatifs importants pour ma venue…
Les profs blaguent entre eux, et répète la consigne de base en 3 points : (je découvre et prend note discrétos)
(on ne chambre pas)
– ni sur le physique
– ni sur les habits
– ni sur les papas & les mamans..!!
La sonnerie retentit, en route pour la 1ère classe au rez de chaussée, 6ème et 5ème mélangés, avec leur professeur sympathique.
Rien qu’en entrant, je suis impressionnée par tous les élèves assemblés et par le tableau !
Eux sont très intimidés !
On commence par des petites scènes tirées de Papa part, maman ment, Mémé meurt.
Je m’assois devant à côté d’un élève qui me demande tout de suite avant que ses camarades commencent :
— Pourquoi mettez-vous de la vulgarité dans vos poèmes ?
— la poésie, ça n’est pas exclu de la vie, c’est aussi les mots de tous les jours, comme on peut parler parfois…
Leur professeur leur demande pourquoi ils ont choisi ça, ce qu’ils ont aimés
— Ça joue avec les mots,
— on peut faire différentes intonations
— à la fois triste et drôle
Un 2ème groupe nous lit/mime “liberté, égalité fraternité mon cul”
—drôle, au 2nd degré
Pour répondre à tous à cette question que beaucoup posent, j’explique qu’il y a aussi une autre version, autre approche : “liberté égalité fraternité bonne chance” et pourquoi utiliser l’une ou l’autre.
Il y a beaucoup de questions préparées sur la poésie, le “métier” de poète, l’écriture, pourquoi-comment….
Puis, des élèves présentent leurs dessins affichés :
Ce bon dessinateur a sorti son carnet de croquis lors de cette heure de rencontre et m’offrira son dessin et mon portrait, MERCI!
C’est assez émouvant de les entendre expliquer leurs dessins
qu’ils auront tous la générosité de m’offrir
(je repars avec un sacré butin!!)
Lors de cette présentation un camarade intervient pour demander pourquoi il y a le drapeau homosexuel ? Juste pour faire beau.
Je leur dis alors qu’on devrait voir au moins un arc-en-ciel par jour!!
Puis à partir de 3 tourniquets, je dois choisir des phrases que les élèves miment. (ça aurait bien valu une vidéo!!) ils ont ainsi préparés plein de possibilités..!!
L’heure est trop vite passée, je repars avec des dessins et le cœur qui vibre!
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2ème rencontre, à l’étage, les 6ème accompagnés de Julie, la professeur de français avec salomés rencontrée tout à l’heure.
La classe est aussi installée spécialement, c’est impressionnant en arrivant de voir tous les élèves sous leurs trois trucs bien!
Je crois qu’ils me demandent de faire moi aussi un papier qu’ils accrochent, écrit avec des feutres de différentes couleurs, mais je n’en suis plus sûre, tellement il s’est passé de choses!
Nous suivons un parcours ; la 2ème étape est l’affaire du choux :
où ils devaient écrire spontanément sur les feuilles découpées.
Quand on naît dans les choux, on les mange comme une limace… (un autre titre…)
Je n’ai pas trop de temps pour tout regarder attentivement (il faudrait relever toutes les phrases!), il faut passer à la suite du parcours :
La présentation des machines (réalisées avec la professeur d’arts plastiques).
La Machine à arcs-en-ciel et la Machine à voir à travers les gens
la Machine à exaucer les vœux, le Robot ménager qui ça sert à se reposer,
la Machine dans l’espace qui fait fabrique informatique, la Machine qui fait les devoirs, …
Puis nous nous asseyons tous en cercle sous les trucs bien, pour des questions et des jeux entremêlés !
• 1er jeu, 3 possibilités :
– Y’en a marre
– super méga bien
– super méga nul
— y’en a marre qu’il pleuve (que je dis…j’ai pas rajouté à Tulle..!)
— être arrivée au bord de la piscine, super méga bien
— y’en a marre de la mode
— y’en a marre d’être la grande sœur qui prend tout
— y’en a marre de dire y’en a marre
— super méga bien, j’ai marché dans une crotte de chien ! (c’est la prof qui le dit)
J’ai pas tout noté, chacun en dit un.
• 2ème jeu : ni oui ni non
Ils me posent des questions qu’ils ont préparées, et je ne dois dire ni oui ni non, c’est pas fastoch, d’autant qu’il y a a des pièges!
Heureusement, j’ai un joker, utilisé dès la 4ème question, qui me semble sérieuse celle-là, alors je ne pense plus au jeu ! :
— est-ce que vous êtes une poète ?
— Non (ou oui, ça aurait été le même combat) et tant pis pour la réponse les pieds dans le plat, j’explique ma réponse.
Après je fais très attention, mais dans le fil d’une réponse, je dis :
— […] je ne crois pas,non… !
— Haaaa!!! Gage !
& voilà, j’ai un gage..!! :
— écrire un livre sur les 6ème6 !
— le titre : les 6ème 6
— d’accord !
Ils sont un peu surpris, tous leurs yeux étonnés-contents me regardent. Damned, où m’embarquais-je?..!
• Puis d’autres questions, & ils parlent des livres lus, de ce qu’ils retiennent :
(quelques notes griffonnées vite fait)
— quand on a besoin de se libérer, mieux vaut écrire que dire
— jamais baisser les bras
— ça m’a fait du baume au cœur de l’avoir lu
• avant qu’on se sépare, je leur propose de ne pas se quitter comme ça ! :
— est-ce qu’on pourrait le faire ensemble, ce livre des 6ème 6 ?
Grand enthousiasme ! (chic..!!) et déjà des propositions :
— chacun écrit un truc sur lui
— que nous on aime bien
— nos talents nos qualités
— un livret de vie (c’est moi qui souligne, c’est une belle formule)
— nos passions défauts qualités
— nos liens d’amitié
Il va falloir que j’y pense rapidement pour leur partie car voilà déjà juin et adieu les 6ème6!
Avant de partir, Julie me montre la liste des livres empruntés (ils ont tous beaucoup lu!!) La boîte à livres m’impressionne et je repense aux grands sacs plein de livres vus lors de la rencontre initiale en décembre à la bibli départementale. Quel boulot effectué!!
et cette remarque de Julie : fabienne yvert (“tu me passes le fabienne yvert!”) est quasi devenu un nom commun dans la classe..!
Waouh ! je repars après cette journée un peu chavirée et j’essaie de bien ranger dans ma tête toutes ces choses vues, dites et entendues…
L’impression aussi que l’écriture et plus spécialement la poésie n’est pas rien et que des belles choses se sont passées entre nous.
Je repars aussi avec plein de petits cahiers de lecture, que je lis dans le RER avec délectation: