atelier d’écriture du mardi – N° 29

Date : 23 avril 2020

atelier 29, mardi 20 avril, chacun.e chez soi

Voici des dessins de l’artiste Samuel Buckman :


et un petit texte sur son travail, concernant (les extraits de) la série ci-dessous :

et la table des matières et des extraits de Les notes de l’oreiller ou Les notes de chevet (suivant la traduction) de Sei Shonagon :


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Je vous demande de :
1 — Noter (dessiner leur forme simplifiée, au stylo, crayon, peinture…) sur une même feuille les ombres de 6 objets-choses choisi.e.s autour de vous, à l’intérieur ou l’extérieur. Numérotez-les.
2 — Puis reprendre ces dessins, sans penser aux objets dont ils proviennent :
pour les 6 formes, leur donner des légendes
(allez voir toutes les acceptions du mot dans un dictionnaire sur le net que je vous recommande vivement : https://www.cnrtl.fr/definition/ )

Leslie :

1. LESLIE OHAYON   (France)
lit en baignoire ou baignoire en lit, 2020
200cm x 160cm
Céramique, tissu, chauffage
Courtesy of the artist

2. Rouleau de route
Vallon
Double-sens

3.  Etat de Profilie du Sud
237 000km2
21 millions d’habitants
Productions principales : chapeaux, parfums.

4. Après quelques heures de pratique, la qualité de l’air peut commencer à changer.
C’est le moment de monter en grâce : les frappements de tes pieds sur le sol sont étouffés par la densité de l’étoffe en mouvement.
(Essaie plusieurs fois)

5. Il y a le grain
et il y a le son.

6. sein pointu dans la nuit

Sylviane :
bonsoir Fabienne,il est 22h30, voici le 1 et 2; je finirai les autres demain . J’ai mis beaucoup de temps et j’ai fait plein d’autres choses en même temps. Les définitions de “légende ” m’ont bien occupée aussi.
J’ai beaucoup aimé faire cela
Je suis sortie à Tulle chercher une commande faite à la librairie Préférences et j’ai rencontré le monsieur bizarre de quand on a lu dans le bus.Il était sur le trottoir en face, il m’a reconnue aussitôt, il semblait très heureux, on a parlé un peu. J’ai eu du mal à passer mon chemin il avait plein de choses à me dire… comme quoi je pense qu’il a bien apprécié la lecture
Bonne nuit

Sylvie :

Silex à tête de poire
Un homme à tête de poire. Est-ce une caricature ? Le corps est maigre, la tête est difforme. Une mouche vient se poser près de son œil. Son front est dégagé sous une chevelure de jais. Son menton disparaît dans les plis du cou. Sa bouche esquisse un sourire à l’envers. Mon Dieu, quel homme !
Vase de Soisson et d’ailleurs
Une table longue. Une nappe aux plis repassés. Douze couverts, non, plutôt treize. Des poissons, du pain, des vases sacrés pour le vin. Faire mémoire.
Cafetière bleue des mers du sud
J’attends. L’air devient irrespirable. J’ai mis un masque pour sortir et me protéger de la pollution. Par bourrasques, le vent emporte de gros nuages gris. Je ne peux pas sortir plus d’une heure par jour. A l’intérieur un grand ventilateur accroché au plafond brasse l’air chaud et saumâtre.

Île sur le plat sans jaune
Carte découpée en forme d’encolure : la Manche entre Hastings et Dunkerque, et plus au sud Le Touquet Paris-Plage. La Manche est étroite entre Calais et Douvre. Pas trop loin St Omer, Lille et Tourcoing, et plus au nord Ostende.

La terre est mauve, parfois ocre, un bras vert turquoise sépare les deux terres.Splatch ! En plein dans le mille
La tourelle a pivoté et cherche sa cible.

En face de moi, elle est assise sur son tabouret bleu roi, elle le fait tourner avec ses jambes, ses mains posées sur ses genoux. Le chat la regarde, il a toujours sa collerette. Placide, il ne bouge pas.Pince nez est dans un bateau
Un géant. Il dessert sa mâchoire. Ses jambes se déplient, en un instant il a traversé la ville. Les klaxons se sont tus, plus un souffle.

Le balayeur est venu ramassé trois petits oiseaux morts. Quelle étrange chose !

David :
Hello Fabienne,
voici mes lentes pérégrinations sur des choses qui m’entourent,
j’espère avoir bien compris mais rien n’est moins sûr
je n’ai pas soupiré et pris bien du plaisir à dessiner (enfin)
à bientôt en chair et en os !!

1. Une fois par an poussent deux cathédrales côte à côte qui disparaissent dans les limbes de l’hiver.

2.  emprunter l’escalier en colimaçon jusqu’à l’extrême pointe et y rester pour toujours.

3.  Dans les lambeaux lugubres de la brume, l’île apparue, silhouette menaçante au profil outrageusement tourmenté, aux murailles noires rageusement élevées par Vulcain.

4.  De mémoire, le carbonifère était une époque assez terrible, mais je ne m’en souviens plus très bien.

5.  Celles et ceux qui savent faire pousser des promesses honorées d’oignons frits et de noix de muscade ont toute mon admiration, teintée d’un zeste de jalousie.

6.  la chose évoquait toutes sortes de créatures ayant traversées toutes les époques et tous les mondes et qui se seraient figées comme le plomb fondu dans l’eau froide.

Agnès :
et voilà, avec “un peu de retard” mon travail. J’ai bien cru ne pas y arriver, mais j’ai tenu bon !


Dominique :

  1. Première pièce du puzzle du monde d’après (mai 2020)
  2. Carnyx orchidéen, miniature destinée à prévenir le danger, produit un son impressionnant.
  3. Boîte à musique. Très utile pour s’endormir en période de confinement à condition de connaître la formule pour l’arrêter (pièce rare).
  4. Vision d’une vie meilleure selon monsieur Séroplex.
  5. Dressée, lumineuse et vive sur son socle doré, cette amulette aurait le don de redonner espoir aux plus désespérés (téléachat du 11mai 2020).
  6. Fossile de limace noire exceptionnellement bien conservé. On peut encore discerner ses viscères (Corrèze, confinement mai 2020).

 

3 — A partir de ces légendes, faites une classification personnelle (une douzaine de rubriques, une idée en amenant une autre….) en vous inspirant de celle de Sei Shonagon

Dominique :

  1. Y croire ou pas?
  2. Vouloir en sortir
  3. Ce qui doit rester quand tout part en vrille
  4. Quand du flou surgit ce que l’on cherche
  5. Allumer la lumière
  6. Les bruits de l’angoisse
  7. Notes sur la noirceur
  8. De la magie en toute chose
  9. Où sont les couleurs
  10. Et l’amour dans tout ça ?
  11. En finir avec les questions
  12. Dire, écrire, agir

 

4 — pour chacune des 12 rubriques, écrire des idées (concrètes) qui s’y rapportent, développer quelques scènes
(c’est du boulot, je sais, mais c’est ça qui est bien, la suite des exercices vous permettant d’évoluer et de développer vos intuitions de départ (ou de les déplacer)

Leslie :
Titres d’œuvres jamais réalisées mais à explorer
Lit en baignoire ou baignoire en lit (installation céramique, tissu, chauffage)
Symphonie pour instruments au choix (partition pour orchestre amateur de 1 personne minimum)
Le livre de cuisine de l’intranquillité, ou comment contourner l’anxiété en faisant des gâteaux
Chanson pour moi

Les routes sur lesquelles j’aime bien rouler
Quand c’est un peu vallonné, une nationale par exemple, au coucher du soleil, et qu’en fonction de si on est en haut ou en bas des côtes on a (ou pas) le soleil dans les yeux

N’importe quelle route le matin s’il y a du givre au bout des brins d’herbe et que le soleil s’y reflète
Les routes de coteaux quand il y a de la brume ou du brouillard dans une cuvette en bas
La route sur le pont qui traverse la Dordogne à Beaulieu (sur Dordogne)

Moyens mnémotechniques et synesthétiques pour la géographie
L’Italie ressemble à un I et la Sicile est au Sud.

L’ouest est rond comme un O comme le couchant ; l’est est ouvert comme le levant.
Le Chili ça coule, la Grèce ça pend.
Le fleuve le plus LOng c’est la LOire.

Les choses vraiment importantes
Danser

Lire
Le silence
La musique
Les caresses

Philosophie de comptoir dispensée par l’observation du quotidien
Si tu fais trop de pain, tu vas forcément finir par jeter le plus vieux

Les gens sont moins flemmards pour sortir leurs poubelles que pour les rentrer.
Quand on ne bouge pas on sent plus les courants d’air

Frissons
Me promener nue dans la maison quand je me lève la nuit, la couleur de la peau éclairée par la lune

Toucher le papier du carnet de dessin épais à peine entamé
Faire du patin à roulettes sans casque et sentir par le vent dans mes cheveux comme je suis vulnérable
Tartiner de beurre qui fond instantanément le pain qui sort du four et le goûter tout de suite

Sylvie :
Silex à pointe
Casque à pointe. C’est la guerre !

Est-ce que les pointes de flèches sont trempées dans le curare ? Cul rare ?
Avez-vous entendu dire qu’on allait manquer de curare ?

Fêlure
Le chat a fait tomber un plat cette nuit.

L’autre jour au cimetière j’ai ramassé un petit os. En rentrant j’ai attaché une ficelle de lin au sommet de l’os.

Je rêve de bleu
J’entends la pluie sur la verrière. Je ne prends pas de parapluie, il fait tiède et je serai vite de retour, mes chaussures rouges à la main.

Jour « J »
Plats de Kabylie. Deux plats se racontent des légendes d’eau, de poissons, de rivière et d’irrigation, de champs cultivés et d’oiseaux. Qui croire ?

Plis
Pour aller danser, elle met sa jupe plissée, celle qui la rend si désirable.

Il faut toujours remettre la carte dans ses plis, elle se range mieux et s’abîme moins !

Enjambées
Il marche en levant les bras, très en colère ! La colère est mauvaise conseillère. Respirer à fond. Reprendre la marche avec un air dégagé.

Sylviane :
Bonsoir Fabienne, voici les ex 3 et 4. Je travaille vraiment lentement.Le temps du confinement me fait perdre la notion du temps. biz

CHOSES EFFRAYANTES
Un bruit que je ne connais pas
il n’y a pas d’autre bruit
des histoires qui reviennent en mémoire
un bruit qui annonce une chose effrayante.

LA MER
Le bruit de la mer qui berce les vagues. Elle est plate et douce, les clapotis vont en petits bruits rassurants. Quand elle gronde, elle est forte, elle avance au galop d’un cheval ; sur son dos des furies échevelées fouettant tout sur leur passage.

SAVOIR D’OÙ ON VIENT
On ne sait rien. L’immensité de l’univers. Quelque part un petit point, c’est moi peut être.

CROIRE AUX HISTOIRES
Je crois à toutes les histoires : celle où le prince réveille sa princesse, celle où les enfants vont retrouver leurs vrais parents, l’ogre qui mange les enfants, le crapaud plus fort que le bœuf, la crêpe qui roule en chantant dans la campagne, un rêve dans une allumette….. tout ces petits morceaux de vie.

OÙ VA LE TEMPS ?
Le temps passe devant, derrière, dessus, à côté ? A chaque fois il s’arrête en moi et prend le temps de vivre son temps. Où va-t-il ? Je retiens des parcelles de ce temps qui passe.

APPRENDRE DES CHOSES VRAIES
Professeurs, philosophes, gens érudits, êtes-vous certain de nous apprendre les choses vraies ? Comment sait-on qu’une chose est vraie ?

LA MER
Quand j’entends la mer, j’entends aussi la mère, la mère d’où je viens. Il paraît que nous venons tous de la mer.

ÊTRE ET SES FORMES
Il y a beaucoup de formes d’être, dans la conjugaison aussi. Je suis est un présent immense et radieux.

NOTE SUR LE DESSIN
J’aime les crayons, les couleurs, les traits, les formes, les dessins d’enfants, tous ces détails qu’ils savent reproduire. Je suis en arrêt devant les dessins préhistoriques dans les grottes. Exister pendant des décennies, des siècles, des millénaires.

LE TEMPS PASSE
Le réveil marche, les aiguilles trottent, la montre avance, le temps passe.

L’ÂME ET SA FORME
Une bonne âme n’est pas forcément courbée.

LA LIBERTÉ
Avoir 1000 petits secrets, rêver la tête dans les nuages, ne pas vendre son âme au diable, être là sans rien mais au grand complet.

David :

Perdre une partie de soi même.
Après son accident, pendant près de vingt années elle rêva que son bras gauche était toujours là. Une nuit elle rêva qu’elle cuisinait son bras et le servit pour un repas de famille.

Dans les rêves qui suivirent son bras n’était plus là.

Se battre pour une fille.
Pif était un grand gaillard nerveux, tout le monde en avait peur. Accoudé au bar il buvait toute les bières qu’on lui offrait et ça faisait beaucoup. Quand Khadîdja s’est pointée vêtue de son survêtement de sport rose bonbon, la température est montée d’un cran. Un merdeux la toisa et glissa deux mots à l’oreille de son pote, hilare. Pif fonça dans le tas. Ses grands bras tournoyaient et rétamaient des gueules à tout va. Tout le monde sortit du bastringue en courant.

Réfléchir à l’échec.
Il chargea à la va vite sa voiture de l’essentiel pour survivre. Un orage pointait au-dessus, le tonnerre résonnait comme une vieille armoire qui s’effondre à travers des planchers pourris.
Il était incapable de réfléchir à quoi que ce soit.

Loin de l’écume et du remous
Elle avait échappé aux barrages de flics, son sac à dos lui mordait les épaules. Le refuge était à trois ou quatre cent mètres au-dessus, après le passage de la gorge. Il restait encore assez de lumière pour ne pas se rompre les os. En faisant gaffe, elle pouvait espérer tenir trois semaines.

Le voyage et l’événement inattendu
Le Tamaris accrocha un récif au sud de l’Îlot des Pingouins et commença à sombrer. L’équipage eut juste le temps de jeter les chaloupes et de s’y installer. L’île étant inaccessible par ses parois verticales, ils se dirigèrent vers l’Île aux Cochons où ils survécurent plus de quatre mois. Au bout du désespoir, ils attachèrent aux pattes des albatros de petits messages gravés sur des fragments de boîte de conserve. L’un d’eux fut miraculeusement découvert avec son message à plus de six mille kilomètres sur les côtes australes, les secours s’organisèrent rapidement mais les marins désespérés avaient repris la mer vers l’Île de la Possession. Personne ne les a jamais revus.

La chose hideuse au fond de l’abîme
Elle se pencha au-dessus du cratère, saisie par le chaos et les flammèches multicolores.
Elle savait qu’il ne fallait pas traîner dans le coin, les vapeurs acides pouvaient la tuer mais regarder au fond la paralysait au point d’oublier le danger.

Penser à fermer le gaz avant de partir
Il était vautré depuis le matin sur le sable chaud de la plage et pourtant pas tranquille.
Il ne se souvenait plus si il avait bien tout fait avant de partir.

L’apparition des premiers insectes
Elle cassa la pierre d’un coup de marteau et une forme étrange lui apparut qu’elle identifia immédiatement, un des premiers insectes dans une couche datée de quatre cent cinquante millions d’années, parmi les premiers organismes vivants avec les plantes.

Comment assassiner une courgette
Poser une courgette bien trop grosse pour être consommée contre un talus, reculer de vingt cinq mètres, armer le fusil, viser et abattre le légume. Rigoler bêtement et recommencer avec une autre courgette.

Trois choses à savoir sur le blaireau
Le blaireau ne sort que la nuit et dodeline du cul au bord des routes.

Il fait des centaines de petits trous dans les pelouses des gens, c’est pourquoi ils lui en veulent.
Il peut garder le même terrier pendant plus de cent ans, ça devient le Taj Mahal souterrain.

À éviter les nuits sans lune
Je marche au milieu du chemin pour ne pas me cogner aux branches ou m’éborgner, à droite et à gauche je distingue les masses sombres des trognes de châtaigner qui semblent vouloir me dire de leurs bouches en loque à quel point je ne suis pas à ma place.

L’autre n’est pas l’autre
La station des norvégiens avait été dévastée par « la chose », la notre était sa nouvelle proie. On s’observait les uns les autres, prêts à bondir sur le lance flamme au moindre signe.

L’un de nous n’était pas celui que l’on croyait. Dehors le vent hurlait et la température était tombée à moins cinquante degrés.

Agnès :

Ça ne coûte rien. Et c’est si doux
– Relire un livre pour enfants. Une histoire racontée tant de fois. Se rendre compte qu’on la sait encore par cœur. Sentir sous les doigts les pages cartonnées devenues un peu molles, là dans le coin en bas. Fermer les yeux et se souvenir des petites frimousses attentives.

– Jeter des petits cailloux dans un vieux puits sombre pour voir s’il y a encore de l’eau au fond. 2couter le ploc qui raisonne.
– Trouver des girolles cachées sous la mousse. Ou une ribambelle de pieds de moutons. Un petit cèpe, si petit. Mais lui, le laisser grandir.
– Manger un reste de pâte à tarte crue.

Si ça se trouve j’y crois pas
– Tout va changer après cette pandémie.

– L’ascenseur social.
– Les mauvaises herbes.
– Au père Noël.

Dans les soupirs du silence
– Observer le ciel pailleté de lumières. Attendre une étoile filante et faire un vœu. Même si on n’est pas tout à fait sur que ça ne marche.

– Lire. Rêver. Danser. Peindre.
– (ne) Rien (faire).
– Une caresse.
– Marcher pieds nus sur la mousse.

Cadeaux
– Une bouture de misère pour Elle. Elle est tellement triste de laisser mourir toutes ses plantes. La misère, ça ne sait pas mourir.

– Les premières cerises juste cueillies sur l’arbre. Il se damnerait pour des cerises.
– Des baisers pour ma mère. Elle dit ça fait tellement longtemps que je n’en ai pas eu, j’en peux plus. Et ses yeux se noient. (Aux chiottes les virus !)
– Des sourires. A n’importe qui.

Comme un voyage
– Revenir à Ploubazlanec.

– Marcher seule un jour de grande marée, à l’heure où les ombres s’allongent, sur la longue plage de la Paracou. Jusqu’à ce que la lune danse dans les reflets gris ardoise des vagues immenses.
– Aller voir les parapentes tournoyer dans les thermiques, dans un ciel bleu sans rature, au dessus des Monédières. Comme le vol silencieux de grands rapaces aux ailes immobiles.
– Se rendre quelque part, n’importe où, un peu loin quand même, sans carte, sans GPS. Juste avec une boussole. Comme Tony en 1994 pour venir à PEC.

C’est délicat
– Un pissenlit dans sa dernière parure. Sa horde de petits parachutes blancs et graciles hérissés tels une armure. Si fragiles. Si forts. Prêts. Puis le vent les emporte. Ils voyageront peut-être si loin.

– Dire je t’aime. Ne pas oublier.
– Un soufflet au chocolat. Là, tout de suite ! Trop tard.
– Renoncer.
– Partir.

Bien sur ça agace
– Des chaussettes qui n’ont plus d’élastique. Quand nous étions enfants, notre mère nous cousait des boucles d’élastiques blancs un peu larges et plats. On les enfilait par dessus nos lâches paires de chaussettes de laine, jusqu’au rebord en haut. Ainsi elles en avaient fini de lamentablement s’entirbouchonnées sur nos chevilles.

– La mine du crayon qui casse. On taille. Qui casse. On taille. Qui casse…
– Une très bonne bouteille de vin. Bouchonnée.
– Les voies sans issue (et aussi les sens interdit).

Culture physique !
 -S’attaquer à un grand nettoyage de printemps. De la cave au grenier. Dessous, dessus. Dans les coins. Au plafond. Derrière. Oui là.

– Venir à bout de ce grand carré de ronces au fond du jardin. Les ronces ne renoncent jamais. Elles peuvent faire les mortes tout l’hiver, et repousser de plus belle quand revient le printemps.
– Concours de lancé de noyaux de cerise. Au-delà des ronces, c’est gagné !
– Poser la corbeille à papier le plus loin possible du bureau. Ne pas la rater lorsqu’on y jette des boulettes.
– Se taire. Même si ça étouffe.

Corridor
– C’est un peu comme avancer au milieu de nulle part par une nuit sans lune.

– Papiers s’il vous plaît.
– A la ceinture des grandes villes, ces routes grouillantes de bagnoles guidées par des œillères au centre de ces interminables murailles de panneaux d’affichage, vomitoires vendus à la consommation.

En mode résolution
– J’ai toujours rêvé d’avoir le même sac que celui de Marie Poppins. Le mien est peut-être sans fond, mais je n’y trouve jamais rien. Tout n’y fait que disparaître.

– Je surfe, tu twi(s)ttes, elle (va finir)tiktok, nous googueulons, vous m’aillez, ils deezent. Pas d’autre solution…
– Le robinet fuit. Les tuyaux sont bouchés. Le lavabo déborde. Le plombier est confiné. Qui va payer la facture ?

Où sont les couleurs ?
Oui, tiens, je les ai évacuées d’office en lisant la consigne : « forme simplifiée, au stylo ou crayon ». Noir, blanc, gris : les ombres en couleur, ça n’existe pas…

Ne sommes-nous plus que l’ombre de nous-mêmes ?

Et l’amour dans tout ça ?
Il est là, caché derrière les ombres de tous ces objets dressés comme des phallus. Il est aussi dans le néant et la lumière. Il est caché mais il est là !

Notes sur la noirceur
Une limace noire, je trouve ça plutôt dégoutant. Les limaces, je n’aime pas trop mais le noir ça va : je l’apprivoise, je m’habitue, j’apprends même à vivre avec…

Quand même, je préfère la lumière, les lampes, les bougies et les couleurs qu’elles donnent à la vie.

Les bruits de l’angoisse
C’est simple l’angoisse. Soit, ça vous laisse muet, incapable de sortir même une pensée, ça vous mure dans votre peur. Soit, au contraire, ça sort d’un coup, dans un cri d’une voix qu’on ne se connaissait pas. Un cri long, fort, qui envahit tout l’espace comme le son du carnyx.

Y croire ou pas
Au monde d’après.
A la solidarité universelle.
Qu’un jour, j’arrêterai de me poser des questions sur tout et n’importe quoi.
Que tu vas réussir à tenir tes promesses.
Que tu le feras aussi pour moi.
Que cette fois-ci c’est la bonne.
Croire en moi d’abord.
Puis croire en toi…

De la magie en toute chose
Pourquoi vouloir tout expliquer ? Avant tout, il faut changer son regard, espérer très fort que les rêves deviennent réalité, et tout faire pour cela…

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Raphaëlle sur son toit ne peut être avec nous cette semaine autre qu’en pensées… Hélas les nôtres ne peuvent pas faire avancer son chantier plus vite…

& une nouvelle qui plaira à David :

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Allez,en guise de récompense, un portrait-révérence de Marguerite par Richard Avedon


le fantôme d’une puce

Date : 22 avril 2020


(photo prise lors d’un atelier à la médiathèque de Toulouse avec la Cave Poésie, en 2017)

  A la faveur d’un petit rangement sur mon bureau (d’ordi), des images et des liens découverts lors de recherches diverses et variées :

Le Fantôme d’une puce , de William Blake

& puis, il y avait des notes et images diverses et variées, que j’ai finalement supprimées pour cause de déprime :
Des images de papiers peints panoramiques trompe l’œil, avec palais vénitien dans salle à manger ou garage, avec jungle esthétique dans la brume et dans la salle de bain ou devant un bureau design bien rangé, des sols en images 3D résinée avec ours polaire, dauphin, baleine, bord de mer avec sable, planète dans l’espace étoilé, etc.., dans salle de bain, wc, cuisine, chambre, couloir… (toujours vu de loin en perspective, pas de vue quand on est en train de marcher dessus au milieu de la pièce ou assis sur les chiottes…)
Une annonce du Cnap d’une mesure exceptionnelle d’aide envers les galeries d’art ayant subie l’annulation de participation à une foire ou d’une expo, avec une enveloppe d’achat de 600 000 euros, 2 propositions et 25 000 euros max par galerie, “les œuvres pouvant être acquises seront celles d’artistes de la scène française que les galeries devaient présenter”.
Avec la restriction de l’activité d’Amazon, la phrase relayée d’un délégué CGT : “On est choqué de voir des godemichés ou des drones” envoyés
Un promeneur qui a montré ses fesses à un drone de surveillance qui le survolait lors d’une promenade, verbalisé par les gendarmes venus en VTT, parce qu’il n’avait pas d’attestation de déplacement et qu’il était dans un endroit interdit…
Le petit avion de surveillance qui survole Marseille tous les we, qui longe et relonge le littoral et fait en plus du reste chier par le bruit : “le but est de voir s’il y a des regroupements de personnes, et si c’est le cas d’envoyer des effectifs au sol.”
& cet été, est-ce qu’il va tirer une banderole derrière lui, avec quel message ?

Des tas de réflexions sur les drones, dont “Même à la campagne, leur efficacité est due au fait qu’un drone peut potentiellement arriver à tout moment.”
L‘appel d’offre du gvt de 4 millions d’euros pour des drones : bon, là je mets les spécification…
Des bouts d’article lus dans lundi matin, allez-y vous même ce sera mieux
ce qui se passe en prison, depuis la mutinerie d’Uzerche pour absence de parloir, les détentions provisoires automatiquement prolongées, et

– et puis, tiens, ça à entendre (entre autre)

– & regardez ça,(dont est extrait cette photo), c’est vraiment formidable
L’utilisation de l’expression “distanciation sociale” au lieu de “distanciation physique”, et l’expression d’informaticiens militants : “dictature de la commodité” avec le numérique et le sans contact
Que les fumeurs sont beaucoup moins atteints du covid, vive la nicotine
& puis tiens, une vieille chanson d’une grande fumeuse pas fumeuse

& aussi

Et des banderoles et slogans



Un (bout de) mail avec 3TBP de Christine :

1/ je pars tôt avec un papier que j’ai tamponné disant que je suis mandatée en tant que vannière par l’association “sages comme les sauvage” pour aller à Éourres trier et préparer des boutures d’osier mis à disposition par l’oseraie du possible pour qu’on les plante aujourd’hui sur un terrain de la ferme des jeunes pousses à Barret sur Méouge…
Pas de bleus sur la route…

2 / je retrouve Béa devant un centre médical à Laragne pour livrer 5 sur blouses anti covid que j’ai fabriquées hier à un toubib à qui je dis (franco) que je pense que ce qu’on fait là c’est juste n’importe quoi !
Non on ne protège pas des soignants (ni les malades) avec des sur blouses faites en patchwork de drap de coton !
Je lui dis que je veux bien en faire d’autres des sur blouses mais si ils achètent du tissu technique fait pour et j’ai l’adresse de ce fournisseur… Il réagit au quart de tour en me disant mais alors le gouvernement pourrait en faire fabriquer pour nous ? Je lui réponds (ce que je crois) de ne pas rêver, mais par contre oui il pourrait lui en commander de ce tissus…
Je lui dis aussi que je ne vais même pas parler du fait que faire appel à du bénévolat c’est dingue quand même parce que y’a plein de couturières qui pourraient en faire en étant un peu payées. Pourquoi non ?
Même masquées, que c’était bon de se voir, et de voir ce qui peut se passer dans la tête de ces toubibs qui ont tous des grosses voitures !

3 / passer une journée entière sur un terrain où tout le monde travaille comme toujours et nous pareil du coup… avec Jef et son troupeau de chèvres et leurs cabris qui sont trop beaux même si un jour ou l’autre on les mangera. Manger ensemble avec Simon et Julie avant de se mettre au travail et planter 250 boutures d’osier en plein soleil pas loin de la rivière…

J’ai pas pris assez de photos mais quand même un peu
et les paillassous que Yolande et moi faisons pour répondre à une commande du FRAC et tous sont validés ce soir : Wahou !

Un mail de la Cave po que je partage, si jamais ça vous tente :

Une proposition… un peu particulière…
Serais-tu partant.e pour nous écrire un texte érotique dont le seul but est d’être masturbatoire?
Je m’explique :
Avec radio Cave Po, sur les coups de minuit, un soir, nous aurions aimé proposer un rendez-vous porno à l’attention de toutes celles et ceux, confinées solitaires (ou pas d’ailleurs)… éloigné-es de leur amour, de leur amant-e, de leur objet de désir et devant s’occuper seul-e…

d’où ma requête particulière, car oui il y a des textes érotiques, érotiques +++, porno etc… L’idée là serait un texte dont le seul but est de susciter et clairement accompagner la geste (ou le geste) masturbatoire…
comme si t’étais au téléphone avec la personne que tu désires et que tu lui parles pour et pendant qu’elle se masturbe.
cela pourrait-il te tenter comme expérience d’écriture?
J’ai demandé à plusieurs auteurs, autrices, pro comme amateur… tu peux m’envoyer ton texte de façon anonyme (ou pas – as you want ) à radiocavepo@gmail.com.
Soit le texte seul et je le fais lire par quelqu’un-e d’autre
Soit toi qui lit
la diffusion de toute manière sera anonymisée… je veux dire on ne dira pas qui a écrit quoi et qui lit

carte blanche quant au sujet, la durée du texte, etc.
Ce mail comme une bouteille à la mer

alors, la radio c’est
regardez le programme de la semaine et un rdv du soir “parce que nos culs ont des oreilles”

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Leslie commente le blog :

J’aime bien l’enchaînement entre la proposition érotique et l’apparition de Louis Garrel en manteau…

Leslie, merci pour cet enchainement !
(car les pages évoluent régulièrement entre leur 1ère publication et des modifs qui s’y rajoutent plusieurs heures après en corrigeant les fautes d’orthographe et additionnant ce que j’avais oublié d’y joindre, et je voulais garder Marivaux et Luc Bondy pour la fin..!)
* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *

  & pour aller mieux après tout ça, une merveille :

https://vimeo.com/402932046


atelier d’écriture du mardi – N° 28

Date : 15 avril 2020

atelier 28, mardi 14 avril, chacun.e chez soi
Ces exercices devraient vous prendre plus de 2 h, mais en ce moment le temps se dilate…

A      Un poème de Victor Hugo extrait de Les Orientales (1829)
Construit en augmentation et diminution du nombre de syllabes, avec un « climax ».
La forme et le propos du poème sont liés : la longueur des vers augmente avec la force de la tempête provoquée par le passage des djinns autour de la maison, puis diminue à mesure qu’ils s’éloignent.

Les Djinns

Je vous demande de reprendre cette forme d’augmentation/diminution
pour décrire une observation/sensation du paysage autour de/en vous.
Paysage extérieur ou intérieur (suivant votre humeur et/ou où vous habitez — par intérieur, j’entends l’intérieur de la maison, ou de vous-même)

Je voudrais une description très détaillée, par touches.
Pensez au point de vue (comme un travelling ?)
(Pensez à la peinture impressionniste, comment Monet traite l’espace et l’espace de la peinture dans les nympheas exposés à l’Orangerie, comment on est à la fois observateur et « dans » la peinture ….)
Soignez le style, rechercher le vocabulaire, pensez au rythme qui doivent transmettre les impressions

Ça n’est pas facile, mais ça peut être un travail réjouissant !
C’est l’occasion soit de faire abstraction de votre état d’âme en cette période en vous concentrant sur l’extérieur, soit d’analyser sans poncifs votre malaise le cas où (ou les 2 !)
& tiens, Fauré a mis le poème en musique

Manée :
Pas facile en effet, en plus cette fois la lumière était tellement belle ce soir et semer de la roquette tellement urgent ( ! ) que j’ai commencé tard…

Sylvie : (le texte est affiché plus petit que celui de Manée à cause de mes manip pour que ça rentre sur 2 colonnes….)
difficile d’arriver à la cheville, que dis-je, au petit orteil de Victor Hugo, ni même de s’approcher…
Je n’ai fais que la moitié de ce volumineux travail.
Je t’embrasse avec vue sur le bassin d’iris des marais,

David :

et voila, c’est tout ce que j’ai pu pondre pour cette fois,
mais je me rend compte après coup que je suis quand même pollué
par les annonces et commentaires.
Et je suis plus à l’aise en mécanique qu’en botanique.
merci encore à toi et aux beaux textes qui accompagnent
les consignes, et pour l’apparition extraordinaire en fin de post
du dernier atelier. A peine croyable.
Confinement votre.

Sylviane :
— Hier pas de internet. Je vais prendre les consignes aujourd’hui et faire le travail. J’ai beaucoup de problèmes avec le réseau…. Biz bonne santé à vous
Bonsoir Fabienne, après de multiples coups de fil à Orange, un technicien est intervenu sur la ligne cet après midi et pour la première fois depuis un tas de jours, la connexion tient depuis quelques heures; j’en profite pour t’envoyer l’exercice un . J’ai eu beaucoup de peine, le moral n’est pas terrible alors j’ai du mal à penser ; alors exercice 2 de l’autoportrait j’ai renoncé; aucune idée sauf à m’imaginer en marais gluant illuminé du chant rauque des crapauds en mal d’amour.
J’imagine mon déconfinement comme un bonbon sorti du papier

B        Petits extraits d’Andrée Chedid :
Face aux violettes, Mondes Miroirs Magies, Flammarion
En sa forme concise, cette plante rassemble toute la mélancolie du monde. Ridée, feutrée, renfrognée, elle me fait penser à certaines femmes plaintives depuis leur prime jeunesse, blanchie de cœur avant l’âge. Leur sensibilité déviée, dévoyée (ce qui les rend, par moments, attachantes) les conduit à se prendre pour d’éternelles victimes, sans cesse à l’abandon. Elles ne trouvent réconfort qu’en des malaises réels ou imaginaires, qu’en d’impénétrables maladies. […]

À les contempler, il me vient une folle envie de coquelicots ardents, de pivoines échevelées, de dahlias chatoyants, de tulipes hardies ! Je brûle du désir d’appliquer sur tout ce mauve, tout ce violacé d’épaisses couches de soleil. J’en appelle alors à toutes les fleurs d’aurore : aux primevères des bois et des prés, aux capucines, aux jonquilles, aux genêts malgré leurs épines ; surtout, à ces tournesols ensorcelants si chers à Van Gogh !

Le sixième jour, Flammarion, Mille et une pages
Le buste s’arqua tandis qu’elle prenait l’enfant sur ses genoux ; il paraissait composé de baguettes de saule, minces et friables. La femme se fit berceau. Elle se fit champ d’herbes et terre d’argile. Ses bras coulèrent comme des rivières autour de la nuque rigide. Sa robe, entre ses cuisses séparées, devint vallée ronde pour le poids douloureux du dos meurtri, des jambes raides. Sa tête s’inclina comme une immense fleur odorante, son buste fut un arbre feuillu.

Faites un autoportrait en plantes (travaillez la description du végétal et faites des analogies)
Et celui de quelques membres de votre famille

Manée :
Peut- être comme la bogue de châtaigne mais à l’inverse: duveteuse à l’extérieur et des dizaines d’épines à l’intérieur…
J’aimerais être fleur de carottes sauvages au bord des chemins, faites de milles petites fleurs blanches, légères et mousseuses ou onagre qui pousse n’importe où avec ses corolles d’un jaune pâle
mais je me sens plutôt comme un bulbe ou un arbre et plutôt massif comme un chêne que bouleau léger, trop de racines et de terre qui me colle après.
Mais peut être tout de même pourrais-je tenter d’être pistil noir accroché sur le fond jaune des tulipes rouges ou encore myosotis dans un vase de fine porcelaine bleue. J’hésite avec un tapis de pétales de camélias roses qui perdent enfin leur côté perfectionniste sur l’herbe neuve du printemps. Et si j’étais lilas (le plus simple, le plus mauve), j’aimerais beaucoup que quelqu’un enfouisse son visage au milieu de moi.

David :
Véronique Petitchêne
Elle est comme ses femmes sans âge qui ressemblent toujours à une petite fille, une petite rampante d’une douce discrétion qui vit dans l’ombre des autres sans qu’on l’y ait invitée, elle était là avant, elle y sera après, petite robe finement ciselée de verte fraîcheur et une petite gueule mignonne, d’un bleu assez vif. C’est une sauvageonne libre de pousser ou elle veut, pas comme ses petites copines bien sages et à leur place, myosotis, primevères, pâquerettes et cœur de Marie. On les oublie car les grosses gueules solaires des pissenlits occupent tout l’espace, l’énorme pivoine aux soieries abondantes toise son rival l’iris bleu au fort caractère.
Et que dire des glycines en cascade mauve vrombissant d’abeilles charpentières, là c’est vraiment trop. La petite ne sera point ravagée par le vent, les tempêtes et les grêles, les colères nocturnes. Elle est là sans orgueil quand les autres si belles dévastées ne sont déjà qu’un souvenir.

 

& pour conclure :


agneaux et bateaux de pâques

Date : 12 avril 2020

Je voulais faire cette affiche, tirée d’une  phrase de Raphaëlle, en atelier d’écriture du mardi :

L’image provient de là :

et parmi mes recherches iconographiques sur le net, celle-ci édifiante

mais aussi celle-ci intitulée “agneau heureux”, que j’ai tramé pour l’occasion

car en recherchant “agneau pascal”, on tombe sur cette chose appétissante (enfin, que je préfère à la viande!)


 
leurs cousins :

En recherchant des agneaux, je me suis pris au jeu de rechercher des qui ont une laine que j’aimais feutrer, avec de belles couleurs ou matières.

Le magnifique gris des Gotland, un joli roux ardennais (pas trouvé un roux de Berne)

Les beaux “noirs”, Ouessant, Corriedale

Du coup, j’ai découvert qu’il y avait aussi des Black Wensleydale
Je ne connais que la laine blanche, une fibre très longue, qui donne l’impression de feutrer un nuage (si ce n’est que ça demande du muscle!)

& a contrario je n’ai feutré que de la laine Corriedale brune, mais en “blanc”, c’est l’agneau idéal en peluche avec du poil aux pattes!


J’en ai vu des beaux qu’on voit pas tous les jours !
si ça vous intéresse, par exemple, ou , etc.

& pour revenir à l’agneau de Pâques, justement, Raphaëlle m’a envoyé un message :
  
et en lisant l’article là,  je découvre ça aussi :
” Premier producteur mondial de mouton, la Nouvelle-Zélande bénéficie, en réparation de l’agression par les services secrets français contre le Rainbow Warrior en 1985, d’exonération de droits de douanes pour exporter chaque année 227.000 tonnes de viande.”
(pas mal pour la protection de l’environnement….!!)
enquête (sur l’emploi de nos impots en plus des essais nucléaires…) :


James Bond nous ramène à Pâques, tiens, avec cet œuf de Fabergé de 1891 ;

torpillé par les anglais en 1919…

et si vous voulez en découvrir plus sur cette collection incroyable, c’est

 


atelier d’écriture du mardi – N° 27

Date : 8 avril 2020

atelier 27, mardi 7 avril, chacun.e chez soi

Cette semaine, on va encore profiter que vous soyez chez vous.. !!
Des photos envoyées depuis Tulle m’ont donné l’idée de l’atelier du jour..!

Voici d’abord des images de textes dans un environnement familier :

Chez Sylvie, les statuettes manifestent…

(je ne sais plus quel est l’artiste auteur.(e),  c’est une photo capturée sur le net et rangée dans mon ordi..)
Lors d’un repas-performance-lecture durant 3 soirs, avec la Cave Poésie en décembre 2016

Au Lieu/lien en avril 19, & à Arromanches avec Xavier Pinon, en résidence à la villa La Brugère en novembre 19

Un atelier, avec la Cave Poésie à Toulouse en février 17

Dans la bibliothèque d’un collège où j’ai fait des ateliers d’écriture, quand j’étais en résidence à la maison Julien Gracq

Post it laissé sur le mur près de mon bureau par Dans le ciel tout va bien (nom d’auteur), résident de La Marelle

Pierre Tilman

à droite, Antoinette Ohanessian

& puis Tianji Zhao, une artiste que j’ai découverte dans la revue en ligne TK21



& un texte (une lettre), dans Télescopages

Après avoir regardé et lu ces éléments, je vous demande :

8 textes minimum écrits (par vous) posés dans la maison
(possibilité d’aller 1 peu dans le jardin, terrasse…, mais avec trace d’une activité quotidienne),

sur les meubles, murs, vitres, objets, vêtements….
Sur papier, post-it, …, au crayon, style, feutre, peinture, blanc de meudon…,
juste écrits posés, punaisés, scotchés, … ou réalisés avec une pratique artistique suivant vos envies et vos compétences…

Quoi écrire ?
— Laissez-vous ou laissez-nous des messages élaborés,
des phrases, petits (ou plus longs) textes que vous serez content.e.s de relire si elles restent plusieurs jours affichés chez vous, qui vous accompagneraient pour réfléchir, vivre, travailler, rêver…
— N’oubliez pas que c’est un atelier d’écriture,
je vous demande d’élaborer vos textes, écrivez d’abord sur votre cahier (ou feuille), chercher la phrase juste, pensez au style, au vocabulaire choisi, à la ponctuation.
Je ne vous demande pas une formule magique ou un slogan mais un TEXTE
— C’est un atelier visuel également, pensez à la mise en forme
support, choix du stylo (ou autre chose), choix de l’écriture, espace de la feuille
— Vous allez m’envoyer des photos, pensez au cadrage, à la lumière si possible, qu’elles ne soient pas pourries, les photos sont le rendu de l’atelier.
(règle : pas de visages photographiés si jamais il est indispensable qu’il y ait une personne sur la photo)
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MANÉE : Merci à toi pour ces consignes que j’ai adoré suivre; comme une partie pouvait se dérouler dehors, j’ai commencé tout de suite dès que je les ai reçues et en même temps, je me disais: je n’arriverai jamais à trouver 8 objets de situations et 8 textes mais comme souvent pendant l’atelier, après avoir pensé qu’on ne va pas y arriver, les idées finissent par venir et s’entraînent les unes les autres et le plaisir arrive. En tout cas après avoir pensé un moment que le déconfinement était peut-être assez proche puis réalisé qu’il n’en était rien cet atelier était une vraie échappée. 


DAVID : hello Fabienne, ci joint mes 8 images textes, j’ai un peu dérogé une fois de plus, faut pas m’en vouloir, en ce moment je suis en roue libre.

DOMINIQUE : Au ras des pâquerettes… Je m’aperçois en regardant ces photos que le monde extérieur ne fait plus partie de mon univers, instinct de survie ? Manque d’imagination ou peur de ne pouvoir agir? Pur égoïsme ? Je vous les livre quoiqu’il en soit, et vous laisse libres d’y trouver ce que vous voudrez…

JEANNE : J’ai passé plus de 2h à “pondre “ces 5 photos / textes et ça m’a rendue triste . Au lieu de me réjouir de cet atelier j’ai “rendu mon tablier “avant l’heure … Je n’ai pas réussi à écrire des textes que j’aie envie” de garder plusieurs jours et de relire avec plaisir “!


Comme j’ai demandé à Jeanne de me refaire des photos qui étaient trop floues, ça fait 2 textes en plus des 5 premiers, et certaines photos sont quand même toujours un peu floues, Jeanne se demande si elle ne commence pas à sucrer les fraises… Non Jeanne, respire, ce n’est pas encore la saison….

AGNÈS : Me revoilà !…😋  l y a même une vidéo, je trouvais ça plus ” parlant”. A bientôt !
(Désolée, Agnès, je ne l’ai pas mise, c’est trop lourd — en octet!)

LESLIE : Il y a peu de contrainte thématique, ça me bloque un peu, je ne sais pas comment aborder la chose.
En attendant, une photo de mon atelier parallèle (décorer des papiers alu pour envelopper les œufs de Pâques, avec Théophile)

je mets en ligne, à compléter, donc….

RAPHAËLLE : — je vais m’y mettre. sans doute demain. Les ouvriers sont à nouveau à la maison et du coup je suis pas mal occupée….
— J’étais sensée terminer ce matin mais 14 de mes agneaux ont eu la bonne idée de faire des km de promenade…
L’ordre des photos a de l’importance.

SYLVIANE :  hier : Bonsoir Fabienne ça ne m’inspire pas. Je comptais regarder ce que les autres ont fait. Internet rame un max. Je décroche. C’est long sans voir personne. Je m’abîme dans le jardin à longueur de journée. Seul moyen de lâcher prise. Et le soir je rentre dans la maison je tombe de fatigue. Je pense que je ne supporte pas bien cette situation. Quand je pourrai regarder le blog j’essaierai de faire quelque chose mais ce ne sera peut être pas dans la maison. Je n’y suis pas. Meilleures pensées de Sylviane
Aujourd’hui : Merci pour la technique japonaise. J’ai essayé hier soir tard et je me suis réveillée de bon pied. Voilà mon travail 7 photos mais j’envoie maintenant car internet marche très mal le soir.. Biz



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Un poème de Pessoa (reçu d’un mail de la librairie L’Attrape Cœurs, 75018), qui coincide avec cet atelier

Ça semble plus compliqué pour la plupart d’entre vous quand vous n’avez pas des consignes d’écriture strictes quant aux thème et forme (pourtant…), un modèle à suivre… Ou c’est le confinement et l’éloignement qui pèsent, qui empêchent pour certain.e.s d’être bien posé.e.s, ou à distance de travailler avec plus d’exigence encore pour conjurer cette situation ? Déprime et découragement ? (Quoi qu’il en soit, merci de votre participation, cela nous aide à réfléchir.)
(Merci à Manée pour cette photo!!)
… & je prendrais en compte ces considérations (que je me fais) pour le prochain atelier !

Pas de relâchement, comme la reine de droit divin habillée photoshop, et toujours très chic…

Pour rester à Tulle, et d’autant qu’elle n’est plus sacrée, vue d’avion de l’église St Pierre décalottée…
Comme je ne peux y aller, j’ai fait une maquette pour m’aider à appréhender l’espace pour bosser pour l’expo de septembre..!!
& ça donne envie d’y mettre des mots, non ? A suivre, alors….

& puisque je ne suis pas à Tulle…
… Pendant que vous vous escrimiez avec les consignes, certains apprécient le confinement….

regardez-les là  ça fait du bien!!!

 


des liens

Date : 2 avril 2020

• Une lettre de Leslie, qui dit bonjour à sa maman

…le lien est

• Un mail de la MEL (maison des écrivains et de la littérature)
Opération Pangolin
Il paraît que le 1er avril 2020 est reporté à 2021…
Qu’à cela ne tienne, la Mél a très envie de partager avec vous cette nouvelle de Didier Deanincks digne d’un 1er avril : Opération Pangolin.
Courte fiction ancrée dans la réalité de la crise du coronavirus qu’il a rédigée pour Libération et qui a été publiée dans le journal le 23 mars dernier ici

Didier Daenincks est depuis longtemps un auteur adhérent et ami de la Mél.

Nous vous invitons à voir/revoir la vidéo de sa participation aux Enjeux 11 “Droits de cité” du 25 janvier 2018 autour des mutations urbaines

& moi, je vous invite vivement à regarder celle-ci, c’est un peu long mais c’est encore plus formidable!!

• & puis Gégé envoie souvent des liens, aujourd’hui celui-là

• & un message d’Aysé, reçu hier
Au secours catholique et au Secours populaire, J’avais interviewé des ‘bénévoles’ et ‘bénéficiaires’ au sujet du courage (thème du printemps des poètes) le mois dernier, Aysé était absente.

Hélas, ça n’intéressait pas le nouvel animateur de Bram fm…

A signaler que j’ai envoyé les enregistrements à Radio Cave-Po, à suivre…


atelier d’écriture du mardi – N° 26

Date : 31 mars 2020


double page de l’Agenda noir 1985

 

atelier 26, mardi 31 mars, chacun.e chez soi

 

Aujourd’hui, on va profiter que vous soyez chez vous :

 

• Avec Benoît Casas, qui a écrit L’ordre du jour, un « journal » poétique, en reprenant chaque jour des phrases de livres lus, ouverts, ce jour-là (et écrites ce jour-là), qui font écho à sa journée. (ed. Seuil)

extraits :

• & Fernando Pessoa (poésies d’Alvaro de Campos – gall.), qui met de l’ordre…

Je vous demande d’aller ‘picorer’ dans votre bibliothèque, ou ailleurs,
dans les livres, les journaux, les revues, (pas forcément en littérature) qui sont chez vous.
Ne les choisissez pas forcément, ouvrez les aussi au hasard…

Relevez des courts paragraphes, des phrases, des formules, qui vous parlent immédiatement,
en écho avec vos préoccupations et occupations, pensées, sentiments, impressions, etc.

(notez vos sources)

Composez 4 textes à partir des extraits choisis
Changez de partis pris à chaque fois (de règle du jeu assemblage-composition -écriture)
Je vous demande d’écrire personnellement à travers le « montage », dans 2 d’entre eux
(En début de chaque texte, dites-nous quelle a été votre règle du jeu — je préfère ne pas vous les imposer, d’autant que vous pouvez disposer de plus de temps que d’habitude…;
en fin de textes, citez les co-auteur.e.s..!)
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Raphaëlle :

 

 

 

NOUVELLE :
Monsieur T. ayant partiellement perdu la vue, s’est vu obligé d’investir dans un chien guide d’aveugle pour garantir toute son autonomie. Il a commencé par investir dans un beauceron. Pourtant, on le lui avait bien dit, le beauceron n’est vraiment pas le chien idéal pour guider. Certes c’est un chien d’une corpulence agréable qui a cette capacité à rassurer mais il a bien des difficultés à anticiper, prévoir et prévenir, fonctions essentielles du guide du malvoyant.
Tant et si bien que Monsieur T. se trouva peu de temps après l’acquisition de son premier chien, renversé par une voiture. Grâce à cela, oserions-nous dire, il a développé des réactions nerveuses tout à fait particulières ; gestes intempestifs, blocages partiels de la faculté de marcher, difficulté à maîtriser ses pas, si bien que Monsieur T, devenu un cas d’école, accepta d’intégrer un hôpital psychiatrique de façon permanente jusqu’à ce qu’il meurt, les os de chaque membre fracturé, le personnel médical ayant été incapable de caparaçonner l’ensemble de l’hôpital.
(source : Jean-pierre Changeux, Du vrai, du beau, du bien. Une nouvelle approche neuronale.
“Les neurones de la rétine effectuent un premier traitement de l’information visuelle”.
“La neuropsychologie a pour vocation d’exploiter les conséquences de lésions cérébrales dues à des traumatismes, des accidents vasculaires ou des maladies génétiques sur les fonctions supérieures du cerveau.”)

MANUEL à l’usage des parents qui veulent mettre leurs fils au tricot.
Règles de base :
1. Si le père est devant la télé, il est toujours avec son tricot : un pull pour sa fille de préférence.
2. Le père lisant une histoire à ses fils peut privilégier tout type de livre concernant des animaux laineux et profiter de cela pour donner une image positive du matériau laine.
3. Le père réalisant un pull pour sa fille, n’hésitera pas à faire participer ses enfants à l’ouvrage.
4. Le pull de la fille sera particulièrement doux et chaud, ce qui motivera les fils d’avoir leur propre équivalent.
(source :  Le grand livre du tricot. Les techniques , les points, ouvrages et tours de main.
“Le tricotage est une technique ingénieuse qui permet d’obtenir une surface de tissu à partir d’un ou plusieurs fils continus, à l’aide, du plus simple des outils, l’aiguille à tricoter.”)

POESIE
Je cours après le temps
Je cours tout court, de temps en temps
Où cours-tu me demande le taon ,
Là où personne ne me ment
Ah bon on te ment ?
Oui, tout le temps
Il est temps de prendre ton temps
Donc, je t’attends
Vraiment ?
Assurément
Et voilà les deux amants
Partis sur l’air du temps.
(source : Erik Pigani, L’art de gérer son temps ou savoir vivre efficacement.
“A force de courir derrière un temps qui va toujours plus vite, l’homme occidental a oublié son présent.”
“Ainsi, toute la planète est devenue synchrone, avec un temps unique, contrôlé par les nanosecondes des horloges atomiques.”)

Interessons-nous à la maltraitance animale.
Les exemples foisonnent :
“On a vu par exemple les pieux solitaires de Port-Royal clouer un chien sur une planche et l’ouvrir pour voir comment cela marchait à l’intérieur.”
et d’expliquer peu après que Malbranche, ayant donné un coup de pied à une chienne, répondait à *Fontenelle qui protestait : “Ne vous inquiétez-pas, c’est de l’air qui passe par des taux sonores, cela ne sent pas.”
(avec Théodore Monod,  Dictionnaire humaniste et pacifiste.)

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Leslie :
Coucou
Attention c’est journal un peu du coup
Et c’est pas la grande forme aujourd’hui… Les risques du métier.

Je n’ai réussi le truc des règles du jeu, peut-être parce que ça ne colle pas aux types d’extraits que j’ai choisis ? J’ai fait des chapitres à la place.

  1. C’est la merde

Se faire défoncer la bagnole par un autre pauvre qui prend la fuite
La débandade
On a de bonnes raisons d’être en colère aujourd’hui
moi je bous
ça me fatigue
je veux aller me coucher alors qu’il n’est même pas huit heures
être en colère c’est comme être malade
Je n’ai toujours pas réussi à dire ce que je voulais depuis ce matin !
Mes projets, mes désirs
La récupération du DIY jusque dans les kits IKEA est l’occasion d’aiguiser notre définition de l’autonomie. Quand le philosophe franco-grec Cornelius Castoriadis défendait un « projet d’autonomie », il s’agissait d’auto-détermination populaire, de liberté d’un peuple assemblé à se choisir un destin commun. Voilà cette exigence qui sombre dans le désir d’autonomie que nous vend Castorama.
C’est marrant j’ai bossé pour Castorama alors que j’aime quand même le projet d’autonomie de Cornelius Castoriadis.
tant pis pour la pureté
c’est pas la pureté qui nous sauvera finalement
Je n’écoute plus les infos, ça m’a tué l’espoir
J’ai compris petit à petit que ça serait pire après
Il est prédit :
que les machines dédiées à la navigation peuvent
être dénuées de rameurs de sorte que
les plus grand navires sur les rivières ou les mers seront
propulsés par un seul homme à
une vitesse plus grande que s’ils étaient
remplis d’hommes
et on ne peut rien y changer.

  1. La musique

« C’est qui, ce juif ? » A demandé avec un certain déplaisir l’un des convives en désignant une petite lithographie colorée, au mur du salon. « C’est Stravinsky », a répondu ma grand-mère. Le lendemain, elle a déplacé la lithographie pour que les invités ne la voient plus.
Elle aimait bien avoir des invités
Maintenant elle n’aime pas trop les arabes
ma grand-mère juive
le temps a tamisé les histoires de son enfance en Algérie
il n’en reste que six ou sept, pas les meilleures
la semaine dernière j’ai réalisé qu’elle pouvait mourir toute seule (moi aussi)
Il faut la rassurer (moi aussi)
This world is not conclusion.
A Species stands beyond –
Invisible, as Music –
But positive, as sound –

  1. Ça ira mieux demain

C’est curieux comme tout se met en place et s’apaise. Les sombres inconnues qui s’étaient dressées devant nous au début du voyage se sont peu à peu dissippées et ont fait place aux maigres prespectives qui sont aujourd’hui les nôtres.
C’est mon tour de dormir. Dormir dans la voiture, dormir, rêver sa vie, le rêve changeant de cours et de couleur à chaque cahot, menant rapidement l’histoire à son terme lorsqu’un cassis plus profond vous ébranle, ou un changement soudain dans le régime du moteur, ou enfin le silence qui déferle quand le conducteur a coupé le contact pour se reposer lui aussi.

  1. Je ne fume pas, je ne bois plus.

Sur la neige ou sur le sable
tu peux tomber de cheval –
ivresse du saké
On ne peut fumer plusieurs cigarettes en même temps, mais il est des circonstances où, voulant allumer une cigarette, vous vous apercevez que vous en avez déjà une à la bouche que vous avez oubliée. C’est moins anodin que vous ne le pensez.
Un véritable pétrin de boulanger.

Avec le Magazine saveurs, Octobre 2016Les aventures de Maqroll le Gabier, Alvaro Mutis.Egologie, Aude Vidal Tu ressembles à une juive, Cloé KormanL’usage du Monde, Nicolas Bouvier Selected poems, Emily Dickinson Y en a marre d’être pauvre, Fabienne Yvert Woman and Nature : the roaring inside her, Susan Griffin (in Reclaim, Anthologie de textes ecoféministes, Emilie Hache)La méthode simple pour en finir avec la cigarette, Allen Carr Haikus, Bashô

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Jessica, (dont c’est le 1er atelier avec nous) :
Bonsoir,
Je ne sais pas trop si j’ai bien respecté le cadre d’écriture…

“poétique”
=> 31 mars. Après-déjeuner au soleil. Etonnement d’un silence inhabituel, étourdissant tant il est plein. Vertige du vide sonore, soudain troublé par le chant gaillard d’un merle audacieux, venu se poser sur le rebord d’un bac de fleurs. Les notes de ce petit monde urbain se réinventent …
(source : Fabrice Humbert, Le monde n’existe pas
“De même qu’un coup de poing au cinéma n’a rien d’un vrai coup, l’environnement sonore est une réinvention.”)

“journal intime”
=> Journée difficile. La solitude m’épuise, et j’ai l’impression d’être un oiseau en cage. Paradoxalement, j’ai pourtant plus de nouvelles de mes “proches” ces derniers temps, mais cette sur-présence me gêne, me parasite tout autant qu’elle me réconforte. Manque d’habitude sans doute.
(source : Laurent Gaudé, Salina
“Je ne te tuerai pas mais je te bannis. Que le désert fasse de toi ce qu’il voudra. Pour toi, la solitude et l’errance.”)

humoristique
=> Drôle de rêve, cette nuit. Moi, cette combinaison repérée dans une boutique et … Karl Lagerfeld. Sacrée bande ! Le pape de la mode m’enguirlande copieusement (je n’aurais peut-être pas dû manger de la tarte hier …), la jolie combinaison ayant une tendance persistante à marquer des agrégats disgracieux de chairs non conviées à la fête de la mode. Bon, eh bien, pas de Fashion Week pour moi, ressortons le jogging, mon allié et mon armure !
(source : Léonor de Récondo, Pietra viva
“Michelangelo se lève. Il marche tant bien que mal et sèche ses larmes. Il veut dormir. Ne pas rêver, ne se souvenir de rien.”)

Parti pris journalistique
=> Discipline de fer dans cette famille de trois enfants. La mère déclare que c’est un indispensable pour le bien-être de tous en ces temps d’enfermement. Et, de fait, l’organisation de l’emploi du temps de la fratrie est quasi militaire. Le matin est ainsi consacré aux tâches scolaires, les enfants devant ensuite aider à la confection du repas. Après une récréation méritée, le reste de l’après-midi permet aux enfants d’approfondir leur culture personnelle par la lecture ou les jeux de société pédagogiques. Le dîner est l’occasion de faire le point sur les tâches du lendemain. Et tout ce petit monde va sa coucher tôt pour affronter vaillamment les exigences du lendemain.
(source : André Gide, La porte étroite
“Il m’était aussi naturel de me contraindre qu’à d’autres de s’abandonner, et cette rigueur à laquelle on m’asservissait, loin de me rebuter, me flattait.”)

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Dominique :
Hello Fabienne me voici de retour! En bonus ,un petit acrostiche dessiné à Cuba
et 3 petites bonnes femmes de Matha Jiménez, une artiste de Camagüey…
Retour morose et nostalgie…

 

Nuxe,la nature est prodigieuse
Sun, crème fondante haute protection aux fleurs d’eau et de soleil…
Exactement ce qu’il me faut en ces temps moroses!

 

 

 

 

 

 

30 mars au matin :
ouvrir les volets, tous les volets, pour faire entrer le soleil.
Ouvrir les portes sur l’extérieur.
Ouvrir les fenêtres pour sentir l’air et respirer…
S’enivrer d’air et de lumière

 

 

S’enivrer…
Tous les soirs, une seule chose nous rassemble encore: un verre de vin.
Quelques mots échangés “Faudra aller à Bergerac pour retrouver ce vin quand on pourra sortir”…
Sortir, sortir de la maison-prison, retrouvée sans joie, triste tête à tête, journées passée à s’éviter…
Attestation de déplacement dérogatoire, motif: éviter d’avoir à adresser la parole à sa femme…

 

Dans ma tête surgissent immédiatement les images de la ville, le quartier du Vedado, le Mâle on désert, la mer si bleue, le soleil ardent…
Je me réfugie dans mes rêves…
Je regarde par la fenêtre, ici aussi le ciel est bleu et la lumière du soir est douce et dorée : il est 19h.


“De la rutina”,livre de poésie cubaine ouvert au hasard (?) Explications no pedidas de Piedad Bonett
Un guide du routard posé sur le bureau, un marque-page de l’hôtel Havana libre pour retrouver la carte de La Havane…

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Manée :


Chère Fabienne, merci pour cette proposition, j’adore feuilleter et si je m’y suis perdue avec délice tard hier soir avec seulement deux montages, cette nuit dans mon sommeil deux autres partis pris me sont venus, alors ce matin je saisis tout cela ( vitesse de saisie d’une tortue ) et je t’envoie le premier montage pour que tu ne continues pas à penser que je n’ai ni compris (enfin j’espère !) ni travaillé !

DE L’ACTUALITÉ…

L’état compte ses sous, on comptera les morts
Le malade que nous sommes, ou nous serons un jour, a tout lieu de s’inquiéter. Le mal est profond. Il s’entend dans le nouveau langage qui s’est imposé au sein de l’institution et des pratiques hospitalières. Tel est l’éloquent symptôme qui révèle le dessein de faire de l’hôpital une nouvelle industrie au mépris de son humaine justification. Un dessein indicible, qui rêve de fondre le soin dans la technicité abstraite et gestionnaire de notre société
Quand j’avais franchi le grand portail en fer de l’hôpital, je devais être encore vivant. Du moins le croyais-je puisque je sentais sur ma peau les odeurs de la ville que je ne reverrais plus jamais.
Et alors même qu’on n’est pas encore conscient qu’un monde est au bord de sa chute, un trouble grandissant fait apparaître des ruines de toutes part
Un exercice difficile le montage, pour ne pas ajouter trop de sens au sens qui finit par tuer lourdement le sens…
Ici on établit régulièrement la liste des croyances, on appelle ça: faire un point. Ici on établit une croyance chaque jour plus vraie que la croyance de la veille. Il te faudrait venir chaque jour pour être exactement au fait de la croyance, mais tu serais tout de même toujours légèrement en retard, légèrement déboussolé. Tu donnerais l’impression de pédaler dans le vide, tu brûlerais de l’énergie pour rien, tu paraîtrais si petit si tu voulais vraiment te maintenir à flot. Ici on calme tes ardeurs, on arrête tes gesticulations. Si tu savais le nombre de données qui sont traitées ici pendant que tu cherches des yeux une indication pour comprendre. Entre.
Installe toi. Ce n’est pas ici que les croyants se fabriquent. C’est ici qu’on te les donne, qu’elles arrivent, qu’elles daignent descendre jusqu’à toi.
IL sait que les chats ont neuf vies, les hommes autant qu’ils le décident, qu’on est plus souvent qu’on ne le croit planté à la croisée des chemins, qu’il faut manœuvrer sans faiblir pour éviter l’enlisement, que c’est joyeux, l’aventure, au lieu de quoi, la plupart du temps on lui répond que la route est droite et le malheur ancestral, et lui qui porte plusieurs siècles sur le dos, ça le laisse sans voix.
Mais ce matin IL aura raison contre toute logique, IL sautera les barrières contre toute lampe braquée, IL aura le dernier mot contre toute logorrhée.

Avec : Banderole dans une manifestation des soignants en novembre dernier — Stéphane Vellut, L’ HÔPITAL UNE NOUVELLE INDUSTRIE, le langage comme symptôme. Tracts Gallimard, Numéro 12, Janvier 2020 — Ahmed Bouanami, L’hôpital, Ed Verdier — Annie Le Brun, PERSPECTIVE DÉPRAVÉE, entre catastrophe réelle et catastrophe imaginaire, Éditions du Sandre — Mariette Navarro, Les chemins contraires, Cheyne Editeur

CADAVRE EXQUIS

A l’intérieur de sa maison, tout est en mouvement.
Des objets sont étalés partout.
Certains parlent du passé- La théière de sa grand-mère-
et d’autres du futur- les carnets à remplir.
au delà de la pierre le vertige des
fontaines rouillées de fonte taries les
mulots et les fauvettes s’y disputent
le pain bénit que je leur dispense
que l’herbe serait douce à qui vou-
drait s’étendre qui a fermé les vannes
des fontaines rouillées ? les bancs
ruminent l’absence des convives les
les feuilles que le vent emporte jusqu’aux
traces de leur pas oh qu’il est doux
le temps des fontaines qui chantent
TAGETES
Famille des Asteraceae
Tagetas lucida
Plante annuelle sous nos climats, aux tiges dressées de 30 à 40 centimètres de hauteur. Fleurs d’un jaune orangé vif à capitules nombreux et petits. Parfum très agréable. Saveur aromatique rappelant celle de l’estragon
En somme, il faut éliminer radicalement la concurrence mercantile avec l’appétit individuel d’or et de gloire pour que l’individu puisse s’épanouir.

Avec Mélanie Ruttin, Nour, le moment venu,  éditions MeMo — Francis Ricard, En un seul souffle, Cheyne Editeur — Les semences de Kokopelli, manuel de production de semences dans le jardin familial  — Les utopistes, Karl Marx et Friedrich Engels, petite collection Maspero

À TRAVERS LES SIÈCLES , XVIII, XIX ET XX

Dans les airs frémissants j’entends le long murmure
De la cloche du soir qui teinté avec lenteur.
Les troupeaux en bêlant errent sur la verdure;
Le berger se retire et livre sa nature
À la nuit solitaire
Déjà les beaux jours, la poussière,
Un ciel d’azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs;
Et rien de vert : à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameau noirs !

Ce beau temps me pèse et m’ennuie
Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau
Le printemps verdissant et rose;
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui souriante, sort de l’eau
Dans l’air de plus en plus clair
Scintille encore cette larme
ou faible flamme dans du verre
quand du sommeil des montagnes
monte une vapeur dorée

Demeure ainsi suspendue
sur la balance de l’Aube
entre la braise promise
et cette perle perdue

Avec Châteaubriant, Les tombeaux aux champêtres  — Gérard de Nerval, Avril — Philippe Jaccotet, Lune à l’aube d’été – Gallimard

HAÏKU

C’est cette nuit en rêve que m’est venue cette idée
du parti pris d’un montage à La haïku,
je me suis levée pour chercher un papier et un stylo
de crainte que le rêve ne s’évanouisse.

Tu t’en vas sans moi ma vie
Tu roules
Et moi j’attends encore de faire un pas.
Tu portes ailleurs la bataille.
Tu me désertes ainsi.

Je ne vois pas clair dans tes offres.
Le petit peu que je veux, jamais tu ne l’apportes.
A cause de ce manque, j’aspire à tant.
A tant de choses, à presque l’infini…
À cause de ce peu qui manque, que jamais tu
n’apportes

Il est vraiment étrange que moi qui me moque
du patinage comme de je ne sais quoi,
à peine je ferme les yeux,
je vois une immense patinoire.

Avec Henri Michaux Ma vie et Le sportif au lit, La nuit remue, Poésie / Gallimard

PS: oui, les consignes de Fabienne Yvert nous poursuivent la nuit …

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Sylvie : C’est toujours une surprise…

1/
Je vis sans télévision depuis plus de trente ans, mais de 1968 à 1980 elle fut dans la ferme au bord de la Santoire un œil ouvert sur le monde.
2020. Depuis le 16 mars je vis confinée dans un entre deux mondes : celui de l’information, continue, qui égraine à heures fixes sa litanie de nouvelles, le nombre de malades, toujours plus qu’hier. L’extérieur est devenu un monde inquiétant, un monde où peu s’aventure.
La musique, le silence, les émissions de radio, grand bien vous fasse. Les oiseaux font leur parade, les merles sifflent, les hirondelles ne sont pas encore arrivées. A l’intérieur c’est rassurant. Calme. Je suis bizarrement rassurée par ce petit monde clos.
Je respecte les gestes barrières ! Chaque soir les soignants sont applaudis.
Le service et le soin sont toujours une relation asymétrique : celui qui est soigné ne pourra jamais rendre ce qu’il a reçu. C’est un donné sans retour. Ce mode de relation est directement celui de visage à visage. Le serviteur n’est pas plus grand que le maître et, dans le soin, le maître est le malade, c’est-à-dire le faible, le petit, le vulnérable.

Mardi 31 mars.
Juste au dessus de la porte un raie de lumière orangée dit la couleur du temps.
La fraîcheur du dernier matin de mars. Je me lave les mains.
Je prends le petit déjeuner avec ma robe de chambre à carreaux jaune et turquoise, lui la trouve encore belle.
Ce matin je n’ai rien fait. Juste répondu au téléphone. Je dis comment ça se passe.
On prend des nouvelles les uns des autres.
Je bricole, je lave, j’aspire, je range… Le téléphone encore, une personne sans abris, une maman avec son bébé, elle a peur qu’on le lui enlève. Oui, bien sûr elle peut sortir avec son bébé. Une vieille intrépide ne tient pas en place, elle n’en fait qu’à sa tête. Elle a des idées de transgression.
Ce soir deux avions de chasse sont passés. Lui se couche tard.

Avec  Marie-Hélène Lafon, Traversée, Chamonix, éd. Guérin, 2015. — Dominique Rivière, Sur l’autre rive de la vieillesse, Toulouse, éd. Érès, 2017.

2/
Mars le surpris. Il resta deux jours sans mettre les pieds dehors. C’était certain qu’il resterait confiné jusqu’à la fin du printemps. On lui apportait des sandwichs dans la chambre. Il souffrait. Chaque bruit du dehors lui faisait mal.
Cependant, avril bourgeonnait aux marronniers des squares. Les effluves chaudes de la pluie réapparurent dans la ville. Dans les quartiers désertés les chats s’accouplaient en miaulements rauques. Le vent dispersait certaines graines. Tout était changé. L’air lui-même.
Mai étira ses jours. Aux bourrasques sèches et brutales succéda le souffle d’une brise souple chargée d’odeurs. Un bruit semblable à celui de l’eau venait des hauteurs : c’était celui du vent dans les forêts. Réapparaissaient les saules, les osiers, les prés, les jardins, les fleurs et une certaine raison de vivre.

Avec Francis Carco, Jésus-la-Caille, Paris, Le livre de poche,1964. — Jean Giono, L’homme qui plantait des arbres,  Gallimard, 1996.

3/
Été. Le paysage est un travail, un vaste chantier géologique qui dépasse la force des personnes.
Arrivé à l’endroit où il désirait aller, il se mit à planter sa tringle de fer dans la terre. Il faisait ainsi un trou dans lequel il mettait un gland, puis il rebouchait le trou. Il plantait des chênes. Je lui demandai si la terre lui appartenait. Il me répondit que non.
J’arpente le pays premier et je connais la litanie incarnée des ses noms, noms de lieux, noms de personnes.
Trotte chien, la Ménardière, la Hutte, le Moulin enragé, chez Jaulin, chez Christin, le Né

 

 

 

 

Avec Marie-Hélène Lafon, Traversée, Chamonix, éd. Guérin, 2015. — Jean Giono, L’homme qui plantait des arbres, Gallimard, 1996.

4/
Aide-soignante comme prophétesse du service
Infirmier comme porte-parole du sans voix
Commenter le journal
Éplucher quelques fruits
« La java bleue »
Chanter
« Étoile des neiges »
Ou la joie d’être ensemble
« Le petit vin blanc »
Toujours gratuitement
Le vieux sait très bien qu’un jour
Tout sera abandonné
Elle sortit du bar après avoir vidé son verre
Il lui semblait que tout lui échappait
Brusquement
Comme cela s’était vite accompli !
Vous êtes tous
Nous sommes tous
Des gens âgés dépendants car
Nous avons besoin les uns des autres
Pour le comprendre
Le cerveau du vieux… est âgé
Même pas besoin d’être médecin
En réalité


Avec Dominique Rivière, Sur l’autre rive de la vieillesse, Toulouse, éd. Érès, 2017 — Bernard Ennuyer, Commission des affaires sociales, 26 janvier 2011 — Francis Carco, Jésus-la-Caille, Paris, Le livre de poche,1964

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Jeanne : (qui a enregistré et envoyé pour la 1ère fois des fichiers sons avec son téléphone)
Génial ! … C’est fou ce qu’on découvre avec l’atelier d’écriture …

ci-joint, une clampe cubaine

 

 

 

Avec Tulle mag, mars 2019


Avec le Guide du pays de Tulle 2019 /2020

 

 

 

 

 

 

 

Avec Paul Colize, Un long moment de silence

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Sylviane :

 

 

 

1
Jeanne parle ; elle dit des choses qu’elle ignore ;
elle envoie à la mer qui gronde, au bois sonore,
à la nuée, aux fleurs, aux nids, au firmament,
à l’immense nature, un doux gazouillement
tout un discours profond, peut être, qu’elle achève
par un sourire où flotte une âme, où tremble un rêve,
murmure indistinct, vague, obscur, confus, brouillé.
Je voudrai réfléchir seul cette nuit.
Il s’est passé trop de choses ces derniers temps.
C’est tout.

Avec Victor HUGO et Haruki MURAKAMI

2
On vient de se réveiller, on se souvient de quelque chose, mais on n’arrive pas à se souvenir ce dont on a rêvé. Certains monstres n’en sont pas : ils se fabriquent à l’intérieur de quelqu’une ou de quelqu’un sans faire de bruit et se tiennent là, en ami secret.

Demander à quelqu’un « Bonjour, ça va ? » , c’est prendre le risque qu’il me réponde « Ferme ta gueule ». Comprendre les hommes du temps jadis suppose de prendre en compte ce qu’ils ne savaient pas.

Avec Ludmila OULITSKAÏA — Claude PONTI — F. KECK — A. CORBIN

3
Depuis tout à l’heure, quand je tends l’oreille, je perçois des bruits.
Mon environnement ne change pas,
je regarde passer le temps et pousser mes légumes.
Ces légumes printaniers sont l’une des rares fenêtres ouvertes sur le monde extérieur.

Des scientifiques se demandent si la propagation du virus est en rapport avec les conditions météorologiques : température de l’air, taux d’humidité… Qui peut bien savoir les préférences du virus ?
Si aucune antithèse ne vient réfuter une hypothèse, aucun progrès scientifique n’est possible. Une antithèse est un champ de bataille dans le cerveau.

Dans l’attente, préservons ce qui est.
Le printemps est un nourrisson dont il faut prendre soin. Il est fragile, éphémère.

Avec Ito OGAWA — Ryoko SEKIGUCHI — Haruki MURAKAMI

4
Je vivais dans un western arrosé de lumière et l’enfance coulait à nouveau en moi, limpide, irrigant chaque parcelle de mon corps.
Débarrassée des contraintes de la vie quotidienne, n’ayant pour seule préoccupation que celle de ne pas mourir, l’énergie montait en moi comme une force nouvelle.
Plus rien n’avait d’importance, la vie s’était arrêtée alentour. Seuls les oiseaux continuaient leurs aller-retour aux nids, les bourgeons s’enflaient jusqu’à éclater libérant de minuscules feuilles vertes.
Quelquefois je me demandais si je verrai l’été… Qu’importe, chaque matin m’apportait sa radieuse journée. Je m’affairais à faire pousser des légumes, à écrire aux amis, à résoudre quelques sudokus diaboliques, à faire la sieste au soleil allongée dans l’herbe.

Cette vie me plaisait. Allait-elle durer ? Je m’imbibais d’être.

Qui était-elle celle- là ?
Son reflet dans le miroir avait la grâce d’une belle journée de printemps, comme une flaque de soleil déposée juste là.

Avec Negar DJAVADI — to OGAWA

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David :

 

 

 

Avec Quand les artistes dessinaient des cartes – vues et figures de l’espace français, moyen age et renaissance (catalogue d’exposition) —  Cormack McCarthy, De si jolis chevaux (roman) — Lauren Groff, Floride (nouvelles) — Sei Shônagon, Notes de chevet (Japon XIe siècle) — Français -1000 mots pour réussir – guide pour les classes de seconde, première et terminale — article de l’Echo du centre (2016) sur la sécurité routière signé S.H.

Les trois premiers textes sont du pur collage à partir des références ci-dessus dont j’ai extrait au hasard des pages certaines phrases, sauf l’article de journal que j’ai choisi.

1
Les gendarmes faisaient la chasse
aux chauffeurs de poids lourd
adeptes de films vidéo
au volant de leur quarante cinq tonnes
Ils bivouaquaient la nuit
sur les hauts promontoires
leurs feux cisaillés par le vent
Tour à tour chassé, repoussé, excommunié
ou au contraire fêté, recherché, imploré
L’errant apportait avec lui
un monde de damnation
ou un monde de salut
L’homme orange en danger
objet de toutes les convoitises
n’était lui même qu’un deuxième christ
trop vite, trop près, trop distrait
en dépit de maladresses certaines
Peut-être aussi un malheur
qui l’accablait s’en est allé
la preuve avec ce camion en accordéon
la preuve que rien n’advient n’importe comment

2
Je ne sais pas comment j’ai pu                          
devenir une femme qui hurle
la dureté et le cynisme dominant
m’ont laissé exsangue et épuisée
j’ai l’impression d’être un objet dans le décor
voilà qui est clair
la famille peut subsister
il faut qu’elle perde son contenu répressif
mon mari lui n’est pas un homme qui hurle
les jeunes enfants vont et viennent
le visage fermé
l’herbe qui endure me fait pitié
il leur raconte le pays
les gens qui y vivent
et les gens qui sont morts
et comment ils sont morts
il faut supprimer l’autorité patriarcale
et tous les rapports de possession
qui caractérisent la famille
alors respect des consignes ! plus que jamais !

3
Les hommes sont convaincus
que la guerre se guérit par la guerre
comme le guérisseur
prescrit la chair du serpent
pour guérir sa morsure
l’herbe aventureuse
croît dit-on sur les falaises
j’ai pris l’habitude après le dîner
d’enfiler mes baskets pour sortir marcher
c’est qu’avec ces mains inconnues
qui caressent encore l’air
un relâchement de vigilance
le quartier n’est pas très sûr
bien qu’il soit ancien
le quartier s’assombrit
à mesure que j’avance

les textes 4 et 5 sont un collage d’extraits des mêmes textes avec des ajouts et des modifications personnelles.

4
Je suis l’homme orange en danger
je marche vite pour me réchauffer
au bord du grand champ
tapissé d’une herbe de couleur tendre
l’espace forestier se dessine
sous la forme d’une masse sombre
de couleur bleu vert
je marche au bord de la route
il faut redoubler de vigilance pour ne pas être shooté
par les voitures les camions les camping cars
je suis parfois un homme qui hurle
dans un temps ou le conquérant
par la logique même de son attitude
devient exécuteur et policier
l’artiste est forcé d’être réfractaire
je rêve de bivouaquer la nuit
sur les hauts promontoires
mon feu cisaillé par le vent
la dureté et le cynisme dominant
m’ont laissé exsangue et épuisé

5
Je n’aime pas respecter les consignes
J’aimerais tant faire des dessins
dessiner serait comme le synonyme
d’être attentif à l’herbe aventureuse
qui croît sur les falaises
ou à la surface d’un étang calme et limpide
un chat sauvage détale sous mes pas
Artiste c’est un métier dangereux
on est tour à tour chassé repoussé excommunié
ou au contraire fêté recherché imploré
au fond il faut rester nomade
s’en tenir à la part la plus archaïque de nous même
être comme l’enfant qui va et vient
le visage fermé et qui soudain s’éclaire
comme si le malheur qui l’accablait
s’en était allé

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(sorry, j’ai oublié de qui et de quel album jeunesse est sorti cette magnifique illustration…)

Bon, visiblement, mes explications sont trop confuses pour la plupart d’entre vous, en “vrai”, on arrive à se comprendre, mais à distance, c’est plus compliqué…

 

 

 

Pour clore, un poème encourageant de Robert Desnos, dans Destinée arbitraire (gall.)

& puis, dans 5 minutes, c’est le 1er avril : (je ne sais plus dans quel livre — sur les vêtements, à cause de cette jupe-pagne aux poissons? — j’ai vu cette photo bien mieux que ça)


agitations, actions et inactions

Date : 31 mars 2020

Après avoir causé d’autres choses et de boulot avec Jean-Pierre Larroche au téléphone, il m’envoie un mail avec des dessins pour participer au blog. Merci!
“ce soir un dessin idiot avec bête :un bonhomme : (& le même en pied)

et là j’imagine une scène avec une oreille conférencière (l’oreille, pour une fois, prendrait la parole) :

la scène s’ouvre sur la forme d’une conque
un théâtre de l’ouïe
et après ça continue à l’intérieur mais je n’ai rien encore sur le papier et dans ma tête ça bouchonne

et pour finir je t’ai t’ai tiré au hasard deux cartes de notre jeu des principes d’action (celui qui t’était destiné et qui s’est volatilisé mais que je te ferai parvenir à nouveau)
à gauche un principe d’inaction, à droite un principe d’action :

alors en réponse, à rester sur son rail et se couler dans l’action…

oui Jean-Pierre, je t’entends bien, ça va venir,
c’est un (r)appel pour notre projet, je le sens..!
Tiens, j’ai retrouvé cette photo
(qui illustrait avoir les portugaises ensablées, je crois..)

On avait causé entre autre de ça :

Référence donnée par Hendrik Sturm (artiste marcheur) pour son cours – à distance…-  “biologie de la perception: l’oreille et l’audition”, envoyé aux étudiants confinés des BA de Toulon, où il enseigne la sculpture et la culture générale (approche scientifique).
Avant d’avoir entrepris des études en biologie (thèse en neurobiologie), Hendrik a étudié à la Kunstakademie de Düsseldorf, notamment dans les ateliers de Jan Dibbets et Tony Cragg. Contrairement à un nombre important d’artistes ou de scientifiques qui procèdent à des échanges entre des domaines scientifiques et artistiques, il ne s’intéresse pas en tant «qu’amateur» à la science ou vise-versa : ses parcours le placent comme professionnel à la fois dans le domaine scientifique comme dans le domaine artistique.
Souvent, les relations entre sciences et art s’appuient sur l’utilisation d’approches scientifiques comme une technologie qui sert à produire des propositions artistiques. Hendrik Sturm n’est pas intéressé par cette forme d’articulation : les liens entre le domaine scientifique et le domaine artistique ne se situe pour lui pas au niveau du contenu, mais au niveau de la méthodologie : son travail scientifique en neurologie l’a familiarisé avec la difficulté de récolter des données, de les interpréter, d’en trier les données exploitables et de prendre en compte la pollution de ces données par d’autres informations. S’appuyant partiellement sur une posture scientifique, il réfléchit dans son travail artistique essentiellement sur l’organisation des modèles pour décrire le monde. Ces modèles scientifiques s’appuient, comme les productions artistiques, partiellement sur des métaphores.

Ça me fait penser à Zaven Paré.
Qui est confiné à Marseille dans le jardin de l’observatoire (y’a pire…) pour sa résidence à l’IMéRA (Art, science et société)
Allez voir son site, car super Z est un cas génial de non confinement dans une petite case (& il est passé par le lycée agricole)!!
& , dans une galerie,
et , au sujet de Madame Bovary
et aussi sur le site de TK21 (allez au bout de la video!)

(j’aime bien son portrait avec mon manteau en renne sur fond de parpaings !!)

Donc, après avoir causé au téléphone, Z m’a reexpédié un mail (de confinement) au sujet du ‘conditionnement’ :

” À la galerie Tretyakov de Moscou, est exposé le portrait d’Ivan Pavlov pour lequel le peintre symboliste Michail Nesterov a reçu le prix Staline en 1941, durant la période de l’art réaliste socialiste de propagande. Peinte en 1935, alors que le théoricien des réflexes conditionnés avait 86 ans, cette toile le représente assis de profil […] face à un pied de pervenches blanches.
[…] Pavlov fait face à une plante comme s’il s’agissait d’un sujet d’étude scientifique maintenu à une distance calculée. Dans une sorte de mise en abîme, Nesterov peint son ami dont le métier est justement d’étudier le rôle, le fonctionnement et l’organisation mécanique, physique et biochimique des organismes vivants dans leurs interactions avec leur environnement.
Nesterov dit que la pose aurait duré 8 heures, 8 heures durant lesquels Pavlov donne l’impression de guetter le moindre frémissement du végétal. […]
Pavlov était connu pour être un expérimentateur méthodique jusque dans ses habitudes. Il déjeunait et se couchait à heure fixe, il nourrissait ses chiens à la même heure et chaque année il partait en vacances le même jour. Pour lui, tout semblait se résumer à la mesure du temps. Le sujet de cette toile semblait représenter l’attente dans la durée: le portrait d’un vieillard face à l’éphémère printemps d’une fleur, une fleur qui symbolisait aussi l’amitié, la sincérité et la loyauté dont parle Nesterov dans son journal. Cette relation au temps qui s’écoule est au cœur de toute recherche, de celle du peintre comme de celle du scientifique. Même si aujourd’hui, il a été démontré que le conditionnement classique au sens Pavlovien existe également chez les plantes, c’est leur observation dans des dispositifs expérimentaux étirés dans le temps qui a permis cette découverte (Gagliano – Vyazovskiy – Borbély – Grimonprez, 2016).

Sur ce tableau, le visage de Pavlov est calme et les plis de sa veste indiquent que son corps est relâché. Seules les jointures de ses doigts refermés avec fermeté révèlent que ses poings sont volontairement maintenus serrés. Sa puissance physique et ses pensées paraissent à la fois avoir l’air apaisées par les stimuli envoyés par la plante, en même temps qu’il semble avoir un effet héliotropique sur les petites fleurs blanches qui se tournent vers lui. Ici, c’est le peintre qui a fixé le cadre de l’expérience au physiologiste : aucun réflexe conditionné, juste une pose. Dans cette mise en scène, le paysage silencieux de la vie intérieure du scientifique ressort. Selon Rousseau, la contemplation des fleurs préviendrait le tumulte des passions.
Tout observateur cherche à faire parler les objets qu’il étudie. Même en donnant une valeur de témoignage et de document à sa peinture, Nesterov n’a pas cherché à faire un simple portrait, mais il a aussi essayé de peindre une allégorie de la sagesse, dans cette disposition où Pavlov donne l’impression d’écouter une plante. En humanisant le scientifique, Nesterov transforme ce portrait en scène de contemplation. Une représentation de la contemplation qui illustre le temps qui coûte à l’observateur, la durée inhérente au travail et la persévérance qu’implique toute recherche.

Zaven Paré
Résident du programme Art, science et société
IMéRA – Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université “

& pour continuer, des extraits d’un livre ‘ancien’ de Zaven Paré que je trouve toujours aussi formidable chaque fois que je le regarde :
Brasilia, (livre d’artiste, 45 ex., 1993)
(réédité en 1999 chez Harpo &     EAN : 9782913886056   12 €)

& puis, ça m’a donné envie de ‘rechercher’ dans Télescopages quelques extraits où Z apparaît :

 


au dehors

Date : 30 mars 2020

• Il y a souvent des bonnes surprises au courrier !

Vous allez pouvoir y voir vous aussi, avec les adresses ci-dessus !

& puis je vous partage quelques “je me perds dans les jours” de Philippe Guerry, avec du dehors, tant qu’à ne pas y être… :

• Tiens, toujours le courrier, un peu de pub et contre pub !
J’ai toujours eu des ordi Mac, toujours d’occase vu que j’suis plutôt pauvre. Et je les ai achetés chez eux, à Villejuif (par la poste!)
& j’aime bien leurs newsletters, voilà (1 bout de) celle d’aujourd’hui

• des news de Xavier, qui est parti au Chili voir sa fille…

Je vous ressors de leur enveloppe où elles sont rangées 2 photos de Xavier Pinon, sur lesquelles je dois écrire (un jour viendra… heureusement que Xav. est patient!)
Les 2 prises de vues sont hors confinement, quoi qu’on puisse penser! (au Pays Basque, et à côté d’Arromanches)

• Une illustration qui déconfine avec oiseau qui piaille (extraite de Listen,  illustration Pascal Lemaître) :

et justement sous l’eau (salée), des bêtes extraordinaires à voir ici et ici

• & d’autres bêtes “fantastiques” :

à lire
et puis, de fil en aiguille, sur la même actualité, toujours à la radio, merci Annie Ernaux

• et à Radio Cave-Po cette semaine :

• bon, mais j’ai rien fait encore pour radio Cave-Po, au lieu de ça je fais des travaux forcés volontaires sur mon balcon…
j’ai quand même été à l’atelier, déballer et ranger par couleur les tiges de verre commandées cet hiver

& cette nuit, j’ai visité une exposition avec des boulots en verre qui m’ont beaucoup plu..!!!! je crois que je vais essayer de copier certains boulots de mes rêves..!

• et je ne range pas ma maison plus que d’habitude — plutôt moins, même…., mais j’ai commencé le ménage de printemps dans mon ordinateur..!
alors, parmi les images archivées, toujours Pour Lucky, d’Aurélien Delsaux

• et en ouvrant le pot de miel

• D’ailleurs, ce we, le coucher de soleil était rectangulaire

Heureusement qu’il y a Bonnard

•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

Il y a souvent un addenda après un post, (ils sont rarement “définitifs”!)
Une “réponse” de Philippe Guerry après avoir lu la 1ère mouture mise en ligne de celui-ci, qui m’en bouche un coin! extra!!


des choses qui filent la niaque (ou pas)

Date : 26 mars 2020

Je ne connaissais pas les éditions Artulis.
Lise Maurer qui a participé à l’ouvrage ci-dessous m’en a parlé aujourd’hui, et j’ai été voir sur le net…

 

Qu’un éditeur fasse à la fois de l’édition de bibliophilie pour les happy few et numérique pour tous, c’est déjà formidable!
Je vous engage à aller voir sur leur site !

Il y a aussi ces entretiens, en voilà 2 qui m’ont fait comme des cadeaux !
(et je vous renvoie aussi, sur le blog, à ce livre)

 

••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

& puis, pour revenir à des choses moins belles, un message reçu :

et une photo vue sur un blog (E. Tourtet) avec un journal de confinement, ça fleurit en ce moment (j’espère qu’on va pas en retrouver plein les tables des libraires..!!)

• Mais pour ne pas finir là-dessus, un autre mail, qui fait plaisir, de C.T.
(et qui me donne envie de m’y remettre d’une façon ou d’une autre…)


et pour comprendre, le “départ” de ces 3 bonnes choses par jour…

c’est bien si ça fait yoyo et que me redonne envie de chercher une nouvelle forme pour dire les jours…!
• & on finit en apothéose, donc, par un chaud coucher de soleil de printemps froid (ça caille aujourd’hui!)


par la fenêtre

Date : 25 mars 2020

 

• Hier, je reçois ce message de Laurent

 

 

 

• & puis cette chose réjouissante, dans le genre, avec ce ridicule masque “télévision”  :




je repense à cette banderole en recevant ce message
(c’est plus compliqué de voter que d’applaudir…?)
et en attendant 20h que mon voisin mette (vraiment, il a du super matos) à fond la Marseillaise…

& puis aussi ce soir, c’est un concert de cloche… pour l’annonciation…
(attention aux postillons…)


Après Fra Angelico, la transition est un peu rude, mais….
(& si les gens n’ont “rien à faire” chez eux, est-ce qu’il va y avoir un regain de natalité à Noël pour compenser la mortalité?)

Bien sûr, il y a la formule de San Antonio (Bravo Docteur Béru), mais bon…

et cette phrase que j’adore sur la page de dédicace  :

à laquelle je pense après avoir reçu d’une amie (allant se faire poser un cathéter pour une chimio) cette petite video :

• & demain, sur radio Cave Po

 

 

• un report annoncé avec une date, justement

• & reporté aussi, organisé par la Boutique d’écriture de Montpellier (membre du réseau PEC), la projection de ce film dont ces quelques extraits donnent envie de tout voir!!!

 

• et en attendant de retourner voir des films dans des salles et des expositions, ces peintures de Bonnard (à propos des “compositions avec appui” comme les nomme Didier Christophe qui a partagé une petite conférence) qui réjouissent le cœur et les yeux (dont certaines peintures que je n’avais jamais vues) !
& puis de la lumière,  la circulation dans l’espace même bloqué, entre les plans, le dedans et le dehors, la à côté…
C’est bien en ces temps de confinement..!!


atelier d’écriture du mardi – N° 25

Date : 25 mars 2020

atelier 25, mardi 24 mars, chacun.e chez soi

Voici des poèmes de Blaise Cendrars (Gallimard)

et puis voilà 15 fichiers son pour des exercices (sur une idée-involontaire-de Raphaëlle, qui m’avait envoyé les 2 premiers sons en me demandant si je trouvais ce que c’était !)

Pour chacun, écrivez un texte sur que vous entendez, ce à quoi ça vous fait penser, n’essayer pas de contrôler toutes vos pensées (car vous pensez…!)
(les poèmes de Cendrars ne sont pas là pour les chiens, je voudrais que vous forciez votre écriture « habituelle » dans ce sens… ça va bosser!!!)
(et normalement, ça devrait vous changer les idées confinées par ce virus)

si ça vous est possible, tapez moi vos textes
sinon enregistrez-les
sinon, ou en plus et si ça vaut le coup visuellement, faites-moi une photo de votre page


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Les sons 1 & 2 proviennent de Raphaëlle, donc
Les sons 3 à 13 proviennent du site

Les sons 14 & 15 sont les sonneries (téléchargées) de réveil et d’appel de mon téléphone….
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1 — Uncle Meat :
“C’est le bruit que je fais lorsque je mange. ”

 

 

Sylviane :
Imperceptible bruit de la vie
Choses remuées pages tournées
Ils traversent l’air pour déchirer
Mon silence

L’un après l’autre
Ils viendront décourager
L’adversité

 

Sylvie :
De l’eau
On lave
On récure
Elle racle
Elle respire la terre
Son couteau racle la pierre, la terre
             qu’elle retourne avec l’eau
La terre est traversée de petites rigoles
           qui dessinent des stries
Je l’observe, elle prend la pelle-bêche
            elle coupe la terre et la fend
            son dessin est rigoureux et précis

 

Manée :
J’entends des cochons qui mougent,
verbe « mouger » premier groupe,
dans la langue de mon enfance,
patois disait- on…
Des bruits qui laissent venir des odeurs
l’odeur des pommes de terre
cuisant à l’étouffée
dans la chaudière
d’une vieille locomotive à vapeur
pour la pâtée des cochons

 

David :
Je marche comme un zombie
Au coté de choses hideuses
Apparitions difformes
Soufflantes et mugissantes
En un rythme infernal
L’humanité s’est perdue
Le minotaure triomphant
Est à nouveau dans la place
Monde entier labyrinthe
Aux recoins de folie
Tu vas encore sombrer
Dévorer tes enfants

Dominique :

2 —

 

 

Parasite cri au secours
Quelqu’un vient les pas résonnent
Fruit de mes rêves les meilleurs gagnent
Pourquoi rester sur le chemin de halage
Je prends les rênes
Me conduire mieux que le pire des cochers
Ils boivent c’est bien connu
Alors je n’aurais pas de mal

Trinquons à la vie!

 

Par mauvais temps
             elle sort quand même
Des bruits de botte sur le sentier humide
Le son de ses bottes sur l’herbe gelée
Le sol est doucement blanc
Ça crisse, ça cri sur la boue

 

Raphaëlle :
Celui-là ose et il fait du bruit

Avec ses pas dans les feuilles
Tout est crissement
Je l’entends
Sans blague
Je n’écoute pas correctement ?
Allons donc
Ceci n’est point un poème

 

Est ce bien raisonnable
de passer déjà la faucheuse ?

 

Ça a coupé
C’est sûr c’est foutu
Seul mais y sont où les autres
Contact plus de contact
Seul dans la station
Le vent dans les câbles
Au son plaintif et lugubre
Effrayé par moi-même
Je pressens cette chose
Les russes sont à 15 kilomètres
C’est dangereux d’y aller
Et si je reste là
C’est fini pour moi

Dominique :

3 — (bol tibétain frappé)

 

 

Des amis sont revenus du Népal
Ils m’ont ramené le cadeau promis
Une vache qui répond par oui ou par non en remuant sa tête
Une vraie vache habillée de tissus de coton coloré de pompons de broderies
J’ai besoin d’une vache pour répondre à mes questions
Car personne ne sait 

Oui ! dit ma vache

 

Le son de la cloche claire, reste et dure
                     longtemps

 

L’heure de la cloche a sonné
ça m’fait penser
Qu’c’est pas l’été
Et pourtant
Les bras ballants
Je m’en vais
Je vais
Partir
Au loin, là où vaches et brebis ne s’échappent pas.

 

Le bruit de l’enclume sonne clair
jusque dans le lointain
et s’éteint doucement dans le vallon

 

Y a quelque chose qui cloche
Sommeil paradoxal
Je sombre lentement
Plumes duvet et cire fondue
Je chute à l’envers
Ça s’entend encore
Alors que ça n’est plus

4 — (brouette sous la pluie)

 

 

Quelque chose en moi remue
La machine est en route
Tourner ! tourner ! les cellules s’entrechoquent
Dans les cellules les prisonniers trinquent
Laver les verres
Lever les verres
À bon entendeur salut

Je n’entends plus ce qui choque
Le vacarme est éternel pour celui qui entend

 

La pluie tombe drue sur la véranda recouverte d’éverites
Pour la première fois j’ai touché le son des gouttes de pluie
                   en les effleurant avec mon pouce
Un peu de pluie
Des bruits de pas à côté
Mécaniques
Répétitifs et saccadés comme le cheval de fer à l’entrée en gare du Capitole
Une machine trie les haricots secs et fait voler les cosses

 

Voilà qu’on entend plus
Quand on est confiné
Ce bruit des machines
Ces bruits de la rue
Ou de la presse
Je ne sais
Ou bien la pluie
Et puis quoi ?
Et ça n’en finit pas.

 

Lire de la poésie
dans le bruit d’une bétonnière
comme Maïakovski
aimait à le faire dans
le brouhaha de la grande roue

 

Pluie battante
Sur les tôles du hangars
Libère d’une sécheresse
L’odeur de terre assoiffée
Enfin mort le silence
Aux promesses désertiques
La toiture pleure et chiale
Les gouttières en explosent

5 — (bulles soufflées avec une paille dans une baignoire)

 

 

Sortir du monde
La tête sous l’eau le soleil me rattrape il est chaud
Je lâche des cris qui deviennent bulles
Les paroles ne se comprennent pas
Lacher des bulles tout ce qui me reste
Résister à l’intérieur expirer et lâcher prise

 

Le son glousse d’un ton humide
De petites bulles m’éclaboussent le visage
Je ris
La baignoire se vide, des globurlesques
                sortent de la bonde affolées

 

F. a mis la tête sous l’eau
Elle croit ainsi qu’elle verra l’univers
Mais en fait elle bulle
Fait des bulles
Et ça bouillonne
Et ça tourbillonne

M. annonce qu’elle est prête à plonger
Malheureuse.

Il n’y a pas de fond
Aïe ! Elle va se cogner
Tant pis. ça glougloute, l’air est vicié
Et je mets fin à ce poème à peine commencé.

 

Grenouille
grenouille
tu gargouilles
gargouilles

 

L’enfant
Met la tête sous l’eau
Vide ses poumons
Lentement
Éprouve son souffle
Puis recommence

6 — (clavier lent)

 

 

Qu’est-ce qui se cache dans cette dent creuse ?
Au clair de la lune trois petits lapins qui mangent des prunes
Un éléphant fait des ronds de jambe
Attrape une prune
Monsieur l’agent je ne voulais pas…
Tout contrevenant est passible d’une amende
La saison des amandes n’étant plus
Nous sommes dans l’obligation de distribuer des prunes
Au clair de la lune trois petits lapins n’ont plus les moyens

 

Clac, clac, clac-clac-clac
Ses doigts trottinent
Son écriture est hachée
Elle recommence comme une romance
Ses petits talons frappent la terre glacée
            j’écoute et j’écoute encore ce petit bruit qui crépite

 

Il veut faire croire qu’il coupe
Non, le rythme n’y est pas.
Tout décousu même.
Tiens, une ampoule à mon pouce
Pour avoir coupé les cheveux
Les cheveux en 4
D’une sonorité mal placée.

 

Les trots d’ânes
quand ils boitent d’une patte
ressemblent
à des percussions désaccordées

 

Comment écrire un roman fleuve
Quand on tape avec deux doigts
Même un haïku
Ça mettrait des plombes
On devrait indemniser
Les handicapés du clavier

7 — (frottement de mains avec du gel hydroalcoolique)

 

 

Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine
Toute peine mérite salaire
Sale air mauvaise tête
Quelques têtes d’ail font fuir le diable
Mais le diable existe-t-il ?

 

Maintenant elle frotte
Elle lave et elle frotte
La porte s’entrouvre
            et je la découvre à genou au bord du lavoir – Le facteur Cheval

 

Poncer
Pas trop
Pas tant
Sans papier
En faisant croire
Qu’un bel objet
Est en phase de se faire
Foutaise !

 

Grattage et ponçage
sont les deux mamelles
des travaux
mais c’est comme au jardin
semage et repiquage
sont plus plaisants
que bêchage

 

Un diable jaillit
De sa boite à ressort
Et se brosse les dents
Avec force et vigueur

8 — (oiseaux de nuit avec rossignol)

 

 

Toujours un plus fort que l’autre
La plainte éternelle moi moi moi toujours moi
Le ricanement de la hyène
Fait taire tous ces mécréants
Jusqu’où aller ?

 

Bien sûr les moteurs sont à l’arrêt
Je ne crains plus d’entendre le chant des oiseaux
Ils n’en font qu’à leur tête
Ils s’égosillent
J’en ai plein les tympans !
Le printemps les ranime
            ils appellent les filles, c’est sûr
Qu’est-ce que c’est que ce chahut ?
Un cri strident
Un cri de feu

 

Ah comme l’on se marre
Nous, oiseaux nocturnes
Faisons tintamarre
Les chiens en ont marre
Me voilà assourdie
Par le chant de vie

 

Tiens la chouette s’est trompée d’heure
et hulule sur fond de chants des mésanges
et même les grillons s’en mêlent

 

Le vieil homme écoutait
Et réécoutait sans cesse
Ce son d’un autre âge
Disparu révolu
Le silence matinal
Morne et poussiéreux
Se colorait de vie
La joie se nichait
À nouveau dans l’oubli

9 — (crayon à papier sur une feuille)

 

 

Frotter pour faire disparaître une tâche
Les poils de la brosse sont durs la tâche résiste
Je frotte plus fort
Pourquoi les tâches doivent-elles disparaître ?

 

Elle écrit comme un chien qui a couru
J’entends son haleine, sa respiration forte
Elle gomme, elle rature
Elle va vite, elle est pressée, il est urgent
            qu’elle écrive

 

Allô Londres
Je ne reçois plus

 

La main qui dessine
Rature et rayure
Abandonne toute pensée
Enrage le papier
Le monstre noir surgit
D’un geste décidé

10 — (rouge-gorge)

 

 

Ne pas hésiter
Il faut tout sortir
Les trilles avec les notes
Les paroles avec les pensées
Le portefeuille avec le mouchoir
Les mains de sous la table
Le bébé dans la poussette
Les secrets des tiroirs
Les papiers du coffre

Attention aux fausses notes

 

Coup de sifflet dans la ville muette
La partie est gagnée !

 

Oiseau tu chantais si bien
qui t’a cloué le bec?

 

Dis donc l’oiseau
Tu vas continuer longtemps
À me casser les oreilles
Est-ce que je viens moi
Brailler à tue-tête
Ferme-la un peu
Écoute les avions
Les autos et tondeuses
Et tout le tremblement
Écrase un peu
Écoute la mécanique

11 — (petit ruisseau)

 

 

L’eau ne coule pas dans les villes
Comme à la campagne
On entend le bruit des cailloux
Et la fraîcheur de l’air

 

L’eau ricoche et rigole
C’est une coureuse
Elle va et elle vient entre les rochers
Le petit bras du né
Le moulin à noix
Les sifflets de sureau fabriqués par mon grand-père sur les berges
Les fritillaires rose nacrées dans les prés inondés de la Charente – Février

 

Coule coule
Roucoule
Ma poule
La houle
Le foule
La boule
La moule
C’est cool.

 

Il reste encore quelque part
des eaux de ruisseaux
aux reflets d’argent
et truites qui les remontent
vivement

 

Enfant dans un moulin
Le bruissement de l’eau
Sous le plancher de ma chambre
Ça parle et dit des choses
Dans la torpeur du sommeil
L’eau sous mon lit
Bavarde et fait sa vie
Elle rempli la mienne
D’histoires sans embrouilles

12 — (chouette effraie)

 

 

Chute cheval chant chameau chacal
Chat huant charme chastement chatoyant

 

Il sera bientôt nuit
Son cri grinçant me crispe et m’inquiète
Le chat ne se réveille pas à ce cri de rapace

 

ça pourrait être un oiseau
Mais c’est un ronflement ajusté
Qui ne permet ni de s’endormir
Ni de réfléchir
Tout juste d’imaginer
La nuit étoilée

 

Tout le monde peut adoucir sa voix
même une scie sauteuse

 

L’oiseau se signale
Bien tard dans la nuit
Accompagne l’insomnie
Nuit blanche nuit noire
Comme le plumage des rôdeuses
Accrochées aux voliges
Des granges éventrées

13 — (grillon l’été)

 

 

Chaque treizième coup de minuit
Les pendules sont remises à l’heure
Il manque une heure à chaque fois
Au bout de combien de jours n’y a-t’il plus d’heure

Je donne ma langue au chat

 

Un autre cri lui répond, plus gai
Appel
La chaleur est accablante comme dans les romans italiens

 

L’été 76, il fit tellement chaud
que j’entendis une cigale
comme celle-ci
chanter près d’un sapin
(oui en Corrèze)

 

Le vieil homme arrêta
Le son des oiseaux
Et se remit un peu
Celui du grillon
Ça aussi disparut
Les odeurs de l’enfance
Lui piquèrent le nez
L’ancêtre éprouva
L’envie de rejouer

14 — (loriot)

 

 

Il suffit d’avancer résolument pour parvenir à son but

 

Ce cri est celui d’un amoureux qui se met en quatre
Il n’a pas peur, il veut la séduire
La réduire
Pour quel mal ?

 

V’la l’printemps
On est bien contents
On s’en fou
On est chez les fous
Y a Macron qui,
enfermant les hommes,
A libéré les chants

 

Et maintenant l’oiseau
qui t’a blessé ?

 

Les oiseaux sont étranges
Bavards et connectés
Shootés de liberté
Et nous pauvres rampants
Lourdingues à en crever
Prenons-en de la graine
Observons-les un peu

15 — (hiboux petit duc)

 

 

Le réveil matin et l’endort soir
L’entonnoir sur la tête du fou le fait passer pour un oiseau moqueur
Tout le monde rit
Seul le fou pense
J’amuse la galerie de ces biens pensants
Malgré eux la folie gagne
L’entonnoir accepte plus qu’il ne peut donner
Les égouts se déversent dans de belles rivières
La mer est sale
Elle baigne tous les rivages
Endors toi oiseau moqueur
L’entonnoir n’a pas de filtre

 

Appel
Signal d’alarme
Sirène près de l’étang à crapaud
Nom d’un chien !
Le train est déjà parti

 

Hibou sur le vieux tronc
Veille sur ton pays
Mousses roches et vielles branches
Bâtisses abandonnées
Ton appel nous soulage
Insomniaques inquiets
Si tu es encore là
Il nous reste de l’espoir

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• & après avoir entendu et vu brouter Uncle Meat, une video où on entend Raphaëlle parler de son travail :

• & dans un mail de Manée, accompagnant ses “devoirs”  :
PS:  à propos des mésanges, je retrouve un extrait d’une lettre de Rosa Luxemburg à Sonia Liebknecht du 2 mai 1917 :
« Je me sens plus chez moi dans un petit bout de jardin entourée de bourdons et de brins d’herbe que dans un congrès du Parti. A vous je peux bien dire cela tranquillement : vous n’irez pas me soupçonner de trahir le socialisme. Vous savez bien qu’au bout du compte du compte, j’espère mourir à mon poste : dans un combat de rue ou au pénitencier.
Mais mon moi le plus profond appartient plus à mes mésanges charbonnières qu’aux camarades. »

• & les sons, à Cuba ?
Dominique et Jeanne sont (encore?) à Cuba et nous envoient ces photos :

“Hello, ici on a internet de temps en temps, on est encore relativement préservées, mais difficile de trouver du temps pour l’atelier…on en prend plein les yeux et on fait le plein de sourires en attendant de rentrer…le plus tard sera le mieux! Prenez soin de vous et faites de beaux rêves…”
& un autre mail reçu en même temps :

• & Manu Dibango est mort du coronavirus…


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