atelier d’écriture du jeudi – N°3

Date : 1 novembre 2020

Atelier 3 – jeudi 29 octobre

Aujourd’hui, nous travaillons à partir du livre Nul encore n’a dit, de Jan Peter Tripp avec des poèmes posthumes de W.G. Sebald

Des regards, avec des textes de W.G. Sebald en regard…
Pour en savoir plus, je vous renvoie à la présentation du livre, sur le site des éditions fario

& puis, j’ai trouvé et acheté ce  livre à la librairie l’Archa des Carmes, à Arles (voir post précédent). Comme quoi, il faut trainer non virtuellement dans une librairie pour trouver ce que l’on ne cherche pas (et aussi ce qu’on cherche!)

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1 –  Des pensées traversières
Pour chaque regard (lié à la personne ou non), vous inspirant de la forme des poèmes de Sebald et en partant de son titre, faites votre poème

2 — Choisir 4 ou 5 regards qui vous visent ! (ignorant ou non qui ils sont)
Ils s’adressent à vous, personnellement, qu’est-ce qu’ils sont en train de vous dire ?

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1 – William Burroughs

 

Michelle :
Selon Pline
l’espoir est
ancrage et illusion
il enjolive les impasses
et fait miroiter
les songes

 

 

Dominique :
« J’ai peur pour toi. Je voudrais t’aider mais me laisseras-tu faire ? Qu’attends-tu de moi exactement ? Le sais-tu seulement ?
Dis-le moi, il est temps… »

2 – Javier Marias

 

 

 

Sylvie :
En plongeant mon regard dans le tien, mi ombre mi chagrin, je ne me détourne pas. Je voudrais que tu t’attaches à moi et que nous soyons l’une pour l’autre des amies inséparables. Ne fronce pas les sourcils et laisses-toi deviner, nous n’aurions pas de secrets et tu serais celle qui écoute.

Manée :
Pour ce regard calme, apaisé, presque flou et à la fois bien présent, qui t’intéresse, pas de recette vraiment, mais laisser flotter les rubans.

3 – Jan Peter Tripp

 

Michelle :
Quand la foudre
fondit sur la maison
les respirs cessèrent
et sitôt
qu’elle explosa le poirier
les yeux se dessillèrent

 

 

Sylviane :
Tu m’étonnes, comment tu peux arriver sur le seuil de ta vie et regarder encore si curieusement ce qui t’entoure ? Tu en as vu des choses, et toutes celles que tu as faites ! Et tu recommences comme si tout était balayé. Tu pourrais rester un peu tranquille, profiter de tes expériences, arrêter de chercher. C’est difficile de chercher toujours. Et puis , qu’est-ce que tu trouves à la fin ?

4 – Maurice (chien de Sebald)

 

Michelle :
Envoie-moi s’il te plaît
l’assiette bleu
cobalt
dans laquelle autrefois
tu me servais des soupes
chaudes

 

 

Sylviane :
Tu as la chance de pouvoir regarder plus loin que le bout de ton nez. Quoi que je regarde, moi, je vois ma truffe et du coup, je suis dirigé par mes impressions olfactives. Toi non, tu peux ressentir sans sentir. Les choses, les êtres, les émotions pénètrent en toi par tous les pores de ta peau.

Raphaëlle :
Oh s’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît….et puis non, même s’il ne te plaît pas.
Vous les hommes vous en avez de belles manières : vous m’adoptez à deux mois et puis quand je suis trop gros, quand je mange trop, quand vous n’avez plus le temps pour moi, vous vous débarrassez de moi. Comme ça. N’importe où. Ou bien non, pas n’importe où. Là où vous êtes sûrs que je ne vous retrouverai pas.
A toi je donne tout : ma confiance, mon obéissance, ma discrétion, ma joie, ma fidélité. Sans broncher. Sans revendiquer. Mais ça n’est jamais assez. Tu finiras quand même par m’abandonner.
Je ne t’en veux même pas. Allez, continue comme ça, on se retrouvera, dans le cycle de la vie.

Michelle :
Souviens-toi : la laisse
que tu retirais
dès que nous étions seuls
Souviens-toi : la balle
que j’attrapais au vol
pour te la rapporter
Souviens-toi : la branche
lancée sur l’étang
que j’allais chercher
en pataugeant
heureux de te l’offrir
Souviens-toi : les caresses
les rires les roulades
les jeux sans fin
Souviens-toi : l’assiette
bleu cobalt
que tu remplissais
de soupe fumante
Et tu as disparu soudain
Je me languis
à guetter ton retour
N’oublie pas que je t’attends

5- Justine Landat

 

 

Martine :

 

 

6 – Harry Saemann

 

 

7 – Julie Seltz

 

Michelle :
Dans l’obscurité
« sur l’écran noir
de mes nuits blanches »
une plume
indécise
comme l’air au levant

 

 

Sylvie :
Pour toi j’ai mis mon chapeau de feutre violine, tu sais bien celui qui a une fleur sur le côté, c’est ton préféré ! Tu es prête pour notre promenade ? Il y a un peu de vent, pense à mettre ton cache col ; non, pas celui là, l’autre, le vert te va mieux au teint.
Les feuilles tourbillonnent dans le square, on pourra en ramasser pour en faire des bouquets. Prends aussi tes gants, si on rentre tard, tu les auras.

Martine :

 

 

8 – Francis Bacon

 

 

David :

 

 

9 – Isabelle Keller La fuite…

 

 

Sylvie :
Décidément tu ne fais rien comme tout le monde ! Et puis tu m’exaspères ! Non, je ne te regarde pas. Pense aux voisins, qu’est-ce qu’ils vont dire encore ? Quelle honte !

Raphaëlle :

 

 

10 – Kurt Weidemann

 

Michelle :
A 11h
les enfants
furent séparés
de leurs mères
et ahuris d’horreur
furent poussés
au loin

 

 

Michelle :
– Oui, tu as raison, mes yeux sont toujours larmoyants. Il en a été ainsi durant toute ma vie car j’ai vu et j’ai vécu, à l’âge tendre et prometteur de l’adolescence – ce temps de tous les possibles, de tous les espoirs, de toutes les illusions qui nous portaient et que nous portions – la folie humaine. L’horreur. La haine. La honte.
Mon pays tout entier s’est naufragé dans le délire d’un fou qui a entraîné dans l’abîme des millions d’hommes, de femmes et d’enfants.
Au début j’ai perçu le tangage mais très vite cette force maléfique a tout englouti sur son passage : les rues résonnaient sous les pas cadencés par des musiques assourdissantes ; les camions, les motos, les side-cars, les chars…tout n’était que défilé incessant, pétaradant, martelant ; partout, les façades pavoisées vibraient à nos flamboyantes couleurs. Et partout des acclamations, des explosions de joie ponctuaient la propagande continûment déversée.
Tout UN pays en liesse. Tout MON pays en liesse.
Les plus forts. Les plus purs.
Nous allions maîtriser le monde.
Nous allions tenir le monde dans la paume de la main.
Nous serions aussi puissants que les dieux antiques.
Nous étions aussi puissants que les dieux antiques, plus même !

J’ai survécu douloureusement : la vie avait à jamais perdu son éclat.
Je survis. Comme tu le vois, mes larmes perlent, intarissables.

 

11 – Stéphane Spacht

Michelle :
Le panier de fruits
que l’esclave altier
porte sur la tête
lit de pampre
figues moelleuses
grappes ambrées
et toute la fierté
de l’offrande

 

 

Dominique :
« Tu voudrais t’échapper mais je t’ai à l’œil tu sais ! Tu te fais discrète, tu voudrais faire ce que tu veux, comme tu veux, quand tu veux… Mais je suis là et je t’observe et j’attends, comme toi, le moment où tu te décideras à agir. »

Sylviane :
A y regarder de plus près, tu ressembles à tout le monde.Rien d’anormal, rien d’exceptionnel, un petit rire qui fait plisser les yeux et qui t’a empêché de grandir. C’était quoi tes essais pour percer ?, rien qui vaille la une des journaux mais tu t’es fait plaisir. Le plaisir a eu sa part et tu continues. Continue encore et partage !

12 – Jeremy Seltz

Michelle :
En plein
sommeil
je vis un coursier
tirant carrosse
qui me fit
envoi de signes
d’outre-temps
qui depuis oeuvrent
silencieusement

 

 

Dominique :
« Courage Mamie ! Maman m’a raconté… Je t’aime et je t’admire.
Girl power ! Vive les filles !!! »

13 – La comtesse d’Haussonville (Ingres)

 

 

 

Dominique :
« Ne t’inquiètes pas, je suis là qui veille comme une aïeule attentive. Quoi que tu fasses, quoi que tu penses, n’oublie pas de choisir le mieux pour toi, rien que pour toi. Puissent mon calme et ma douceur t’apaiser et t’aider à prendre la bonne décision. Je t’accompagne du fond des temps… »

Manée :

 

 

Sylviane :
Enfant, tu aurais aimé ce regard là sur toi … mais réfléchis, peut être que ça aurait été trop. Tu aimes les choses plus abruptes, plus courtes, plus intenses.

David :

 

 

14 – Ror Wolf

 

 

 

15 – André Masson

 

 

 

16 – Louis Jouvet

 

 

 

17 – Barnett Newman

 

Michelle :
Dans la
ollection
du Musée du crime
de Londres
un monocle holmien
fêlé
que protège une moire
en chèvre
de l’Himalaya

 

 

18 – Michael Hamburger

 

Michelle:
A Venise
l’horreur
dans la démesure
montrant la stupidité
de l’homme
aux portes du chaos

 

 

19 – Jorge Louis Borges

 

 

 

20 – Rembrandt

 

 

 

21 – Felix Näger

 

 

 

Sylvie :
Approches-toi car je ne te vois pas bien. Ma petite, ma tendre, qu’elle soulagement que tu sois revenue. Approches-toi encore que je touche ton nez, tes yeux, ta bouche, ton cou. Tu portes un ruban de deuil ? C’est pour ça que tu es de retour.

Manée :

 

 

22 – Michael Krüger


 

 

23 – Daniela Näger

Michelle :
Vu
la fougère
figée
au travers
d’une frêle
pellicule
de givre

24 – Robert Ryman

Michelle :
Ce fut une année
si meurtrière
que nul n’entendit
le chant du coucou

25 – Horst Brandstätter


Martine :

 

 

26 – Richard Hamilton

 

Michelle :
Je vois
des jours car
je vois le temps
décompté
sauf qu’ils se consument
dans l’indifférence

27 – Juan Carlos Onnetti

Michelle :
La maison
dès le soir
sous le vent
la douceur
du foyer

28 – Truman Capote

 

Michelle :
7 ans
dans leurs geôles
la vie
a déserté la vie

Manée :

 

 

Michelle :
– Oui… je suis revenu… dans mon pays… après 7 ans d’exil forcé…
Vois-tu, cette année-là,
ils m’ont lâchement arrêté
ils m’ont joyeusement dégradé
ils m’ont cruellement brisé
ils m’ont durablement banni
7 ans d’exil forcé
Je les ai laissés faire
A quoi bon m’insurger ?
A quoi bon résister ?
Mon épouse, mes enfants, mes parents auraient été pris, torturés, emprisonnés.
7 ans d’exil forcé
J’avais porté longtemps le flambeau de la démocratie, animé par l’espoir d’un monde meilleur pour tous. Nous avions lutté, de plus en plus nombreux, loyalement, et attendions les élections toutes proches .C’était sans compter avec leurs méthodes aussi traîtresses que barbares.
7 ans d’exil forcé
Je suis revenu ; nous nous sommes retrouvés ma famille et moi – presque étrangers – mes camarades de lutte – meurtris à jamais.
Tout à reconstruire, mais avec quelles forces ?
Mais sais-tu ? Le peuple a enfin pris le pouvoir.

29 – Jasper Johns Le papier pour écrire

David :

 

 

30 – Marcel Proust


Michelle :
Mais le temps
pour autant qu’on le recherche
n’est jamais
temps
perdu

Michelle :
Malgré la menace
tu réussiras à t’enfuir
Je veillerai
inlassablement
et trouverai la brèche
Longtemps en silence
tu attendras l’instant propice
Je veillerai
inlassablement
et trouverai la brèche
Mon regard alors offert
t’indiquera la voie
Je veillerai
inlassablement
et protègerai ta fuite
Ils me tueront alors

31 – Samuel Beckett

Michelle :
Il te
couvrira de
son ombre
et
ta fuite
discrètement
il protègera

Sylviane :
Ah là là, ça déborde, sois sérieuse. Je te demande d’écrire quelque chose qui s’adresse à toi personnellement. Ce n’est pas forcément drôle, ça devrait même être sérieux. Des moments dans la vie où il faut réfléchir, ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, prendre les choses au pied de la lettre, ne pas mettre les deux pieds dans le même sabot, d’ailleurs, mettre un pied devant l’autre et avancer, puis prendre les choses à bras le corps et surtout ne pas rester les bras croisés. Au fait, combien de fois es-tu restée à la croisée des chemins à prendre le vent ? C’est le vent qui t’attise, mais ce n’est pas possible de renaître de ses cendres enfin… je ne crois pas.

Raphaëlle :
Quoi quoi quoi ? Mais c’est vraiment n’importe quoi ! Mais qu’est-ce que t’attends là ? Qu’on fasse le travail pour toi ? Qu’on te dise ce qu’il faut faire ? qu’on s’attarde sur ton cas ?
Mais qu’est-ce que tu crois ? Ça va pas ? Ça va pas ? C’est pas là ? Ni là. Ni ailleurs. Ni nulle part. Ni ni ni. Oh lala. Mais quoi ? T ‘attends quoi là ? T’attends vraiment ? Vraiment quoi ?
Allez oust, vire moi ça ! Vire moi toi ! Vire, vire ! Allez, allez ! Ohlala mais ne vois-tu pas ? Non tu ne vois rien ! Tu ne regardes rien ! Ah oui ta tête est vide ? m’étonne pas ! Dégage ! Tu comprends pas ? En anglais, ça donne « get out » ! hors d’ici. Hors de là. Hors de toi ! Dégage ! Regarde là-bas, c’est le trou ! Le trou noir ! Le trou qu’on ne voit pas ! Le trou hideux qui dégouline, qui te remplit ! Allez va ! Suis mon regard mais tu ne trouveras pas !

 

 

Manée :

 

 

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