ne te découvre pas d’un fil
Manée avait prévu le coup en m’envoyant un mail le samedi, alors que je lorgnais la météo pour savoir (?) quoi mettre dans ma valise… :
à défaut de soleil, camélias roses et confiture de framboise maison t’attendent au lien lieu.
Lundi matin, après l’atelier avec le secours populaire, en quittant (peut-être un peu trop vivement…) le local et regardant ailleurs, je me suis pris l’arrête de la porte en verre en plein dans la figure, au point d’être demi-sonnée! Des couleurs intéressantes commencent à apparaître autour de la bosse… Ça m’a permis d’apprendre que la teinture mère d’arnica a pratiquement disparue des pharmacies…!
Et justement en début d’aprem, avec Dominique, nous faisons des essais de regards pour la forêt du souvenir. Les photos archivées sont en faible définition, nous essayons un agrandissement pour voir ce que ça donne.
Flou quand on le regarde de près, mais je ne crois pas que ce soit très gênant, puisque de plus loin, c’est OK.
A essayer néanmoins sur d’autres portraits plus petits…
Nous nous retrouvons lundi aprem à l’artothèque avec le cours de français des resto du cœur, pour une première session de l’Art c’est pas pour nous. Nous avons choisi et sorti des œuvres avec David, quand Sylviane débarque avec son groupe de toutes nationalités. S’exprimer en français, être ensemble, apprendre du vocabulaire, découvrir autre chose…
La 1ère œuvre sur laquelle le groupe choisit de parler est une photo en N&B de la ville de Tulle par Marc Pataut ; c’est plus facile de commencer avec un repère connu…
Pour situer la photo, les repères leur sont évidents : la tour administrative et l’hôtel de police…
Puis une photo de Gaza, d’Anne-Marie Filaire, où beaucoup retrouve un paysage qui pourrait être celui de leur pays d’origine.
Un grand dessin de cailloux de Cueco, l’occasion de parler de collection : beaucoup font collection de photos…
Puis, une photo couleur d’un éclair (je ne me rappelle plus de quel artiste); Sylviane fait du bruit pour expliquer le mot tonnerre. David explique qu’il y a des “chasseurs d’orage”. Plusieurs ont des histoires de gardiens de moutons mort foudroyé avec ses bêtes, d’arbre cassé en deux… Après ces scènes dramatiques, nous parlons aussi de l’expression française : coup de foudre (attention les dégats!).
Après ça, nous passons à un portrait de Saura (de la famille de celui-ci), accompagné d’exclamations : qu’est-ce que c’est que ça ? Voilà qui fait parler.
Suivi d’une gravure de Di Rosa, La porteuse.
& un dessin abstrait au fusain (je ne me rappelle plus du nom de l’artiste) ;
comment expliquer ce que c’est, le plus simple serait d’en avoir un morceau.
La tablette de Sylviane sert à montrer des images qui explique plus facilement que les mots!
Notre rendez-vous se termine avec des travaux d’Olivier Leroi, que David aime bien. L’occasion de parler d’humour, de jeu d’esprit et de poésie.
et aussi de “casser le fil” et de destinée…
Comme ma photo est particulièrement atroce, j’ai recherché si je ne trouvais pas ce dessin sur internet.
Non, mais ce fut l’occasion de voir de belles œuvres,
et de découvrir ce qu’il avait réalisé avec du verre!!!
& puisqu’il possède de multiples cordes à son arc, Il faut que je ramène pour un prochain atelier d’écriture le super (et apparemment simple) livre d’Olivier Leroi que j’ai dans ma bibli, édité par Jean-Michel Ponty y’a belle lurette!
•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
Mardi, juste avant l’atelier (reporté du lundi midi), Clémence passe, (nous nous étions rencontrées un soir de la dernière session au Lien/Lieu), mais ne peut rester, et nous prenons rdv pour les lundis de mai, et ses coordonnées pour la prévenir, cette fois!!
Elle me raconte qu’elle a donné cette carte à une amie, bien choisie visiblement, car elle lui a envoyé un message quelque temps après : “Je suis dans mon hamac à lire de la poésie contemporaine, un luxe presque indécent”.
Juste en début d’atelier aussi, Manée m’envoie un message depuis les Pyrénées où elle est en cure :
Du coup, elle est un peu avec nous quand-même!!
De même que les messages que j’ai reçu de Delphine Bretesché, qui est chez moi pour écrire et dessiner, en résidence avec La Marelle, me font l’accompagner de loin.
Cette photo envoyée par Delphine pour me monter son installation-comme-à-la-maison m’a fait rire
(mais j’ai tout de suite pensé : il manque une paire de palmes..!)
En pensant dessin, bonne intuition, j’avais mis dans ma valise ce merveilleux livre de Maurice Sandak, qui sera parfait pour offrir à Iris lors d’une belle soirée d’anniversaire :
•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
Mercredi matin ensoleillé,
midi dans un jardin fleuri avant que le ciel nous tombe sur la tête, comme les camélias sur la table…
Ce qui m’a fait penser à la nouvelle vitrine !
Il y a 2 jours, en cherchant des modèles de nuages au blanc de Meudon, je suis tombée sur cette image que je trouvais bien! :
Comme je voulais la montrer à Serge qui a repris le boulot et est entré au Lien/lieu faire un coucou juste au début d’une méga-averse, je me suis aperçue qu’en fait, c’était fait par Francine Zubeil !!!!
Il va falloir que je lui envoie un petit message! Merci Francine!
(Installation in situ en vitrine n°1 – Janvier 2013 | n°2 – Mars 2013
Blanc de Meudon, lettres adhésives | Source : L’Odyssée de Homère
Photo : © Laura Jonneskindt
Galerie Espace pour l’Art | Arles – Parcours ULYSSES | Marseille Provence 2013)
Ma version nuageuse est nettement plus cracra et cheap, mais le projet n’est pas le même..!
avant :
après :
On pourrait aussi commencer une collection :
Et alors, je suis bien contente de mon nouvel outil : après avoir galéré le mois dernier avec une lame de rasoir coupée pour gratter le blanc de Meudon, cette fois-ci j’ai ramené de Marseille une spatule de cuisine sacrifiée, que j’ai taillée à ma convenance, et alors, c’est fastoche d’écrire avec !! (faut juste se concentrer un peu pour écrire à l’envers!)
(Non, ce n’est pas une sculpture inspirée d’Olivier Leroi!)
•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
Jeudi
A PEC pour imprimer des “chez nous” pour la nouvelle vitrine
qui seront découpés-collés l’après-midi quand le soleil revient
Iris passe juste avant de partir pour quelques jours, et me donne des idées en parlant des ateliers, puis me laisse un bouquet nouveau, c’est pour moi le 1er lilas de l’année, quelle senteur extra — qui me fait toujours penser à ces paroles du Tango funèbre de Brel et à Alain Lagny qui l’adorait (le lilas et la chanson):
Pensent au prix des fleurs
Et trouvent indécent
De ne pas mourir au printemps
Quand on aime le lilas
Ah, ah, ah, ah, ah, ah
Justement, le soir, J’ai été au théâtre à Brive voir Chroma, de Bruno Geslin, adapté de Darek Jarman. Bonne pioche, comme dirait Manée, un spectacle magnifique de ceux qu’on n’oublie pas et qui nous nourrissent longtemps, qui donne de l’énergie au corps et au cœur, de la joie, envie de sauter, de danser, de baiser, d’être irrévérent, de vivre, plus libre, de s’agiter la cervelle dans tous les sens pour en faire surgir des illuminations.
Moins il voit, plus il regarde. Moins il espère, plus il célèbre la vie. Derek Jarman, cinéaste anglais qualifié d’underground dans les années 70, conjugue transgression et poésie. À l’époque, on appelait ces artistes des punks, des anarchistes, des graines de liberté. Il perd progressivement la vue. Il est séropositif. En 1986, il achète une maison de pêcheur au sud de l’Angleterre. Nature désolée. Galets, vent, sel, et centrale nucléaire habitent l’environnement du cottage. Il décide pourtant, là où rien ne pousse, lui qui ne voit presque plus, de créer un jardin.
Bruno Geslin s’est emparé de son dernier ouvrage, Chroma, autobiographie centrée sur le thème de la couleur, pour élaborer une pièce dansée, jouée, rêvée. Les deux interprètes masculins disent, dansent, en anglais (sur titré), en français, les mots de Jarman. Les tableaux s’inspirent des images tantôt érotiques (tendance rouge et dorée), tantôt nébuleuses, tantôt rocks, tantôt furieusement discos (Nicolas Fayol décline les registres), de l’univers du cinéaste écrivain. C’est parfois agressif, souvent caustique, détaché, provoquant. La musique, jouée en direct par Benjamin Garnier et Alexandre Le Hong, participe à façonner une atmosphère onirique : quelque chose de l’ordre du souvenir, à la fois très précis et pourtant volatile.
Il y a des morceaux d’enfance, des amants, la glaçante interrogation de comment se passera le dernier moment, des bribes de séduction, des saynètes à l’hôpital, des tests de vue, le constat que la maladie progresse. Danse et mots se marient ; les mots prennent le dessus. Lorsqu’Olivier Normand raconte les premières fleurs surgies parmi la roche, la fragilité, la fougue des petites fleurs qui s’accrochent dans la bise, les éclats de lumière à l’angle des silex, les cascades de couleurs graciles, c’est une lame de fond d’émotion qui surgit.
Il est si beau, si émerveillé, sa diction est tellement pure et douce : on se dit qu’il parviendra à apprivoiser la mort en embuscade, le temps qui broie. C’est presque miraculeux. Emilie Beauvais, dont on regrettait qu’elle soit cantonnée en arrière plan, tournoie dans un mouvement envoûtant, final en noir et blanc, robe en corolle, fleur qui résiste à l’obscurité qui mange le plateau.
ANNA ZISMAN – Décembre 2017 – Zibeline
Bruno Geslin explique : J’ai mis assez longtemps à construire ce spectacle. A l’image même de Derek Jarman, ce que j’avais envie de construire, alors que c’est quelqu’un qui perd la vue, la vie, alors que c’est un sujet grave, il fallait transmettre avant tout de la vitalité du désir, de se battre et d’avancer. Et Chroma s’est construit comme une célébration de la vie. À chaque page dans ce dernier récit, il y a toujours ça, cette élégance où on te fait partager quelque chose sans te le faire porter.
Vers la fin du spectacle, un tableau gris lumineux sur les 3 écrans de la scène est rempli de lettres blanches à voir comme chez l’ophtalmo, qui s’effacent peu à peu pour ne garder qu’un message détourné
LOVE ME TENDER
ET FUCK ME TOO
De la gravité, de la politique, de l’humour, de la malice, de la poésie, du cul, des références, des révérences et irrévérences, de l’intelligence, de la vitalité… tout ce qu’on peut souhaiter avec une mise en scène, des images, du son, du chant, du texte, de la danse, …, youpi!!
•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
Vendredi, la veille des vacances
Ateliers d’écriture au lycée agricole le matin, (Nathalie tient à emmener ses élèves au moins une fois au théâtre et à l’opéra. Hier soir, je me disais que ça aurait été décapant pour eux que les élèves puissent voir Chroma..!)
et avec le secours populaire l’après-midi.
De quoi faire un autre article spécial, alors…