Je voulais faire cette affiche, tirée d’une phrase de Raphaëlle, en atelier d’écriture du mardi :
L’image provient de là :
et parmi mes recherches iconographiques sur le net, celle-ci édifiante
mais aussi celle-ci intitulée “agneau heureux”, que j’ai tramé pour l’occasion
car en recherchant “agneau pascal”, on tombe sur cette chose appétissante (enfin, que je préfère à la viande!)
leurs cousins :
En recherchant des agneaux, je me suis pris au jeu de rechercher des qui ont une laine que j’aimais feutrer, avec de belles couleurs ou matières.
Le magnifique gris des Gotland, un joli roux ardennais (pas trouvé un roux de Berne)
Les beaux “noirs”, Ouessant, Corriedale
Du coup, j’ai découvert qu’il y avait aussi des Black Wensleydale
Je ne connais que la laine blanche, une fibre très longue, qui donne l’impression de feutrer un nuage (si ce n’est que ça demande du muscle!)
& a contrario je n’ai feutré que de la laine Corriedale brune, mais en “blanc”, c’est l’agneau idéal en peluche avec du poil aux pattes!
J’en ai vu des beaux qu’on voit pas tous les jours !
si ça vous intéresse, là par exemple, ou là, etc.
& pour revenir à l’agneau de Pâques, justement, Raphaëlle m’a envoyé un message :
et en lisant l’article là,je découvre ça aussi :
” Premier producteur mondial de mouton, la Nouvelle-Zélande bénéficie, en réparation de l’agression par les services secrets français contre le Rainbow Warrior en 1985, d’exonération de droits de douanes pour exporter chaque année 227.000 tonnes de viande.”
(pas mal pour la protection de l’environnement….!!)
enquête (sur l’emploi de nos impots en plus des essais nucléaires…) :
James Bond nous ramène à Pâques, tiens, avec cet œuf de Fabergé de 1891 ;
torpillé par les anglais en 1919…
et si vous voulez en découvrir plus sur cette collection incroyable, c’est là
Cette semaine, on va encore profiter que vous soyez chez vous.. !!
Des photos envoyées depuis Tulle m’ont donné l’idée de l’atelier du jour..!
Voici d’abord des images de textes dans un environnement familier :
Chez Sylvie, les statuettes manifestent…
(je ne sais plus quel est l’artiste auteur.(e), c’est une photo capturée sur le net et rangée dans mon ordi..)
Lors d’un repas-performance-lecture durant 3 soirs, avec la Cave Poésie en décembre 2016
Au Lieu/lien en avril 19, & à Arromanches avec Xavier Pinon, en résidence à la villa La Brugère en novembre 19
Un atelier, avec la Cave Poésie à Toulouse en février 17
Dans la bibliothèque d’un collège où j’ai fait des ateliers d’écriture, quand j’étais en résidence à la maison Julien Gracq
Post it laissé sur le mur près de mon bureau par Dans le ciel tout va bien (nom d’auteur), résident de La Marelle Pierre Tilman
à droite, Antoinette Ohanessian
& puis Tianji Zhao, une artiste que j’ai découverte dans la revue en ligne TK21
Après avoir regardé et lu ces éléments, je vous demande :
8 textes minimum écrits (par vous) posés dans la maison (possibilité d’aller 1 peu dans le jardin, terrasse…, mais avec trace d’une activité quotidienne),
sur les meubles, murs, vitres, objets, vêtements….
Sur papier, post-it, …, au crayon, style, feutre, peinture, blanc de meudon…,
juste écrits posés, punaisés, scotchés, … ou réalisés avec une pratique artistique suivant vos envies et vos compétences…
Quoi écrire ?
— Laissez-vous ou laissez-nous des messages élaborés,
des phrases, petits (ou plus longs) textes que vous serez content.e.s de relire si elles restent plusieurs jours affichés chez vous, qui vous accompagneraient pour réfléchir, vivre, travailler, rêver…
— N’oubliez pas que c’est un atelier d’écriture,
je vous demande d’élaborer vos textes, écrivez d’abord sur votre cahier (ou feuille), chercher la phrase juste, pensez au style, au vocabulaire choisi, à la ponctuation.
Je ne vous demande pas une formule magique ou un slogan mais un TEXTE
— C’est un atelier visuel également, pensez à la mise en forme
support, choix du stylo (ou autre chose), choix de l’écriture, espace de la feuille
— Vous allez m’envoyer des photos, pensez au cadrage, à la lumière si possible, qu’elles ne soient pas pourries, les photos sont le rendu de l’atelier.
(règle : pas de visages photographiés si jamais il est indispensable qu’il y ait une personne sur la photo) ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
MANÉE :Merci à toi pour ces consignes que j’ai adoré suivre; comme une partie pouvait se dérouler dehors, j’ai commencé tout de suite dès que je les ai reçues et en même temps, je me disais: je n’arriverai jamais à trouver 8 objets de situations et 8 textes mais comme souvent pendant l’atelier, après avoir pensé qu’on ne va pas y arriver, les idées finissent par venir et s’entraînent les unes les autres et le plaisir arrive. En tout cas après avoir pensé un moment que le déconfinement était peut-être assez proche puis réalisé qu’il n’en était rien cet atelier était une vraie échappée.
DAVID : hello Fabienne, ci joint mes 8 images textes, j’ai un peu dérogé une fois de plus, faut pas m’en vouloir, en ce moment je suis en roue libre.
DOMINIQUE : Au ras des pâquerettes… Je m’aperçois en regardant ces photos que le monde extérieur ne fait plus partie de mon univers, instinct de survie ? Manque d’imagination ou peur de ne pouvoir agir? Pur égoïsme ? Je vous les livre quoiqu’il en soit, et vous laisse libres d’y trouver ce que vous voudrez…
JEANNE : J’ai passé plus de 2h à “pondre “ces 5 photos / textes et ça m’a rendue triste . Au lieu de me réjouir de cet atelier j’ai “rendu mon tablier “avant l’heure … Je n’ai pas réussi à écrire des textes que j’aie envie” de garder plusieurs jours et de relire avec plaisir “!
Comme j’ai demandé à Jeanne de me refaire des photos qui étaient trop floues, ça fait 2 textes en plus des 5 premiers, et certaines photos sont quand même toujours un peu floues, Jeanne se demande si elle ne commence pas à sucrer les fraises… Non Jeanne, respire, ce n’est pas encore la saison….
AGNÈS : Me revoilà !…😋 l y a même une vidéo, je trouvais ça plus ” parlant”. A bientôt !
(Désolée, Agnès, je ne l’ai pas mise, c’est trop lourd — en octet!)
LESLIE :Il y a peu de contrainte thématique, ça me bloque un peu, je ne sais pas comment aborder la chose.
En attendant, une photo de mon atelier parallèle (décorer des papiers alu pour envelopper les œufs de Pâques, avec Théophile)
je mets en ligne, à compléter, donc….
RAPHAËLLE : — je vais m’y mettre. sans doute demain. Les ouvriers sont à nouveau à la maison et du coup je suis pas mal occupée….
— J’étais sensée terminer ce matin mais 14 de mes agneaux ont eu la bonne idée de faire des km de promenade…
L’ordre des photos a de l’importance.
SYLVIANE : hier : Bonsoir Fabienne ça ne m’inspire pas. Je comptais regarder ce que les autres ont fait. Internet rame un max. Je décroche. C’est long sans voir personne. Je m’abîme dans le jardin à longueur de journée. Seul moyen de lâcher prise. Et le soir je rentre dans la maison je tombe de fatigue. Je pense que je ne supporte pas bien cette situation. Quand je pourrai regarder le blog j’essaierai de faire quelque chose mais ce ne sera peut être pas dans la maison. Je n’y suis pas. Meilleures pensées de Sylviane
Aujourd’hui : Merci pour la technique japonaise. J’ai essayé hier soir tard et je me suis réveillée de bon pied. Voilà mon travail 7 photos mais j’envoie maintenant car internet marche très mal le soir.. Biz
Un poème de Pessoa (reçu d’un mail de la librairie L’Attrape Cœurs, 75018), qui coincide avec cet atelier
Ça semble plus compliqué pour la plupart d’entre vous quand vous n’avez pas des consignes d’écriture strictes quant aux thème et forme (pourtant…), un modèle à suivre… Ou c’est le confinement et l’éloignement qui pèsent, qui empêchent pour certain.e.s d’être bien posé.e.s, ou à distance de travailler avec plus d’exigence encore pour conjurer cette situation ? Déprime et découragement ? (Quoi qu’il en soit, merci de votre participation, cela nous aide à réfléchir.)
(Merci à Manée pour cette photo!!)
… & je prendrais en compte ces considérations (que je me fais) pour le prochain atelier !
Pas de relâchement, comme la reine de droit divin habillée photoshop, et toujours très chic…
Pour rester à Tulle, et d’autant qu’elle n’est plus sacrée, vue d’avion de l’église St Pierre décalottée…
Comme je ne peux y aller, j’ai fait une maquette pour m’aider à appréhender l’espace pour bosser pour l’expo de septembre..!!
& ça donne envie d’y mettre des mots, non ? A suivre, alors….
& puisque je ne suis pas à Tulle…
… Pendant que vous vous escrimiez avec les consignes, certains apprécient le confinement…. regardez-les là ça fait du bien!!!
• Une lettre de Leslie, qui dit bonjour à sa maman
…le lien est là
• Un mail de la MEL (maison des écrivains et de la littérature)
Opération Pangolin
Il paraît que le 1er avril 2020 est reporté à 2021…
Qu’à cela ne tienne, la Mél a très envie de partager avec vous cette nouvelle de Didier Deanincks digne d’un 1er avril : Opération Pangolin.
Courte fiction ancrée dans la réalité de la crise du coronavirus qu’il a rédigée pour Libération et qui a été publiée dans le journal le 23 mars dernier ici
Didier Daenincks est depuis longtemps un auteur adhérent et ami de la Mél.
Nous vous invitons à voir/revoir la vidéo de sa participation aux Enjeux 11 “Droits de cité” du 25 janvier 2018 autour des mutations urbaines
& moi, je vous invite vivement à regarder celle-ci, c’est un peu long mais c’est encore plus formidable!!
• & puis Gégé envoie souvent des liens, aujourd’hui celui-là
• & un message d’Aysé, reçu hier Au secours catholique et au Secours populaire, J’avais interviewé des ‘bénévoles’ et ‘bénéficiaires’ au sujet du courage (thème du printemps des poètes) le mois dernier, Aysé était absente.
Hélas, ça n’intéressait pas le nouvel animateur de Bram fm…
A signaler que j’ai envoyé les enregistrements à Radio Cave-Po, à suivre…
Aujourd’hui, on va profiter que vous soyez chez vous :
• Avec Benoît Casas, qui a écrit L’ordre du jour, un « journal » poétique, en reprenant chaque jour des phrases de livres lus, ouverts, ce jour-là (et écrites ce jour-là), qui font écho à sa journée. (ed. Seuil)
extraits :
• & Fernando Pessoa (poésies d’Alvaro de Campos – gall.), qui met de l’ordre…
› Je vous demande d’aller ‘picorer’ dans votre bibliothèque, ou ailleurs,
dans les livres, les journaux, les revues, (pas forcément en littérature) qui sont chez vous.
Ne les choisissez pas forcément, ouvrez les aussi au hasard…
Relevez des courts paragraphes, des phrases, des formules, qui vous parlent immédiatement,
en écho avec vos préoccupations et occupations, pensées, sentiments, impressions, etc.
(notez vos sources)
Composez 4 textes à partir des extraits choisis Changez de partis pris à chaque fois (de règle du jeu assemblage-composition -écriture) Je vous demande d’écrire personnellement à travers le « montage », dans 2 d’entre eux
(En début de chaque texte, dites-nous quelle a été votre règle du jeu — je préfère ne pas vous les imposer, d’autant que vous pouvez disposer de plus de temps que d’habitude…;
en fin de textes, citez les co-auteur.e.s..!) — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — Raphaëlle :
NOUVELLE : Monsieur T. ayant partiellement perdu la vue, s’est vu obligé d’investir dans un chien guide d’aveugle pour garantir toute son autonomie. Il a commencé par investir dans un beauceron. Pourtant, on le lui avait bien dit, le beauceron n’est vraiment pas le chien idéal pour guider. Certes c’est un chien d’une corpulence agréable qui a cette capacité à rassurer mais il a bien des difficultés à anticiper, prévoir et prévenir, fonctions essentielles du guide du malvoyant. Tant et si bien que Monsieur T. se trouva peu de temps après l’acquisition de son premier chien, renversé par une voiture. Grâce à cela, oserions-nous dire, il a développé des réactions nerveuses tout à fait particulières ; gestes intempestifs, blocages partiels de la faculté de marcher, difficulté à maîtriser ses pas, si bien que Monsieur T, devenu un cas d’école, accepta d’intégrer un hôpital psychiatrique de façon permanente jusqu’à ce qu’il meurt, les os de chaque membre fracturé, le personnel médical ayant été incapable de caparaçonner l’ensemble de l’hôpital.
(source : Jean-pierre Changeux, Du vrai, du beau, du bien. Une nouvelle approche neuronale.
“Les neurones de la rétine effectuent un premier traitement de l’information visuelle”.
“La neuropsychologie a pour vocation d’exploiter les conséquences de lésions cérébrales dues à des traumatismes, des accidents vasculaires ou des maladies génétiques sur les fonctions supérieures du cerveau.”)
MANUEL à l’usage des parents qui veulent mettre leurs fils au tricot. Règles de base : 1. Si le père est devant la télé, il est toujours avec son tricot : un pull pour sa fille de préférence. 2. Le père lisant une histoire à ses fils peut privilégier tout type de livre concernant des animaux laineux et profiter de cela pour donner une image positive du matériau laine. 3. Le père réalisant un pull pour sa fille, n’hésitera pas à faire participer ses enfants à l’ouvrage. 4. Le pull de la fille sera particulièrement doux et chaud, ce qui motivera les fils d’avoir leur propre équivalent.
(source : Le grand livre du tricot. Les techniques , les points, ouvrages et tours de main.
“Le tricotage est une technique ingénieuse qui permet d’obtenir une surface de tissu à partir d’un ou plusieurs fils continus, à l’aide, du plus simple des outils, l’aiguille à tricoter.”)
POESIE Je cours après le temps Je cours tout court, de temps en temps Où cours-tu me demande le taon , Là où personne ne me ment Ah bon on te ment ? Oui, tout le temps Il est temps de prendre ton temps Donc, je t’attends Vraiment ? Assurément Et voilà les deux amants Partis sur l’air du temps.
(source : Erik Pigani, L’art de gérer son temps ou savoir vivre efficacement.
“A force de courir derrière un temps qui va toujours plus vite, l’homme occidental a oublié son présent.”
“Ainsi, toute la planète est devenue synchrone, avec un temps unique, contrôlé par les nanosecondes des horloges atomiques.”)
Interessons-nous à la maltraitance animale. Les exemples foisonnent : “On a vu par exemple les pieux solitaires de Port-Royal clouer un chien sur une planche et l’ouvrir pour voir comment cela marchait à l’intérieur.” et d’expliquer peu après que Malbranche, ayant donné un coup de pied à une chienne, répondait à *Fontenelle qui protestait : “Ne vous inquiétez-pas, c’est de l’air qui passe par des taux sonores, cela ne sent pas.”
(avec Théodore Monod, Dictionnaire humaniste et pacifiste.)
Leslie : Coucou Attention c’est journal un peu du coup Et c’est pas la grande forme aujourd’hui… Les risques du métier. Je n’ai réussi le truc des règles du jeu, peut-être parce que ça ne colle pas aux types d’extraits que j’ai choisis ? J’ai fait des chapitres à la place.
C’est la merde
Se faire défoncer la bagnole par un autre pauvre qui prend la fuite La débandade On a de bonnes raisons d’être en colère aujourd’hui moi je bous ça me fatigue je veux aller me coucher alors qu’il n’est même pas huit heures être en colère c’est comme être malade Je n’ai toujours pas réussi à dire ce que je voulais depuis ce matin ! Mes projets, mes désirs La récupération du DIY jusque dans les kits IKEA est l’occasion d’aiguiser notre définition de l’autonomie. Quand le philosophe franco-grec Cornelius Castoriadis défendait un « projet d’autonomie », il s’agissait d’auto-détermination populaire, de liberté d’un peuple assemblé à se choisir un destin commun. Voilà cette exigence qui sombre dans le désir d’autonomie que nous vend Castorama. C’est marrant j’ai bossé pour Castorama alors que j’aime quand même le projet d’autonomie de Cornelius Castoriadis. tant pis pour la pureté c’est pas la pureté qui nous sauvera finalement Je n’écoute plus les infos, ça m’a tué l’espoir J’ai compris petit à petit que ça serait pire après Il est prédit : que les machines dédiées à la navigation peuvent être dénuées de rameurs de sorte que les plus grand navires sur les rivières ou les mers seront propulsés par un seul homme à une vitesse plus grande que s’ils étaient remplis d’hommes et on ne peut rien y changer.
La musique
« C’est qui, ce juif ? » A demandé avec un certain déplaisir l’un des convives en désignant une petite lithographie colorée, au mur du salon. « C’est Stravinsky », a répondu ma grand-mère. Le lendemain, elle a déplacé la lithographie pour que les invités ne la voient plus. Elle aimait bien avoir des invités Maintenant elle n’aime pas trop les arabes ma grand-mère juive le temps a tamisé les histoires de son enfance en Algérie il n’en reste que six ou sept, pas les meilleures la semaine dernière j’ai réalisé qu’elle pouvait mourir toute seule (moi aussi) Il faut la rassurer (moi aussi) This world is not conclusion. A Species stands beyond – Invisible, as Music – But positive, as sound –
Ça ira mieux demain
C’est curieux comme tout se met en place et s’apaise. Les sombres inconnues qui s’étaient dressées devant nous au début du voyage se sont peu à peu dissippées et ont fait place aux maigres prespectives qui sont aujourd’hui les nôtres. C’est mon tour de dormir. Dormir dans la voiture, dormir, rêver sa vie, le rêve changeant de cours et de couleur à chaque cahot, menant rapidement l’histoire à son terme lorsqu’un cassis plus profond vous ébranle, ou un changement soudain dans le régime du moteur, ou enfin le silence qui déferle quand le conducteur a coupé le contact pour se reposer lui aussi.
Je ne fume pas, je ne bois plus.
Sur la neige ou sur le sable tu peux tomber de cheval – ivresse du saké On ne peut fumer plusieurs cigarettes en même temps, mais il est des circonstances où, voulant allumer une cigarette, vous vous apercevez que vous en avez déjà une à la bouche que vous avez oubliée. C’est moins anodin que vous ne le pensez. Un véritable pétrin de boulanger.
Avec le Magazine saveurs, Octobre 2016 — Les aventures de Maqroll le Gabier, Alvaro Mutis. — Egologie, Aude Vidal — Tu ressembles à une juive, Cloé Korman — L’usage du Monde, Nicolas Bouvier — Selected poems, Emily Dickinson — Y en a marre d’être pauvre, Fabienne Yvert — Woman and Nature : the roaring inside her, Susan Griffin (in Reclaim, Anthologie de textes ecoféministes, Emilie Hache) — La méthode simple pour en finir avec la cigarette, Allen Carr — Haikus, Bashô
Jessica, (dont c’est le 1er atelier avec nous) :
Bonsoir,
Je ne sais pas trop si j’ai bien respecté le cadre d’écriture…
“poétique” => 31 mars. Après-déjeuner au soleil. Etonnement d’un silence inhabituel, étourdissant tant il est plein. Vertige du vide sonore, soudain troublé par le chant gaillard d’un merle audacieux, venu se poser sur le rebord d’un bac de fleurs. Les notes de ce petit monde urbain se réinventent …
(source : Fabrice Humbert, Le monde n’existe pas
“De même qu’un coup de poing au cinéma n’a rien d’un vrai coup, l’environnement sonore est une réinvention.”)
“journal intime” => Journée difficile. La solitude m’épuise, et j’ai l’impression d’être un oiseau en cage. Paradoxalement, j’ai pourtant plus de nouvelles de mes “proches” ces derniers temps, mais cette sur-présence me gêne, me parasite tout autant qu’elle me réconforte. Manque d’habitude sans doute.
(source : Laurent Gaudé, Salina
“Je ne te tuerai pas mais je te bannis. Que le désert fasse de toi ce qu’il voudra. Pour toi, la solitude et l’errance.”)
humoristique => Drôle de rêve, cette nuit. Moi, cette combinaison repérée dans une boutique et … Karl Lagerfeld. Sacrée bande ! Le pape de la mode m’enguirlande copieusement (je n’aurais peut-être pas dû manger de la tarte hier …), la jolie combinaison ayant une tendance persistante à marquer des agrégats disgracieux de chairs non conviées à la fête de la mode. Bon, eh bien, pas de Fashion Week pour moi, ressortons le jogging, mon allié et mon armure !
(source : Léonor de Récondo, Pietra viva
“Michelangelo se lève. Il marche tant bien que mal et sèche ses larmes. Il veut dormir. Ne pas rêver, ne se souvenir de rien.”)
Parti pris journalistique => Discipline de fer dans cette famille de trois enfants. La mère déclare que c’est un indispensable pour le bien-être de tous en ces temps d’enfermement. Et, de fait, l’organisation de l’emploi du temps de la fratrie est quasi militaire. Le matin est ainsi consacré aux tâches scolaires, les enfants devant ensuite aider à la confection du repas. Après une récréation méritée, le reste de l’après-midi permet aux enfants d’approfondir leur culture personnelle par la lecture ou les jeux de société pédagogiques. Le dîner est l’occasion de faire le point sur les tâches du lendemain. Et tout ce petit monde va sa coucher tôt pour affronter vaillamment les exigences du lendemain.
(source : André Gide, La porte étroite
“Il m’était aussi naturel de me contraindre qu’à d’autres de s’abandonner, et cette rigueur à laquelle on m’asservissait, loin de me rebuter, me flattait.”)
— — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — Dominique :
Hello Fabienne me voici de retour! En bonus ,un petit acrostiche dessiné à Cuba
et 3 petites bonnes femmes de Matha Jiménez, une artiste de Camagüey…
Retour morose et nostalgie…
Nuxe,la nature est prodigieuse Sun, crème fondante haute protection aux fleurs d’eau et de soleil… Exactement ce qu’il me faut en ces temps moroses!
30 mars au matin : ouvrir les volets, tous les volets, pour faire entrer le soleil. Ouvrir les portes sur l’extérieur. Ouvrir les fenêtres pour sentir l’air et respirer… S’enivrer d’air et de lumière
S’enivrer… Tous les soirs, une seule chose nous rassemble encore: un verre de vin. Quelques mots échangés “Faudra aller à Bergerac pour retrouver ce vin quand on pourra sortir”… Sortir, sortir de la maison-prison, retrouvée sans joie, triste tête à tête, journées passée à s’éviter… Attestation de déplacement dérogatoire, motif: éviter d’avoir à adresser la parole à sa femme…
Dans ma tête surgissent immédiatement les images de la ville, le quartier du Vedado, le Mâle on désert, la mer si bleue, le soleil ardent… Je me réfugie dans mes rêves… Je regarde par la fenêtre, ici aussi le ciel est bleu et la lumière du soir est douce et dorée : il est 19h.
“De la rutina”,livre de poésie cubaine ouvert au hasard (?) Explications no pedidas de Piedad Bonett
Un guide du routard posé sur le bureau, un marque-page de l’hôtel Havana libre pour retrouver la carte de La Havane…
Chère Fabienne, merci pour cette proposition, j’adore feuilleter et si je m’y suis perdue avec délice tard hier soir avec seulement deux montages, cette nuit dans mon sommeil deux autres partis pris me sont venus, alors ce matin je saisis tout cela ( vitesse de saisie d’une tortue ) et je t’envoie le premier montage pour que tu ne continues pas à penser que je n’ai ni compris (enfin j’espère !) ni travaillé !
DE L’ACTUALITÉ…
L’état compte ses sous, on comptera les morts Le malade que nous sommes, ou nous serons un jour, a tout lieu de s’inquiéter. Le mal est profond. Il s’entend dans le nouveau langage qui s’est imposé au sein de l’institution et des pratiques hospitalières. Tel est l’éloquent symptôme qui révèle le dessein de faire de l’hôpital une nouvelle industrie au mépris de son humaine justification. Un dessein indicible, qui rêve de fondre le soin dans la technicité abstraite et gestionnaire de notre société Quand j’avais franchi le grand portail en fer de l’hôpital, je devais être encore vivant. Du moins le croyais-je puisque je sentais sur ma peau les odeurs de la ville que je ne reverrais plus jamais. Et alors même qu’on n’est pas encore conscient qu’un monde est au bord de sa chute, un trouble grandissant fait apparaître des ruines de toutes part Un exercice difficile le montage, pour ne pas ajouter trop de sens au sens qui finit par tuer lourdement le sens… Ici on établit régulièrement la liste des croyances, on appelle ça: faire un point. Ici on établit une croyance chaque jour plus vraie que la croyance de la veille. Il te faudrait venir chaque jour pour être exactement au fait de la croyance, mais tu serais tout de même toujours légèrement en retard, légèrement déboussolé. Tu donnerais l’impression de pédaler dans le vide, tu brûlerais de l’énergie pour rien, tu paraîtrais si petit si tu voulais vraiment te maintenir à flot. Ici on calme tes ardeurs, on arrête tes gesticulations. Si tu savais le nombre de données qui sont traitées ici pendant que tu cherches des yeux une indication pour comprendre. Entre. Installe toi. Ce n’est pas ici que les croyants se fabriquent. C’est ici qu’on te les donne, qu’elles arrivent, qu’elles daignent descendre jusqu’à toi. IL sait que les chats ont neuf vies, les hommes autant qu’ils le décident, qu’on est plus souvent qu’on ne le croit planté à la croisée des chemins, qu’il faut manœuvrer sans faiblir pour éviter l’enlisement, que c’est joyeux, l’aventure, au lieu de quoi, la plupart du temps on lui répond que la route est droite et le malheur ancestral, et lui qui porte plusieurs siècles sur le dos, ça le laisse sans voix. Mais ce matin IL aura raison contre toute logique, IL sautera les barrières contre toute lampe braquée, IL aura le dernier mot contre toute logorrhée.
Avec : Banderole dans une manifestation des soignants en novembre dernier — Stéphane Vellut, L’ HÔPITAL UNE NOUVELLE INDUSTRIE, le langage comme symptôme. Tracts Gallimard, Numéro 12, Janvier 2020 — Ahmed Bouanami, L’hôpital, Ed Verdier — Annie Le Brun, PERSPECTIVE DÉPRAVÉE, entre catastrophe réelle et catastrophe imaginaire, Éditions du Sandre — Mariette Navarro, Les chemins contraires, Cheyne Editeur
CADAVRE EXQUIS
A l’intérieur de sa maison, tout est en mouvement. Des objets sont étalés partout. Certains parlent du passé- La théière de sa grand-mère- et d’autres du futur- les carnets à remplir. au delà de la pierre le vertige des fontaines rouillées de fonte taries les mulots et les fauvettes s’y disputent le pain bénit que je leur dispense que l’herbe serait douce à qui vou- drait s’étendre qui a fermé les vannes des fontaines rouillées ? les bancs ruminent l’absence des convives les les feuilles que le vent emporte jusqu’aux traces de leur pas oh qu’il est doux le temps des fontaines qui chantent TAGETES Famille des Asteraceae Tagetas lucida Plante annuelle sous nos climats, aux tiges dressées de 30 à 40 centimètres de hauteur. Fleurs d’un jaune orangé vif à capitules nombreux et petits. Parfum très agréable. Saveur aromatique rappelant celle de l’estragon En somme, il faut éliminer radicalement la concurrence mercantile avec l’appétit individuel d’or et de gloire pour que l’individu puisse s’épanouir.
Avec Mélanie Ruttin, Nour, le moment venu, éditions MeMo — Francis Ricard, En un seul souffle, Cheyne Editeur — Les semences de Kokopelli, manuel de production de semences dans le jardin familial — Les utopistes, Karl Marx et Friedrich Engels, petite collection Maspero
À TRAVERS LES SIÈCLES , XVIII, XIX ET XX
Dans les airs frémissants j’entends le long murmure De la cloche du soir qui teinté avec lenteur. Les troupeaux en bêlant errent sur la verdure; Le berger se retire et livre sa nature À la nuit solitaire Déjà les beaux jours, la poussière, Un ciel d’azur et de lumière, Les murs enflammés, les longs soirs; Et rien de vert : à peine encore Un reflet rougeâtre décore Les grands arbres aux rameau noirs !
Ce beau temps me pèse et m’ennuie Ce n’est qu’après des jours de pluie Que doit surgir, en un tableau Le printemps verdissant et rose; Comme une nymphe fraîche éclose Qui souriante, sort de l’eau Dans l’air de plus en plus clair Scintille encore cette larme ou faible flamme dans du verre quand du sommeil des montagnes monte une vapeur dorée
Demeure ainsi suspendue sur la balance de l’Aube entre la braise promise et cette perle perdue
Avec Châteaubriant, Les tombeaux aux champêtres — Gérard de Nerval, Avril — Philippe Jaccotet, Lune à l’aube d’été – Gallimard
HAÏKU
C’est cette nuit en rêve que m’est venue cette idée du parti pris d’un montage à La haïku, je me suis levée pour chercher un papier et un stylo de crainte que le rêve ne s’évanouisse.
Tu t’en vas sans moi ma vie Tu roules Et moi j’attends encore de faire un pas. Tu portes ailleurs la bataille. Tu me désertes ainsi.
Je ne vois pas clair dans tes offres. Le petit peu que je veux, jamais tu ne l’apportes. A cause de ce manque, j’aspire à tant. A tant de choses, à presque l’infini… À cause de ce peu qui manque, que jamais tu n’apportes
Il est vraiment étrange que moi qui me moque du patinage comme de je ne sais quoi, à peine je ferme les yeux, je vois une immense patinoire.
Avec Henri Michaux Ma vie et Le sportif au lit, La nuit remue, Poésie / Gallimard
PS: oui, les consignes de Fabienne Yvert nous poursuivent la nuit …
1/ Je vis sans télévision depuis plus de trente ans, mais de 1968 à 1980 elle fut dans la ferme au bord de la Santoire un œil ouvert sur le monde. 2020. Depuis le 16 mars je vis confinée dans un entre deux mondes : celui de l’information, continue, qui égraine à heures fixes sa litanie de nouvelles, le nombre de malades, toujours plus qu’hier. L’extérieur est devenu un monde inquiétant, un monde où peu s’aventure. La musique, le silence, les émissions de radio, grand bien vous fasse. Les oiseaux font leur parade, les merles sifflent, les hirondelles ne sont pas encore arrivées. A l’intérieur c’est rassurant. Calme. Je suis bizarrement rassurée par ce petit monde clos. Je respecte les gestes barrières ! Chaque soir les soignants sont applaudis. Le service et le soin sont toujours une relation asymétrique : celui qui est soigné ne pourra jamais rendre ce qu’il a reçu. C’est un donné sans retour. Ce mode de relation est directement celui de visage à visage. Le serviteur n’est pas plus grand que le maître et, dans le soin, le maître est le malade, c’est-à-dire le faible, le petit, le vulnérable.
Mardi 31 mars. Juste au dessus de la porte un raie de lumière orangée dit la couleur du temps. La fraîcheur du dernier matin de mars. Je me lave les mains. Je prends le petit déjeuner avec ma robe de chambre à carreaux jaune et turquoise, lui la trouve encore belle. Ce matin je n’ai rien fait. Juste répondu au téléphone. Je dis comment ça se passe. On prend des nouvelles les uns des autres. Je bricole, je lave, j’aspire, je range… Le téléphone encore, une personne sans abris, une maman avec son bébé, elle a peur qu’on le lui enlève. Oui, bien sûr elle peut sortir avec son bébé. Une vieille intrépide ne tient pas en place, elle n’en fait qu’à sa tête. Elle a des idées de transgression. Ce soir deux avions de chasse sont passés. Lui se couche tard.
Avec Marie-Hélène Lafon, Traversée, Chamonix, éd. Guérin, 2015. — Dominique Rivière, Sur l’autre rive de la vieillesse, Toulouse, éd. Érès, 2017.
2/ Mars le surpris. Il resta deux jours sans mettre les pieds dehors. C’était certain qu’il resterait confiné jusqu’à la fin du printemps. On lui apportait des sandwichs dans la chambre. Il souffrait. Chaque bruit du dehors lui faisait mal. Cependant, avril bourgeonnait aux marronniers des squares. Les effluves chaudes de la pluie réapparurent dans la ville. Dans les quartiers désertés les chats s’accouplaient en miaulements rauques. Le vent dispersait certaines graines. Tout était changé. L’air lui-même. Mai étira ses jours. Aux bourrasques sèches et brutales succéda le souffle d’une brise souple chargée d’odeurs. Un bruit semblable à celui de l’eau venait des hauteurs : c’était celui du vent dans les forêts. Réapparaissaient les saules, les osiers, les prés, les jardins, les fleurs et une certaine raison de vivre.
Avec Francis Carco, Jésus-la-Caille, Paris, Le livre de poche,1964. — Jean Giono, L’homme qui plantait des arbres, Gallimard, 1996.
3/ Été. Le paysage est un travail, un vaste chantier géologique qui dépasse la force des personnes. Arrivé à l’endroit où il désirait aller, il se mit à planter sa tringle de fer dans la terre. Il faisait ainsi un trou dans lequel il mettait un gland, puis il rebouchait le trou. Il plantait des chênes. Je lui demandai si la terre lui appartenait. Il me répondit que non. J’arpente le pays premier et je connais la litanie incarnée des ses noms, noms de lieux, noms de personnes. Trotte chien, la Ménardière, la Hutte, le Moulin enragé, chez Jaulin, chez Christin, le Né
Avec Marie-Hélène Lafon, Traversée, Chamonix, éd. Guérin, 2015. — Jean Giono, L’homme qui plantait des arbres, Gallimard, 1996.
4/ Aide-soignante comme prophétesse du service Infirmier comme porte-parole du sans voix Commenter le journal Éplucher quelques fruits « La java bleue » Chanter « Étoile des neiges » Ou la joie d’être ensemble « Le petit vin blanc » Toujours gratuitement Le vieux sait très bien qu’un jour Tout sera abandonné Elle sortit du bar après avoir vidé son verre Il lui semblait que tout lui échappait Brusquement Comme cela s’était vite accompli ! Vous êtes tous Nous sommes tous Des gens âgés dépendants car Nous avons besoin les uns des autres Pour le comprendre Le cerveau du vieux… est âgé Même pas besoin d’être médecin En réalité
Avec Dominique Rivière, Sur l’autre rive de la vieillesse, Toulouse, éd. Érès, 2017 — Bernard Ennuyer, Commission des affaires sociales, 26 janvier 2011 — Francis Carco, Jésus-la-Caille, Paris, Le livre de poche,1964
— — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — Jeanne : (qui a enregistré et envoyé pour la 1ère fois des fichiers sons avec son téléphone) Génial ! … C’est fou ce qu’on découvre avec l’atelier d’écriture …
1 Jeanne parle ; elle dit des choses qu’elle ignore ; elle envoie à la mer qui gronde, au bois sonore, à la nuée, aux fleurs, aux nids, au firmament, à l’immense nature, un doux gazouillement tout un discours profond, peut être, qu’elle achève par un sourire où flotte une âme, où tremble un rêve, murmure indistinct, vague, obscur, confus, brouillé. Je voudrai réfléchir seul cette nuit. Il s’est passé trop de choses ces derniers temps. C’est tout.
Avec Victor HUGO et Haruki MURAKAMI
2 On vient de se réveiller, on se souvient de quelque chose, mais on n’arrive pas à se souvenir ce dont on a rêvé. Certains monstres n’en sont pas : ils se fabriquent à l’intérieur de quelqu’une ou de quelqu’un sans faire de bruit et se tiennent là, en ami secret.
Demander à quelqu’un « Bonjour, ça va ? » , c’est prendre le risque qu’il me réponde « Ferme ta gueule ». Comprendre les hommes du temps jadis suppose de prendre en compte ce qu’ils ne savaient pas.
Avec Ludmila OULITSKAÏA — Claude PONTI — F. KECK — A. CORBIN
3 Depuis tout à l’heure, quand je tends l’oreille, je perçois des bruits. Mon environnement ne change pas, je regarde passer le temps et pousser mes légumes. Ces légumes printaniers sont l’une des rares fenêtres ouvertes sur le monde extérieur.
Des scientifiques se demandent si la propagation du virus est en rapport avec les conditions météorologiques : température de l’air, taux d’humidité… Qui peut bien savoir les préférences du virus ? Si aucune antithèse ne vient réfuter une hypothèse, aucun progrès scientifique n’est possible. Une antithèse est un champ de bataille dans le cerveau.
Dans l’attente, préservons ce qui est. Le printemps est un nourrisson dont il faut prendre soin. Il est fragile, éphémère.
Avec Ito OGAWA — Ryoko SEKIGUCHI — Haruki MURAKAMI
4 Je vivais dans un western arrosé de lumière et l’enfance coulait à nouveau en moi, limpide, irrigant chaque parcelle de mon corps. Débarrassée des contraintes de la vie quotidienne, n’ayant pour seule préoccupation que celle de ne pas mourir, l’énergie montait en moi comme une force nouvelle. Plus rien n’avait d’importance, la vie s’était arrêtée alentour. Seuls les oiseaux continuaient leurs aller-retour aux nids, les bourgeons s’enflaient jusqu’à éclater libérant de minuscules feuilles vertes. Quelquefois je me demandais si je verrai l’été… Qu’importe, chaque matin m’apportait sa radieuse journée. Je m’affairais à faire pousser des légumes, à écrire aux amis, à résoudre quelques sudokus diaboliques, à faire la sieste au soleil allongée dans l’herbe.
Cette vie me plaisait. Allait-elle durer ? Je m’imbibais d’être.
Qui était-elle celle- là ? Son reflet dans le miroir avait la grâce d’une belle journée de printemps, comme une flaque de soleil déposée juste là.
Avec Quand les artistes dessinaient des cartes – vues et figures de l’espace français, moyen age et renaissance (catalogue d’exposition) — Cormack McCarthy, De si jolis chevaux (roman) — Lauren Groff, Floride (nouvelles) — Sei Shônagon, Notes de chevet (Japon XIe siècle) — Français -1000 mots pour réussir – guide pour les classes de seconde, première et terminale — article de l’Echo du centre (2016) sur la sécurité routière signé S.H.
Les trois premiers textes sont du pur collage à partir des références ci-dessus dont j’ai extrait au hasard des pages certaines phrases, sauf l’article de journal que j’ai choisi.
1 Les gendarmes faisaient la chasse aux chauffeurs de poids lourd adeptes de films vidéo au volant de leur quarante cinq tonnes Ils bivouaquaient la nuit sur les hauts promontoires leurs feux cisaillés par le vent Tour à tour chassé, repoussé, excommunié ou au contraire fêté, recherché, imploré L’errant apportait avec lui un monde de damnation ou un monde de salut L’homme orange en danger objet de toutes les convoitises n’était lui même qu’un deuxième christ trop vite, trop près, trop distrait en dépit de maladresses certaines Peut-être aussi un malheur qui l’accablait s’en est allé la preuve avec ce camion en accordéon la preuve que rien n’advient n’importe comment
2 Je ne sais pas comment j’ai pu devenir une femme qui hurle la dureté et le cynisme dominant m’ont laissé exsangue et épuisée j’ai l’impression d’être un objet dans le décor voilà qui est clair la famille peut subsister il faut qu’elle perde son contenu répressif mon mari lui n’est pas un homme qui hurle les jeunes enfants vont et viennent le visage fermé l’herbe qui endure me fait pitié il leur raconte le pays les gens qui y vivent et les gens qui sont morts et comment ils sont morts il faut supprimer l’autorité patriarcale et tous les rapports de possession qui caractérisent la famille alors respect des consignes ! plus que jamais !
3 Les hommes sont convaincus que la guerre se guérit par la guerre comme le guérisseur prescrit la chair du serpent pour guérir sa morsure l’herbe aventureuse croît dit-on sur les falaises j’ai pris l’habitude après le dîner d’enfiler mes baskets pour sortir marcher c’est qu’avec ces mains inconnues qui caressent encore l’air un relâchement de vigilance le quartier n’est pas très sûr bien qu’il soit ancien le quartier s’assombrit à mesure que j’avance
les textes 4 et 5 sont un collage d’extraits des mêmes textes avec des ajouts et des modifications personnelles.
4 Je suis l’homme orange en danger je marche vite pour me réchauffer au bord du grand champ tapissé d’une herbe de couleur tendre l’espace forestier se dessine sous la forme d’une masse sombre de couleur bleu vert je marche au bord de la route il faut redoubler de vigilance pour ne pas être shooté par les voitures les camions les camping cars je suis parfois un homme qui hurle dans un temps ou le conquérant par la logique même de son attitude devient exécuteur et policier l’artiste est forcé d’être réfractaire je rêve de bivouaquer la nuit sur les hauts promontoires mon feu cisaillé par le vent la dureté et le cynisme dominant m’ont laissé exsangue et épuisé
5 Je n’aime pas respecter les consignes J’aimerais tant faire des dessins dessiner serait comme le synonyme d’être attentif à l’herbe aventureuse qui croît sur les falaises ou à la surface d’un étang calme et limpide un chat sauvage détale sous mes pas Artiste c’est un métier dangereux on est tour à tour chassé repoussé excommunié ou au contraire fêté recherché imploré au fond il faut rester nomade s’en tenir à la part la plus archaïque de nous même être comme l’enfant qui va et vient le visage fermé et qui soudain s’éclaire comme si le malheur qui l’accablait s’en était allé
(sorry, j’ai oublié de qui et de quel album jeunesse est sorti cette magnifique illustration…)
Bon, visiblement, mes explications sont trop confuses pour la plupart d’entre vous, en “vrai”, on arrive à se comprendre, mais à distance, c’est plus compliqué…
Pour clore, un poème encourageant de Robert Desnos, dans Destinée arbitraire (gall.)
& puis, dans 5 minutes, c’est le 1er avril : (je ne sais plus dans quel livre — sur les vêtements, à cause de cette jupe-pagne aux poissons? — j’ai vu cette photo bien mieux que ça)
• Après avoir causé d’autres choses et de boulot avec Jean-Pierre Larroche au téléphone, il m’envoie un mail avec des dessins pour participer au blog. Merci! “ce soir un dessin idiot avec bête :un bonhomme : (& le même en pied)
et là j’imagine une scène avec une oreille conférencière (l’oreille, pour une fois, prendrait la parole) : la scène s’ouvre sur la forme d’une conque un théâtre de l’ouïe et après ça continue à l’intérieur mais je n’ai rien encore sur le papier et dans ma tête ça bouchonne
et pour finir je t’ai t’ai tiré au hasard deux cartes de notre jeu des principes d’action (celui qui t’était destiné et qui s’est volatilisé mais que je te ferai parvenir à nouveau) à gauche un principe d’inaction, à droite un principe d’action : alors en réponse, à rester sur son rail et se couler dans l’action…
oui Jean-Pierre, je t’entends bien, ça va venir,
c’est un (r)appel pour notre projet, je le sens..!
Tiens, j’ai retrouvé cette photo
(qui illustrait avoir les portugaises ensablées, je crois..)
• On avait causé entre autre de ça :
Référence donnée par Hendrik Sturm (artiste marcheur) pour son cours – à distance…- “biologie de la perception: l’oreille et l’audition”, envoyé aux étudiants confinés des BA de Toulon, où il enseigne la sculpture et la culture générale (approche scientifique). Avant d’avoir entrepris des études en biologie (thèse en neurobiologie), Hendrik a étudié à la Kunstakademie de Düsseldorf, notamment dans les ateliers de Jan Dibbets et Tony Cragg. Contrairement à un nombre important d’artistes ou de scientifiques qui procèdent à des échanges entre des domaines scientifiques et artistiques, il ne s’intéresse pas en tant «qu’amateur» à la science ou vise-versa : ses parcours le placent comme professionnel à la fois dans le domaine scientifique comme dans le domaine artistique.
Souvent, les relations entre sciences et art s’appuient sur l’utilisation d’approches scientifiques comme une technologie qui sert à produire des propositions artistiques. Hendrik Sturm n’est pas intéressé par cette forme d’articulation : les liens entre le domaine scientifique et le domaine artistique ne se situe pour lui pas au niveau du contenu, mais au niveau de la méthodologie : son travail scientifique en neurologie l’a familiarisé avec la difficulté de récolter des données, de les interpréter, d’en trier les données exploitables et de prendre en compte la pollution de ces données par d’autres informations. S’appuyant partiellement sur une posture scientifique, il réfléchit dans son travail artistique essentiellement sur l’organisation des modèles pour décrire le monde. Ces modèles scientifiques s’appuient, comme les productions artistiques, partiellement sur des métaphores.
• Ça me fait penser à Zaven Paré.
Qui est confiné à Marseille dans le jardin de l’observatoire (y’a pire…) pour sa résidence à l’IMéRA (Art, science et société)
Allez voir son site, car super Z est un cas génial de non confinement dans une petite case (& il est passé par le lycée agricole)!! & là, dans une galerie,
et là, au sujet de Madame Bovary et aussi sur le site de TK21 (allez au bout de la video!)
(j’aime bien son portrait avec mon manteau en renne sur fond de parpaings !!)
Donc, après avoir causé au téléphone, Z m’a reexpédié un mail (de confinement) au sujet du ‘conditionnement’ :
” À la galerie Tretyakov de Moscou, est exposé le portrait d’Ivan Pavlov pour lequel le peintre symboliste Michail Nesterov a reçu le prix Staline en 1941, durant la période de l’art réaliste socialiste de propagande. Peinte en 1935, alors que le théoricien des réflexes conditionnés avait 86 ans, cette toile le représente assis de profil […] face à un pied de pervenches blanches. […] Pavlov fait face à une plante comme s’il s’agissait d’un sujet d’étude scientifique maintenu à une distance calculée. Dans une sorte de mise en abîme, Nesterov peint son ami dont le métier est justement d’étudier le rôle, le fonctionnement et l’organisation mécanique, physique et biochimique des organismes vivants dans leurs interactions avec leur environnement. Nesterov dit que la pose aurait duré 8 heures, 8 heures durant lesquels Pavlov donne l’impression de guetter le moindre frémissement du végétal. […] Pavlov était connu pour être un expérimentateur méthodique jusque dans ses habitudes. Il déjeunait et se couchait à heure fixe, il nourrissait ses chiens à la même heure et chaque année il partait en vacances le même jour. Pour lui, tout semblait se résumer à la mesure du temps. Le sujet de cette toile semblait représenter l’attente dans la durée: le portrait d’un vieillard face à l’éphémère printemps d’une fleur, une fleur qui symbolisait aussi l’amitié, la sincérité et la loyauté dont parle Nesterov dans son journal. Cette relation au temps qui s’écoule est au cœur de toute recherche, de celle du peintre comme de celle du scientifique. Même si aujourd’hui, il a été démontré que le conditionnement classique au sens Pavlovien existe également chez les plantes, c’est leur observation dans des dispositifs expérimentaux étirés dans le temps qui a permis cette découverte (Gagliano – Vyazovskiy – Borbély – Grimonprez, 2016).
Sur ce tableau, le visage de Pavlov est calme et les plis de sa veste indiquent que son corps est relâché. Seules les jointures de ses doigts refermés avec fermeté révèlent que ses poings sont volontairement maintenus serrés. Sa puissance physique et ses pensées paraissent à la fois avoir l’air apaisées par les stimuli envoyés par la plante, en même temps qu’il semble avoir un effet héliotropique sur les petites fleurs blanches qui se tournent vers lui. Ici, c’est le peintre qui a fixé le cadre de l’expérience au physiologiste : aucun réflexe conditionné, juste une pose. Dans cette mise en scène, le paysage silencieux de la vie intérieure du scientifique ressort. Selon Rousseau, la contemplation des fleurs préviendrait le tumulte des passions. Tout observateur cherche à faire parler les objets qu’il étudie. Même en donnant une valeur de témoignage et de document à sa peinture, Nesterov n’a pas cherché à faire un simple portrait, mais il a aussi essayé de peindre une allégorie de la sagesse, dans cette disposition où Pavlov donne l’impression d’écouter une plante. En humanisant le scientifique, Nesterov transforme ce portrait en scène de contemplation. Une représentation de la contemplation qui illustre le temps qui coûte à l’observateur, la durée inhérente au travail et la persévérance qu’implique toute recherche.
Zaven Paré Résident du programme Art, science et société IMéRA – Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université “
& pour continuer, des extraits d’un livre ‘ancien’ de Zaven Paré que je trouve toujours aussi formidable chaque fois que je le regarde : Brasilia, (livre d’artiste, 45 ex., 1993)
(réédité en 1999 chez Harpo & EAN : 9782913886056 12 €)
& puis, ça m’a donné envie de ‘rechercher’ dans Télescopages quelques extraits où Z apparaît :
• Il y a souvent des bonnes surprises au courrier !
Vous allez pouvoir y voir vous aussi, avec les adresses ci-dessus !
& puis je vous partage quelques “je me perds dans les jours” de Philippe Guerry, avec du dehors, tant qu’à ne pas y être… :
• Tiens, toujours le courrier, un peu de pub et contre pub !
J’ai toujours eu des ordi Mac, toujours d’occase vu que j’suis plutôt pauvre. Et je les ai achetés chez eux, à Villejuif (par la poste!)
& j’aime bien leurs newsletters, voilà (1 bout de) celle d’aujourd’hui
• des news de Xavier, qui est parti au Chili voir sa fille…
Je vous ressors de leur enveloppe où elles sont rangées 2 photos de Xavier Pinon, sur lesquelles je dois écrire (un jour viendra… heureusement que Xav. est patient!)
Les 2 prises de vues sont hors confinement, quoi qu’on puisse penser! (au Pays Basque, et à côté d’Arromanches)
• Une illustration qui déconfine avec oiseau qui piaille (extraite de Listen, illustration Pascal Lemaître) :
et justement sous l’eau (salée), des bêtes extraordinaires à voir ici et ici
• & d’autres bêtes “fantastiques” :
à lire là
et puis, de fil en aiguille, sur la même actualité, toujours à la radio, merci Annie Ernaux
• et à Radio Cave-Po cette semaine :
• bon, mais j’ai rien fait encore pour radio Cave-Po, au lieu de ça je fais des travaux forcés volontaires sur mon balcon…
j’ai quand même été à l’atelier, déballer et ranger par couleur les tiges de verre commandées cet hiver
& cette nuit, j’ai visité une exposition avec des boulots en verre qui m’ont beaucoup plu..!!!! je crois que je vais essayer de copier certains boulots de mes rêves..!
• et je ne range pas ma maison plus que d’habitude — plutôt moins, même…., mais j’ai commencé le ménage de printemps dans mon ordinateur..!
alors, parmi les images archivées, toujours Pour Lucky, d’Aurélien Delsaux
• et en ouvrant le pot de miel
• D’ailleurs, ce we, le coucher de soleil était rectangulaire
Heureusement qu’il y a Bonnard
Il y a souvent un addenda après un post, (ils sont rarement “définitifs”!)
Une “réponse” de Philippe Guerry après avoir lu la 1ère mouture mise en ligne de celui-ci, qui m’en bouche un coin! extra!!
Je ne connaissais pas les éditions Artulis. Lise Maurer qui a participé à l’ouvrage ci-dessous m’en a parlé aujourd’hui, et j’ai été voir sur le net…
Qu’un éditeur fasse à la fois de l’édition de bibliophilie pour les happy few et numérique pour tous, c’est déjà formidable!
Je vous engage à aller voir sur leur site!
Il y a aussi ces entretiens, en voilà 2 qui m’ont fait comme des cadeaux !
(et je vous renvoie aussi, sur le blog, à ce livre)
& puis, pour revenir à des choses moins belles, un message reçu :
et une photo vue sur un blog (E. Tourtet) avec un journal de confinement, ça fleurit en ce moment (j’espère qu’on va pas en retrouver plein les tables des libraires..!!)
• Mais pour ne pas finir là-dessus, un autre mail, qui fait plaisir, de C.T.
(et qui me donne envie de m’y remettre d’une façon ou d’une autre…)
et pour comprendre, le “départ” de ces 3 bonnes choses par jour…
c’est bien si ça fait yoyo et que me redonne envie de chercher une nouvelle forme pour dire les jours…!
• & on finit en apothéose, donc, par un chaud coucher de soleil de printemps froid (ça caille aujourd’hui!)
• & puis cette chose réjouissante, dans le genre, avec ce ridicule masque “télévision” :
• je repense à cette banderole en recevant ce message
(c’est plus compliqué de voter que d’applaudir…?)
et en attendant 20h que mon voisin mette (vraiment, il a du super matos) à fond la Marseillaise…
& puis aussi ce soir, c’est un concert de cloche… pour l’annonciation…
(attention aux postillons…)
Après Fra Angelico, la transition est un peu rude, mais….
(& si les gens n’ont “rien à faire” chez eux, est-ce qu’il va y avoir un regain de natalité à Noël pour compenser la mortalité?)
Bien sûr, il y a la formule de San Antonio (Bravo Docteur Béru), mais bon…
et cette phrase que j’adore sur la page de dédicace :
à laquelle je pense après avoir reçu d’une amie (allant se faire poser un cathéter pour une chimio) cette petite video :
• & demain, sur radio Cave Po
• un report annoncé avec une date, justement
• & reporté aussi, organisé par la Boutique d’écriture de Montpellier (membre du réseau PEC), la projection de ce film dont ces quelques extraits donnent envie de tout voir!!!
• et en attendant de retourner voir des films dans des salles et des expositions, ces peintures de Bonnard (à propos des “compositions avec appui” comme les nomme Didier Christophe qui a partagé une petite conférence) qui réjouissent le cœur et les yeux (dont certaines peintures que je n’avais jamais vues) !
& puis de la lumière, la circulation dans l’espace même bloqué, entre les plans, le dedans et le dehors, la à côté…
C’est bien en ces temps de confinement..!!
et puis voilà 15 fichiers son pour des exercices (sur une idée-involontaire-de Raphaëlle, qui m’avait envoyé les 2 premiers sons en me demandant si je trouvais ce que c’était !)
Pour chacun, écrivez un texte sur que vous entendez, ce à quoi ça vous fait penser, n’essayer pas de contrôler toutes vos pensées (car vous pensez…!)
(les poèmes de Cendrars ne sont pas là pour les chiens, je voudrais que vous forciez votre écriture « habituelle » dans ce sens… ça va bosser!!!)
(et normalement, ça devrait vous changer les idées confinées par ce virus)
si ça vous est possible, tapez moi vos textes
sinon enregistrez-les
sinon, ou en plus et si ça vaut le coup visuellement, faites-moi une photo de votre page
Les sons 1 & 2 proviennent de Raphaëlle, donc
Les sons 3 à 13 proviennent du site
Les sons 14 & 15 sont les sonneries (téléchargées) de réveil et d’appel de mon téléphone…. — — — — — — — — — — — — —— — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — —
1 — Uncle Meat :
“C’est le bruit que je fais lorsque je mange. ”
Sylviane : Imperceptible bruit de la vie Choses remuées pages tournées Ils traversent l’air pour déchirer Mon silence
L’un après l’autre Ils viendront décourager L’adversité
Sylvie : De l’eau On lave On récure Elle racle Elle respire la terre Son couteau racle la pierre, la terre qu’elle retourne avec l’eau La terre est traversée de petites rigoles qui dessinent des stries Je l’observe, elle prend la pelle-bêche elle coupe la terre et la fend son dessin est rigoureux et précis
Manée : J’entends des cochons qui mougent, verbe « mouger » premier groupe, dans la langue de mon enfance, patois disait- on… Des bruits qui laissent venir des odeurs l’odeur des pommes de terre cuisant à l’étouffée dans la chaudière d’une vieille locomotive à vapeur pour la pâtée des cochons
David : Je marche comme un zombie Au coté de choses hideuses Apparitions difformes Soufflantes et mugissantes En un rythme infernal L’humanité s’est perdue Le minotaure triomphant Est à nouveau dans la place Monde entier labyrinthe Aux recoins de folie Tu vas encore sombrer Dévorer tes enfants
Dominique :
2 —
Parasite cri au secours Quelqu’un vient les pas résonnent Fruit de mes rêves les meilleurs gagnent Pourquoi rester sur le chemin de halage Je prends les rênes Me conduire mieux que le pire des cochers Ils boivent c’est bien connu Alors je n’aurais pas de mal
Trinquons à la vie!
Par mauvais temps elle sort quand même Des bruits de botte sur le sentier humide Le son de ses bottes sur l’herbe gelée Le sol est doucement blanc Ça crisse, ça cri sur la boue
Raphaëlle :
Celui-là ose et il fait du bruit Avec ses pas dans les feuilles Tout est crissement Je l’entends Sans blague Je n’écoute pas correctement ? Allons donc Ceci n’est point un poème
Est ce bien raisonnable de passer déjà la faucheuse ?
Ça a coupé C’est sûr c’est foutu Seul mais y sont où les autres Contact plus de contact Seul dans la station Le vent dans les câbles Au son plaintif et lugubre Effrayé par moi-même Je pressens cette chose Les russes sont à 15 kilomètres C’est dangereux d’y aller Et si je reste là C’est fini pour moi
Dominique :
3 — (bol tibétain frappé)
Des amis sont revenus du Népal Ils m’ont ramené le cadeau promis Une vache qui répond par oui ou par non en remuant sa tête Une vraie vache habillée de tissus de coton coloré de pompons de broderies J’ai besoin d’une vache pour répondre à mes questions Car personne ne sait
Oui ! dit ma vache
Le son de la cloche claire, reste et dure longtemps
L’heure de la cloche a sonné ça m’fait penser Qu’c’est pas l’été Et pourtant Les bras ballants Je m’en vais Je vais Partir Au loin, là où vaches et brebis ne s’échappent pas.
Le bruit de l’enclume sonne clair jusque dans le lointain et s’éteint doucement dans le vallon
Y a quelque chose qui cloche Sommeil paradoxal Je sombre lentement Plumes duvet et cire fondue Je chute à l’envers Ça s’entend encore Alors que ça n’est plus
4 — (brouette sous la pluie)
Quelque chose en moi remue La machine est en route Tourner ! tourner ! les cellules s’entrechoquent Dans les cellules les prisonniers trinquent Laver les verres Lever les verres À bon entendeur salut
Je n’entends plus ce qui choque Le vacarme est éternel pour celui qui entend
La pluie tombe drue sur la véranda recouverte d’éverites Pour la première fois j’ai touché le son des gouttes de pluie en les effleurant avec mon pouce Un peu de pluie Des bruits de pas à côté Mécaniques Répétitifs et saccadés comme le cheval de fer à l’entrée en gare du Capitole Une machine trie les haricots secs et fait voler les cosses
Voilà qu’on entend plus Quand on est confiné Ce bruit des machines Ces bruits de la rue Ou de la presse Je ne sais Ou bien la pluie Et puis quoi ? Et ça n’en finit pas.
Lire de la poésie dans le bruit d’une bétonnière comme Maïakovski aimait à le faire dans le brouhaha de la grande roue
Pluie battante Sur les tôles du hangars Libère d’une sécheresse L’odeur de terre assoiffée Enfin mort le silence Aux promesses désertiques La toiture pleure et chiale Les gouttières en explosent
5 — (bulles soufflées avec une paille dans une baignoire)
Sortir du monde La tête sous l’eau le soleil me rattrape il est chaud Je lâche des cris qui deviennent bulles Les paroles ne se comprennent pas Lacher des bulles tout ce qui me reste Résister à l’intérieur expirer et lâcher prise
Le son glousse d’un ton humide De petites bulles m’éclaboussent le visage Je ris La baignoire se vide, des globurlesques sortent de la bonde affolées
F. a mis la tête sous l’eau Elle croit ainsi qu’elle verra l’univers Mais en fait elle bulle Fait des bulles Et ça bouillonne Et ça tourbillonne
M. annonce qu’elle est prête à plonger Malheureuse.
Il n’y a pas de fond Aïe ! Elle va se cogner Tant pis. ça glougloute, l’air est vicié Et je mets fin à ce poème à peine commencé.
Grenouille grenouille tu gargouilles gargouilles
L’enfant Met la tête sous l’eau Vide ses poumons Lentement Éprouve son souffle Puis recommence
6 — (clavier lent)
Qu’est-ce qui se cache dans cette dent creuse ? Au clair de la lune trois petits lapins qui mangent des prunes Un éléphant fait des ronds de jambe Attrape une prune Monsieur l’agent je ne voulais pas… Tout contrevenant est passible d’une amende La saison des amandes n’étant plus Nous sommes dans l’obligation de distribuer des prunes Au clair de la lune trois petits lapins n’ont plus les moyens
Clac, clac, clac-clac-clac Ses doigts trottinent Son écriture est hachée Elle recommence comme une romance Ses petits talons frappent la terre glacée j’écoute et j’écoute encore ce petit bruit qui crépite
Il veut faire croire qu’il coupe Non, le rythme n’y est pas. Tout décousu même. Tiens, une ampoule à mon pouce Pour avoir coupé les cheveux Les cheveux en 4 D’une sonorité mal placée.
Les trots d’ânes quand ils boitent d’une patte ressemblent à des percussions désaccordées
Comment écrire un roman fleuve Quand on tape avec deux doigts Même un haïku Ça mettrait des plombes On devrait indemniser Les handicapés du clavier
7 — (frottement de mains avec du gel hydroalcoolique)
Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine Toute peine mérite salaire Sale air mauvaise tête Quelques têtes d’ail font fuir le diable Mais le diable existe-t-il ?
Maintenant elle frotte Elle lave et elle frotte La porte s’entrouvre et je la découvre à genou au bord du lavoir – Le facteur Cheval
Poncer Pas trop Pas tant Sans papier En faisant croire Qu’un bel objet Est en phase de se faire Foutaise !
Grattage et ponçage sont les deux mamelles des travaux mais c’est comme au jardin semage et repiquage sont plus plaisants que bêchage
Un diable jaillit De sa boite à ressort Et se brosse les dents Avec force et vigueur
8 — (oiseaux de nuit avec rossignol)
Toujours un plus fort que l’autre La plainte éternelle moi moi moi toujours moi Le ricanement de la hyène Fait taire tous ces mécréants Jusqu’où aller ?
Bien sûr les moteurs sont à l’arrêt Je ne crains plus d’entendre le chant des oiseaux Ils n’en font qu’à leur tête Ils s’égosillent J’en ai plein les tympans ! Le printemps les ranime ils appellent les filles, c’est sûr Qu’est-ce que c’est que ce chahut ? Un cri strident Un cri de feu
Ah comme l’on se marre Nous, oiseaux nocturnes Faisons tintamarre Les chiens en ont marre Me voilà assourdie Par le chant de vie
Tiens la chouette s’est trompée d’heure et hulule sur fond de chants des mésanges et même les grillons s’en mêlent
Le vieil homme écoutait Et réécoutait sans cesse Ce son d’un autre âge Disparu révolu Le silence matinal Morne et poussiéreux Se colorait de vie La joie se nichait À nouveau dans l’oubli
9 — (crayon à papier sur une feuille)
Frotter pour faire disparaître une tâche Les poils de la brosse sont durs la tâche résiste Je frotte plus fort Pourquoi les tâches doivent-elles disparaître ?
Elle écrit comme un chien qui a couru J’entends son haleine, sa respiration forte Elle gomme, elle rature Elle va vite, elle est pressée, il est urgent qu’elle écrive
Allô Londres Je ne reçois plus
La main qui dessine Rature et rayure Abandonne toute pensée Enrage le papier Le monstre noir surgit D’un geste décidé
10 — (rouge-gorge)
Ne pas hésiter Il faut tout sortir Les trilles avec les notes Les paroles avec les pensées Le portefeuille avec le mouchoir Les mains de sous la table Le bébé dans la poussette Les secrets des tiroirs Les papiers du coffre
Attention aux fausses notes
Coup de sifflet dans la ville muette La partie est gagnée !
Oiseau tu chantais si bien qui t’a cloué le bec?
Dis donc l’oiseau Tu vas continuer longtemps À me casser les oreilles Est-ce que je viens moi Brailler à tue-tête Ferme-la un peu Écoute les avions Les autos et tondeuses Et tout le tremblement Écrase un peu Écoute la mécanique
11 — (petit ruisseau)
L’eau ne coule pas dans les villes Comme à la campagne On entend le bruit des cailloux Et la fraîcheur de l’air
L’eau ricoche et rigole C’est une coureuse Elle va et elle vient entre les rochers Le petit bras du né Le moulin à noix Les sifflets de sureau fabriqués par mon grand-père sur les berges Les fritillaires rose nacrées dans les prés inondés de la Charente – Février
Coule coule Roucoule Ma poule La houle Le foule La boule La moule C’est cool.
Il reste encore quelque part des eaux de ruisseaux aux reflets d’argent et truites qui les remontent vivement
Enfant dans un moulin Le bruissement de l’eau Sous le plancher de ma chambre Ça parle et dit des choses Dans la torpeur du sommeil L’eau sous mon lit Bavarde et fait sa vie Elle rempli la mienne D’histoires sans embrouilles
Il sera bientôt nuit Son cri grinçant me crispe et m’inquiète Le chat ne se réveille pas à ce cri de rapace
ça pourrait être un oiseau Mais c’est un ronflement ajusté Qui ne permet ni de s’endormir Ni de réfléchir Tout juste d’imaginer La nuit étoilée
Tout le monde peut adoucir sa voix même une scie sauteuse
L’oiseau se signale Bien tard dans la nuit Accompagne l’insomnie Nuit blanche nuit noire Comme le plumage des rôdeuses Accrochées aux voliges Des granges éventrées
13 — (grillon l’été)
Chaque treizième coup de minuit Les pendules sont remises à l’heure Il manque une heure à chaque fois Au bout de combien de jours n’y a-t’il plus d’heure
Je donne ma langue au chat
Un autre cri lui répond, plus gai Appel La chaleur est accablante comme dans les romans italiens
L’été 76, il fit tellement chaud que j’entendis une cigale comme celle-ci chanter près d’un sapin (oui en Corrèze)
Le vieil homme arrêta Le son des oiseaux Et se remit un peu Celui du grillon Ça aussi disparut Les odeurs de l’enfance Lui piquèrent le nez L’ancêtre éprouva L’envie de rejouer
14 — (loriot)
Il suffit d’avancer résolument pour parvenir à son but
Ce cri est celui d’un amoureux qui se met en quatre Il n’a pas peur, il veut la séduire La réduire Pour quel mal ?
V’la l’printemps On est bien contents On s’en fou On est chez les fous Y a Macron qui, enfermant les hommes, A libéré les chants
Et maintenant l’oiseau qui t’a blessé ?
Les oiseaux sont étranges Bavards et connectés Shootés de liberté Et nous pauvres rampants Lourdingues à en crever Prenons-en de la graine Observons-les un peu
15 — (hiboux petit duc)
Le réveil matin et l’endort soir L’entonnoir sur la tête du fou le fait passer pour un oiseau moqueur Tout le monde rit Seul le fou pense J’amuse la galerie de ces biens pensants Malgré eux la folie gagne L’entonnoir accepte plus qu’il ne peut donner Les égouts se déversent dans de belles rivières La mer est sale Elle baigne tous les rivages Endors toi oiseau moqueur L’entonnoir n’a pas de filtre
Appel Signal d’alarme Sirène près de l’étang à crapaud Nom d’un chien ! Le train est déjà parti
Hibou sur le vieux tronc Veille sur ton pays Mousses roches et vielles branches Bâtisses abandonnées Ton appel nous soulage Insomniaques inquiets Si tu es encore là Il nous reste de l’espoir
• & après avoir entendu et vu brouter Uncle Meat, une video où on entend Raphaëlle parler de son travail :
• & dans un mail de Manée, accompagnant ses “devoirs” : PS: à propos des mésanges, je retrouve un extrait d’une lettre de Rosa Luxemburg à Sonia Liebknecht du 2 mai 1917 : « Je me sens plus chez moi dans un petit bout de jardin entourée de bourdons et de brins d’herbe que dans un congrès du Parti. A vous je peux bien dire cela tranquillement : vous n’irez pas me soupçonner de trahir le socialisme. Vous savez bien qu’au bout du compte du compte, j’espère mourir à mon poste : dans un combat de rue ou au pénitencier. Mais mon moi le plus profond appartient plus à mes mésanges charbonnières qu’aux camarades. »
• & les sons, à Cuba ?
Dominique et Jeanne sont (encore?) à Cuba et nous envoient ces photos : “Hello, ici on a internet de temps en temps, on est encore relativement préservées, mais difficile de trouver du temps pour l’atelier…on en prend plein les yeux et on fait le plein de sourires en attendant de rentrer…le plus tard sera le mieux! Prenez soin de vous et faites de beaux rêves…”
& un autre mail reçu en même temps :
en attendant, comme le suggérait Leslie à la fin de l’atelier n°24, je vous envoie des « devoirs facultatifs » avant l’atelier du mardi !
C’est pas une punition, alors faites-le si vous en avez envie et le temps, et avec le sourire, car ça peut être top et ça peut faire du soleil dans les nuages du confinement…
• Leslie m’a écrit hier lundi : Essky ya un Natelier ce soir ? (J’ai pas fait mes devoirs madame j’étais malade) (je suis la seule qui a la grippe dans le covid intersidéral)
Alors oui, ça y est je confonds les jours. Pourtant c’est pas très différent pour moi (hors tournée…) Je me suis mis mardi en tête et après c’était foutu. A demain Leslie
• Manée me dit que c’est en train … “mais en attendant je t’envoie une lettre dans la lettre ( sache d’ailleurs que j’en ai aussi commencé plusieurs que vous allez recevoir; je prends mon temps-puisque le temps de cet étrange confinement, qui à la fois s’étire et se précipite, va durer- et je me disperse avec plaisir et vertige entre jardin, rangements et lectures ); bref voici une lettre de Erri de Luca adressée à Nicoletta Dosio, enseignante de latin et de grec condamnée à un an de prison pour s’être opposée à la construction du tunnel du Val di Suza et emprisonnée depuis trois mois à Turin. C’est aussi curieusement, avec le chant de la mésange, un écho aux sons que tu nous a envoyés pour l’atelier 25.
PS: Et à propos des mésanges, je retrouve un extrait d’une lettre de Rosa à Sonia Liebknecht du 2 mai 1917 : « Je me sens plus chez moi dans un petit bout de jardin entourée de bourdons et de brins d’herbe que dans un congrès du Parti. A vous je peux bien dire cela tranquillement : vous n’irez pas me soupçonner de trahir le socialisme. Vous savez bien qu’au bout du compte du compte, j’espère mourir à mon poste: dans un combat de rue ou au pénitencier. Mais mon moi le plus profond appartient plus à mes mésanges charbonnières qu’aux camarades. »
• En recevant un mail de pub des éditions Parenthèses, je fais un lien d’épistolerie :
• Sylviane est la seule a avoir répondu aux consignes :
Elle a écrit une lettre à Agnès et me l’a envoyée (ainsi qu’à Agnès, à qui ça a fait chaud au cœur) en fichier son.
(J’ai exploré différentes appli de retranscription pour obtenir un fichier texte… Ça aide, mais faut revenir dessus, et quid de la ponctuation !
Celle-ci (et les fautes d’orthographe et d’accords) est de mon fait, en écoutant l’enregistrement…)
Chère Agnès Ce sont nos rencontres à l’atelier d’écriture les mardis dont j’ai la nostalgie. Ne crois pas que c’est pour les écrits que je produis. Certes j’aime m’acquitter de nos consignes et partager les mots que j’ai soigneusement alignés. Je m’efforce d’agiter ma plus belle plume, avec un peu de vanité; j’ai eu mes belles heures, mes beaux jours… Je ne sais pas expliquer ce que produit sur moi le glissement du stylo ou du crayon sur la feuille. Aujourd’hui, j’ai décidé de commencer un grand ménage dans ma maison. Le printemps est là, c’est donc le ménage de printemps. Et il ne font rien oublier : le réfrigérateur, faire le tri dans les placards, laver les rideaux, …et faire les vitres, sinon les rideaux n’auront l’air de rien. Ce soir, j’ai fait cuire des poireaux dans une grande marmite d’eau salée. Quel régal..! Les poireaux chauds en vinaigrette et le bouillon agrémenté de quelques vermicelles italiens. Les poireaux sont le ménage de printemps des intestins et on peut le faire en toute saison. Le temps est doux, il fait soleil, nous n’avons presque plus de chauffage. J’espère que tu te plais à Tulle ces jours-ci. Avec le confinement, il n’y a plus de circulation, ni des véhicule, ni des personnes. La dernière fois où nous nous sommes vues, tu m’as dit envier l’endroit où j’habite. Aujourd’hui, c’est toi qui a l’avantage d’être dans une ville aux allures de campagne ; certes provisoire..! Est-ce que tu écris pour toi ces temps-ci ? Comment passes-tu le temps dehors de ton travail ? Si tu ne travailles pas, cela ne doit pas être facile non plus de passer le temps. Je te quitte; je veux garder du temps pour lire ce soir et il est un peu tard. C’est la première fois de ma vie que je vais me coucher sans avoir vu personne depuis 4 jours ! Bien affectueusement à toi. Et bonne santé. Sylviane
& puis, pour poursuivre le ménage de printemps, Jeanne range des livres chez sa mère et retrouve des merveilles, dont ce livre sur les affiches polonaises de mise en garde au travail :
En haut à gauche, affiche Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski
Milieu : Papa, fais attention
(Andrzej Kowalewski)
En dessous, page de gauche :
Ce n’est pas comme ça qu’on fait le plein.
Droite :
– Tu as choisi le mauvais cheval
– Tu bois tout ton gain
– L’alcool au travail/ mauvais travail
En haut à gauche : Vérifie (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)
À droite : Arrête — les doigts ne repoussent pas — presse la viande avec le poussoir
En bas à gauche : Les étourdis — épouvantails des chauffeurs
À droite : – la mort sera plus rapide (Roman Ciéslewicz)
– N’aveugle pas – Piétons, attention
En haut à gauche : Ne pense pas à autre chose
À droite : Aie l’esprit au travail (Stanislaw Zagórski)
En bas à gauche :
– un petit verre augmente les risques d’accident au travail (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)
– entrée interdite aux personnes étrangères au travail
À droite : après l’eau-de-vie — avant l’accident (Waldemar Swierzy) En haut à gauche :
– Ne risque pas
– ne descends que comme ça
À droite milieu :
par ici le passage est plus sûr
Milieu : pas besoin de légende…
(Waldemar Swierzy)
En bas à gauche :
protège tes mains (Maciej Urbaniec)
En haut à gauche :
– Ne tend pas de pièges aux autres – Protège ta santé
À droite : Ne fais pas de bruit inutilement (Maciej Urbaniec)
En bas à gauche : Ne fais pas de bruit (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)
À droite : Le bruit est l’ennemi de la santé
En haut à gauche : une mauvaise chaussure blesse (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)
À droite : Ne blesse ni tes mains ni les boulons – abandonne les vains espoirs (!!)
En bas à gauche :
– le coût de l’inattention
– la négligence peut vous coûter cher
– un fusible supplémentaire protègera l’installation électrique
À droite : Ne touche pas à l’installation électrique si elle est endommagée (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)
En haut à gauche : On en fume une ? À droite :
– il voulait nettoyer ses vêtements à l’essence (Roman Ciéslewicz)
– ça a commencé par un mégot
Milieu : attention bête dangereuse (Maciej Urbaniec)
En bas à gauche :
Ne néglige pas tes égratignures
À droite :
Avec une mains comme ça, tu ne gagneras rien (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)
En haut à gauche : Fini le jeu sur la chaussée
À droite : une bouteille d’oxygène, c’est comme un bébé (Stanislaw Zagórski)
En bas à gauche : Respecte les normes de charge à porter (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)
À droite : Ne transporte pas plus que ne le prévoient les normes
– Danger de mort pour celui qui transporte des charges au-dessus de ses forces. Fais-toi examiner. Va voir le médecin (Roman Ciéslewicz) En haut à gauche :
L’essence empoisonne ton sang
À droite :
Évite les décharges. Observe les dates de révision de ton matériel
Milieu : Ton ennemi
En bas à gauche, à gauche :
– Maintenant tu peux nettoyer
En bas à droite :
Une burette appropriée pour chaque recoin (Waldemar Swierzy)
À gauche : Veille à la culture au lieu de travail (Wladislaw Przystanski-Zdzislaw Osakowski)
À droite : Moi je n’attends pas pour faire de l’ordre dans mon atelier. Fais de même (Waldemar Swierzy)
Beau, non ?! (& comme quoi le travail est dangereux..!)
Des échos dans ma bibliothèque :
et un message hier de Christine, qui confine par moment sur instagram : bon ben, va falloir aussi ranger mon atelier pour aller y bosser (sans danger et sans oublier d’être libre malgré le confinement..!) et ranger la bibli pour retrouver des trésors..!!
Pour finir, une photo envoyée par Manée, qui conjugue affiche (une repro de Delaunay?), fleurs, céramique ,et impression textile… (au boulot….!)
• Lundi, tout s’accélère, (pour se ralentir…)
Des formulations laissent pantois.e.
Lundi matin, aussi, ce texte dans lundi matin…
et chacun se fait un peu de soleil qui circule dans les messages…
Mettre à profit ce temps de confinement obligatoire pour travailler..!
avec Jean-Pierre, par ex., qui s’est occupé des oreilles ce we, “avec des légendes parce qu’il y a des mots pour tout”
“tu sais comme c’est compliqué de dessiner ou de peindre une oreille ?
un bourrelet devient un creux, l’extérieur passe à l’intérieur, ce qui distingue deux régions s’estompe, on ne sait jamais où les formes commencent et où elles s’arrêtent
c’est un vrai problème pour quelqu’un comme moi qui ne sait pas faire le modelé, mes oreilles font souvent n’importe quoi…”
je lui réponds, et lui envoie le livre extra de Joël Baqué (qui vient de ressortir chez POL) La mer c’est rien du tout (on avait travaillé à partir d’extraits dans un atelier d’écriture)
accompagné de la carte de vœux 2019 de la Cave-Poésie, avec un texte d’Emanuel Campo
et par rapport à l’auriculothérapie, on peut parler à un organe directement, d’autant qu’on a les doigts dans les oreilles…!!! • mardi,
cette annonce d’un fonctionnement dé-confiné pour les oreilles (et la tête) à la cave poésie, chouette, c’est là, et ça donne envie d’y participer ! (à suivre…)
& on reçoit un max de mails de différents sites, sociétés, etc. pour nous informer de leur nouveau fonctionnement, tous un peu pareil…
En voilà un qui m’a fait rire (c’est eux qui vendent les “néons” flexibles!)
• & puis mercredi, dans la boîte :
ça faisait juste plusieurs mois que je l’attendais…
… depuis avoir travaillé pour ce projet au mois de juillet, en écrivant dans des magasins parisiens de tous les arrondissements et banlieues…
… depuis avoir repris la maquette pour mon texte, pour que ce soit plus lisible…
… depuis avoir attendu d’être payée à la saint glinglin…
… depuis être sans nouvelle depuis des mois…
en voici des extraits de mon texte, avant version pour l’édition, en ces temps de rues vides :
• & puis, c’est le printemps, qui s’en fout du confinement :
Des extraits de
Aujourd’hui, ça commence par un mail : Bonjour!! bon alors, l’atelier d’écriture aura lieu chez vous! je vous propose de garder les mêmes horaires je vous envoie donc les consignes à 18h30…! A ce soir et des bises de plusieurs centaines de kilomètres de distance fabienne
et des réponses :
atelier 24, mardi 17 mars, chacun.e chez soi Encore une nouvelle expérimentation pour ce nouvel atelier
(photo Xavier Pinon) (sans trucage ni machine..!)
(photo Raphaëlle, donc..!)
1 — l’équilibre de la chute.
Vous vous promenez dans les bois, le loup n’y est pas. Mais certains arbres jouent à ne pas tomber.
Faites 2 textes, un pour chaque photo. (vous avez 20 mn X 2)
Pour chacun, une description « de la réalité » et une description onirique. Pensez à la chute (du texte).
pensez au style, essayer qu’il suive vos descriptions, que les idées et le style marchent ensemble si possible
Sylvie :
Une forêt, dans une forêt une clairière, un peu de soleil filtre au travers des branches.
Le feuillage est plus dense et plus vert sur la partie basse de la végétation. L’arrière plan est flou, ou carrément la photo est floue.
En avant et au centre de la photo, comme sur-ajouté au premier plan, un petit tronc flotte, il est coupé de sa base. Il est net. Le cadrage coupe le tronc sur la partie supérieure. Le tronc est un jeune tronc, avec sur le côté droit comme le départ d’une toute petite branche, frêle et pointue, qui la fait ressembler à une épine.
J’ai comme l’impression qu’il se passe quelque chose d’inhabituel, le soleil et la chaleur ont ramolli la forêt et maintenant mes lunettes double foyer me font percevoir une drôle de chose : de mon œil gauche je vois un paysage flou, et de mon œil droit je vois un demi tronc bien net.
Son épine est comme un clou où je pourrai accrocher mon manteau.
Leslie : La coupure est nette. C’est la trace d’un outil motorisé piloté d’une main décidée. L’arbre est suspendu, probablement provisoirement, je ne pense pas qu’on puisse laisser un arbre comme ça, légalement. Il n’a plus d’attache au sol, il flotte en l’air, il lui manque le bas. En haut, tout va bien, ses voisins de futaie le tiennent dans les nœuds de branchages qu’ils avaient poussé ensemble depuis plusieurs années. L’arbre sans attache au sol a l’air jeune. Il avait déjà été taillé. Quand même son écorce est ridée, mais je ne connais pas suffisamment bien les arbres pour savoir si ça veut dire quelque chose.
Ça se voit que ce n’est pas un castor qui a fait ça. On a envie de s’y mettre, en-dessous, là où est le vide, on n’y croit même pas que ça tienne. Imagine un arbre, et ensuite, imagine qu’à la hauteur de tes yeux ton regard en passant l’a découpé, pour que tu remplaces ce qui avant le reliait à la souche. Imagine la taille des racines en dessous, moi je les sens qui tendent tout entières vers la reconnexion, il y a quoi, un mètre cinquante, c’est fort les racines, tu sens que la sève pousse vers le contact. C’est pile ta taille ce qui manque. Si tu t’y mets tu dois porter mais tu sauras ce que ça fait d’être un arbre, jusqu’à ce que la sève t’enveloppe, à la façon qu’ont les arbres de cicatriser, en traversant tout.
Leslie
Difficile d’interpréter la scène. On dirait quand même que quelqu’un est passé, a fait n’importe quoi et est parti. Mais c’est sûrement pas ça. Avant ça devait être un petit bouquet de troncs, et maintenant c’est un petit bouquet de troncs, mais deux d’entre eux ont été encouragés à se désolidariser de leur souche en tombant vers le côté, sciés nets mais ça tient encore, parce que c’est posé contre, vers l’extérieur. Un autre juste devant, il a plus de souche mais il repose sur les autres, on dirait qu’il est même pas là. Ceux qui ont l’air d’avoir été choisis pour rester là sont épluchés, ça nous fait un mélange de mousse, d’écorce et de bois à vif, avec des trous à travers lesquels on voit la forêt et le ciel. Ca ressemble plus au pied d’un vieux champignon qu’à un arbre, avec deux bras de la victoire.
Lui, avec ses deux bras articulés, et son air de victoire, il sait pas ce qui l’attend, c’est beau, et c’est triste évidemment. Ce petit moignon qui dépasse, et lui fait un nez, comment il est arrivé là ? Ce trou de ciel entre les troncs, c’est un œil, évidemment, et tout entier le multi-arbre condamné regarde à droite, vers le futur, un futur où ses bras vont inévitablement se détacher avec toutes les tempêtes et les gens qui ont besoin de bois pour leurs cheminées. Il dit « halte-là » avec son œil et ses bras, et ça ne le protègera de rien, il a sûrement déjà disparu maintenant. Ca ne fait rien car je ne me crois pas capable de l’oublier, même si dans la cheminée peu de chances que je reconnaisse les bras d’un monsieur multiarbre défiant et innocent qui m’avait ému.
Sylvie :
Dans un bois, en lisière d’un champ, quelques conifères en mauvais état. Au centre les troncs enchevêtrés forment une composition en V. Les troncs de droite et de gauche forment le V, pour cela ils ont été coupés à leur base et orientés dans des directions opposées. Ceux du milieu semblent écorcés, leur matière et leur couleur ocre les différencient : ils sont installés à la verticale, les uns contre les autres, au milieu du V.
V. En bûcheron maladroit, il a dévasté un petit bosquet
Arbre écorcé
Arbre à mousse
V est près de la lisière
Une pâle lumière horizontal
2 —
Collez (par l’imagination) votre oreille contre un de ces arbres en photo et écoutez-le :
Transcrivez le message
Pensez au style de votre transcription (15 mn)
Sylvie : Le petit tronc : Trutt psitt psitt grrr pff trutt psitt, hep, hep… mais qui me tient en l’air comme ça ? Je suis suspendu à un fil ! Mais qui m’a attaché ? J’arrête pas de tourner sur moi-même ! Grrr, psitt, trutt, psitt… De quoi j’ai l’air ? Une toupie dans le vide ! Ce fil n’est pas bien gros, on devrait bien arrivé à le couper… Un petit fil de laine rouge… Grrr, psitt, trutt, grrr, psitt… Épépé, je suis dans le vide ! Hep…
Leslie :
Je n’étais pas trop jeune pour le job, Mauvaises langues. Tenir Tiens
Voyez mes peintures de combat Et les sept bois dont je suis fait La forêt m’a donné une parure de cheveux Pour les yeux des intrus
Je triomphe surplombe les décombres laissés par la bataille Que j’ai tout seul menée Que rien de bouge et ça ira
Et si mes articulations sont à deux doigts de céder Pour l’instant ça tient Mauvaises langues
3 — Extrait de La Rage de l’expression – Le carnet du bois de pin — Francis Ponge (gall.) :
Reprenez la chute de vos 2 premiers textes
Repartez de ces phrases pour faire un nouveau texte
Sylvie : Le tronc est un jeune tronc, avec sur le côté droit comme le départ d’une jeune branche, frêle et pointue qui la fait ressembler à une épine. Son épine est comme un clou où je pourrais accrocher mon manteau. Quelle drôle d’idée d’accrocher son manteau, dans une forêt, à l’épine d’un arbre ? Cette idée d’épine me poursuit tout comme l’idée du clou. L’épine est, ma foi, pas si grande que ça, elle n’est peut-être pas si dangereuse ? Les arbres ont des épines pour se défendre, ils sont fragiles, et il faut bien qu’ils se protègent un peu. Certains ont imaginé cette solution contre les prédateurs. Le févier d’Amérique a même de petites touffes d’épines sur son tronc qui ressemblent à des oursins. On l’appelle parfois épine du christ. Çà ne donne pas du tout envie de grimper aux arbres tout ça ! De fil en aiguille, de l’épine au clou, de l’épine de la couronne du Christ au clou de la crucifixion, je me perds. Du fil à l’aiguille, de l’épine au clou, du clou au manteau, le manteau rouge de la résurrection, il me revient en mémoire ce retable de Colmar où l’on voit le Christ flotté dans les airs, au-dessus du tombeau vide enveloppé du manteau rouge qui le touche à peine.
Leslie :
J’ai écrit ceci : « Quand même son écorce est ridée, mais je ne connais pas suffisamment bien les arbres pour savoir si ça veut dire quelque chose. » Je m’appliquais à décrire la réalité. J’ai écrit aussi que je ne pouvais pas.
Ici un arbre, là autre chose : être objective.
J’enfile mon déguisement de garde-forestière, mise en situation, confiance : chapeau large bords, bottes, ridicule ! Je ne sais même pas comment s’habille l’ONF. Qui suis-je pour parler d’un arbre ? Et quand je parle de lui, je parle de la peau des vieux et des vieilles, de nous les humains, comme si ça l’honorait, l’arbre, qu’on le compare à un vieux. Vieille déformation, oui, humanocentrisme, bêtise.
Mais bon, je ne parle pas arbre. RIDICULE ! Les arbres ne parlent pas.
Ils font sûrement des trucs qu’on ne comprend pas, et nous – quand on parle – ils pensent (RIDICULE ! Ils ne pensent pas, ils exhalent divinement le message transcient et permanent qui les relie) qu’on fait KRRR KRRR KRRR en criant trop de mots qui ne veulent rien dire et qu’on parle sans savoir, en parlant de leurs belles peaux ridées et en SE SERVANT D’EUX pour justifier qu’on est « encore belle » à deux cents ans comme grand-mère feuillage dans Pocahontas.
Tous ces gens qui me regardent parler d’un arbre.
C’est insultant pour eux et pour l’arbre.
Personne pour décrire la forêt vraiment, tu dois expliquer à quelqu’un qui n’a jamais vu un arbre, tu fais comment ? T’as jamais vu d’arbre, tu connais pas les feuilles non plus, ni le bois, ni la sève, ton monde c’est pas le même à la base. Il y a pas de forêt, tu respires pas, comment t’expliques ?
Quand je parle onirique je dis : « si tu t’y mets tu dois porter mais tu sauras ce que ça fait d’être un arbre, jusqu’à ce que la sève t’enveloppe, à la façon qu’ont les arbres de cicatriser, en traversant tout »
C’est beaucoup plus réaliste.
4 — Extraits de La fabrique du pré de Francis Ponge (Skyra)
Reprenez tous les éléments écrits ce soir pour refaire 1 texte (nouveau) pour chaque photo, comme si vous « creusiez » le sujet et l’écriture.
Raphaëlle m’envoie un message avant que je reçoive sont texte :
Leslie :
Il lui manque le bas Il lui manquerait le bas, si c’était un homme. Là c’est seulement la photo d’un arbre. Avec un tronçon manquant (tronçonné), remplacé par le petit sapin de second plan. J’ai la sensation qu’il bouge, ce premier plan d’écorce, nimbé de flou, et je la sens dans mon ventre, l’absence. Je n’ai pas l’impression que l’arbre va tomber. Son membre fantôme, membre d’arbre, membre d’un seul membre, résonne trop fort, et c’est l’image qui fait ça, avec son net et son flou. Même quand j’imagine que c’est une mise en scène, que tu tiens une bûche dans la forêt, ça marche pas, je sens toujours la vibration dans la photo.
Il y a quelques années j’ai acheté une tomate dans un supermarché pas du tout éco-responsable, parce qu’elle avait des yeux et une bouche, dessinés sur sa peau de tomate sans goût par les chocs successifs ou simultanés. Avec mon amoureux de l’époque on disait que c’était notre enfant et on a commencé à ne plus pouvoir la manger. Elle était dans le frigo pour ne pas pourrir. En y repensant c’est vraiment bizarre et triste comme comportement, mais ça reste, un sentiment très fort envers les choses qui ont des visages, qui ont l’air de passer un message, de dire « ne me détruis pas, s’il te plaît ». C’est seulement une résonance inconnue avec ce quelque chose de triste chez moi qui refuse de ne pas s’attacher à l’inanimé. L’histoire de cet arbre, de cet enfant-arbre de la forêt, sacrifié et ridicule dans sa volonté de faire barrage, alors que le temps étire son visage vers le haut et que nous lui enlèverons les bras, je sais que c’est inutile.
Sylvie :
Le tronc est un jeune tronc, avec sur le côté droit comme le départ d’une jeune branche, frêle et pointue qui la fait ressembler à une épine. Son épine est comme un clou où je pourrais accrocher mon manteau. Quelle drôle d’idée d’accrocher son manteau, dans une forêt, à l’épine d’un arbre ? Cette idée d’épine me poursuit tout comme l’idée du clou. L’épine est, ma foi, pas si grande que ça, elle n’est peut-être pas si dangereuse ? Les arbres ont des épines pour se défendre, ils sont fragiles, et il faut bien qu’ils se protègent un peu. Certains ont imaginé cette solution contre les prédateurs. Le févier d’Amérique a même de petites touffes d’épines sur son tronc qui ressemblent à des oursins. On l’appelle parfois épine du christ. Çà ne donne pas du tout envie de grimper aux arbres tout ça ! De fil en aiguille, de l’épine au clou, de l’épine de la couronne du Christ au clou de la crucifixion, je me perds. Du fil à l’aiguille, de l’épine au clou, du clou au manteau, le manteau rouge de la résurrection ; il me revient en mémoire ce retable de Colmar où l’on voit le Christ flotté dans les airs, au-dessus du tombeau vide enveloppé du manteau rouge qui le touche à peine. J’ai l’impression qu’il se passe quelque chose d’inhabituel. Dans la forêt les branches enchevêtrées laissent filtrer un peu de lumière. Un petit tronc flotte, il est coupé à sa base. Le tronc a une jeune pousse au côté droit, un jeune rameau, ou une épine, je ne sais pas bien. Il flotte mais nul manteau ne l’enveloppe.