Atelier 13 – jeudi 25 février
Aujourd’hui, découverte de Ghérasim Luca (Bucarest 1913- Paris 1994), poète d’origine roumaine dont la majeure partie de l’œuvre a été publiée en français, « un nom et un égarement », identité singulière, « hors la loi », poète apatride en perpétuelle transgression du langage poétique.
Il entame une profonde transformation de l’écriture poétique par des mots travaillés dans leur métamorphose incessante, « bégaiements poétiques » qui dissèquent le langage pour mieux démultiplier les sens.
Gilles Deleuze et Félix Guattari ont souligné à quel point son « bégaiement » renouvelle la poésie, en portant le langage aux limites et en taillant « dans sa langue une langue étrangère ». Une manière explosive d’affoler le langage, une « orgie de mots », qui cherche à « prendre corps » (Paralipomènes), une incessante « morphologie de la métamorphose » (titre d’un poème dans Héros-Limite).
L’utilisation des homophonies d’une façon délibérée (non plus seulement celle de la proximité sonore) apparaît à une place particulière car elle se situe comme une sorte de point ultime du travail sur la matérialité signifiante. Avec la mise en scène de ses écrits et le travail de tout le corps que représentait pour lui la lecture publique de ses écrits, la lecture orale fait savoir l’équivoque des mots, elle creuse aussi la rupture entre écrit et oral, puisque le repérage par l’auditeur de l’homophonie intentionnelle peut disparaître. Selon sa formule : « comment s’en sortir sans sortir » et « je m’oralise ».
Parallèlement, les Cubomanies, commencées dès 1945, sont une sorte de collage obtenu en découpant de manière régulière une image donnée en fragments carrés et en recollant aléatoirement les morceaux, selon une conception toute personnelle du hasard objectif. Cette pratique trouve une suite dans la confection de livres-objets, qui combinent texte, typographie, illustrations. Le texte qui accompagne cette activité plastique est construit autour des associations fantasmatiques crées ou suscitées par l’objet. Dans Un loup à travers une loupe, on assiste au passage d’associations fantasmatiques, telles que l’on pouvait les apercevoir chez Breton, à des associations sur le signifiant.
Un moment clé de cette insistance sur la matérialité sonore des mots semble bien être, chez Gherasim Luca, la lecture de Raymond Roussel, auteur prolixe en calembours et jeux de mots.
On pourra ainsi appréhender les différents modes de la poétique de Ghérasim Luca – écriture vocale et partitions graphiques, décompositions sémantiques et recompositions iconologiques, mots incarnés et formes aléatoires, défi au sens et refus de l’absurde –, et saisir en un seul lieu cette œuvre qui forme un bloc contre la rhétorique de la poésie officielle, la sclérose de la langue littéraire et la banalisation de l’image à l’ère de la « reproductivité technique » effrénée de l’œuvre d’art. Un corpus habité par un balbutiement souverain, une très haute tension amoureuse, une langue à la fois concise, drôle, légère, précise, sertie de silence.
(petite compil d’éléments glanés sur différents sites)
Nous allons aujourd’hui travailler à partir de 2 poèmes tirés de ce recueil.
Exemple le plus célèbre de ce « tangage de la langue », le poème PASSIONNEMENT (1947), avec politique, éthique et poétique d’un même souffle loin de toutes les dichotomies habituelles (lyrisme/objectivisme ou intime/public, etc.)
PASSIONNÉMENT
1 — Après la lecture à voix haute de Passionnément, écrivez un texte ayant pour thème un conflit en vous inspirant de Gherasim Luca
Clara :
David C :
Sylvain :
Isabelle :
David M :
Marie-Jo :
Yvette :
Martine :
Dominique :
2 — Écrivez un poème ayant pour thème un moment tendre en vous inspirant de Gherasim Luca
Martine :
David C :
Yvette :
Marie-Jo :
David M :
Isabelle :
Clara :
Dominique :
Sylvain :
3 — Après la lecture à voix haute de La paupière philosophale, écrivez un texte où les mots rebondissent et se métamorphosent « dans les collisions, interférences, papillottements que l’homonymie et l’homophonie produisent entre les mots » (Jankélevitch)
LA PAUPIÈRE PHILOSOPHALE
Marie-Jo :
David C :
Sylvain :
Clara :
Aux confins des décombres
une ombre feint
qu’elle succombe.
Il n’en est rien.
Seul demeure le jour
abat-lourd
poids de ficelle
ailée elle cède.
Latence d’un destin à plat.
Encaqué dans cet apparat
arpente l’émoi
Hé toi !
Hâte-toi
de t’émouvoir.
Molle larve
palabre
pâle et vital
le vide est létal.
Écrasé s’affale
au fond des fêlures
fondent les encablures
persiste l’usure.
Dominique :
& puis, pour finir :
Atelier 12 – jeudi 18 février
Aujourd’hui, nous allons profiter de la présence de Annie Montaut (Professeur émérite des universités (hindi/linguistique), INALCO) pour découvrir une poète indienne contemporaine qu’elle apprécie, Jacinta Kerketta, à travers 2 poèmes issus de son 2nd recueil (qu’elle est en train de traduire) :
Annie nous explique d’abord qui est Jacinta Kerketta :
Bien peu d´auteurs ont donné voix aux Adivasi (« habitants des premiers temps »), ces communautés anciennement désignées sous le terme de tribus qui, à la différence des Dalits (les « Intouchables »), et parce qu´elles vivaient isolées dans des zones montagneuses inaccessibles, ont longtemps échappé à l´exploitation par les autres castes. jusqu´à la colonisation britannique et le développement des routes. Expulsées de leur habitat convoité pour ses richesses forestières et minières, ces communautés ont pourtant été progressivement réduites à un statut dramatiquement marginal, accentué par la modernisation de l´Inde et plus encore par la globalisation. Les Adivasi ont ainsi rejoint le sous prolétariat urbain, perdant peu à peu leur langue, leur culture et leurs traditions, condamnées à la misère, aux discriminations, à la mise au ban.
Jacinthe Kerketta nous livre une réflexion poétique de première importance dans un contexte de forte prise de conscience écologique.
Elle écrit en hindi, loin de sa langue maternelle, ce qui ne l’empêche pas de garder et de défendre sa culture. Son style est plutôt “brutal”, avec des phrases délibérément nues, sans vocabulaire “poétique”, avec de temps en temps des images vigoureuses, qui vous sautent à la figure.
Est-ce pour ces raisons qu’on la surnomme “la panthère” ?!
trad. google de l’anglais
1 — A partir de ces traductions de l’hindi, anglaise, allemande, google trad de l’anglais et de l’allemand, et avec des indications et aide d’Annie, faites votre traduction.
Martine :
Sylvain :
Dominique :
David :
Manée :
Annie :
une version cynique
une version politicienne
Sylviane :
2 — A partir de toutes les lectures que vous venez d’entendre, faites une libre interprétation de ce poème, dans votre langue à vous (pas obligé d erester en Inde..)
Yvette :
Sylvain :
Isabelle :
Dominique :
David :
Manée :
Martine :
et enfin, Annie :
Sylviane :
3 — Un autre poème, qui introduira l’atelier de jeudi prochain :
trad. Google de l’anglais
• Hier, c’était le 12
On a mangé Chinois, pour inaugurer l’année du Buffle, avec un fortune cookie au dessert ;
bon, le message est rassurant, faut juste ouvrir les yeux
Comme en regardant le livre de Christine, du tampographe Sardon
Avant d’imprimer l’affiche de la semaine, élaborée après le dessert :
• Aujourd’hui le 13, un peu de ménage dans les images :
Faut que je réponde au petit mot de Julie
& puis, cette histoire que j’avais capturée
en me disant que ce serait pas mal comme base pour un atelier d’écriture ;
ce conseil d’Eric Pessan aussi :
& au courrier ce matin justement, ce livre d’Eric :
je me demandais pourquoi son éditeur me l’avait envoyé, avant de lire ça :
Justement, la semaine prochaine, je prête ma maison à Nadir, qui se retrouve sans domicile avec l’impossibilité actuelle de partir en Asie…
Il m’a offert cette soupière-légumière issue de son déménagement (et de sa famille), pour me remercier, et ce beau cadeau inattendu me fait vraiment très plaisir (et me donne envie de mettre les mains dans la terre!)
Utiliser des bandes de décor, des tampons, des découpages….
Comme Tony Durand et des images (capturées sur instagram au compte fabriquedessignes) d’un atelier qu’il vient de faire
(ce qui nous donne aussi d’autres idées pour ceux qu’on va faire bientôt…!)
Au courrier aussi, le programme et cartes de la Cave Po
Avec tout au long de ce we, les 10 ans de Love me tender
(et je suis bien contente de voir que cette tranche de mortadelle vit toujours!)
Enfin, Yves Pagès
En ce moment, le ciel varie…
Corinne m’a envoyé hier une photo prise de sa fenêtre, à côté de St Brieuc
tandis que je me faisais une escapade de l’atelier pour 3 h de vacances,
en allant pique-niquer avec Christine sur l’île du Frioul à Marseille…
Ce qui m’a donné l’idée de l’atelier d’aujourd’hui !
Atelier 11 – jeudi 11 février
Après avoir fait 2 ateliers avec traduction à partir de la langue allemande, cette fois, abordons une nouvelle langue paralloïdre, avec André Martel
Un peu de documentation tout d’abord, avec la définition de Wikipedia :
& un extrait d’un texte de Jean Dubuffet :
& une analyse tirée du numéro 10-11-12 de la revue Cheval d’attaque, sur André Martel :
& voici des poèmes d’André Martel, tiré de Le mirivis des naturgies (édité par le collège de pataphysique, calligraphié et illustré avec des lithographies de Jean Dubuffet)
1 — traduisez le poème Mar en tenant compte de l'”ampleur” de la langue paralloïdre
David :
Yvette :
Marie-Jo :
Martine :
Dominique :
Sylvie :
La mer danse devant moi
la mer me laisse l’apercevoir et me donne la chance de la regarder
je transpire, la mer me met en transe
Tragique, tragédie maritime
aux quatre coins de la mer
tout au fond de la mer !
La marée m’éloigne
la mer m’empoigne
pour que je la rejoigne !
Reflet de lune dans la mer
Soleil sur la mer
étoile de mer !
Oh maman ma mer
la mer me brise
j’en ai marre
Sylviane :
2 — Décrivez-moi la Corrèze (qui traverse Tulle) en ce moment en un poème en langue paralloïdre
Dominique :
Sylvie :
Yvette :
Marie-Jo :
Martine :
Sylviane :
David :
3 — Décrivez-moi un étang Corrèzien en un poème en langue paralloïdre
Dominique :
Sylvie :
la calmation
la planaison
s’étanger
En me promenadant…
pas d’inspirement…
Sylviane :
4 — A partir du poème Le troudoublis, et vous, que jetteriez vous dans le troudoublis ? (en langue paralloïdre)
David :
Martine :
Marie-Jo :
Dominique :
Yvette :
Sylvie :
Sylviane :
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
& puis, restons à Tulle, avec cette photo issue d’un livre du tampographe Sardon :
Je suis rentrée après 15 jours tullistes bien remplis.
Parmi mes résolutions 21, il y avait de poster des images régulièrement sur instagram,
mais hormis cette chose tout de même laborieuse, on peut y faire de belles découvertes, comme cette médiévale bataille de boules de neige (1390 – 1400)
On peut consulter le Tacuinum sanitatis d’Ibn Butlân , ne vous en privez pas, les illustrations sont merveilleuses
& puis, alors, en voici encore
Ça console du grand dépit du moment, la virée au centre d’art verrier de Meisenthal est foirée à cause de ce putain de covid…
Alors quelques pages, tirées du livre prêté par Sylvie :
Toujours parmi les images de Gallica, un appareil photo pour pigeon. Tandis qu’à la maison, un pigeon mort m’attendait, c’est mon voisin qui peut pas les voir en peinture et qui sort son fusil quand il est dans un état de décomposition avancée (le voisin) (mais qui sait toujours regarder dans le viseur…)
On doit bien avoir inventé le pigeon armé, si un jour la vengeance leur venait aux plumes…
En attendant, le ciel dégringole sur la Corrèze
(encore un dessin instagramé capturé)
et une photo de Stéphane Goin
Le ciel de ciment, ça n’est pas une expression habituelle, et pourtant…
Alors justement, voilà du ciel non bouché, et la découverte d’une illustratrice Deborah Marcero, avec The Boy Whose Head Was Filled with Stars: a life of Edwin Hubble (qui a découvert d’autres galaxies en dehors de la voir lactée)
Donc Edwin enfant sous les étoiles….
Une autre illustration de Deborah Marcero, en attendant impatiemment le printemps…
Ou du mimosa pour avoir du soleil dans les yeux et le nez… Ou attendre le coucher du soleil qui certains soirs jette des couleurs hallucinantes
Ou une lumière qui rend la mer turquoise (j’apprécie la vue à mon arrêt de bus..!)
& en restant au bord de l’eau, aujourd’hui à l’atelier, on a parlé des livres de Dominique Darbois chez Nathan, que Christine ne connaissait pas, et où je lui disais que ça faisait partie de mes lectures d’enfance “gravées” (voir aussi ici)
& toujours sur instagram, les photos de mer et ciels de Laurent Le Forban, avec celle-ci lors d’une tempête récente, une magnifique mer de peinture !!
Ça me fait penser à beaucoup moins bien :
Mohamed (qui a traversé la méditerranée en zodiac…) a des problèmes avec l’administration française qui exige un CDI pour sa régularisation, mais pas dans n’importe quel secteur..! (parce qu’il en avait trouvé un!) (faut croire que ce serait trop facile de trouver du boulot ? et faut pas manger le pain des français inscrits à pôle emploi! Heurk!)
ça me fait penser à d’autres situations semblables (sauf que Mohamed est adulte..) où y’a toujours un truc qui va pas
Boucherie ou boulangerie…
La seule solution, le grand buzz ?
Alors qu’on a grandi avec Agossou, et les enfants du monde…
Dans un autre genre, lisez le livre de Nathalie Quintane
où je relevais ce paragraphe que j’envoyais à Laurent, avec qui on a des discussions récurrentes sur la dictature française de l’orthographe
(il est rigide quant au sujet, est-ce parce qu’il est fils de profs ?)
Voilà des pas cons, pour finir avec du velours dans les oreilles et la tête dans les étoiles, et merci Rodolphe Burger!!
(Le lien pour l’intégration ne fonctionne pas, alors, il est là)
allez jusqu’au bout, la reprise finale est vraiment extra!!
& une belle illustration en papiers découpés pour écouter la radio
Allez, il est tard, il est temps de dormir !