Du café Plùm
Jeudi, grande journée au café Plùm. À discuter de temps à autre avec Delphine, de livres, de découvertes littéraires et humaines, de travail, de projets, des rencontres, etc…
Passer la journée dans le “silence animé” d’une librairie conviviale, avec des tables et des coins différents où s’installer, des rayonnages pas trop vastes, pour pouvoir y flâner et glaner textes et images au “hasard” sans se perdre dans la trop grande multitude, comme quand on passe du temps dans/avec la bibliothèque d’un(e) ami(e). Des idées qui viennent, dans cette disponibilité des rencontres, des propositions, entr’ouvrir le bon livre au bon moment…
Le bonheur de travailler (en ayant extérieurement l’air de rien faire, je suppose) dans une librairie choisie, en somme, qui devient aussi library…
Et voici LA découverte de la journée, un magnifique livre jeunesse avec une petite fille sourde, ouvert au hasard…
qui croise certaines idées à exploiter que j’avais, entre la rencontre de martiens et de plongeurs sous-marin, ici bellement exprimée
Un livre sans paroles ni sons, rendus graphiquement
et un superbe jusqu’au colophon.
Qui me fait penser à une phrase que Delphine m’a dite, puisé dans Une autre Aurélia, de Jean-François Billeter :
” On oublie ce don que représente tout travail bien fait.”
Le lendemain, je ne pouvais pas venir, “ma” voiture n’étant pas disponible. En retour d’un message, Delphine m’a envoyée cette peinture de Paula Modershon Becker.
Par juxtaposition, je fais des copines de ces 2 petites filles.
Et puis, proposition qui tombe du ciel dans la matinée, comme je ne peux pas aller à Lautrec, une amie de Violaine veut aller à Conques et nous embarque. Depuis le temps que je rêvais d’y aller !
“Vue de la place, l’abbatiale paraît enfouie au fond d’une fosse, tandis qu’à l’opposé elle domine de sa masse imposante le cloître lui-même accroché au-dessus du ravin. La surface disponible pour les constructions ne pouvait être que fort limitée. De plus, la présence de la fontaine du Plô et de son réservoir souterrain en dessous de la place, empêchait toute expansion de l’église dans cette direction. La topographie du site de Conques expliquent le plan extrêmement ramassé, l’abside d’assez faible profondeur avec trois chapelles au lieu des cinq habituelles, la nef très courte (20,70 m) par rapport au transept d’une ampleur inusitée (35 m). Et, comme pour compenser la modestie de ses dimensions au sol, l’édifice se développa en hauteur.”
Bol incroyable, on était seules dans l’abbatiale !
Un grand choc esthétique et spirituel, parce que là, ça marche vraiment ensemble…
Les vitraux de Soulages, à Conques, relèvent d’un minimalisme spiritualisé, dans l’esprit de l’art roman le plus dépouillé.
“La recherche de Soulages va partir, non d’une conception formelle préétablie, mais du matériau lui-même, le verre, dont il explore de nouvelles potentialités, après des centaines d’essais. Il souhaite un verre translucide mais non transparent, qui ne « troue » pas les murs, préserve la clôture, et évite la distraction du regard. « J’ai voulu, a-t-il expliqué, que la transmission diffuse provienne non d’un état de surface comme avec le verre dépoli, mais de la masse même de la matière. J’ai voulu aussi qu’elle soit variée, c’est-à-dire produisant des modulations de luminosité sur la paroi de la fenêtre. Une lumière vivante en quelque sorte, prise dans le verre même, celui-ci devenant émetteur de clarté. »”
Je n’avais pas d’appareil photo ni mon téléphone, oublié à Albi, mais de toute façon pas envie de regarder autrement qu’avec les yeux…
“Le même élancement se retrouve à l’extérieur, sur la haute façade dont l’austérité de forteresse n‘est égayée que par les rosaces de pierres polychromes. Latéralement, rien ne vient interrompre la verticalité des contreforts qui montent d’un seul jet jusqu’aux toitures. En contournant l’édifice, on découvre soudain le chevet et la somptuosité de son élévation pyramidale. Ici, le triple étagement des volumes, magnifiquement appareillés reflète la structure intérieure de l’église.”
Voici des images capturées sur internet, mais qui ne rendent pas grand chose de la qualité de la “présence” de cet endroit.
Quand j’ai ouvert la porte du transept, qui donne sur la colline boisée en face,
en descendant dans le jardin du cloître, qui termine au-dessus du ravin, avec ces pierres et lumière dans le dos et la nature devant, je pensais aussi aux monastères tibétains.
Le soir , j’ai ouvert Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc, de E. Herrigel, trouvé au Café Plùm.
“Vos flèches manquent de portée, fut la remarque du Maître, parce que spirituellement, vous ne portez pas assez loin.”
5 ans après,
“Le Maître m’interrompit alors et dit : “Voilà justement la corde de l’arc qui vient de vous traverser!”
Conques, un endroit traversé par la corde de l’arc!