“La prochaine fois, vous voudrez bien vous mettre à votre place” m’a dit la contrôleuse, qui accompagnait une mamie montée à Narbonne, alors que je laissais sa place à sa cliente et allait voir ailleurs.
Le ton n’était pas aimable, mais la formule m’a beaucoup plu.
Retour à Toulouse, pour une flopée de rencontres, lecture, ateliers d’écriture, découvertes…
La toile d’araignée, à la fenêtre de chez marc, est toujours à sa place.
Il fait un avant goût de printemps.
Quelques heures plus tard, lecture à la médiathèque Cabanis, dans la salle d’expo, avec une belle lumière qui joue sur les murs (et pour la lecture, on allume les pièces électriques interdites d’électricité, ce qui ravit certains visiteurs — et moi)
Une majorité de femmes, 3 hommes dont un petit qui braille et qui préfèrerait être dehors à rouler en poussette au soleil du soir, ou à tenter de marcher là où il veut et comme il peut. Le micro pallie facilement à cet accompagnement sonore.
Et j’ai droit à un cadeau, imprimé en sérigraphie par Anne Isambert (qui a pris la photo ci-dessus de la lecture de Sampler), avec une phrase inspirée-détournée :
Rester connecté(e) c’est pas une question de wifi
& du coup, 6 personnes se sont inscrites pour les ateliers d’écriture du samedi, puisqu’il restait de la place!
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Vendredi matin tôt, pas bien réveillée, j’apprécie en passant la plate bande devant la médiathèque.
Visite de l’expo avec les lycéens de la classe de Nathalie Montels, prof de français, accompagnée du prof d’arts plastiques, tous 2 arrivés en vélo, qui avec une robe rose, qui un blouson jaune d’or, voilà bientôt le printemps On attend une dernière lycéenne en retard, qui habite tout à côté de la médiathèque!
Tout le monde repart content, avec la pêche et des idées, et peut-être des projets pour l’année prochaine..?!
Dans l’après-midi, visite de l’expo avec des mal-voyants (et des aveugles comme on ne dit plus), et des voyants qui se joignent à nous (pas de voyantes…). Une bonne ambiance, des blagues. Décrire plus ou moins précisément les œuvres (et traduire leur “esprit”), et leur emplacement dans l’espace. Un petit atelier où on touche différents matériaux.
Un monsieur me suggère un livre en porcelaine en braille, pourquoi pas !
En sortant, une expo à l’espace écureuil-fondation pour l’art contemporain, qui met en valeur les métiers d’art (enfin, c’est pas le sujet officiel). A la cave, une œuvre poétique et discrète de Nelly Saunier (plumassière) :
Le soir, petit tour au festival de poésie les bruissonnantes.
Table de libraire tenue par Céline et Gilles, avant que leur librairie Oh les beaux jours ferme ses portes tout bientôt.
L’occasion pour moi (pour vous) de rendre hommage à Sébastien Lespinasse, vraiment formidable, lui et son boulot, d’une grande subtilité, puissance et précision, ainsi qu’un passeur généreux. Tout ça à la fois, ça court pas les rues! (merci monsieur)
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Et puis, samedi soir, Jardin d’incendie, à la Cave poésie, qui mêle 3 textes d’un grand poète portugais du XXème siècle que je ne connaissais pas, Al Berto (1948 – 1997), édité en français par les éditions de l’Escampette.
Extrait d’une critique parue dans le Matricule des Anges :
“L’inventaire qu’il dresse, images fulgurantes ou instantanés pris sur le vif des souvenirs, ressemble à un sablier qui s’égraine. Chaque chose vécue –“les villes sans nom l’accident l’autoroute/ le message laissé au café la bière renversée/ la frayeur de la nuit la fuite”– finalement, n’est qu’un grain de sable, de ce sable dont on fait les villes. Le sentiment de déréliction du recueil tranche sur la vivacité des images aux accents parfois surréalistes comme s’il y avait encore un éclat à saisir dans la disparition, dans le “crépuscule/ duquel s’échappent les abeilles incompréhensibles/ de la mémoire”. Les poèmes sont-ils la voie d’une dernière fuite, le solde de tout compte, une façon de plier bagages pour celui qui voyage sans rien? Le recueil se clôt donc sur La Mort de Rimbaud, dans une fusion de destins qui conclut : “je n’ai plus rien à dire. les poèmes sont morts./ fuir est devenu une obsession, ou alors c’est la meilleure façon de mettre en scène le désespoir.” Mais finalement, les lumières éteintes, longtemps après que le rideau est tombé, on entend encore cette voix. Et elle chante.”
Ça donne envie de le lire, non?!