samedi — comprendre un peu mieux comment ça marche, ce qui est possible et ce qui est souhaitable, ce qui est recherché, l’un peu libre et sauvage (yes!) mais quand même raffiné, combattre le décoratif et le rien, utiliser des mégalithes pour relier la terre au ciel, le léger et le lourd, faire sculpture plus que vase, puisque la forme vase n’est qu’un prétexte (c’est à dire un support de texte?)
dimanche — avoir la tête qui carbure à 100 000 tours, sur l’oreiller, sous la douche, à la cuisine, à l’atelier, même si ça patine, alors rayer la glace en figures libres et faire un trou pour pêcher ce qui vient respirer à la surface, recoller un morceau cassé avec de l’émail (kintsugi qui ne roule pas sur l’or!), « quand on recolle les morceaux il en manque toujours un bout », (re)garder ce manque
lundi — pouvoir respirer plus tranquillement après un coup de téléphone joyeux pour la préparation d’une exposition, après avoir fini une œuvre qui demandait un gros et délicat travail de plusieurs jours acharnés, après avoir reçu un virement qui permet d’aller s’acheter à manger et du matériel, + réserver gîte et billets de train pour les échéances à venir, ça roule après avoir coincé
Il y a des enveloppes qui font rire, et j’imagine bien Krystel en train de fermer l’enveloppe contenant des invitations pour le vernissage de l’expo à Saint Gratien.Voilà : pour mes archives.
mardi — parler avec les amies à l’atelier ou au téléphone, et se dire qu’on va toutes vers l’inconnu à nos âges différents, aucunes ornières tracées dans la routine ou la facilité, alors en plus ne pas se compliquer la vie et ne pas oublier de se la rendre agréable, 50 ans après-demain sous le pompon de son bonnet dans les rafales de mistral à décorner les bœufs, Christine sautille derrière l’Opéra dans ses baskets argentées en passant à côté d’un petit rat écrasé
une commande en 2016 du Pays de Grasse sur le thème de l’identité, affiché dans les services d’état civil et les maternités. Penser à quelque chose similaire (une affiche ou un quelque chose imprimé, à distribuer publiquement) pour le printemps des poètes à Tulle ? en complément de la bouffe aux restos du cœur ou au secours pop, mais faudrait trouver un texte qui nourrisse…?
mercredi — en rentrant tard de l’atelier se mettre les doigts en pyjama (poupées pansements plein d’huiles de millepertuis et cicatrisantes, monter le chauffage et allumer le four pour faire cuire des patates douces, réconfort dans la tempête qui fait trembler la maison (des 3 petits cochons), quand les tasses accrochées à l’étagère accrochée au mur font une petite musique de porcelaine
jeudi — ramener un gros bouquet de mimosa du marché, et chercher les vases les plus appropriés pour en mettre dans toute la maison ; extase. Sur le bureau, la fière allure de la petite chouette bleue pique-fleurs me réjouit particulièrement, qui me regarde fixement avec sa touffe jaune échevelée sur la tête comme une multitude de soleils
vendredi — construire un petit socle en carton avec une forme irrégulière en creux pour y incruster une chose très fragile pour qu’elle puisse être transportée dans un gros camion sans trembler (la chose, le transporteur et moi)
samedi — profiter de la vue après plusieurs jours de tempête qui ont salé les vitres
et retrouver Yann avec plaisir, qui me ramène mes affaires d’expo de Toulouse. Des nouvelles de la Cave-Poésie, des lectures à partager, des projets qui dorment, avoir l’impression que le passé est toujours bien présent.
& la semaine prochaine, La poésie c’est le pied, qui commence lundi soir avec Emmanuel Adely, heureux toulousains.
Le soir, après cette journée de demi-récré, je poursuis ma lecture du Voyage… de Céline.
Pas des croûtons de pensées…
En en parlant avec Yann, il en connait des morceaux par cœur. Dont le fameux début :
” – T’as raison, Arthur, pour ça t’as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d’opinions, ou bien si tard, que ça n’en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C’est lui qui nous possède ! Quand on est pas sages, il serre… On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger… Pour des riens, il vous étrangle… C’est pas une vie…
– Il y a l’amour, Bardamu !
– Arthur, l’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches et j’ai ma dignité moi ! que je lui réponds”
Avant d’éteindre le téléphone pour dormir, j’écoute le message de Marianne (je ne suis pas très à jour avec le téléphone..!) : la photo commandée par Mme A., faite (en rentrant exprès de Tulle!) un beau dimanche de fin octobre aux Saintes-Maries-de-la-Mer est bien (et belle, un tirage de Sunghee Lee) livrée.
dimanche — Il me reste celles qu’elle n’a pas choisies, dont celle-ci, partie rejoindre un nouveau dossier pour un projet de photos-textes avec Xavier :
Aujourd’hui, à Marseille, c’est plutôt un courant d’air, dans lequel les goélands s’amusent à “flotter” dans l’espace sans battre des ailes au bord de la falaise et au-dessus de la terrasse.
Je repense à l’émission de France cul. entendue hier, où Etienne Klein reçoit Jean-Claude Carrière autour de son livre La Vallée du néant , avec cette belle histoire “chinoise” : un jour, on est appelé sur la terrasse, « déjà ?! », d’où on a une vue panoramique sur le cours de sa vie, avant d’être reconduit, le défilé terminé, pour mourir aussitôt .
et pour finir, cette planche de Maria Clara Eimmart (artiste et astronome,17ème siècle)