mardi à Melun
Mardi matin à Melun, et avant de prendre le train, prévoir du temps pour mettre ma valise à la consigne de la gare, pour rentrer ensuite directement en tout début d’après-midi…
A la consigne, une dame qui doit venir du sud troque ses sandales contre des chaussures fermées et sort sa polaire de son sac à dos avant de l’enfermer dans le casier métallique…Il pleut un peu et ça caille.
Émilie vient me chercher à la gare avec des couleurs flashy sur les jambes, un collant résille rose sur un collant bleu pétrole, ça fait délicieusement mal aux yeux!
Comme hier, petit tour à la salle des profs avant de commencer la “tournée” : 4 groupes, 5ème et 6ème, timing d’1/2h, 3 profs de français et Émilie au CDI…
2 “ambassadeurs” extra vont nous accompagner dans ce périple toute la matinée, Mouhamed-Yacine et Aïssatou,
ils sont tout beau et joyeusement sérieux!!
• 1ère étape, dans la cour, le CDI :
On me propose d’enfiler une blouse, avec des mots-questions épinglés, des feutres dans la poche si je veux écrire directement les réponses aux questions dessus, ou sur des post-it, avec des épingles pour les accrocher.
(c’est chiffonné car je l’ai photographiée en la sortant de ma valise!)
Parmi leurs réalisations, un tableau-écriture avec des élastiques ; il y a un marteau, clous et élastiques si je veux rajouter quelque chose, mais le temps file et il reste plein de choses à découvrir et à discuter…
Des assiettes qui donnent envie de manger dedans (ou de ne pas manger, en les regardant!)
répondre aux questions, expliquer certains processus de fabrication… et il est temps de continuer la visite.
• Coursive, accompagnées et guidées (j’ai ma délégation de la bibli départementale!) par nos ambassadeurs.
C’est derrière cette porte.
C’est toujours un moment important quand on ouvre la porte, car on est très attendu derrière..!!
La classe est répartie en 3 “pôles”, il y a plein de choses affichées, on suit le parcours.
1— La boite à questions :
tirer une question au sort, et y répondre.
Il y a un blanc sur la feuille verte, car il y a une question dont la réponse improvisée me semble trop difficile, je la mets dans la poche de ma blouse en disant que j’y répondrai ultérieurement
(il faudra que je le fasse!)
2— post it, 3 trucs bien et pas bien :
Voilà déjà un peu de temps qu’ils se livrent à l’exercice! Nous en parlons un peu.
On me demande de rajouter mon post-it à ce mur aux papillons jaunes. (je ne me rappelle plus de ce que j’ai écris…)
3— un carton d’objets pour faire un poème :
Au boulot!
Je sors les éléments un par un et note sur la feuille blanche qu’on m’a donné :
Un ballon jaune
un coussin rayé pour ne pas avoir mal au cou
une copie quadrillée
une bulle d’imagination
une bouteille vide qui ne tient pas en équilibre
un petit catalogue Lego
des mouchoirs, ça peut toujours servir
un agenda avec un contrôle d’espagnol le 14 février
une boîte de Coulommiers, « c’est rustique » la Seine et Marne
des feuilles de Canson 90 g 200 pages perforées avec un cercle sur la 1ère page
c’est « la trousse noire à Célaine », qui a hâte de la récupérer
des feuilles d’arbre (de la cour ?)un peu séchées cassées
un petit ours gris avec les bras attachés ensemble et le nez bleu
4 crayons, dont un crayon papier HB vert vif
un petit sachet en plastique vide et transparent
de la poésie qui sourit avec un cœur et des yeux roses
Dans un carton vide
Il est déjà temps de partir voir une autre classe! (Sur la photo, Giulia photographie le tableau avec mon sac à dos sur le dos, moi j’ai ma blouse en guest star et les filles me porte sac et kabig..!!)
• Coursive, suite, nous avions déjà remarqué cette porte en passant devant tout à l’heure :
La poésie contre les risques majeurs? (ça me fait penser au super livre de Ryôichi Wagô : Jets de poèmes – dans le vif de Fukushima, édité chez Po&psy)
là encore, un parcours super bien préparé :
1—VIP, nous nous asseyons dans le cercle de chaises, accueil super, bar et service.
Comme je suis un peu intimidée, je ne veux rien, ni café ni jus d’orange, heureusement, les filles de la bibli réparent mon indélicatesse avec savoir-vivre, elles..!…
2— des sacs poétiques, avec objet et enveloppe fabriquée contenant 3 questions
A chaque fois, j’ouvre l’enveloppe, et réponds à une des 3 questions tirée au sort
Dans ce sac, l’objet est le gilet jaune fourni par la prof!
La question : — est-ce que vous êtes engagée pour une cause ?
Je réponds non, mais…je leur demande le silence, car c’est important : je leur parle des ateliers en prison, du fait de la prison, des ateliers avec les migrants et les “pauvres”, indispensables en ces périodes électorales inquiétantes… Ils applaudissent spontanément, le futur est encourageant….!
3 — abécédaires
Sur les tables alignées, plein d’abécédaires très beaux (et un mode d’emploi que je n’ai vu-lu qu’après, affolée par cette profusion!)
Particulièrement magnifique!
Quels boulots!!
4 — Ping-pong poétique
Je m’assois un milieu du cercle, avec une boîte de numéro sur les genoux. Je tire un numéro, et celui ou celle qui a le numéro me pose une question à laquelle je réponds illico
Je leur ai demandé de prendre une photo à la fin! (heureusement qu’il s sont plus fort dans l’organisation de leurs jeux que moi en photo!)
Merci à Cécile d’avoir guidé ce travail de la classe d’une main de maître (de professeur de français!)
Damned, il faut déjà partir pour la dernière classe, nous sommes en retard sur le timing
• Coursive autre aile, les ambassadeurs toquent à une porte blanche :
Les élèves assemblés attendent derrière la porte, et nous accueille avec un discours lu par une élève.
Le prof a un Polaroïd (et des problèmes de pellicule)…
Pendant ce temps, je réponds à quelques questions de groupe ou particulières. D’une classe à l’autre, c’est toujours un peu les même préoccupations qui reviennent.
Dans Maman ment, “votre père s’en va avec une sale pute noire” n’est pas passé inaperçu..!!! J’explique le contexte, une femme délaissée pour une plus jeune (et martiniquaise en l’occurrence), qui se défend en attaquant et en disant de saloperies pour blesser elle aussi, tellement elle est malheureuse et en colère. Comme c’était choquant et très violent, ma mère n’ayant jamais eu de propos racistes auparavant ni depuis, garder ces paroles telles quelles, leur impact explosif qui rend bien compte de la situation…
Puis le prof propose un tableau à faire ensemble, avec feutres et peinture à l’eau (sans eau!)
Leur nom, un dessin, quelque chose à dire écrire…
comme un portrait de la classe.
Après avoir écrit moi aussi sur leur tableau, je leur propose avant de partir de faire une photo avec toutes leurs mains autour ; j’aime bien cette photo!
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C’était 2 jours intenses, plein de rencontres émouvantes, côté professeurs et élèves, découvrir leur inventivité et spontanéité, répéter les mêmes choses mais différemment, faire passer des messages :
— écrire, c’est un formidable espace de liberté et d’invention
— on peut écrire sans être à l’école, sans suivre les règles “obligatoires”
— chercher sa parole, sa façon personnelle de dire les choses
— utiliser aussi l’écriture pour nous battre contre ce qui nous blesse, pour ce auquel on croit
— pouvoir mettre des mots « vulgaires » mais savoir ce que l’on fait, pourquoi on choisit ce vocabulaire
— l’écriture est aussi physique, expérimenter différents matériaux et supports
— les critiques servent aussi à avancer, à réfléchir à ce qu’on a fait
— la poésie et la création, c’est la vie
— et c’est absolument formidable de faire ça, même si c’est pas toujours facile d’en vivre!
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Le lendemain, ces mails qui résument l’autre côté de cette expérience réussie :