un trou de pluie d’une semaine
• lundi pluie
C’est férié, pas d’atelier d’écriture aujourd’hui faute de participant(e)s, (mais mettre au point le texte qui présente sur place la Forêt du souvenir)…
A la place, un pique-nique royal avec Iris et Manée, et un gros bouquet de fleurs!
Qui fait du bien alors que le ciel nous tombe sur la tête, drôle de Pentecôte.
Du coup ce matin, fallait réagir pour se mettre du soleil au cœur ; l’occasion de sortir mes belles bottes (d’occase, exprès pour Tulle!!) en caoutchouc roses, faut c’qu’y faut, et la petite veste fleurie de Violaine! (j’ai pas mis de pull chaud dans ma valise, erreur..)
Mais faut croire au soleil pour jeudi, avec la fête du Foyer des jeunes travailleurs, et vendredi soir, pour nous!
Je finis la lecture de Papiers de Violaine Schwartz (POL), dont voici une page d’écriture d’un entretien :
• mardi pluie
Pour le projet autour de la linotype du Populaire du Centre, j’ai besoin de documents comme ces manuels techniques.
Je suis touchée en voyant les marques noires de doigts sur les pages, qui me rappellent des heures lointaines de réparations, à consulter les manuels pour mieux comprendre les petits détails techniques;
Puis, un rdv au CDI du lycée, avec Manée, qui retrouve son ancien bureau dans la salle de réunion! Penser à un projet pour l’année prochaine (là tout de suite, la réforme de la rentrée désorganise les possibilités.)
Moi je suis contente de voir cette affiche sur le poteau!
Manée me rapporte cette parole d’un enfant, que j’adopte aussitôt : Tulle est un trou de pluie…
Puis dans l’après-midi, je vais à PEC, en suivant une famille canard le long de la Corrèze; j’arrive juste à temps pour voir Barbara Métais-Chastanier, autrice et dramaturge qui sera accueillie en artiste associée, la saison prochaine au théâtre L’Empreinte :
“Barbara Métais-Chastanier proposera chaque mois un cycle de tribunes, des ateliers d’écriture et de lecture à voix haute ouverts à tous. La Femme® n’existe pas et Nous qui habitons vos ruines seront présentés cette saison. Elle compose, dans le cadre du temps fort de lancement de saison et d’inauguration de la Scène nationale, une nuit ouverte au Théâtre de Brive, le vendredi 12 octobre de 20h à 8h, sur le thème de la nuit.
Les tribunes:
Pensées en dialogue avec la programmation, ces rencontres nous invitent à penser, interroger ou mettre en critique le monde dans lequel nous vivons. Les regards singuliers de chacun de nos invités nous permettront de continuer à faire résonner les questions soulevées par les différents spectacles présentés cette saison.
Destiné à toutes et tous, qu’elles ou ils soient amoureux ou non du théâtre, le pratiquent ou ne le fréquentent pas, ce cycle de débats permettra de mettre en partage les questions qui agitent notre époque, et permettra d’interroger du même coup la place qu’occupe le théâtre aujourd’hui. Au cours de ces rendez-vous réguliers, nous chercherons avec nos invité.e.s à déplier cet endroit d’où le théâtre pense le monde et le réfléchit : en quoi sommes-nous prêts à croire ? Est-on dément lorsqu’on agit de façon démente dans une société démente ?
Comment vivre une vie juste dans un monde qui ne l’est pas ? Voilà quelques-unes des interrogations qui guideront nos rencontres au cours de cette année.”
Justement, voici l’article de Serge dans l’Echo, à propos de Bobo :
& avant de partir, je récupère le flyer pour vendredi, et nous décidons des A3 qui seront affichés.
Puis au courrier, à l’adresse de PEC, une lettre de Violaine avec des chaussettes pour être belle et bien dans mes pompes..! (Les chaussettes hautes en cette saison, c’est pas du luxe!!)
• mercredi pluie
Justement le lendemain, ça pleut et ça caille, quand on se retrouve à 9h1/2 à la Forêt du souvenir!!
On installe une table pour poser et préparer les affaires,
et nous faisons un 1er essai d’accrochage des regards,
déterminer leurs emplacements et hauteurs, et techniques d’installation…
Manée m’apporte une cape-imper qui protège un peu de la pluie et du froid, mais on a tous froid aux doigts, le 12 juin…
Elle fait un petit reportage photo, ainsi que Serge, pour annoncer l’inauguration de vendredi dans l’Echo
On observe que les regards à lunettes sont plus “contemporains” que les autres…
En rentrant de la matinée d’installation, 1/4 d’h sous la douche brûlante pour se réchauffer (et ré-apprécier l’eau qui tombe!) et se décoincer un peu le dos…
& un petit tour à PEC, en marchant vite, ça réchauffe, pour le texte A3 à afficher aussi, en vertical cette fois, sur la vitrine du lieu/lien…
Le soir, un message du Secours pop puis de resf,
malheur du calendrier et du choix des heures,
on ne pourra pas être partout…
• jeudi soleil
L’article de Serge est paru dans l’Echo,
alors que nous poursuivons l’installation,
mais aujourd’hui avec un temps agréable
(il serait temps, justement!!)
Si jamais cet article peut faire venir quelques personnes, ou donne envie d’aller voir ce bel endroit entouré des jardins ouvriers…
Iris, que nous voyons ici sous haute protection, nous apporte un super pique-nique et fait des photos de travailleurs en mouvement(s)…
David, qui aime être dehors, dans la nature, dit qu’on est mieux là qu’au bureau…
Provenant de différents documents souvent petits, photos d’identité, de famille, etc, vu de près certains regards sont très pixelisés, ou comme celui-ci devenu pictural, comme échappé d’une fresque italienne
• Le soir, nous passons de ces regards aux portraits joyeux affichés sur la façade du Foyer des jeunes travailleurs, pour une fête de quartier à l’ambiance bon enfant avec un public mélangé de tous les âges.
Patrick Fabre, le photographe, est bien sûr là, ainsi que son grand fils, qui habite à Toulouse et œuvre à ouvrir des squats pérennes…
C’est aussi pour moi l’occasion attendue de présenter Adama, qui a fait de la radio en Guinée, à Stevelan (qui a sa photo sur la façade!) de la radio locale associative Bram fm…
La nourriture a été préparée la veille avec le ROC (c’est délicieux!), et les occupants du FJT tiennent les stands de bouffe et le bar.
Parmi les stands, il y a les 2 gars de Terror Print, de Limoges, qui font (faire) des badges et de la sérigraphie. Ils ont repris et adapté pour ça des formules et des textes de mon cru, et j’en suis bien contente!!
On aura bien l’occasion de se revoir!
Ici Gaëlle en plein tirage, pour le blouson de son fils (qui a un gros badge de KKC Orchestra, le groupe hip hop phare qui joue à 20h20), et une affiche!
Les affiches (1ère impression noire en photocop sur des papiers de couleur!) sont une libre adaptation des Outils utiles..! :
J’aime bien celle imprimée en blanc sur blanc! Bien sûr, je ne pense pas à leur en demander plusieurs pour donner à Manée et à Jean-Pierre, mais José m’a dit le lendemain qu’il m’en gardait une sous le coude…
Je pars à 21h30 quand je commence à m’ennuyer, d’en avoir plein les oreilles, et le dos avec l’humidité, et l’atelier d’écriture du lendemain à préparer… mais ça s’est poursuivi en musique jusque très tard, parait-il…
— En rentrant, je lis le mail de Julie, la professeur de français des 6ème6 de Villeparisis, qui ont fait le petit travail que je leur ai demandé, voici la 1ère fiche :
Livret de vie
Mon portrait : physique et psychologique
Je m’appelle Alya. Je suis une fille, j’ai les yeux verts et marron, j’ai des cheveux chatain clair et mi-longs. J’ai 11 ans et je fais 1m60. Mon porte-bonheur est chichou mon doudou de naissance, je le traine partout avec moi. Je me trouve ouverte d’esprit à l’écoute de mes amis, famille et camarades de classe mais je suis trop curieuse parfois j’aime tout savoir sur tout.
Mes passions
Mes passions sont la danse le chant et l’apprentissage de poésie. J’adore les maths mais je n’aime pas trop le français au niveau des classes grammaticales et de l’orthographe.
Ma vie en adulte
Je veux devenir orthodontiste ou assistante en cabinet d’orthodontie.
Le monde dans 10 / 20 ans
Déjà il n’y aurait plus de racistes, puis plus de pauvreté, que des classes moyennes ou riches pour les plus chanceux au niveau économique (plus de SDF, plus de sans-emploi et que des familles heureuses).
Ce qui est trop difficile à écrire / dire
Mon harcèlement : j’ai du mal à le dire c’est un sombre chapitre de ma vie car ces personnes ne se sont pas arrêtées à la violence verbales mais ils se sont permis de me frapper mais ce qui m’a fait le plus de mal c’est que mes propres amis se sont retournés contre moi c’était horrible maintenant j’ai du mal à faire confiance aux autres.
Je ne sais pas encore ce que je vais faire avec tous leurs documents… Ce n’est pas rien!
et Rdv dans 10 ans?
• vendredi menaçant, pluie du soir
— De 9 à 11h, l’atelier d’écriture du Secours pop…
Jour et horaires mal choisis, car beaucoup vont à la mosquée…
Ce matin, comme d’hab : Adama, Mohamed, et Nafisatou.
La consigne du jour :
Votre quotidien, pensées et activités d’une semaine depuis vendredi dernier, et l’extérieur qui s’y télescope.
Adama
• Vendredi 07/06/
Journée un peu trop chargée par rapport à différentes activités.
Matin, un rendez-vous au CADA le ROC pour le dépôt et envoi de mes dossiers et les différentes preuves pour la CNDA (attestations, photos).
Dans l’après-midi vers 14h, je suis allée à l’épicerie sociale récupérer l’aide alimentaire.
A 14h30, je suis allée assister à l’assemblée générale du Secours populaire, où presque toute la cérémonie a été une réussite totale, avec des discours émouvants où toute la salle était en larmes parce que on a été honoré à plus d’un titre. « Merci Maman Aysé » pour tout.
Après l’assemblée, tout le monde s’est dirigé vers le dépôt du SP pour son inauguration (on a eu le plaisir de recevoir les autorités en place, moi particulièrement j’ai serré la main à Mr Hollande (une joie immense encore) « Merci Maman Aysé ».
Après l’inauguration on a mangé, dansé, chanté, photos.
• Le samedi il y a eu la braderie chez nous, de belles choses et il y a eu beaucoup de gens.
• Le dimanche repos, lundi jour férié.
• Mardi aux resto du cœur, j’ai vu les gens m’apprécier, causer de mon sourire, ma taille, ma tenue, mon teint.
• Mercredi au SP, pour la distribution alimentaire.
• Jeudi matin, mon assistante du CADA m’appelle pour me poser quelques questions sur les preuves que mon avocat a reçu.
La bonne nouvelle aussi était que ma voisine a eu sa protection pour 10 ans, la nouvelle était tellement bonne qu’on a toutes les deux pleuré 5mn sans se rendre compte, elle a fait plein de bénédiction pour moi aussi pour que mon résultat soit positif.
L’après-midi, je suis allé à la distribution alimentaire du SP.
Le soir, j’ai assisté à la cérémonie que le CADA de Tulle a organisé, j’ai été présentée à un journaliste.
A 21h, j’ai commencé à regarder ma série.
• Ce matin, je suis allée à l’atelier d’écriture.
(une semaine de réussite).
Mohamed
• Le 7 juin 2019, c’était l’inauguration du Secours Populaire de Tulle FD Corrèze.
A ce sujet, j’étais dépassé par l’émotion qui m’a frappé lors de l’assemblée générale.
A l’inauguration, il y avait l’ex président M. François Hollande qui était comme l’invité de cette cérémonie. Pour tous, pour moi, je ne pourrai pas tout expliquer de l’honneur que j’ai eu en tant que bénévole dans la fédération.
Notre secrétaire générale, Mme Aysé Tari, qui est notre maman qui nous fait vivre comme on a notre maman avec nous, tous les jours, très joyeuse, très sympa ; grâce à cette maman j’ai pu serrer la main au président François Hollande. Les mots me manquent pour dire l’honneur que j’ai eu.
Cette cérémonie était une réussite dans ma vie.
• Du samedi au lundi, je me reposais à la maison.
• Le mardi, je faisais la distribution alimentaire.
• Hier jeudi, 9h à 12h, j’étais au Secours populaire pour préparer la distribution du soir. A 14h, j’ai remplacé Yohann à la distribution de viande. C’était ma 1ère fois de le faire, mais je m’en suis sorti.
A 17h30, comme j’étais invité avec mon assistant social ROC, je me suis présenté au lieu de cérémonie.
Nafisatou
• vendredi
Je pars à la mosquée.
J’ai des courses à faire, je pars à l’épicerie de la Croix Rouge.
(On ne fait plus de cuisine pour tout le monde, la dame est fatiguée, elle doit s’occuper de son mari.)
• samedi
Au secours populaire, la brocante. Des habits pour mes enfants, ils étaient contents, je connais leurs goûts. Ma fille aime les chaussures, elle veut toujours être jolie, mon fils aussi.
• dimanche
J’étais à la maison avec les enfants. On parle de l’avenir, chacun dit ce qu’il aimerait faire, travail, études…
Mon fils, tout son soucis, c’est le foot.
Ma fille, elle fait la cuisine, en apprentissage, son patron lui a proposé de travailler avec lui, elle se trouve bien là-bas.
• lundi, mercredi
A la maison. Si j’ai un rendez-vous ou envie d’aller trouver quelque chose au magasin, je sors, sinon, j’aime pas toujours sortir.
Je fais le ménage, ce que j’ai envie de faire. Je dors, je regarde la TV, mais pas trop. Youtube, j’aime les films indiens, les séries, la musique en Guinée, je mélange.
• jeudi
Au Secours populaire pour la distribution, je suis passé à la Croix Rouge, j’ai rien trouvé.
Je suis heureuse pour ma sœur guinéenne qui a eu ses papiers hier ; si quelqu’un est heureux, moi aussi.
Chaque jour, je pense à avoir mes papiers, j’ai envie de travailler, sinon tu peux rien faire.
— à 17h justement le soir, rassemblement sur le parvis de la cathédrale, pour demander la régularisation de Bobo.
J’aime particulièrement cette photo, vue sur le site de La Montagne, avec le regard de Mohamed près de l’affiche et l’œil d’Aysé…
Parmi les 150 personnes présentes, “le maire de la ville, Bernard Combes : “Bobo était totalement intégré et résidait depuis plus de six ans à Tulle, a-t-il rappelé à l’assemblée. Mais aujourd’hui, la décision n’est plus entre les mains de la préfecture. Ce sont maintenant des procédures administratives complexes, sur lesquelles il nous est plus difficile de peser, et à une échelle où nous avons peu de liens directs. D’où l’importance de se mobiliser.”
& quand le Sporting Club de rugby de Tulle se mobilise pour Bobo, c’est chouette : “Il était arrivé au club sur la pointe des pieds et était devenu un vrai ami. Le SCT est en train de se mobiliser pour lui, et on va croiser les doigts pour qu’on se retrouve ici avec lui un jour.”
— Le même soir, notre rassemblement-inauguration est à la même heure, je renfile mes bottes pour être à la Forêt du souvenir...
Malgré nos craintes, il y a un peu de monde, et beaucoup de discussions sous ou devant les yeux qui nous regardent dans la forêt…
La libraire est là avec sa fille. Le maire a téléphoné pour demander des indications pour venir, car il ne savait pas où était l’endroit !
Un voisin jardinier, qui est venu nous parler alors qu’il n’y avait encore personne, a une formule assez terrible en parlant d’un maquisard :
— Il a été tué comme un sanglier.
Avec le vent, à un moment, les photos bougent un peu et font du bruit. Tout le monde est aux aguets.
Dans la forêt, des hommes recherchent et parfois trouvent les yeux de leurs pères.
L’un d’eux pourtant n’a plus son visage en mémoire (sauf en photo justement), et ne se souvient que de 2 allemands dans l’encadrement de la porte quand leur père leur a dit au revoir.
La montée du RN les inquiète fort.
Une vieille dame, restée à ‘extérieur de la forêt peu praticable quand on a du mal à se déplacer, trouve ces regards trop cinématographiques et pas assez tragiques.
Une autre dame, elle, a tout de suite été “transpercée” par ces regards et est très émue.
…Il ne faut pas les lâcher des yeux…
On se retrouvera mardi midi au même endroit avec une classe pour pique-niquer, après qu’ils aient vu “Un sac de billes” au cinéma.
— Une 1/2 heure après, alors que nous sommes en ville avec Manée et Jeanne en train de discuter, parler du présent et de l’année prochaine (et bailler de fatigue plus que d’ennui), le ciel nous retombe sur la tête…
Le soir, Gégé partage cette bonne nouvelle de Suisse, une grande journée de grève et manif des femmes :
& Serge m’a rapporté la carte de visite d’un verrier de Meyssac (Julie ne m’a pas rappelée) dont il a vu des pièces lors d’une exposition, Sylvain Zanibellato :
et je reçois un mail d’Isabelle Braud, qui est à ou vers Limoges, que je n’ai pas vue depuis … (comment est-t’elle au courant, ça doit être la newsletter de l’ENSA qui partage l’info…)
“Si près
Tu aurais quand même pu me le dire
Is.”
avec la photo d’un livre-carnet (?) totalement oublié, mais dont je reconnais le papier et mon écriture …
Toujours à suivre, alors….
• samedi
Au réveil j’entends la pluie dehors, alors je reste au lit à rêvasser et penser… et redormir.
Anna me réveille en me téléphonant à 9h1/2 pour savoir où sont les pinces à linge (donc à Marseille, on met le linge à sécher dehors !)
Après un tour au marché pour des framboises (et des petits artichauts, et du bon fromage, et des petits pois, et du miel, faut s’encourager), au magasin de tissus, en cherchant du coton en 90 cm pour refaire mes stores dont le tissu actuel est déchiqueté d’usure au soleil, la dame m’apprend les calamités du moment : canicule en Corse et invasion de sauterelles en Sardaigne.
Le trou de pluie a du bon…
Alors pour finir, un extrait d’une affiche des Terror Print (qui rappelle… etc.)