Réveil à l’envers, remettre le monde à l’endroit.
Il fait toujours beau, et aujourd’hui nous allons à Lachaud.
Je pense au 15 juillet l’année dernière, à Marseille.
La musique s’arrêtait pas à 1h du mat, et c’était de la techno toute la nuit, avec au matin, en allant nager, les restes de la fête éparpillés.
Comme tout au long de l’été. Descendre se baigner avec un sac poubelle, pour ensuite le remonter plein de canettes et bouteilles, et plastoc divers et restes éventuels.
Ce texte, jamais fini.
& cette situation qui me rendait furax et m’avait fait réécrire,
comme à partir de demain mon nouveau “contrat” (je lis un polar en ce moment..!)
Alors tiens, le voilà, tel qu’il est, (avec un petit ton Rebotier-esque de Contre les bêtes?):
Poubelle. La plus belle des poubelles.
Après la fête, le 14 juillet, pétards, musique, hurlements, feux d’artifice publique et personnels, chacun dans son coin y va de sa fusée, oh la belle rouge, verte, jaune, toujours plus beau, qui monte haut après un miaulement-grondement au décollage, vraaouuum.
Ça décolle vite et bien, vive les Chinois, allumer l’espace, nous faire lever la tête au moins une fois par an, plaisir d’orbite.
On sort même une carabine pour tirer sur les canettes, faut en profiter, c’est la chasse à l’aventure, on s’éclate et on éclate ce qu’on a sous la main, le bruit passe inaperçu comme un gros pétard.
D’ailleurs on en fume, le 14 juillet on a le droit aux pétards, aucun risque de brûlure, c’est la fête, là où y’a de la gêne, et puis on est au bord de la mer, y’a qu’à sauter dedans pour éviter l’incendie, c’est beau les fusées se reflètent dans l’eau et le son réverbe.
Des cartouches sur la digue, des carcasses de cartouche et des canettes éclatées, salopes de canettes, pan, en plein dans la gueule, y’avait pas de goélands qui passaient par là.
Un con de goéland qui nage, un grisard, un jeune beige-marron pas encore blanc et gris, ça lui prend 4 ans pour devenir argenté, putain d’omnivore opportuniste à tendance carnivore, j’t’en foutrais, ce con de gabian qui agite ses pattes pour avancer sur l’eau, avec son gros bec marron pas encore jaune, pan dans les plumes, tu vas dégriser, tu vas pas flotter longtemps à te la couler douce, faut pas nous narguer.
Ce cri aigu, on entend les sternes, ce matin elles m’ont réveillée ces putains d’oiseaux.
Les sternes, pas besoin de les tirer, elles, elles tombent automatiquement comme des pierres dans l’eau, elles se laissent tomber bec en avant direction poisson, trop rapide.
C’est impressionnant cet art de la chûte, mais c’est naturel, c’est pour bouffer, l’œil de lynx qui fond sur sa proie, place j’arrive, préparez la cible aux petits oignons, le coup du rapace minuscule comme un missile air-mer.
Qu’est-ce qu’on f’rait pas pour chasser.
Taïaut, sortez illico votre carapace les poissons, c’est votre seule chance, vos nageoires de Ferrari, trop tard ; hurlements de poissons.
D’ailleurs pan, prends ça goéland, ça t’apprendra à voler alors qu’on reste coincés à terre, voilà t’atterri, t’amerri, flop, un peu de temps avant de couler.
Qu’est-ce que t’as l’air con quand t’es pas en l’air, posé sur la mer comme un étron dans une cuvette.
Y’a plein d’asticots autour de la poubelle : c’est les pelures de melon et de saucisson, les reste de bidoche autour des os, les bouts de merguez tombés dans la cendre, ça fermente en plein cagnard dans le plastique noir éventré, avec la bière au fond des canettes et le coca renversé qui fait comme un petit lac avec des essuie-tout en guise d’îles submergées.
La poésie de la poubelle ; c’est mort et c’est vivant, ça change tout au long de la journée avec la lumière et l’ambiance générale, un vrai sujet d’observation et d’évasion. L’imagination est dans le sac, ou à côté ; faut savoir viser ; changer de focale, habile du dedans et du dehors. Pan, dans le mille, pan, à côté.
Dance with the poubelle, ça ferait un méga tube de l’été, un slow version techno, ou mets ta jambe entre la poubelle et la plus belle, le tango porno d’après une bonne biture, au moins il se passerait quelque chose d’un peu créatif-culturel.
Faudrait du nouveau, c’est vrai ça, inventer un concept, un concert, or dur in garbage, un beau slogan trash qui fait rêver.
Un titre de film tiens, poubelle in the sunset, ou l’ordure 1, ça ferait un opéra allemand, avec une super fille blonde-blonde à gros nichons et un mec tatoué polynésien de cité Malabar, la fille aussi pourrait être tatouée, pas de jaloux, une tête de rottweiler sur la fesse droite et Titi ou Gros minet sur la fesse gauche, amour-haine, ça remplit facilement les 24h du spectacle : acte 1 à l’aube, le mystère des origines ; acte 2 en plein soleil ou sous la flotte, les épreuves du destin ; acte 3 au soleil couchant, la société fout le camp ; dernier acte, midnight, les dieux sont contents, cou-couche panier, chacun rentre chez soi avec son pochon après avoir allumé son briquet de contentement pour la finale. Le truc fumant. Reste les filtres.
Vous êtes sûr qu’on a arrêté de fumer ? Parce que vive les filtres, on pourrait en faire une grande réserve, c’est pas lourd à ramasser, ça se recycle pas vous êtes sûr ? En collier, pour la fête des mères, en sautoir ?
Dommage, y’a qu’à se baisser, on dit que la terre est basse mais y’a qu’à plier les genoux, y’en a bien qui cherche du pognon avec une poêle à frire, monnaie, montre, bague, clef du coffre, aiguille de seringue, par ici l’oseille, il est à nos pieds faut juste le faire pousser, sortir de terre, dans le sable du terrain vague, au fond de l’eau pour les carcasses d’avion ; St Exupéry ça rapporte un max jusque sous la mer, le crash légendaire. Les grands groupes fumigènes, vous voulez pas payer une portion de centime pour un mégot ? Au poids ? L’état, augmenter le prix des clopes contre les cancers, vous pourriez en redistribuer un petit peu pour le ramassage, en plus ça ferait du sport ça fait du bien, un petit effort pour la planète, pour le joli paysage touristique, clic, regarde comme c’est propre, c’est tout blanc-blanc.
Revenons à nos moutons, ou plutôt là ça défrise, où ça frise mes petits agneaux.
Le petit prince des poubelles est un jeune rom’ qui pousse sa carriole sous les réverbères, de poubelle en poubelle, vous le voyez ? Quand y’a du vent, ça s’envole un peu, beaucoup, passionnément, c’est normal, le plastique ça vole, le papier aussi, le recyclage, ça se fait pas comme ça hop on claque dans ses doigts.
Faut compter sur le bon vent qui t’amène, et le mauvais vent qui te chasse.
Et au bord de la mer y’a du vent. C’est la tempête : stop aux migrants et stop aux déchets sinon on fonce dans le mur. Ah bon, y’a pas de lien ? L’Amoco Cadiz, l’Aquarius, l’Erika, le Lifeline, c’est bien la marée noire, non ?
Mais qu’est-ce qui s’est passé, là, hier soir ? Une grande fête, un concert, une réunion familiale entre copains, c’est quoi toutes ces ordures, vous avez beaucoup bu, quand même…
Y’a des cadavres en pagaille.
Ah ben non, nan nan, c’est pas à vous ?
Mais alors qu’est-ce que vous faites-là de bon matin, une poubelle à la main, aux 2 mains, avec votre short et vos gants roses, ma p’tite dame ? & puis vous transpirez, à charrier toutes ces poubelles, combien de voyages ? Faut monter l’escalier et aller là-haut sur l’avenue, ça fait une trotte ; ça va vous allonger les bras, vous gratter les genoux, pourquoi vous faites ça si vous êtes pas obligée ?
Faire le ménage, et se dégager la vue des ordures et de la connerie, c’est un puits sans fond.
Merci de le faire, quand même c’est sympa, c’est vrai c’est chouette, j’suis trop fatigué je peux pas vous aider, c’est vrai ça, j’suis désolé.
Mais c’est drôlement bien que certains se dévouent, certains certaines, la dévotion, le dévouement, ça vous arrive de confondre parfois dévouer et devoir, vous, moi ?
Je vais appeler mon mari pour vous aider, moi je promène les chiens avec un sac à crottes, j’peux pas être partout. Ça fait plaisir de voir les gens concernés. J’vous regarde et je suis content.
Ça faisait un peu sale, d’accord, on détournait le regard comme une pudeur, cachez ce sein que je ne saurais voir, comme les mateurs bien installés au balcon, faut lorgner mais pas trop insister à y regarder, y mettre de la subtilité, y’a des trucs qui font mal, quand même, même si on a le nez bouché ça sent mauvais pour les yeux.
Ça vous est venu comme ça ? Un matin vous vous levez et puis vous vous dites c’est plus possible, c’est pas possible, pas encore, là maintenant y s’rait temps ; après, ça va être les remugles, après après, les rats, après après après, la peste et le choléra.
Et en plus, plus y’a d’ordures plus y’a d’ordures ; ça c’est sur, ça fait comme un aimant pour les flemmards de la vie, les négligés de la poubelle.
Oui, ça s’attire, et au bout de peu de temps ça sature.
Parce que la vie est une grande poubelle, faut bien le dire. Les pierres tombales, les caveaux de la famille, c’est merdique comme recyclage. L’humain peut pas disparaître sans son mausolée.
Cachez-montrez les cadavres. Enfouissez bien profond les déchets nucléaires, refilez-les aux voisins, jetez ce qui vous embarrasse dans le terrain-vague. La décomposition est pas toujours bien programmée mais c’est le progrès. Faites le tri dans vos poubelles, l’industrie le fera pas à votre place. Le péril du terril.
C’est vrai ça, c’est fatiguant à force, et puis faut y penser, et puis on sait pas où, et des fois on oublie, à emmener ses ordures après la fête.
On arrive avec des fleurs et on repart avec la poubelle. On arrive avec des bières et on rentre avec des canettes vides, comme les couilles vides, on n’a pas envie d’en faire un exposé, de se les trainer comme une punition. C’est plus direct d’en faire un explosé.
On arrive avec les munitions et on laisse des cadavres. A la guerre comme à la guerre. On n’est pas des tapettes, on fait pas le ménage.
On rote et on hurle, la techno nous chauffe le cœur, vous allez pas nous emmerder avec des restes. De toute façon on passe, on reste pas, justement.
Alors pour les restes on reste pas, on se casse, on casse du verre ça porte bonheur.
& puis, pensez aux gamins qui cherchent des petits cailloux en verre coloré sur la plage.
En verre vert, y’en a plein. Merci Kronembourg et Heinekein pour les trésors futurs de fond d’aquarium et dans les vide poches, puisque maintenant les cendriers, ça va devenir obsolète.
Faut bien les remplir de que’que chose.
Coquillages et crustacés, y’en a de moins en moins, c’est comme les étoiles de mer, si j’en vois une par an c’est bien le bout du monde, c’est dommage que les bouteilles en plastique soient pas si décoratives.
Ben oui, c’est l’été les gens ont soif, c’est normal la bouteille d’eau, y’a des gosses.
Mais bon, on pense pas toujours à la ramener, et puis elle est à moitié vide et l’eau est chaude, alors merde on est chargé. S’étaler des heures en plein soleil, après on est ramolli, c’est les vacances, on en fait moins, farniente, ça veut bien dire ça. Laisser tomber les contraintes, se faire plus plaisir, penser à soi et à ceux qu’on aime pour partager un bon moment.
Allô c’est toi ? J’suis là, c’est pas très propre mais c’est plus sale plus loin, ça baigne, j’ai trouvé un coin, tu viens, on se baigne, y’a les gosses qui jouent, ils ont trouvé des trucs.
C’est pas l’été tout le temps, on n’a pas beaucoup de poche quand on est en maillot de bain.
& puis le pique nique le soir, après y fait nuit, on voit rien, faut allumer son téléphone voir si on n’a pas paumé ses clés, faire la check-liste comme avant le décollage.
Mais quand la fusée s’en va, la base d’allumage reste au sol, hein.
Qu’est-ce que tu veux faire du carton de bière ? J’ai que 2 mains et faut monter les escaliers qui sont aussi raides que moi. Oh hisse, en plus ça tourne, ça monte dur et ça tourne sec, faut se concentrer, c’est pas c’qu’on a inventé de plus pratique.
Demain envahi par les asticots, tu veux rire ?! En tout cas, ça fera pas comme ces saloperies de moustiques qui nous font tous chier, sauf les chauve-souris.
Si demain tous les migrants passent les frontières comme ces putains de tigre qui nous ont envahi en quelques années, on s’adapte cinq sur cinq, héhé. Ça fera plus de monde à piquer. Donc proportionnellement peut-être qu’on le sera moins.
La chasse au tigre, ils s’y connaissent en Afrique et en Asie, quand y’en avait encore. Chasser le paludisme, c’est plus difficile. Ou ça rapporte moins. Un truc de sauvage.
Une dent de tigre en collier, ça rassure un homme sur sa valeur, c’est pas Rahan qui dira le contraire. J’ai pensé que ça te ferait plaisir comme cadeau viril.
Oui mais l’emballage, il nous emmerde.
C’est comme les capotes, l’emballage ça rassure question hygiène et maladie, mais quand t’as tiré ton coup dans la nuit sauvage près des rochers ou de la bagnole, dans la forêt ou sur la plage en dehors de l’ère éclairée des réverbères, là où les yeux des chiens brillent, si en plus faut ramener sa pelure mouillée avec soi, c’est pas très romantique et ça fait des taches.
Ça fait même carrément tache, non ? La clope dans une main la capote de l’autre, t’imagines ?
Pareil pour les canettes, surtout qu’y’en n’a pas qu’une. Enfiler les condoms usés sur les canettes qu’on s’est enfilées, on s’y retrouve, c’est un début de rangement. Mais y’a encore la question de l’emballage. De l’emballage de l’emballage. Un puits sans fond, on en sort pas, comme la vache qui rit.
C’est compliqué la vie. On peut pas être partout, au four et au moulin. Penser à la galère juste après le plaisir. Je refuse.
C’est fini l’esclavage.
C’est pas une poubelle qui va me dicter sa loi ! A la poubelle !
C’est quand je veux quand j’ai envie.
Faire disparaître les traces comme si on n’était jamais venus, c’est pas très humain, ça.
J’suis venu et j’en suis fier, j’ai mis mon nom, j’me suis éclaté. Y’a même une bombe de peinture, vide, ben ouais. J’l’ai lancée dans le feu mais ça a rien fait, le feu était déjà à moitié éteint. On se serait marré.
Les poissons, j’m’en fous des poissons. Ils sont trop petits. Y’a même pas de loup. Faudrait réintroduire des loups, ça se serait chouette.
On pêche plus pour dire.
Passer du temps le cul sur un rocher, faut être motivé. Filer de temps en temps un poisson au chat, un muge ou un sar taille sardine.
Au fond, y’a plus grand chose.
Sur le sable, y’a des soles, ces connes elles se camouflent quand t’arrives, camouflage type grains de sable ou rocher suivant où elles sont, elles sont habiles mais obligées de fermer les yeux pour qu’on les voit pas. Comme si quand tu vois pas tu crois qu’on te voit pas, elles sont connes.
Avec un masque et un fusil tu vois tout. Ça fait de la bouffe gratos, et t’as le plaisir de ramener une proie. Sauf qu’à la maison personne n’aime le poisson, alors bon, c’est juste pour dire. Pour le plaisir. & puis faut de l’entrainement.
Les loups ça c’est noble, ramener un loup à la maison, c’est classe.
Sinon avec les petits, tu fais de la soupe, tu te fais chier 2h et faut laver tous les récipients, mais une fois par an c’est bon. C’est comme la soupe au pistou, tu tues les haricots, à moins que tu les aies achetés tout frais morts sur le marché, personne ne trouve rien à redire.
Si y’a des poissons, faut bien des pêcheurs.
C’est comme les oursins. T’as vu, ils se cachent en se mettant quelques bouts de cailloux et de coquillages entre les épines. On dit que c’est les femelles, un truc de fille, la coquetterie. Ou elles se croient planquées, ces connes. De toute façon, ça n’a pas de cervelle un oursin.
On se demande pas si les châtaignes ont des états d’âme…
En été faut pas les pêcher à cause de la reproduction, mais tu te baignes pas en hiver, toi..! & puis c’est juste pour nous. C’est gratuit et c’est bon, ils bougent encore quand tu les ouvres, ils marchent un peu sur la digue du bout de leurs épines, c’est rigolo. C’est puissant la vie.
En hiver, j’ai déjà vu, y’a des mecs qui viennent les chercher avec des bouteilles sur le dos. Ils remontent un panier plein sur le zodiac qui les attend, et hop, ils replongent. Oursins zéro chance. Ça vaut du fric.
& une épine dans le pied, tu la sens passer. Donc vaut mieux virer ceux qui sont sur le bord, pour les enfants ; c’est le comité de salut public.
Alors bon aussi, des fois je les remets à l’eau quand je les ai mangés, mais sinon, ça vaut mieux pas. Tombés posés au fond de l’eau, comme un vide poche balancé là, qui revient à sa provenance, ouverts bien proprement comme une boîte de conserve vide, c’est toujours bizarre le naturel pas naturel du tout, tu vois encore plus la sauvagerie, le côté dégueulasse, comme la boîte crânienne décalottée d’un singe qui n’a rien demandé et qui vivait tranquillo dans sa jungle avant la dégustation mortelle, il manque presque l’étiquette collée dessus comme la bouffe du supermarché.
& dans une poubelle, remarque bien, c’est la merde un oursin, avec les piquants qui traversent tout. Abandonnés mangés sur la jetée, ben les coquilles se décomposent. Les fourmis vont les blanchir, bien les nettoyer, c’est des ménagères top-top les fourmis. Ils vont devenir tout propre, des oursins de collections !
Faut bien à bouffer pour tout le monde. C’est la nature à double sens, du gros au petit et du petit au gros.
Tu collectionnes aussi les étoiles de mer, mais ça se bouffe pas, c’est juste pour le plaisir des yeux, de se dire que y’a ça sous la mer, qu’il existe au monde de sacrées belles bêtes. Même si on n’en voit plus. Et puis après, c’est vrai, quand ça a vraiment pris la poussière et que c’est tout décoloré, ben on les fout à la poubelle pour plus les voir sur le buffet. C’est plus magique, c’est poussiéreux. Chez toi, tu te débarrasses des choses à la poubelle ; ou sur le Bon coin, quand ça peut encore rapporter quelque chose, c’est cool, la poubelle qui rapporte, tu sens que c’est pas inutile. Ça suit son cours.
Bande d’ordure ! Fumier ! Tas d’ordure ! Ploubelle des ploubelles !
Tu rigoles et tu balances ta canette derrière toi.
A la grecque, ça dégomme la vaisselle dans les belles occasions.
On trinque, et après faut bien faire quelque chose, place nette, c’est la joie, on les aura, ça va dépoter dans les chaumières, c’est moi qui vous l’dis. A bas les tensions et les appréhensions, on chasse la colère, éliminées les idées noires, qu’elles retournent au noir, à la non existence, en avant les débris, grosse poussière. No problème et no futur.
A la russe, na zdrovie, quand la bouteille est vide on la pose par terre. Comme un soldat avant la grande bataille, glou-glou, on pète son verre, ça porte chance. C’est fini, crac-boum, on verra plus tard.
La baie de l’Oussouri, près de Vladivostok, c’est devenu un morceau de choix, la beauté du recyclage par l’usure, les touristes veulent voir ça. Le plus grand dépotoir de bouteilles, qui, roulées par la mer, devient une superbe plage de verre. Curiosité, garanti photos réussies, avec les rayons du soleil. C’est magique quand la merde devient belle, mais ça ne marche pas avec les bouteilles en plastique, dommage.
Combien de tonnes chaque matin on ramasse sur les plages, promenades, avant que les touristes n’arrivent, tout beau tout propre, immaculé, y’a qu’à recommencer le cycle, le cirque.
Les restes, c’est à l’heure des autochtones qui viennent nager avant d’aller bosser, ils sont pas là pour la carte postale, et puis c’est leurs impôts qui paient les bonhommes avec le gilet fluo et les gants en plastique, plus la pince pour éviter de se baisser ; on se moque, mais la lombalgie ça coûte à la sécu plus que les pinces !
C’est un raisonnement, mais c’est comme pour les balayeurs : si y’avait plus rien à balayer, il seraient au chômage. Faut du boulot non qualifié. En bordure. Si tu balances ton paquet de clopes vide, et ben, ça permet à un mec d’avoir du boulot. Même si c’est du ramassage de restes. La plupart du temps, les mecs, souvent des Africains, ils sont zen, ça rend philosophe, ça permet de méditer.
Y’a des jeunes qui font leur service civique, qui nettoient les plages tous les matins, ils en apprennent un max sur le civisme pendant les 2 mois d’été à charrier des tonnes d’ordures. Après, quand ils mangeront une pizza dans la nature, tu peux être sur qu’ils penseront au carton. Ils sont plus illusionnés sur le monde. Ils savent que le genre humain pense à soi et pas tellement plus loin, qu’on peut pas tout policer lisser.
Faire de la pub internationales pour vendre des paquets de chips et en même temps dire que les paquets qui trainent sont dégueulasses. Manger des chips sur le 6ème continent, au milieu de tous les déchets plastiques, y’a bon Banania.
Quand tu vois en Afrique, dans les camps de réfugiés, les Roms sous le pont de l’autoroute, dans la jungle Calaisienne, les cabanes en forêt de Vincennes, sacs plastiques et merdes diverses laissés aux éléments naturels. C’est dur de considérer les déchets quand on te considère comme une merde. Allez hop, les migrants, dans un grand sac plastique, on veut plus vous voir, stop à la pollution de la misère humaine, ça dégrade le paysage et le confort mental.
C’est pas notre faute si l’industrie se gave de plastoc, c’est so moderne et si pratique, vois comme j’t’emballe, garanti 100%, ça évite la choure comme pour les cartouches d’imprimantes et ça permet d’augmenter le prix avec le volume du paquet, ça fait plus sérieux, sinon c’est comme se rouler des clopes soi-même, on n’en finit pas, vive les cousues.
On ne donne plus de sacs plastiques pour que ça cesse un peu, mais on les vend quelques centimes, c’est hypocrite et ça ne change pas grand chose, maintenant ça fait partie du paysage. Faut être un peu fêlé pour avoir son filet. Et ça retient pas le jus.
Le matin y’a le service de nettoyage, c’est pas la peine de ramasser le soir, autant laisser sa poubelle sur place. Et puis, ça peut intéresser un gabian ou un pauvre, un rat pourquoi pas, la nuit tous les chats sont gris.
Quand tu te lèves tôt, peut-être que tu vois les choses autrement.
Les restes de la fête, c’est pas la fête pour tout le monde.
L’homme est un prédateur, c’est sûr, un surprédateur. Petit joueur à côté d’un lion. Mais fait des gros dégâts. Et les prédateurs, hein, ils ne font pas le ménage, ils bouffent ce qu’ils bouffent, et ils laissent la carcasse sur place, à finir par les vautours ou par un chien errant. Ils mettent pas les restes de la proie à la poubelle. Des fois ils enterrent les os, pour mieux s’en faire un garde manger en cas de malheur. Mais quand tu pique-niques, y’a pas de malheur, tu laisses tout sur place et tu te barres repu, en attendant de remettre ça ailleurs.
Les prédateurs jouent un rôle prépondérant dans le maintien des équilibres écologiques ; sauf l’animal à 2 pattes avec des souliers et un compte en banque, qui tient en équilibre tout seul, il semblerait.
Tu roules en bagnole, ta bagnole elle est nickel, astiquée propre, dernier modèle qui brille, un tigre dans le moteur, t’ouvres la fenêtre en appuyant sur un bouton, bientôt juste par transmission de pensée, et hop, tu balances ton mégot ou ta bouteille ; dans la bagnole c’est pas propre et ça traine ou ça pue. Tu te déplaces pas avec tes poubelles, tu les laisses quelque part. C’est pas grand chose un petit déchet, c’est tout petit dans la grande nature.
Tu ne penses pas aux autres milliers qui font la même chose, on est tous un peu seuls au monde, perdus sur cette putain de planète dans l’univers en expansion, maman au s’cours, on meurt bientôt.
Au niveau de l’univers, déjà qu’on est rien, alors un filtre à mégot, on va pas en chier une pendule…
Et puis, le poisson et la viande fumés, c’est bon, non?
Une petite explosion et on n’en parle plus!