Mardi midi, nous voilà partis avec Yann à l’association Partage, pour partager un repas et discuter, et penser à ce que pourra être un futur atelier d’écriture.
Au menu, couscous et tiramisu.
En mettant la table, il faut rajouter des cuillers :
— pour le couscous! avec une fourchette, faut courir après les grains! sinon, c’est comme si vous mangiez des spaghettis avec une cuillère!
2 euros de participation pour une énorme assiette. Le monsieur bulgare au bout de la table s’inquiète (après en avoir bu) de la composition du lait fermenté (de vache) car il est allergique au soja.
C’est la 1ère fois que j’entends parler de “bibliothèque humaine”, une expérience de l’association Parole Expression, avec qui j’ai rendez-vous en mars, pour la “caravane des 10 mots”.
Mon voisin de table est Jean-Claude, passé là par hasard alors qu’on avait rendez-vous (vive l’inconscient). C’est lui, le mardi (sauf pendant les vacances), qui anime les ateliers d’écriture. On s’est déjà vu au banquet littéraire du Bol rouge; et avec mes cheveux, mon pantalon et mon écharpe, je lui ai fait penser au Petit prince, il me demande si je l’ai fait exprès ; je tombe des nues..!!
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A 19h30, c’est le Rdv du mardi à la Cave poésie, avec les Rugissants.
Aujourd’hui, Emmeline Raymond au programme, avec L’Endiguement des renseignements.
Yann a confié cette lecture à Agnès Buffet Dorembus et Isabelle Bedhet, qui sont passées me voir en décembre à Terra Nova.
J’escomptais en plus une traduction en langue des signes, ce qui n’a pas été possible, vu le texte et le temps. 1ère déception, mais qui est aussi forte d’enseignements, par rapport à la LSF.
Le public est au rendez-vous, la salle est archi-comble, on se tasse, et ça commence!
Se pose alors pour moi le problème de l‘interprétation d’un texte. Ce qui m’avait intéressé dans l’écriture d’Emmeline Raymond, ce style sans fioriture, ces phrases d’une grande économie et efficacité, lapidaires, redonnant toute leur puissances aux mots, qu’on peut lire avec une espèce de joie directe et sauvage, cette accumulation de propositions où l’esprit rebondit sans cesse de l’une à l’autre, tout ce qui donnait pour moi sa modernité et contemporanéité à la rubrique des Renseignements, tout cela est radicalement renversé.
Pourquoi pas, après tout. Rappeler que c’est un vieux “journal de bonnes femmes”, qui s’adresse essentiellement à une petite bourgeoisie de province un peu coincée. Refigurer le cadre, l’Histoire, et les situations. En rire avec accessoires variés, plutôt que mettre à nu le mystère des mots… Faire une brèche dans la digue pour se laisser emporter par le jeu. Sortir le texte du livre pour lui faire une farce : le faire gesticuler comme une caricature plutôt que l’articuler finement comme un pantin.
On en revient à cette réponse d’Emmeline Raymond :
ainsi, une vieille carcasse de parapluie et une ombrelle miniature style restaurant chinois ne sont qu’une variation de cette forme.
Et du moment qu’il ne pleut pas, juste une variation d’interprétation entre iconoclastes et iconodules?
Ça me rappelle un épisode du livre : je souhaitais au départ qu’il eût une autre couverture (comme les pages de titres intérieures), ce que l’éditeur refusa en disant que cela faisait trop “essai”.