semaine 7/52

Date : 15 février 2019

lundi
• rdv pris pour les ateliers d’écriture avec le secours populaire, les lundi et vendredi matin.
• relance de tous les contacts pris précédemment : venez au Lien/lieu, comme convenu je vous attends!
• Iris (qui entre autre anime un atelier souffle et voix avec Peuple et Culture) passe un long moment dans l’après-midi. Nous discutons des projets liés à la résidence, cherchons comment en développer certains ; de ses projets à elle (et des recherches de financement) avec des femmes qui ont subi des violences, et des réfugiés, et elle m’explique un peu plus longuement son travail thérapeutique sur le souffle avec des patients de tous âges.
Capture d’écran 2019-02-15 à 15.27.06Iris Bugl (nom prédéterminé!) pratique une méthode holistique, fondée en Allemagne par Ilse Middendorf, Erfahrbarer Atem (traduit par “Respiration respirante”), qui utilise le mouvement de la respiration pour le bien-être physique et mental.
La pédagogie et thérapie par le souffle est un travail somato-psychique où il ne s’agit pas d’apprendre des techniques spéciales de respiration, mais de prendre conscience de son souffle tel qu’il est à un moment donné, de son corps, de ses états intérieurs. Et à partir de là commencer à élargir ses propres possibilités et découvrir ce qui empêche de s’exprimer de manière plus libre et authentique.

Spiritus, en latin, est à la fois à l’origine du terme esprit et du mot respiration…

Mardi
Dominique A. (pas le chanteur) qui passait par là et que j’ai alpagué, que je suis contente de revoir depuis novembre, est chassé par une réunion de PEC :
à l’ordre du jour, au Lien/lieu (avec des chaises supplémentaires!), cherchons ensemble comment continuer à faire vivre le Lien/Lieu quand je n’y suis pas, et aussi quand j’y suis :
– un atelier d’écriture ouvert à tous (prononcer tousse) tous (prononcer toux) les mardis aprem (avec des consignes à distance quand je ne suis pas là) – Une permanence de PEC tous les mardis et vendredis aprem – prêter le local pour l’atelier de réparations  – des “pochettes surprises” à concocter pour distribuer aux restos du cœur, en supplément du colis de nourriture  – faire imprimer du scotch et des cartes postales – préparer le printemps de poètes…
Pour l’atelier d’écriture mardi prochain, une majorité des PECiens présents ne meurent pas d’envie d’y participer… Bernard a une belle phrase pour qualifier son désistement : “Les cris me font mal aux oreilles”.
& préparer l’atelier de demain avec Pascale et ses participants.
En quête de ficelle, je vais, sous le soleil du soir, sur les conseils de Manée et d’Iris, à la droguerie Neige, fort réputée comme caverne d’Ali Baba (Bruno m’en a même parlé lors de mon passage par Paris!)
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La preuve : le droguiste me donne (issu d’un trop vieux stock pour le vendre et dont on sait pas la composition) un magnifique « bâton de couleur pour bestiaux » dans un tube rose en alu et me dis « mais ne le mangez-pas ! »
Manée, à qui j’envoie une photo de ma trouvaille, m’envoie en retour une des siennes, la teinture Mohican, la même que quand elle était enfant (il ne doit plus y avoir de teinture rouge en stock, de même qu’il ne restait quasi que de la couleur bleue pour bestiaux et plus de rouge, la couleur reine – depuis le kermès !…)
Je ne m’en servirais pas avec les enfants (et ne le mangerai pas), j’ai d’autres bâtons de couleurs tous terrains… C’est une craie grasse qui ne sèche pas…
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Mercredi
• Nous convenons de rencontres-atelier en mars et avril au lycée agricole de Naves avec Nathalie Maisonnas. Avec les 2ndes générales, les 2ndes pro services et pro PA (en demi groupe, spécialité vache ou cheval..!)
La veille j’ai téléphoné à Frédéric Martin, du Tripode, à propos de l’Ovni (qui devrait voir le jour au salon du livre), (avec le lycée agricole? prévoir une programmation en lien?)
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20190213_120737• L’après midi, les 10 chaises sont occupées pour l’atelier d’écriture avec l’atelier d’arts plastiques de PEC + maman ou compagne ; participants de tous âges et bonne ambiance bienveillante où tout le monde se connait.
Je sors mon cahier Héraclès, où j’ai noté les consignes préparées.
Hercule reçut une solide éducation militaire, sportive et artistique et il tua son professeur de musique… Je ne veux tuer personne mais j’aurais bien besoin de sa force!

20190213_143647– nous commençons à écrire en fermant les yeux ce que l’on ressent.
– puis de la main gauche (photo) sur la non maîtrise (ou droite, mais Pascale est ambidextre !).20190213_14375620190213_163435

 

– puis de la main gauche en fermant les yeux, se présenter et s’aventurer joyeusement dans la page.20190213_163448

– & puis, écrire un “secret”, quelque chose que vous pensez et ne partagez pas en vous disant que ça n’intéresse personne (pas un secret “inavouable”). Chercher comment et où l’écrire dans la page.

évidemment sur les photos, on ne voit (et encore moins lit) rien!
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– puis écrire très gros (repasser sur les lettres ou mots déjà écrits si nécessaire) quelque chose de personnel “énorme” ou exagéré.
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Bel exercice proche du dessin.
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En faisant un tour de table pour lire (ou parler de) ce qu’on a écrit, Jean-Louis et sa compagne Dominique, sans se concerter, ont raconté un même épisode : En moto sur l’autoroute, après une halte, Jean-Louis a démarré alors que Dominique était descendue de la moto (pour regarder si tout était OK) et qu’il la voyait proche de lui dans le rétro. Concentré à cause de la circulation, il ne s’en est aperçu que 200km plus loin…
Voici leurs 2 récits :
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– puis une phrase qui tient parfaitement dans la page et la remplit en entier, qui raconte votre journée d’hier.20190215_173126
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DSC02841ça me fait penser au message de Thomas reçu hier midi :
mais si j’ai assez d’énergie pour un atelier d’écriture, c’est moins sûr pour la mer à 13°…

– puis écrire quelque chose de beau que vous avez vu, ou auquel vous avez pensé, aujourd’hui ou hier.
– et quelque chose qui vous a énervé. En vous posant cette question :
est-ce qu’on écrit (choix des mots, construction des phrases et style de l’écriture) quelque chose qui nous énerve comme quelque chose que l’on trouve beau ?

– puis un message personnel que vous auriez envie de dire à tout le monde ?
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(ce serait un beau sac pour la st Valentin du lendemain, avec les vitrines dégoulinantes de cœurs rouges et de cadeaux en promo!)
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Manée vient en fin d’aprem partager un goûter réparateur avec un pot de confiture de framboises ! N’empêche, le soir, je me couche HS à l’heure des poules..!

Jeudi
• Nous cherchons avec David ce qu’on pourrait faire au Lien/Lieu avec l’artothèque. Il faut déjà que tout le monde en retrouve le nouveau chemin après le déménagement (pas tout à fait terminé).
En attendant, je l’accompagnerai lundi matin prochain discuter d’œuvres avec un groupe de jeunes. Ou plutôt, écouter les jeunes en parler. Cela le passionne, Il dit qu’il apprend des tas de choses sur les œuvres, de la maternelle au lycée ! (& qu’il n’a quasi aucune traces de ce travail).

Il me parle aussi du travail qu’il aime de Laurie-Anne Estaque, que je suis contente de découvrir.
(allez voir son site, ceci juste pour vous donner envie!)
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(paysage-cartographie, carte postale recouverte partiellement de feutre)
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• déjeuner coloré du midi, avec Manée, qui annonce le printemps! La bonne boulangerie est cachée  sous une tonne de béton au pied de la tour administrative, en bas de l’escalier à côté du Lien/Lieu, il fallait la trouver!!

& le fromager vend du gouda au pesto (basilic ou rosso) qui m’enchante, même si ce n’est pas très local, c’est en accord avec les fleurs!

• Après une séance de tamponnage, Dominique A. passe un long moment dans l’après-midi. Il me parle de son état social d’adulte handicapé avec QI et hyper-sensibilité hors moyenne (ça arrangeait bien la commission-tribunal devant laquelle il est passé de le virer du dispositif RSA pour le mettre dans cette nouvelle case), de la difficulté d’avoir un moteur-cerveau de Porsche dans une carrosserie de voiture sans permis, du hacking (il a été informaticien), de La fabrique du consentement de Chomsky, de logique floue, de to pay attention en américain alors qu’en français on la prête, ou de I don’t by it au lieu de j’y crois pas, de jeu en ligne par nuit d’insomnie où il a des partenaires australiens avec le décalage horaire et où il faut être grand observateur pour garder son armée (ce qu’il en dit est bien + complexe que ça!), …, jusqu’à ce que Catherine survienne, pour une 2nde séance d’acupuncture.
• Cette fois, elle laisse les aiguilles un peu plus longtemps, et j’apprends que quand on les laisse très longtemps, l’énergie se dissipe au lieu de se concentrer. J’en suis pas là… le soir même, bed time à 8h1/2 encore, avec tour du cadran !

Vendredi
Il fait froid mais très beau. Les tullistes sont tellement contents qu’ils enlèvent leurs manteaux à la terrasse des cafés ensoleillés, certains sont en chemise! (moi je suis emmitouflée avec 2 pulls en mohair dans ma peau de bête!!)

• Gilles rentre au Lien/Lieu. Je lui avais proposé d’entrer hier matin, après l’avoir vu passer et repasser les jours d’avant. Il est un peu handicapé et laisse par moment tomber une grande langue rose sur son menton barbu, ses yeux brillent derrière ses lunettes. Il a un pull rouge sous un gilet avec des attaches avec des boutons en buis. Avec sa maladie il ne peut plus écrire. Il peut lire (difficilement). Il voudrait retourner à Bordeaux, où il a un ami cher, qui perd l’équilibre. Il pourrait l’aider. Et puis là-bas, les gens ne sont pas pareils, ils sont moins fermés. Il doit y aller pour renouveler sa demande de logement, qu’il a déjà faite depuis 3 ans. L’assistante sociale remplit le dossier, mais c’est lui qui doit le porter et payer le voyage. Elle lui dit : va là, va là, va là, et il y va. Il habite avec une copine qui parle tout le temps sans pouvoir s’arrêter ou crie même la nuit et le fatigue. Elle ne veut pas dépenser d’argent pour acheter à manger, c’est lui qui fait les courses (si il part à Bordeaux, ce sera difficile pour elle, mais elle trouvera bien comment faire avec une assistance sociale). Il aime le thé mais n’en veut pas car il a mal à la gorge.
— Quel âge vous me donnez, je parie que j’ai le même âge que vous?!
— Je sais pas, je suis nulle pour donner un âge! Moi j’ai, attendez, il faut que je réfléchisse, 56 ans !
— moi j’en ai 64.
— Vous faites plus jeune! (moi faut croire que je fais plus vieille!!!)
Il a vécu 7 ans en Algérie, à Oran, quand il était jeune, de 12 à 18 ans et parle arabe couramment (sa mère était française, son beau-père, qui travaillait pour Boumédiène, Kabyle). Il est parti en 76, ses parents à la mort de Boumédiène.
— En 7 ans, j’ai vu une seule fois pleuvoir! mais alors ça tombait ! avec un geste qui ne laisse pas de doute.
Il a un copain algérien avec qui il parle arabe dans la rue. Moitié arabe moitié français. Qui l’a invité chez lui pour son anniversaire, il y avait du couscous et des gâteaux, ça lui a fait très plaisir.
Je lui demande s’il n’y a pas un café ou les arabes se réunissent où il pourrait aller discuter et être avec les autres, mais son copain lui a dit qu’à force, il les fatiguait à raconter toujours la même chose, alors c’est pas possible.
Et ici on le considère mal, les gens se moquent de lui.
Il va au Balto, c’est son tabac. (C’est le bureau de tabac au bout de la rue, où on vend aussi des kesra..!)
Il me raconte la mort de Minet : il rentre chez lui après 3 mois d’absence, son chat Minet (qui a 10 ans), vient sur ses genoux, il le caresse, et Minet meurt illico. Il refait le geste de le caresser, jusqu’à s’arrêter net. Il était très triste.
— Maintenant, avec un billet de 20 €, on a 5 choses, même pas, dans un commerce normal, un petit commerçant. Il va faire ses courses à Intermarché. Il habite rue d’Alverge, “le petit Porto” (c’était un quartier à forte immigration portugaise).
Il me parle de la Croix Marine (sous ce beau nom que je ne connaissais pas se cache une “Fédération d’Aide à la Santé Mentale qui a pour but d’assurer la protection, ainsi que l’entraide psychologique et sociale en faveur des personnes handicapées par déficience intellectuelle, par maladie mentale ou souffrant de troubles psychologiques avérés ainsi que l’accompagnement des personnes défaillantes face aux actes de la vie courante et plus généralement de toute personne en difficulté sociale. La croix bleu-marine, devenue Croix-Marine, a été choisie par ses fondateurs en référence à la Croix Rouge pour signifier leur volonté d’agir pour mieux prendre en charge la souffrance psychique.”), là où il y a la grande porte bleue, près du fleuriste et des pompes funèbres ; maintenant, plus de croix marine, c’est PEP19. & derrière la poste, à droite, une grande porte rouge, avec des infirmières à l’étage.
Il est un peu fatigué et timide et l’entrée de Paloma le fait partir.

Gilles n’a plus beaucoup de dents. Dominique, qui a vécu pas mal de galères aussi , non plus.
Sont-ce là les sans-dents tullistes de François Hollande…??!!
(et une ville réputée pour sa dentelle, sa manufacture d’armes et sa fabrique d’accordéon ne risque-telle pas de perdre ses dents plutôt que de rayer le parquet…?!)

• Paloma passe au Lien/Lieu dans un grand châle-poncho rouge ramené d’Amérique latine. Le semaine prochaine elle va à l’institut Cervantès de Toulouse, pour (entre autre) une rencontre avec Manuel Rivas, dont elle a traduit de la poésie. Il faudrait qu’elle rencontre Yann, à la Cave Poésie, je vais faire l’entremettrice. Elle me parle enthousiaste des expos qu’elle a vues récemment à Paris, parcours du combattant du 104 jusqu’à la nouvelle bibliothèque en passant par le petit Palais et le musée Gustave Moreau, et des galeries de ci de là (quelle énergie, dans son châle rouge!!). Dont une derrière Orsay avec une exposition d’un ami : Miguel Nùñez Rauschert. (Encore une découverte, chic!)
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• Plus tard Gaëlle passe, pour me donner un peu de travail pour le prochain journal de PEC
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message3C’est pas fini, mais je l’ai mis en ligne pour faire de la lecture de train à Manée qui va à Paris pour une réunion PEC!!!

La suite… :
• Donc Gaëlle est entrée. Pour me donner du travail, et puis…
Elle se souvient, à 16 ans, en 1ère avec son prof d’histoire, d’avoir été à l’église Saint Pierre où il y avait une expo de Marc Pataut ou/et des documents de Ne pas plier. Une profusion de choses, de découverte.
Des souvenirs pas très nets, mais très forts.
D’avoir demandé ce que signifiait UTOPISTE.
Capture d’écran 2019-02-16 à 13.42.35De s’être dit que APPRENTI UTOPISTE, c’était un projet professionnel qui lui convenait !
D’avoir collé sur son bureau l’autocollant, qui l’a accompagné ensuite toutes ses années d’études.

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D’un autre autocollant (alors que Benetton faisait plein de pub),
& de celui-ci, qui l’accompagne encore.

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D’avoir aussi passé une journée aux archives municipales avec sa classe, et d’adorer ça. (Elle y a repensé samedi dernier!)
En étant embauchée à PEC, et regardant les archives pour en savoir plus, 10 ans plus tard, elle a recollé les morceaux!
Cette expo qui l’a marquée, c’était donc à l’initiative de PEC !
& pense qu’il faudrait faire attention maintenant à conserver des archives, faire des photos des événements et aussi des activités régulières, en ces temps dématérialisés.

20190215_173622• et pendant ce temps-là des jeunes du WWF en sweet vert fluo arpentent régulièrement la rue pour demander aux gens de participer à cette bonne cause : 10 € par mois… Même si je pense que la protection de la nature est importante, je préfère les filer à un clodo pour qu’il mange ou fasse ce qu’il veule…
Le terme clodo les choque, c’est vrai qu’on ne l’emploie plus, c’est pas politiquement correct… & je n’en ai pas vu à Tulle,mais…DSC02849
• & vers 16h, le soleil entre carrément dans la vitrine, youpi!!

Plein de monde dans la rue, des jeunes qui profitent des 1ères minutes des vacances, des badauds manteau sur le bras qui lorgnent les boutiques avant d’aller à la terrasse d’un café, une effervescence palpable et printanière.

Cela semble remarquable à mon loueur de gîte, qui tempère :

Ce matin, en allant au marché de la gare (je l’aime mieux que celui du centre, même si aujourd’hui il doit être au soleil, et il est beaucoup plus près d’où je loge), j’ai pensé à Gilles, et à la porte bleue :
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