Rendez-vous très spécial et tant attendu à la gare Matabiau : annonces sonores et poste d’aiguillages.
4 “opérateurs” qui bossent en 3X8 (qui roulent à l’année, avec vacances protocolaires) au poste 4, aujourd’hui J.C. pour les annonces, (filière 26, “commerciale”), Alex(andra) la cheffe de la circulation, Franck, et Jean-Louis pour les aiguillages (filière 27, “infra”(stucture). L’aiguilleur est le pilier central, responsable de 100% de la circulation sur la gare. 450 trains par jour tout confondu (avec le fret); en été, il y en a plus.
Décontraction et super concentration; ils travaillent tous ensemble, s’échangent ordres et infos, sont réactifs au quart de tour. A part Caty (le logiciel des annonces), tous les outils sont “infra”: de la circulation apposé au commercial.
— J’ai toujours fonctionné comme ça ici, un petit regard entre nous et je comprends tout.
En point de mire, le TCO (tableau de contrôle optique), tableau noir lumineux qui dessine le réseaux des voies, où ils suivent la progression des trains à l’approche de la gare et sur les quais. Plus 2 ou 3 écrans chacuns avec les infos sur les trains, par destination, par numéro, qu’ils reçoivent ou qu’ils envoient. En lien radio avec tous les agents. Ils écartent si besoin les stores, qui donnent sur les voies et la gare pas loin, pour regarder de visu où (en) sont les trains, signalent à l’occasion les anomalies qu’ils observent ; ce jour là un des feux de positionnement qui semble éteint sur une loco…
— Le poste 4 appelle le conducteur du … vu une extinction partielle des feux
Aujourd’hui, ils écartent régulièrement les lamelles des stores pour surveiller les caténaires qui se distendent avec la chaleur. Il fait très chaud, les contrepoids touchent par terre; le pantograph (dispositif articulé qui permet de capter le courant par frottement sur une caténaire) d’une loco peut arracher une caténaire si elle est trop basse ; inquiétude et surveillance.
Un conducteur appelle le poste 4 pour signaler qu’il a vu de la fumée sur une traverse, en début de quai voie7.
— merci conducteur !
Pas d’affolement, ça arrive, ça chauffe plus au ras des rails que sur le quai… Appel radio pour prévenir et envoyer quelqu’un noyer le feu qui consume.
Eux aussi vont déménager avec la future gare, ils seront loin des quais et ne verront plus rien, ce ne sera plus que virtuel.
— panne d’ordinateur, panne de réseau, si le système plante, nous serons aveugle.
— Je vérifie mes voies jusqu’à la fin de la soirée et je suis à vous…
Le logiciel qui gère les annonces sonores avec la voix de Simone se nomme Caty.
Défaillance du matériel, incident de circulation, les termes ont changés il y a un an. 54 causes de retards sont listées, dont “embouteillages”, qui ne sert jamais (!). “Manque d’adhérence aux rails” (froid, feuilles) s’appelait avant problème météorologique…
Tout ce qui sort de l’ordinaire est annoncé “à la voix”.
— Entre le réseau infra & le réseau mobilité, ça n’est pas la même notion de l’heure ! Il y a des décalages entre les annonces et ce qui se passe à quai.
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Le poste 4 n’est pas entièrement informatisé (donc obsolète). C’est un PRS (poste à relais souple), l’aiguilleur ouvre et ferme les voies.
Un peu de technique : “avec ce type de poste, les commandes d’un itinéraire ou l’accord d’une autorisation s’effectue par une action sur un bouton pressoir (geste unique). Des commutateurs complètent les commandes d’itinéraires et réalisent d’autres commandes nécessaires à l’exploitation du poste. Ces boutons de commande et commutateurs peuvent être implantés sur le tableau de contrôle optique (TCO), sous les contrôles, ou sur une table de commande spécifique disposée face au TCO. L’action sur un seul bouton permet d’obtenir, si toutes les conditions de sécurité du passage sont réalisées, l’établissement d’un itinéraire, avec ouverture du signal commandant le passage du train, et ce quel que soit le nombre d’appareils de voie dont il faut modifier la position pour la création du passage.
Il présente également l’avantage de réaliser automatiquement la destruction de l’itinéraire. Cette destruction intervient sans action de l’aiguilleur dès le dégagement de cet itinéraire par la circulation qui devait le franchir : dès que le train a quitté le tronçon sur lequel il devait passer, le PRS annule le passage et le rend à nouveau disponible pour un autre mouvement. De plus, ce poste permet aussi à l’aiguilleur de mettre en mémoire un itinéraire incompatible avec un itinéraire déjà établi ; l’itinéraire enregistré en mémoire, celui par défaut, s’établira alors automatiquement dès lors que la destruction automatique de l’itinéraire précédent se sera réalisée après le passage du train.”
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Une sonnerie retentit. Tout le monde sur le pont : problème d’aiguillage, une aiguille qui ne fonctionne pas. Ouf, l’aiguilleur arrive à la rétablir, la sonnerie s’arrête. Plus tard, une 2ème fois.
— J’ai l’aiguille 214 qui déconne.
Ils envoient quelqu’un vérifier sur place, l’aiguilleur tourne les boutons, relié au gars par radio qui décrit ce qu’y se passe. Ça semble OK.
Branle-bas de combat ça recommence une 3ème fois, sonnerie stridente, que l’aiguilleur parvient encore à faire cesser.
Défaut de graissage? Ils sortent le cahier de graissage du tiroir.
— Sur le carnet, c’est écrit qu’ils l’ont graissé, ça a été fait le 25 mai à 1h du matin. Ça fait 20 jours.
— Excusez-moi, mais je m’en sers, moi, des aiguilles!!
— Ah voilà, tu te fais mousser!
— Si je voulais me faire mousser, je serais pas ici à faire les 3X8..!
— Les graisseurs, qu’est-ce qu’ils font?!
— Il nous faudrait de la graisse, Franck peut y aller, il est habilité à graisser
— On y allait quand on était plus petit ; à l’époque il nous fallait pas d’habilitation
le téléphone sonne :
— Refusé
— nous ça nous sauve la mise
— Après, faut les comprendre, ça se voit pas, aucune trace
— Après, si on plante les trains, ça va se voir..!!
— Dis lui que ce soir, il faut qu’il fasse passer les graisseurs !
— Avec la chaleur… Cette graisse, elle vaut rien. & y’a eu des gros orages… Avant, tu graissais avec de la graisse qui bousillait l’environnement, mais elle était bien.
— La gare va commencer à clignoter des yeux… 6h-8h, 16h30-18h30, c’est le rush
— J’ai un train qui a disparu..! Il est revenu!
— J’ai pas la modif du superviseur, je sais pas où ça va
— Je te l’envoie G4 quand tu veux. Je vais le faire patienter. J’ai le 3621 qui arrive.
— C’est le 489700 qui arrive. On risque de frotter un peu
— C1T3 voie 11
— Tu crois qu’on peut garer le 209 devant le 830 ?
— Pas possible
— Là, j’viens de sortir la loc’, alors…
— j’ouvre 2 mn avant
— Votre attention s’il vous plait. En raison d’une sortie tardive du dépot, le train… avec un retard de 5mn.
— A demain matin sur les ondes!
Arthur a tout enregistré, ici ce sont mes notes. Nous sommes restés plusieurs heures.
& sur le panneau d’affichage, des exercices de sécurité (pour la beauté du jargon) :
Nous repartons bien contents, avec nos gilets fluo, en regardant tout autour de nous.
Arthur me dit qu’on voit ce type de plante sur les sites pollués aux métaux lourds. (La SNCF est le 1er utilisateur de roundup)
Nous nous perdons (et en profitons avec un appareil photo) un peu au retour pour regagner la gare.
Suite le 15 septembre, à la gare Matabiau..!!