atelier d’écriture du jeudi – N° 14

Date : 11 mars 2021

Atelier 14 – jeudi 11 mars 2021
Cette année le Printemps des poètes a pour thème le DÉSIR.

Quelle profonde inquiétude, quel désir d’autre chose,
Autre chose qu’un pays, qu’un moment, qu’une vie,
Quel désir, peut-être d’autres états d’âme…

S’exclamait Fernando Pessoa sous le masque d’Álvaro de Campos.

En portugais aussi, le désir nous relie aux étoiles.
Desiderare signifie en latin « cesser de contempler les astres ».
Comme un ciel étincelant d’absences. Une aimantation vitale. Un souhait ancestral, jamais élucidé, jamais rassasié, jamais exaucé.
Entre le pur et l’impur, le désir ne cesse d’osciller. Et c’est bien pourquoi le sujet y a sa part, lui, qui ne cherche qu’à trouver la place de son désir.

Jacques-Alain Miller (psychanalyste)
Le désir ne relève pas de la nature : il tient au langage. C’est un fait de culture, ou plus exactement un effet du symbolique. Le désir n’est concevable que chez les êtres parlants. On peut l’expliquer comme ceci. Dans l’espèce humaine, le petit ne peut seul satisfaire ses besoins les plus élémentaires, il doit en passer par un Autre, majuscule, capable de les satisfaire, et pour ce faire parler son langage, lui adresser une demande. Tout découle de là. Cet appel fait de l’Autre un objet d’amour. Simultanément, la transposition du besoin en demande produit un décalage : c’est là que se loge le désir. Il court sous tout ce qui se dit, y compris dans vos rêves, sans pouvoir être dit en clair. C’est pourquoi il donne matière à interprétation.
Le désir n’est pas coordonné à un objet naturel ou social. Son objet ne se trouve pas dans la réalité commune, mais dans le fantasme individuel. Comme tel, ce n’est pas un objet dont on a besoin, et on ne peut l’obtenir par la demande. C’est plutôt un objet qui, si je puis dire, vous coupe le sifflet.
Le désir n’a pas à proprement parler d’objet. Le désir est défini – c’est une citation – comme « métonymie du manque à être ». […] C’est pourquoi Lacan avait fixé cette image du Saint Jean de Léonard, souvent commentée, le doigt levé vers toujours ailleurs.

1 —

En prenant pour point de départ le poème de René Daumal, et traitant de votre désir de…, faites-moi une liste “qui se mord la queue”…

Clara :

 

 

David :

 

 

Isabelle :

 

 

Sylvain :

 

 

Martine :

 

 

Dominique :

 

 

Marie-Jo :

 

 

Manée :
de la distance et du désir …

Je m’approche
tu me fuis
tu t’approches
je m’éloigne
tout près
trop près
trop longtemps
plus rien
mais trop loin
trop longtemps
plus rien.

 

2 —

En prenant pour modèle le poème de Yannis Ritsos, développez votre texte 1 en poème

Marie-Jo :

 

 

David :

 

 

Clara :

 

 

Martine :

 

 

Dominique :

 

 

Manée :
Désirer ou ne pas désirer

Désirer pour s’accrocher aux étoiles,
escalader l’impossible,
Ne pas désirer pour ne pas s’accrocher
ne pas s’arrimer,
Désirer pour sentir le sang battre dans
ses tempes et partout
Désirer pour embrasser le monde
et les êtres et les arbres
les pierres et les fleurs
les libellules au dessus de l’eau,
Ne pas désirer pour essayer
le goût de la mort
et du renoncement,
Désirer, désirer
tant qu’il est temps,
narguer la bonne distance…

 

3 —

à partir du poème de Florentine Rey et de la citation de Fernando Pessoa, faites un petit texte en 6 développements qui se suivent et s’enchainent

Sylvain :

 

 

Marie-Jo :

 

 

Isabelle :

 

 

David :

 

 

Dominique :

 

 

Clara :

 

 

Manée :
L’histoire a commencé
par un fracas solitaire
une odeur âpre d’enfance mouillée

Des chemins indécis
qui ramenaient toujours
aux mêmes portes

Des parcelles de seigles bleus
et des lointains fuyants

L’histoire a commencé
par des départs- retours
des allées de hêtres

Des vents qui portaient l’ailleurs
et l’absence de la mer

Des lignes Maginot
et le pas suspendu de la cigogne.

 

4 —

à partir de la présentation en haut de page, Saint Jean-Baptiste (tableau de Leonard de Vinci) vous nargue, le désir vous renvoie aux étoiles, ça vous coupe le sifflet…
& votre désir…, dans tout ça ?
En suivant le modèle du poème de Charles Juliet

Martine :

 

 

Marie-Jo :

Aimer pour répondre à mon égo insatisfait
Aimer pour verbaliser mes sentiments apprendre à les domestiquer
Aimer pour ne pas être seule
Aimer pour oublier qu’on ne m’a pas toujours aimée
Aimer pour vivre mieux dans un monde meilleur
Aimer pour remercier la vie
Aimer pour conquérir l’inattendu l’inespéré
Aimer pour vivre mes rêves
Aimer pour tuer les croyances et les liens qui nous entravent
Aimer les différences, mes peurs les planètes inconnues, mes ennemis.
Aimer pour rompre les chaines qui nous emprisonnent
Aimer pour quitter ma vie étriquée
Aimer pour me sentir aimée
Aimer pour découvrir un corps, pour le rejoindre dans l’intemporel, pour découvrir son moi intime et peut être ainsi pour construire un nous sans borne.
Aimer pour oublier que je ne m’aime pas.
Aimer pour ne pas sombrer
Aimer pour ne pas mourir.

Clara :

Croire pour briller

Croire pour se découvrir.
Croire pour se définir.
Croire pour être sincère.

Croire pour avoir confiance, en soi, en l’autre, en l’avenir.
Croire pour avoir un but.
Croire pour garder le cap.

Croire pour imaginer, parcourir, explorer sans privation.
Croire pour comprendre mieux
Et mieux écouter l’autre.
Croire pour aider.

Croire pour approcher l’espoir,
Pour accrocher la joie.
Croire pour garder dans la vie
Une forme de gratitude.

Croire pour s’autoriser l’insouciance.
Croire pour s’autoriser le doute.
Croire pour accepter la solitude et le repos.

Croire pour être toujours plus déterminée et audacieuse.
Croire pour vibrer.
Croire pour danser.
Croire pour s’émouvoir.

Croire pour s’essayer au vertige du risque.
Croire pour se donner le droit d’être autre, inconnue ou différente.
Croire pour se réinventer.
Croire pour apprendre à être égoïste.

Croire pour pardonner à la folie humaine
Et aux passions déchirantes.
Croire pour apprivoiser et pour compatir.
Croire pour pallier à l’absurdité.

Croire avec ivresse.
Croire sans raison.
Croire pour se nourrir de la rencontre
Et ne plus craindre l’abnégation.

Croire pour avancer.
Croire pour s’investir.
Croire pour soulever des questions
Et en accueillir les réponses.

Croire pour tenir face au drame.
Croire pour lutter dans la sororité.
Croire pour construire des jours meilleurs.

Croire pour secourir son corps
Comme un ami, un refuge, un phare dans l’errance.

Croire pour se sentir forte et vivante.
Croire pour briser les carcans
Qui obstruent nos en-dedans.
Croire pour être libre
Et lumineuse.

Sylvain :

Manée :
Un tas de folies
une odeur de folie
des couleurs de folies
disons peut être
deux cents à trois cents
brins de folies
des folies seule
ou à deux ou trois
ou beaucoup plus
des folies ordinaires
extraordinaires
permises
interdites
une folie particulière
des folies dangereuses
des folies superbes
deux folies jumelles
des folies connues
et d’autres pas du tout
des petites folies
et des grandes
des folies brèves
et d’autres interminables
des folies à vie…

Isabelle :
Partir sans faire de bruit
Partir pour un autre monde
Partir pour une autre planète
Partir pour ne pas souffrir de l’absence de l’autre Partir pour découvrir d’autres pays
Partir sans laisser de traces
Partir sans laisser d’adresse
Partir dans le vague à l’âme
Partir pour se chercher se retrouver
Partir à la recherche du temps perdu
Partir sans états d’âme
Partir en vélo,moto, bateau ,dos de chameau Partir……….

Dominique : Envie d’ailleurs
 Ailleurs, là où tout paraît plus beau
Ailleurs,là où tout semble possible
Ailleurs, là où on peut tout oublier
Ailleurs, là où tout reste à construire
Ailleurs, là où quelqu’un m’attend peut-être
Ailleurs, lieu de toutes les rencontres
Ailleurs pour marcher, pour contempler, ouvrir enfin les yeux,
Ailleurs pour plonger, se perdre, se retrouver
Ailleurs pour savourer et s’enivrer d’alcool,de parfums et d’ambiances
Ailleurs, pour sentir, ressentir, partager, laisser aller et venir les sentiments comme des vagues…
Les vagues du désir
Désir d’ailleurs ici.

 

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