EN CAS
Samedi matin, Lombez-Toulouse-Marseille, je pars tôt pour rentrer tôt ; j’ai lu tous les livres emportés dans ma valise, sauf un pas très gros, mais qui devrait être juste bien pour 4 heures de voyage…
Un vieux train, du monde pour ce grand we. Voiture 5, côté couloir dans une place à 4, en face d’un monsieur avec des grandes jambes et un gros livre. En arrivant, splotch, splotch, un gobelet de café renversé juste sous le siège, qui dégouline partout, peut pas poser mon sac par terre. Il n’appartient pas à la personne derrière, il est donc arrivé là tout seul… Opération serpillère avec un mouchoir pour pas avoir les chaussures qui trempe dans le café (mais ça sent bon et ça colle pas comme les sodas ou la bière..) Ça m’occupe quelques minutes.
Puis arrêt imprévu à Castelnaudary ; qui dure, qui dure. Au bout d’un long moment, un voyageur qui traverse le wagon énergiquement nous annonce que nous sommes là pour au moins 1h et demi. ???!!! Pas d’annonces, c’est normal, la sono ne marche pas dans notre wagon ; et les chiottes sont tellement immondes (et sans eau) que des relents nauséabonds (vive le café renversé, qui provient d’une gare, car il n’y a pas de vente ambulante) pénètrent dans le wagon quand quelqu’un ouvre les portes. Des voyageurs, qui doivent venir des wagons où l’info circule, sont regroupés plus loin sur le quai, où on aperçoit les casquettes des contrôleurs. Allons aux nouvelles…
Un train de marchandises (comme celui qui est stationné en gare?) est en panne “devant” nous. La voie est bloquée, et ça va prendre du temps, 1h1/2 peut-être, on ne sait pas encore exactement combien de temps. Bon, va me falloir un autre livre, allons voir à la gare de l’autre côté des voies. Un guichet où pleins de voyageurs se pressent, des distributeurs, mais pas de presse. Visiblement, la gare est à l’extérieur de la ville ; le marchand de journaux est à 1/4 d’heure à pied, me dit un monsieur. (Partir à l’aventure 1/2 h, ça ne me tente guère, on ne sait jamais, si le train repart… ou alors, il faudrait prendre sa valise, ordi, etc…) Par contre, il y a un petit snack, qui est pris d’assaut par les affamés, ainsi que prises d’assaut les uniques toilettes de la gare, avec la queue qui serpente sur le quai… On accorde la priorité à une petite fille qui danse d’un pied sur l’autre pour ne pas faire pipi dans sa culotte, on est civilisé.
Retournons aux nouvelles, alors. De mieux en mieux : finalement, dégager ce train de marchandises prendra environ 3h1/4… Les contrôleurs essaient de contrôler la situation et de renseigner tout le monde. Les voyageurs vont en tous sens dans la gare, certains se coltinent leur valise malgré le passage souterrain, et sur le quai, se causent par tas, changent de groupes, tout le monde est plutôt calme et ironique sauf quelques énervés qui distillent du fiel ou des anxieux qui ne quittent pas les contrôleurs, les enfants jouent, on nous distribue de l’eau (des Pyrénées).
Alerte (l’annonce qui l’annonçait date d’au moins 5mn et personne n’y pense plus….), un TGV passe à toute blinde de l’autre côté du quai, ça fout la trouille et un enfant qui a eu chaud aux fesses pleure.
— Pour les personnes désirant retourner sur Toulouse, Bordeaux, Paris, un train va arriver voie C, qui s’arrête exceptionnellement, vous pouvez l’emprunter. (Et pour les billets, on n’en est plus là, vous pouvez monter sans problème).
— & est-ce qu’on peut partir d’ici direction Marseille autrement que par ce train ?
— Non. La voie est bloquée de toute façon. Ou alors il faut aller jusqu’à Narbonne, qui est à 100 km, taxi à plusieurs, Blabla car ou stop au choix selon les moyens techniques et financiers disponibles, et l’énergie et la gestion du temps dont on dispose.
C’est bien, il ne pleut pas. Mettons nous dans un état d’esprit à l’Africaine, le train partira quand il repartira, un banc, un livre…
& nous repartîmes….
En gare suivante, des cartons sont entassés dans le train : on nous distribue un encas, même si on est encore plus près de l’heure du déjeuner que de celle du goûter… J’admire le packaging et pense au prix de mon billet de train…
“SNCF assistance : sachez que nous mettons tout en œuvre pour vous informer, vous apporter notre assistance et atténuer les désagréments occasionnés par cet incident. Vous trouverez dans ce coffret une restauration légère ainsi qu’une boisson, que j’espère, vous apprécierez.”
Mon voisin de rangée, qui descend en cours de (ma) route, me laisse gentiment son polar (ça fait belle lurette que j’ai fini mon livre et que je rêvasse).
Le contrôleur passe pour annoncer les correspondances aux différents arrêts et aux différents nouveaux horaires…
— Alors, je le fais à l’ancienne, hein, puisqu’il n’y a pas de sono. Répétez-le à vous voisins s’ils n’ont pas compris. Et tant qu’on peut, car il ne me reste que 7% de batterie sur mon téléphone, un malheur n’arrive jamais seul, puisqu’il n’y a pas d’électricité à bord de ce train…
Alors, pour les correspondances… : ….correspondance pour … à 17h03, train annoncé à 16h56, lui il n’a que 7mn de retard, il s’en sort bien…
Lombez-Marseille, l’aventure est au bout du quai, 9h1/2 de voyage porte à porte, pas mal, non ?!