colère

Date : 17 janvier 2021

Les occasions d’être en colère ne manquent pas…

Ce matin, je faisais la queue distancée à la poste pour aller chercher un colis : un livre d’occasion ; L’abc de la guerre de Bertolt Brecht.
Devant, après une longue attente, un monsieur l’air pas fier et le nez rouge un peu veiné tend sa carte de compte au guichet, à travers la petite ouverture du plexiglas protecteur, souhaite une bonne année à la postière et demande 8 euros…
Le responsable (?), un jeune mec propre sur lui qui servait une dame à côté, dit à la postière qu’il faut sa carte d’identité. Le monsieur ne l’a pas, il l’a perdu. La postière est embarrassée. Est-ce qu’il a une attestation de perte du commissariat ? Non, il n’y a pas été, se lance dans une petite explication. Elle dit, attendez, je vais voir. Les employés vont dans la petite pièce à côté et ferme la porte pour délibérer plus surement. Ils ressortent. La postière dit au monsieur qu’elle ne peut rien faire, il faudrait qu’il aille à la police déclarer la perte de sa carte. Il balbutie un peu, semble harassé, repart la queue entre les jambes sans rien dire.
J’ai envie de gueuler très fort, mais lui ne l’a pas fait. Dire au blanc bec que s’il a un boulot bien au chaud, s’il n’a jamais eu faim dans la vie ou n’appartient pas à l’espèce des loosers, c’est aussi grâce aux centimes de ce monsieur qui vient de recevoir son verdict négatif d’employé-machine, que c’est pas son fric, faudrait pas qu’il l’oublie, le monsieur lui a confié, et bonjour la confiance… Je peux juste tendre discrètement 10 euros au monsieur quand il repart, c’est tout ce que je peux faire pour lui. & repartir peu après avec mon abc de la guerre, en fulminant.



• Je ne connaissais pas


• & puis, c’est l’occasion de penser à Frans Masereel (écoutez l’émission de la rtbf)


Debout les morts (en 17)

• & je n’avais jamais lu “Au-dessus de la mêlée” de Romain Rolland (ni rien de Romain Rolland, d’ailleurs)
sinon, je l’ai trouvé en pdf sur ce site qui a des archives formidables : https://archivesautonomies.org/

• & puis cette gravure, sur le mur chez Sylvie :

• Car dans les semaines qui viennent, à PEC :


(Hausmann a passé les dernières années de sa vie à Limoges)

• Passons à une autre découverte du we : la Cène, version Judith Chicago
Ça  ne donne pas forcément envie de manger dans ces assiettes(!), plutôt de se mettre à la broderie à plusieurs!


atelier d’écriture du jeudi – n° 8

Date : 15 janvier 2021

Atelier 8 – jeudi 14 janvier
Aujourd’hui, 4 participantes présentes “en vrai” à l’atelier.

Nous sommes en l’an 21. Dans le journal de PEC du mois de janvier, une page A3 R/V est inserrée :

1 — 4 phrases (de vous) (qui ne sont pas des souhaits) que vous avez envie d’écrire, d’afficher (forme et sujet à votre guise).
Sélectionnez-en une ou 2 (seul.e ou avec l’avis des gens qui vous entourent) pour écrire (au gros feutre, que ce soit lisible de loin) sur la feuille A3.


2 — Ces derniers temps, quelque chose, une situation, que vous avez vu, lu, entendu, qui vous a marqué, questionné. Faites-en un texte bref, avec des phrases courtes (description, le factuel puis le questionnement personnel).

Martine :
J’ai entendu que dans un zoo des gorilles avaient eu le Covid. Cela m’a attristé que le virus se transmette à des singes.
Mais en même temps, nous avons tellement de points communs avec eux.
Mais quand même, où va t’on ?

Marie-Jo :
J ai vu un film sur des femmes en prison. Un monde que je croyais connaitre.
Mais je m’interroge encore sur certaines découvertes qui m’ont profondément marquée.
Des choses simples du quotidien devenaient surréalistes, les pensées les plus communes étaient cachées, des violences inattendues rythmaient les jours qui passaient.
Cet enfer est-il accessible aux personnes qui travaillent pour aider ces détenues ?

Dominique :
Trop beau le sourire de Lison, ses petits doigts arrachent le papier cadeau par petits bouts, bien consciencieusement, comme si elle sentait déjà qu’il y a dans la vie des moments précieux qu’il faut faire durer.
Trop beaux les yeux de Lison, des yeux pleins d’étoiles à la découverte du jouet.
Trop belle sa petite voix nous gratifiant d’un « Waouh »sonore du haut de ses 16 mois ;
Trop belle la vie dans les yeux d’un enfant…

 

3 — Une liste de souhaits dans des domaines très différents, mélangés également par différents styles d’écriture.

4 — Une liste de résolutions personnelles intenables.

5 — Parmi les résolutions de vos camarades (ou les vôtres si vous êtes seul.e), choisissez-en une. Développer une petite histoire (réflexion, fiction). La phrase choisie doit y figurer.

Martine :
Arrêter de parler surtout pour ne rien dire, pas facile je trouve quand j’aime parler, et que jacasser me fait plaisir. Et pourquoi je ferais cet effort si cela me fait du bien de blablater à tort et à travers ?

Marie-Jo :
Chaque fois que durant la journée je vis une situation nouvelle, immanquablement, je n’arrête pas de gamberger la nuit suivante.
Il suffit que quelqu’un me fasse une réflexion même anodine, et voilà, je la tourne et la retourne dans ma tête toute la nuit.
Peut-être que si j’imaginais un berger avec des gants de toutes les couleurs, cela m’apaiserait.

Dominique :
Le jour où j’ai décidé de conduire la voiture pour aller nulle part, ma fille m’a demandé : « C’est où nulle part ? ». Alors je me suis souvenue d’une chanson qui disait : « C’est quand qu’on va où ? », et j’ai réalisé que je n’étais pas si paumée que ça…
On est très nombreux à aller nulle part en définitive.

 

6 — Écrivez 2 phrases à partir de tout ce que l’on a écrit et entendu dans les lectures depuis le début de cet atelier. Écrivez-les (visible de loin) sur une feuille A3 (pour chacune d’elles).

7 — A partir de la liste de vos souhaits, choisissez-en un que vous développerez en une petite histoire.

Martine :
Je souhaite marcher à la montagne où il n’y a personne. Mettre un pas devant l’autre, regarder la nature et écouter le silence et entendre soudainement le chant d’un oiseau. Regarder une plante et s’arrêter pour l’observer et surtout ne pas l’arracher. Respirer ce bon air pur, puis s’arrêter et contempler ce qui m’entoure, quel pur bonheur !!!

Marie-Jo :
Je souhaiterais ressembler à quelqu’un d’autre. Je serais grande, belle, riche et la meilleure amie du monde. Je distribuerais l’amour et la joie de vivre à tous les cons pour les rendre meilleurs. Je vivrais auprès de Bacchus pour m’enivrer et trouver l’élixir qui me rendrait immortelle.

Dominique :
Il était une fois, dans un monde où les roses n’avaient pas d’épines, un troupeau de cons qui avaient perdu le contrôle de la machine à temps. Celle- ci s’était emballée : tantôt STOP, tantôt RWD (rembobinage), ça n’arrêtait pas d’embêter tout le monde! Alors, tous les petits princes et les petites princesses du monde ont tenté un dernier truc avant de changer de planète :

 

8 — A partir de cette proposition de Gébé dans l’AN 01, écrivez une phrase (sur A3)

Ces feuilles A3 et les 3 petits textes figureront sur la vitrine du Lieu/Lien (à venir très prochainement..!!)


dans la bibiothèque

Date : 17 décembre 2020

L’autre jour, j’attendais David, et profitais de 10 mn inoccupée pour explorer la bibli de PEC

& bien sûr, il y a toujours un livre qui donne des idées !


(les pages sont dans un ordre hasardeux du feuilletage et capture…)

& puis, ça n’a rien à voir, mais ces “nuages” dessinées par l’humidité  de ce bout d’immeuble en face de mon futur atelier me fascinent…


atelier d’écriture du jeudi – n° 7

Date : 17 décembre 2020

Atelier 7 – jeudi 17 décembre
Chacun son nuancier : ce soir, on va chercher des couleurs.


Cyanomètre de de Saussure (1760)

1 — Pour (quasi) chaque lettre de l’alphabet, trouvez une couleur qui corresponde (qui a un sens pour vous) et dénominez-la

ex :
A comme arc-en-ciel
B comme bleu de travail
C comme chiottes de bonnes sœurs

H comme huître
L comme robe couleur de lune

S comme staphylocoque doré

— lecture de la liste de chacun, si les couleurs nommées par quelqu’un d’autre vous interpellent, notez-les

Martine :
a comme amour
b neige
c caramel
d dentelle
e écumoir
f contre façon
g garage
h harpe
i immensitée de la mer
j le soleil qui brille
k kiste
l lièvre
m le mijotage d un bon plat
n la noirceur du noir
o ouragan
p la pommade
q queue de cheval
r la rosée du matin
s sergent en chef
t tornade
u univers
v ce bon vieux vélo

Michèle :
A comme robe d’avocat
B blanc sec
C crête de coq
D désir de feu
E eau glauque de Venise
F santé de fer
G tabac gris
H haie d’aubépine
I nuée indigo
J jus de cerise
K pelage du koala
L lueur incandescente
M miel d’acacia
N Mer Noire
O orange de Noël
P peur bleue
R perle rare
S sol souillé
T thé vert
U pré uni
V vent dans les voiles
W Waterloo

 

2 — Choisissez-en 4 dans votre liste et 2 dans celles de vos camarades et développez, nuancez, adaptez votre style à la teneur du récit.

Pour vous aider (?!), voici des extraits de Moby Dick de Melville :

[…]

un extrait du journal de Frida Kalho :

3 poèmes d’Ernst Herbeck

Martine :
La neige blanche qui tombe légère puis épaisse sur la campagne qu’elle recouvre et enveloppe de son blanc manteau. J’aime me promener et entendre ce doux craquement sous mes pieds et regarder ce beau paysage si blanc si pur qui me rend heureuse

Le caramel mou oui oui celui qui colle aux dents et qui colle colle à n’en plus finir, attention aux dents fragiles et pour le caramel dur attendre le doux frémissement du papier qui l’enveloppe.
Regarder sa belle couleur marron s’en lécher les babines et hop dans la bouche un coup à droite un coup à gauche, hum que c’est bon et délicieux de le laisser fondre doucement.

La contre façon qui fait croire qu’un objet qu’un vêtement est fait par le vrai fabricant, mais attention à la couleur qui est plus pâle ou plus foncée et qui met la puce à l’oreille et fait dire que c’est une contre façon.

Le garage, où une bonne odeur de cambouis envahie mes narines, qui parfume l’atmosphère et où il règne une bonne ambiance avec ses murs noircis par les années, mais où la couleur d’origine est bien présente et résiste au temps qui passe.

La moutarde forte qui pique le nez à s’en tortiller pendant quelques secondes, et qui aiguise mes papilles de son bon gout amer et de sa belle couleur jaunâtre quand je plonge la cuillère dedans.

Le thé vert qui se déguste devant un bon feu de cheminée blottie dans mon canapé, envellopée dans ce bon vieux plaid usé bien au chaud, et de boire cette boisson qui réchauffe mon corps.

La grisaille du ciel n’est rien s’il n’y avait pas l’univers pour l’accueillir dans cette nature qui n’attend qu’une chose, c’est que la pluie tombe encore et encore pour que ce gris se déverse sur la terre et rafraîchisse et nourrisse les plantes les arbres l’herbe les rivières la mer, et que le plus petit des insectes puisse lui aussi prendre sa belle part de l’eau qui lui est destinée car on ne pense pas toujours à ce qui est tout petit mais à la vie à nos pieds parce que l’eau coule ruisselle abreuve les animaux les humains, et d’ailleurs il n’y a que nous qui râlons quant la grisaille du ciel pèse de sa lourdeur et nous n’attendons qu’une chose c’est que le soleil réapparaisse et avec lui la belle palettes de ces belles couleurs qui réchauffent les cœurs.

Michèle :


atchung

Date : 16 décembre 2020

Quelques méthodes étatiques (qui ne rime pas avec éthique…) corréziennes :

Ça commence

 

et puis ça continue :

 

& puis aussi :

Ça me fait penser à ce passage de Boza!

ce récit (les nouveaux”romans” d’aventure ?) d’un jeune camerounais migrant que j’ai lu dans le train :

(le début, c’est juste pour comprendre la suite..! )


atelier d’écriture du jeudi – n° 6

Date : 13 décembre 2020

Atelier 6 – jeudi 10 décembre
Voilà ce qui nous est annoncé, avant que le 1er ministre nous annonce les galères à suivre, à l’heure et jour de l’atelier d’écriture, justement :

15 décembre : Fin du confinement si les conditions sanitaires le permettent (moins de 5000 contaminations par jour)

  • Fin des attestations et déplacements entre régions autorisés ;
  • Instauration d’un couvre-feu de 21h00 à 06h00 du matin à l’exception des réveillons du 24 et 31 décembre ;
  • Réouverture des salles de cinéma, théâtres et musées ;
  • Reprise des activités extra-scolaires en intérieur ;
  • Interdiction des rassemblements sur la voie publique.

 

1 — Faites une attestation telle qu’on aimerait en avoir une, avec des motifs qui nous importent :

David :

 

 

Marie- Jo :

 

 

Martine :

 

 

Michèle :

 

 

Raphaëlle :

 

 

Manée :

 

 

Qui attestent toutes qu’on en a ras le bol..!!!

2 — Le couvre feu tout nouveau pas beau, c’est l’occasion de sortir avec son attestation :

Agnès :

 

 

David :

 

 

Manée :

 

 

Marie Jo :

 

 

Martine :

 

 

Michèle :

 

 

Raphaëlle :

 

 

3 — C’est le couvre feu, vous promenez votre animal de compagnie, quel qu’il soit
(description détaillée de la scène, lieu, actions, dialogues…) :

Agnès et son amie Mirza, chauve souris déguisée :

 

 

Manée et son ânesse Rosa :

 

 

Marie Jo et son homme de compagnie :

 

 

Martine et son dromadaire :

 

 

Michèle et sa chouette choohouhou :

 

 

Raphaëlle et son crocodile Coco :

 

 

David et l’éléphant Kierkegaard :

 

 

4 — Un rapport de police, à partir de l’histoire de quelqu’un d’autre :

Raphaëlle :

 

 

David :

 

 

Manée :

 

 

Marie Jo :

 

 

Martine :

 

 

Michèle :

 

 

• • • • • • • • • • • • • • •

& puis après, des extraits sont en vitrine au Lieu/lien, rue Jean Jaurès :

allez, grâce à W. Wegman, Man Ray va se promener sans se soucier de l’heure ni du temps…


dérogations à gogo

Date : 13 décembre 2020

La vitrine d’actualités du Lieu/lien, à Tulle, en ce mois de décembre, avec une dérogation faite au départ pour le programme des 3 mois à venir de la Cave Poésie, à Toulouse, avant les dernières nouvelles du couvre feu sans culture…


& puis celle-ci, résultat du dernier atelier d’écriture…


atelier d’écriture du jeudi – n° 5

Date : 28 novembre 2020

Atelier 5 – jeudi 26 novembre
L’année dernière, nous avions déjà fait un atelier d’écriture à partir d’une “tribune”. Nous réitérons, à distance ;
à l’heure de l’atelier d’écriture, a lieu cette tribune, au théâtre l’Empreinte, par visio conférence, ou à la radio Bram fm (sauf que ça n’a pas marché…)
… (& que l’Empreinte n’a pas fait d’enregistrement ni visuel ni sonore du zoom… la communication, c’est top..!)

Alors vous pouvez entendre Josep Rafanell i Orra dans cet entretien :

et lire ce texte et celui-ci dans lundi matin

• • • • • • • • • • • • •

A partir de tous ces éléments, faites-moi un texte qui reprenne des propos(itions) entendus ou lus de cet auteur agrémentés des vôtres (c’est vous qui décidez des proportions…)
en tenant compte de ces quelques lignes ci-dessous, que je vous demande d’adapter au STYLE d’écriture. (ce qui veut dire que vous allez expérimenter une nouvelle forme d’écriture..!!),

 

Michèle :


propulsé à la campagne

Date : 24 novembre 2020

David vient de m’envoyer une histoire revisité du Petit poucet chez les Dalton, suite de l’atelier d’écriture du jeudi, N°4 (à distance)


à qui le dites-vous..!!
J’ai dû aller trop vite, car j’ai pas réfléchi à ça en prenant la route après avoir dessalé les vitres (la pluie de la Corrèze se chargera du reste…) de la Volvo au coffre géant archi rempli, j’ai surtout pensé que Tulle était vraiment loin de Marseille!
& puis, au fur et à mesure que je “montais”, la température descendait..! & la nuit, c’est très dur de repérer les méchants radars !
Mais l’accueil était top : à peine garée devant le Lieu/lien pour décharger une partie de mon chargement, Didier qui rentrait chez lui un peu plus loin, est venu m’aider!

Une autre façon d’être propulsé à la “campagne”, c’est celle des jeunes migrants… dont certains ont envie d’écrire.

A suivre, on se voit cette semaine, donc!

& en attendant, un peu de documentation, avec le livre de Rozenn Le Berre, De rêves et de papiers,

dont vous pouvez lire un extrait

 

 

& puis cet article, à lire dans le journal de la CNT de décembre : jeunes migrants CNT décembre

 

& puis ça, c’est autre chose, mais ça s’y rattache…

 


atelier d’écriture du jeudi – n° 4

Date : 12 novembre 2020

Atelier 4 – jeudi 12 novembre
Aujourd’hui, voici un livre jeunesse qui m’a enchantée :





La même illustratrice, Marjolaine Leray, a déjà fait Un petit chaperon rouge aussi terrifiant que réjouissant, édité chez Actes Sud Junior :



Elle a aussi collaboré avec Joël Pommerat pour le décor de théâtre de sa pièce (PCR), et cela nous ramène à cet atelier passé

A partir de ces éléments, je vous demande de réinterpréter une histoire “légendaire”. (celles & ceux qui ont fait l’atelier 34, je vous demande de prendre une autre histoire)
Autant dans L’Affaire Méchant Loup que dans Un petit Chaperon rouge, ‘histoire est revisitée d’une façon grinçante. Admirez-en le style, la concision, l’ouverture, la chute.
Alors, en route, faites grincer..!!
Si vous le souhaitez, les dessins (ou autre méthode d’illustration) sont bienvenus pour faire “avancer” votre histoire.

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Martine :
Le vilain petit canard
Madame cane se promène dans la basse-cour
car un petit tour cela ne peut que lui faire du bien
car elle a fort à faire ces temps-ci
elle se prépare à un grand événement, la naissances de ses canetons
— bon il faut que je mange un peu, se dit-elle
en chemin elle rencontra sa veille cousine madame Jiolette
qui lui demanda tout de go : — alors c’est pour quand
— demain ou après-demain ou après-demain, lui répondit madame cane toute fière
bon ce n’est pas tout, je retourne à mes affaires, dit-elle à madame Jiolette
et clic et clac en se dandinant elle retourna couver ses 4 œufs tout beaux sur le bord de la rivière
un coup d’œil sur sa futur progéniture
— oh mais il y en a un de plus, comment cela se fait-il
elle compta et recompta, il y en avait cinq — et en plus il est plus gros
bon tant pis je couve quand même il ne faudrait pas que mes œufs prennent froid
un jour deux jours passèrent et madame cane sentit que cela bougeait sous elle
elle se souleva et vit plein de petits pointer le bout de leur nez
et le dernier œuf arrivé rien
elle resta là à protéger ces petits toute heureuse
— demain nous irons nous balader et rencontrer tous mes amis
le lendemain elle dit à ses beaux rejetons — suivez-moi
et là surprise le dernier est né aussi
— t’es pas beau lui dit l’un des canetons, t’es gros lui dit l’autre, tes plumes sont pas belles lui dit le troisième
— bon les enfants arrêtez de vous chamailler, suivez-moi
et la petite famille s’élança dans la marre
maman cane devant et sa progéniture derrière
elle croisa sa veille cousine Jiolette
—ah tes petits sont nés, mais comme il sont mignons, mais le dernier il est bizarre, il ne te ressemble pas, tu as été le fabriquer où celui-là
— cela ne te regarde pas et puis c’est mon enfant, mèle-toi de tes affaires, dit en s’énervant maman cane
— venez mes enfants, on va plus loin, mais quelle imbécile cette veille cousine quand même, se dit-elle
elle décida de sortir de la marre en se dandinant toute fière d’avoir ses petits derrière qui la suivent
— bonjour madame poule rousse comment ça va
— moi ça va, dis donc en voilà une belle progéniture, mais oh malheur qu’est-ce que celui-là, il est moche laid boiteux
— stop il est à moi et on ne dit pas de mal de mon enfant, il boite et alors!!!! t’as pas des défauts toi, tu crois que ton plumage est parfait
elle criait si fort que tous les animaux de la ferme ont accouru pour voir ce qui se passait
et maman cane se retrouva encerclée de cochons d’ânes de vaches de chèvres de brebis de poules des dindons des autres canards de la basse-cour
— c’est quoi ce vilain petit canard, dit en premier le cochon, vous avez vu il est pas beau, rondouillard et tout le monde se mit à rire
le petit canard qui était la risée de tous était bien triste et se sentait rejeté, personne ne m’aime se dit-il
il ne comprenait pas ce qui lui arrivait
— pourquoi vous ne m’aimez pas, osa t-il dire de sa toute petite voix
— ah ah ah gloussa un dindon, en plus on dirait qu’il a avalé une couleuvre quand il parle, il est débile ma parole
maman cane n’en pouvant plus se fraya un chemin et partit, et retourna dans la marre
elle était bien triste — mon petit dernier est rejeté par tous même par ses frères et sœurs
quel malheur s’abat sur moi, je ne suis qu’une cane et je me sens sans défense, quoi faire
et là elle voit ses autres petits battrent cet enfant différent
— arrêtez de rejeter votre frère, leur dit-elle en pleurant
— mon petit caneton il y a que moi qui essaye de te comprendre
elle amena sa petite tribu vers le bord de la marre pour les mettre au chaud dans le nid
elle s’accroupit et là tout le monde au chaud sauf le dernier qui reçut moulte coup de bec
— mais qu’est-ce que je vais faire de toi, lui dit-elle
c’est vrai que tu es différent
serre toi contre moi et cela ira, demain il fera jour
mais les jours passaient et le pauvre petit canard recevait toutes les moqueries
— vous verrez quand je serais grand je ferais mieux que vous
— oui oui oui, riait tout le monde
personne ne me croit mais je leur prouverais le contraire, se disait-il, oui je ferais quelque chose de beau de grand plus tard
le vilain petit canard comme tout le monde l’appelait encaissa se tut et grandit
il se sentait différent mais fort plus fort et plus costaud que ses frères et sœurs
il devient un canard plus grand et différent
et le dindon le cochon et les autres animaux commencèrent à le regarder différemment
car contre toute attente il n’était pas de la même espèce que sa mère et ses frères et sœurs et personne de la basse-cour n’avait vu un canard comme lui
il nageait plus vite volait plus haut courait comme un éclair sur la terre ferme
bon tout le monde apprit à le respecter et à l’admirer
et maman canne était tellement fière de lui
et ses frères et sœurs aimaient être avec lui car il leur apprenait à voler plus haut à nager plus vite
comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences, qui sait attendre l’âge adulte pourra prouver sa différence et en faire une force.

⇔ ⇔ ⇔ ⇔ ⇔ ⇔ ⇔

Sylviane :

⇔ ⇔ ⇔ ⇔ ⇔ ⇔ ⇔

Manée :
Cendrillon
Capucine vivait dans une famille recomposée. Sa belle-mère n’était pas très chaleureuse, lui faisant sentir d’une manière ou d’une autre qu’elle encombrait le paysage les semaines de garde alternée. Le père ne disait rien, un peu lâche. Ses deux demi-sœurs (comme on dit) étaient très « pimpins », elles se pomponnaient toute la journée dans l’espoir de séduire enfin au collège un sportif au survêtement flamboyant.
Capucine aimait par-dessus tout rester près du feu de bois en lisant. Elle lisait beaucoup surtout de la poésie. A force ses vêtements sentaient mauvais la fumée de bois (disaient- elles) si bien que sa belle-mère et les sœurs l’avaient surnommée Cendrillon. Capucine, elle ne détestait pas cette odeur et de toute façon comme elle aimait aussi courir dans les bois, l’odeur disparaissait vite. Et surtout comme sa mère vivait seule et avait peu d’argent, elle lui avait appris à coudre très jeune, si bien qu’elle portait des vêtements complètement décalés, originaux, colorés, joyeux, totalement méprisés par les sœurs pimpins qui s’habillaient mode et se trouvaient bien supérieures.
Sur leur compte Facebook elles publiaient régulièrement des posts spéciaux Cendrillon pour la ridiculiser et lui rabâchaient qu’elle n’était pas prête de trouver un garçon avec cette odeur.
Capucine, les histoires de filles et de garçons l’ennuyaient plutôt.
Elle ne fréquentait pas Facebook mais sentait que dans son collège, beaucoup la regardaient un peu d’une drôle de façon. Pendant les récréations elle ne se sentait pas très à l’aise et continuait à lire sur les marches d’escalier et après les cours rentrait vite à la maison.
Depuis peu, elle s’était mise à dessiner et inventer des modèles de chaussures. Elle avait notamment confectionné à la fin du printemps de très belles sandales en feuilles de châtaignier.
Le prototype n’était pas trop au point si bien qu’un jour en partant du collège, elle en perdit une.
Le lendemain matin en arrivant près du collège, elle vit s’approcher d’elle un garçon nommé Jasmin qu’elle avait déjà remarqué car il se tenait toujours un peu à l’écart des parties de foot qui envahissaient régulièrement la cour laissant juste un bout de préau aux filles. Il tenait à la main la chaussure en feuille de châtaignier et lui dit en la lui remettant : « elle est magnifique, je savais qu’elle ne pouvait être qu’à toi . »
S’en suivit peu à peu une délicate et longue amitié faite de petits bouts de poèmes, de roseaux, de bleuets, d’oiseaux de passage, de sons curieux.
Ils vécurent longtemps heureux et n’eurent jamais d’enfants.

PS: L’histoire n’est pas assez cruelle pour dire si oui ou non les pimpins finirent par épouser un sportif au survêtement flamboyant, fils aisé de dentiste, de médecin ou de directeur commercial.

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Raphaëlle :
La légende du colibri
Le feu avait démarré de bon matin et les flammes dépassaient maintenant les immeubles de 5 étages. Plus personne ne s’entendait tant les sirènes de pompiers couvraient la ville. 3 maisons s’étaient déjà écroulées, laissant derrière elles un immense monticule de parpaings calcinés. Des hommes avaient dû se consumer à l’intérieur, personne encore ne savait.
Mais ce qui était sûr, c’est que les femmes s’activaient au-delà de leurs limites. Et grâce à elles, vieillards et enfants trouvaient la vie sauve. Mais le feu ne faiblissait pas. Pire, il amplifiait. Et les sirènes hurlaient, et les lances d’incendie ne suffisaient plus. Des hordes de gens s’enfuyaient, à contre sens, à contre vent. Sauf les pompiers, tenaces et dévoués. Hélas, c’était peine perdue.
Quand soudain au loin, un troupeau barrissant jaillit. Ils étaient là par milliers, sortant de la forêt, en direction de la ville, toutes trompes dehors. Leur souffle, phénoménal, immergea la ville. Hommes, femmes et enfants se retrouvèrent emportés par les flots, se fracassant contre les immeubles. L’aspersion dura 24 heures. En 24 heures, tous furent noyés. Sauf Noé. Qui bien sagement avait pris femme avec lui, et s’était hissé sur le plus grand des éléphants. De retour dans la forêt, il croisa le colibri qui lui dit : « A toi maintenant de faire ta part » .

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Valérie :
Fugue
— Bon, on avance sinon on n’en sortira jamais et on va crever ici.
— Pas de problème. J’ai vu.
— Moi, je ne supporte plus d’être emprisonnée là-dedans et engoncée dans ce capuchon rouge ridicule.
— Et moi, aplatie et encartonnée chez Flammarion, tu crois que je me sens mieux avec ces boucles blondes qui dégoulinent de ma tête depuis tant d’années !
— Allez,  après le dîner on change de look et on file incognito.
— J’ai trouvé un covoitureur sur Blablacar. Il nous prend juste avant 23h, après 1h d ‘autoroute on débarque à la mégadiscothèque de Clerzon et c’est déjà demain.
— OK, confirme.
— Tu as les ciseaux ? Et les 3 couleurs ?
— J’ai tout. Les fringues aussi. On prend juste un sac chacune et un manteau long.

Dès 20h, CR cisaille jusqu’à la moindre boucle de cheveux de son amie et laisse seulement une longue crête qu’elle teint aussitôt en violine, avec des touches vert fluo et rose fuschia sur les côtés.
Pendant que BO revêt un crowtop noir et un legging moulant argenté, CR, qui a enfilé un legging fleuri et une tunique arc-en-ciel, se pommade, se maquille à outrance, s’inonde de parfum exotique et s’échevêle avec une telle ardeur que le défi est relevé : on dirait bel et bien un hérisson.
— Woaouh ! T’es super !
— Toi aussi t’es chouette ! Houhouhou ! C’est parti !

Vestiaire. Sacs. Manteaux.
Quelle entrée ! Les regards se tournent vers ces nouvelles têtes : pas des habituées du lieu… La musique hurle scandée par la basse profonde ; les spots lancent leurs éclats lumineux, brefs et éblouissants, un épais voile de fumée enveloppe la salle ; les verres tintent joyeusement et les danseurs s’ébrouent à nouveau.
— Ah, zut, c’est costumé ! Je te préviens, je ne veux pas voir de fée ni de sorcière, ni de chèvre ni de loup ou alors je file, s’agace CR.

BO repère vite un petit gars lunaire et ébouriffé, une vraie tête de poulbot. (On dirait un des sept nains…chut) !
CR, un peu en retrait, voit s’avancer vers elle, une créature légère, gracieuse, délicate, douce, dont la présence étonne dans ce tintamarre .
— Je suis BN. Je crois que je vais renaître ici.
— BN ?
— Oui. «  Belle Nuit ». C’est mon nouveau nom : la pâleur de la neige ou de la mort, ça suffit !

A l’issue d’une nuit enfiévrée, juste avant les premières lueurs de l’aube, quand la fête s’achève, les 4 se saluent, fin prêts à réaliser leurs rêves……..
BO et son poulbot ne veulent plus voir d’arbres ni de scie, de bol de soupe ni de cuillère ; d’ailleurs un couple va les conduire à Paris. Là-bas, ils iront au cinéma, au concert, au théâtre, et dès les beaux jours, ils entreprendront leur tour de France des festivals. Ensuite, cap sur Berlin pour d’autres horizons.
CR et BN ne veulent plus entendre parler de bois sombres ni de chemins creux, de pommes ni de pot de beurre. Elles mettent le cap sur Bréhat ou Belle-île, selon les opportunités et pour la saison sans touristes. Dès le retour des beaux jours, elles partiront s’isoler sur l’Aubrac et ses vastes pâturages à l’horizon dégagé.

Alors que les couples s’éloignent on entend  un murmure :
— Dis BN, surtout jamais de galette chez nous, même au sarrasin ; et encore moins de panier pour aller au marché,  sinon je vois rouge !

Depuis ce jour où les héros ont déserté les albums, le père Flammarion a sombré dans l’oubli et les enfants d’aujourd’hui ne rêvent que robots, lasers, drones, dans un monde de béton et de métal… hurlant.

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& puis, après vous avoir proposé ce sujet, j’ai fait un peu de rangement dans une pile de papiers coincée dans un meuble, et j’ai retrouvé ce fascicule A5 plié en 2, ramené de Crest en 2010…!


extra

Date : 12 novembre 2020

vu à Tulle, et envoyé par Sylvie, ça c’est extra!!


atelier d’écriture du jeudi – N°3

Date : 1 novembre 2020

Atelier 3 – jeudi 29 octobre

Aujourd’hui, nous travaillons à partir du livre Nul encore n’a dit, de Jan Peter Tripp avec des poèmes posthumes de W.G. Sebald

Des regards, avec des textes de W.G. Sebald en regard…
Pour en savoir plus, je vous renvoie à la présentation du livre, sur le site des éditions fario

& puis, j’ai trouvé et acheté ce  livre à la librairie l’Archa des Carmes, à Arles (voir post précédent). Comme quoi, il faut trainer non virtuellement dans une librairie pour trouver ce que l’on ne cherche pas (et aussi ce qu’on cherche!)

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1 –  Des pensées traversières
Pour chaque regard (lié à la personne ou non), vous inspirant de la forme des poèmes de Sebald et en partant de son titre, faites votre poème

2 — Choisir 4 ou 5 regards qui vous visent ! (ignorant ou non qui ils sont)
Ils s’adressent à vous, personnellement, qu’est-ce qu’ils sont en train de vous dire ?

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1 – William Burroughs

 

Michelle :
Selon Pline
l’espoir est
ancrage et illusion
il enjolive les impasses
et fait miroiter
les songes

 

 

Dominique :
« J’ai peur pour toi. Je voudrais t’aider mais me laisseras-tu faire ? Qu’attends-tu de moi exactement ? Le sais-tu seulement ?
Dis-le moi, il est temps… »

2 – Javier Marias

 

 

 

Sylvie :
En plongeant mon regard dans le tien, mi ombre mi chagrin, je ne me détourne pas. Je voudrais que tu t’attaches à moi et que nous soyons l’une pour l’autre des amies inséparables. Ne fronce pas les sourcils et laisses-toi deviner, nous n’aurions pas de secrets et tu serais celle qui écoute.

Manée :
Pour ce regard calme, apaisé, presque flou et à la fois bien présent, qui t’intéresse, pas de recette vraiment, mais laisser flotter les rubans.

3 – Jan Peter Tripp

 

Michelle :
Quand la foudre
fondit sur la maison
les respirs cessèrent
et sitôt
qu’elle explosa le poirier
les yeux se dessillèrent

 

 

Sylviane :
Tu m’étonnes, comment tu peux arriver sur le seuil de ta vie et regarder encore si curieusement ce qui t’entoure ? Tu en as vu des choses, et toutes celles que tu as faites ! Et tu recommences comme si tout était balayé. Tu pourrais rester un peu tranquille, profiter de tes expériences, arrêter de chercher. C’est difficile de chercher toujours. Et puis , qu’est-ce que tu trouves à la fin ?

4 – Maurice (chien de Sebald)

 

Michelle :
Envoie-moi s’il te plaît
l’assiette bleu
cobalt
dans laquelle autrefois
tu me servais des soupes
chaudes

 

 

Sylviane :
Tu as la chance de pouvoir regarder plus loin que le bout de ton nez. Quoi que je regarde, moi, je vois ma truffe et du coup, je suis dirigé par mes impressions olfactives. Toi non, tu peux ressentir sans sentir. Les choses, les êtres, les émotions pénètrent en toi par tous les pores de ta peau.

Raphaëlle :
Oh s’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît….et puis non, même s’il ne te plaît pas.
Vous les hommes vous en avez de belles manières : vous m’adoptez à deux mois et puis quand je suis trop gros, quand je mange trop, quand vous n’avez plus le temps pour moi, vous vous débarrassez de moi. Comme ça. N’importe où. Ou bien non, pas n’importe où. Là où vous êtes sûrs que je ne vous retrouverai pas.
A toi je donne tout : ma confiance, mon obéissance, ma discrétion, ma joie, ma fidélité. Sans broncher. Sans revendiquer. Mais ça n’est jamais assez. Tu finiras quand même par m’abandonner.
Je ne t’en veux même pas. Allez, continue comme ça, on se retrouvera, dans le cycle de la vie.

Michelle :
Souviens-toi : la laisse
que tu retirais
dès que nous étions seuls
Souviens-toi : la balle
que j’attrapais au vol
pour te la rapporter
Souviens-toi : la branche
lancée sur l’étang
que j’allais chercher
en pataugeant
heureux de te l’offrir
Souviens-toi : les caresses
les rires les roulades
les jeux sans fin
Souviens-toi : l’assiette
bleu cobalt
que tu remplissais
de soupe fumante
Et tu as disparu soudain
Je me languis
à guetter ton retour
N’oublie pas que je t’attends

5- Justine Landat

 

 

Martine :

 

 

6 – Harry Saemann

 

 

7 – Julie Seltz

 

Michelle :
Dans l’obscurité
« sur l’écran noir
de mes nuits blanches »
une plume
indécise
comme l’air au levant

 

 

Sylvie :
Pour toi j’ai mis mon chapeau de feutre violine, tu sais bien celui qui a une fleur sur le côté, c’est ton préféré ! Tu es prête pour notre promenade ? Il y a un peu de vent, pense à mettre ton cache col ; non, pas celui là, l’autre, le vert te va mieux au teint.
Les feuilles tourbillonnent dans le square, on pourra en ramasser pour en faire des bouquets. Prends aussi tes gants, si on rentre tard, tu les auras.

Martine :

 

 

8 – Francis Bacon

 

 

David :

 

 

9 – Isabelle Keller La fuite…

 

 

Sylvie :
Décidément tu ne fais rien comme tout le monde ! Et puis tu m’exaspères ! Non, je ne te regarde pas. Pense aux voisins, qu’est-ce qu’ils vont dire encore ? Quelle honte !

Raphaëlle :

 

 

10 – Kurt Weidemann

 

Michelle :
A 11h
les enfants
furent séparés
de leurs mères
et ahuris d’horreur
furent poussés
au loin

 

 

Michelle :
– Oui, tu as raison, mes yeux sont toujours larmoyants. Il en a été ainsi durant toute ma vie car j’ai vu et j’ai vécu, à l’âge tendre et prometteur de l’adolescence – ce temps de tous les possibles, de tous les espoirs, de toutes les illusions qui nous portaient et que nous portions – la folie humaine. L’horreur. La haine. La honte.
Mon pays tout entier s’est naufragé dans le délire d’un fou qui a entraîné dans l’abîme des millions d’hommes, de femmes et d’enfants.
Au début j’ai perçu le tangage mais très vite cette force maléfique a tout englouti sur son passage : les rues résonnaient sous les pas cadencés par des musiques assourdissantes ; les camions, les motos, les side-cars, les chars…tout n’était que défilé incessant, pétaradant, martelant ; partout, les façades pavoisées vibraient à nos flamboyantes couleurs. Et partout des acclamations, des explosions de joie ponctuaient la propagande continûment déversée.
Tout UN pays en liesse. Tout MON pays en liesse.
Les plus forts. Les plus purs.
Nous allions maîtriser le monde.
Nous allions tenir le monde dans la paume de la main.
Nous serions aussi puissants que les dieux antiques.
Nous étions aussi puissants que les dieux antiques, plus même !

J’ai survécu douloureusement : la vie avait à jamais perdu son éclat.
Je survis. Comme tu le vois, mes larmes perlent, intarissables.

 

11 – Stéphane Spacht

Michelle :
Le panier de fruits
que l’esclave altier
porte sur la tête
lit de pampre
figues moelleuses
grappes ambrées
et toute la fierté
de l’offrande

 

 

Dominique :
« Tu voudrais t’échapper mais je t’ai à l’œil tu sais ! Tu te fais discrète, tu voudrais faire ce que tu veux, comme tu veux, quand tu veux… Mais je suis là et je t’observe et j’attends, comme toi, le moment où tu te décideras à agir. »

Sylviane :
A y regarder de plus près, tu ressembles à tout le monde.Rien d’anormal, rien d’exceptionnel, un petit rire qui fait plisser les yeux et qui t’a empêché de grandir. C’était quoi tes essais pour percer ?, rien qui vaille la une des journaux mais tu t’es fait plaisir. Le plaisir a eu sa part et tu continues. Continue encore et partage !

12 – Jeremy Seltz

Michelle :
En plein
sommeil
je vis un coursier
tirant carrosse
qui me fit
envoi de signes
d’outre-temps
qui depuis oeuvrent
silencieusement

 

 

Dominique :
« Courage Mamie ! Maman m’a raconté… Je t’aime et je t’admire.
Girl power ! Vive les filles !!! »

13 – La comtesse d’Haussonville (Ingres)

 

 

 

Dominique :
« Ne t’inquiètes pas, je suis là qui veille comme une aïeule attentive. Quoi que tu fasses, quoi que tu penses, n’oublie pas de choisir le mieux pour toi, rien que pour toi. Puissent mon calme et ma douceur t’apaiser et t’aider à prendre la bonne décision. Je t’accompagne du fond des temps… »

Manée :

 

 

Sylviane :
Enfant, tu aurais aimé ce regard là sur toi … mais réfléchis, peut être que ça aurait été trop. Tu aimes les choses plus abruptes, plus courtes, plus intenses.

David :

 

 

14 – Ror Wolf

 

 

 

15 – André Masson

 

 

 

16 – Louis Jouvet

 

 

 

17 – Barnett Newman

 

Michelle :
Dans la
ollection
du Musée du crime
de Londres
un monocle holmien
fêlé
que protège une moire
en chèvre
de l’Himalaya

 

 

18 – Michael Hamburger

 

Michelle:
A Venise
l’horreur
dans la démesure
montrant la stupidité
de l’homme
aux portes du chaos

 

 

19 – Jorge Louis Borges

 

 

 

20 – Rembrandt

 

 

 

21 – Felix Näger

 

 

 

Sylvie :
Approches-toi car je ne te vois pas bien. Ma petite, ma tendre, qu’elle soulagement que tu sois revenue. Approches-toi encore que je touche ton nez, tes yeux, ta bouche, ton cou. Tu portes un ruban de deuil ? C’est pour ça que tu es de retour.

Manée :

 

 

22 – Michael Krüger


 

 

23 – Daniela Näger

Michelle :
Vu
la fougère
figée
au travers
d’une frêle
pellicule
de givre

24 – Robert Ryman

Michelle :
Ce fut une année
si meurtrière
que nul n’entendit
le chant du coucou

25 – Horst Brandstätter


Martine :

 

 

26 – Richard Hamilton

 

Michelle :
Je vois
des jours car
je vois le temps
décompté
sauf qu’ils se consument
dans l’indifférence

27 – Juan Carlos Onnetti

Michelle :
La maison
dès le soir
sous le vent
la douceur
du foyer

28 – Truman Capote

 

Michelle :
7 ans
dans leurs geôles
la vie
a déserté la vie

Manée :

 

 

Michelle :
– Oui… je suis revenu… dans mon pays… après 7 ans d’exil forcé…
Vois-tu, cette année-là,
ils m’ont lâchement arrêté
ils m’ont joyeusement dégradé
ils m’ont cruellement brisé
ils m’ont durablement banni
7 ans d’exil forcé
Je les ai laissés faire
A quoi bon m’insurger ?
A quoi bon résister ?
Mon épouse, mes enfants, mes parents auraient été pris, torturés, emprisonnés.
7 ans d’exil forcé
J’avais porté longtemps le flambeau de la démocratie, animé par l’espoir d’un monde meilleur pour tous. Nous avions lutté, de plus en plus nombreux, loyalement, et attendions les élections toutes proches .C’était sans compter avec leurs méthodes aussi traîtresses que barbares.
7 ans d’exil forcé
Je suis revenu ; nous nous sommes retrouvés ma famille et moi – presque étrangers – mes camarades de lutte – meurtris à jamais.
Tout à reconstruire, mais avec quelles forces ?
Mais sais-tu ? Le peuple a enfin pris le pouvoir.

29 – Jasper Johns Le papier pour écrire

David :

 

 

30 – Marcel Proust


Michelle :
Mais le temps
pour autant qu’on le recherche
n’est jamais
temps
perdu

Michelle :
Malgré la menace
tu réussiras à t’enfuir
Je veillerai
inlassablement
et trouverai la brèche
Longtemps en silence
tu attendras l’instant propice
Je veillerai
inlassablement
et trouverai la brèche
Mon regard alors offert
t’indiquera la voie
Je veillerai
inlassablement
et protègerai ta fuite
Ils me tueront alors

31 – Samuel Beckett

Michelle :
Il te
couvrira de
son ombre
et
ta fuite
discrètement
il protègera

Sylviane :
Ah là là, ça déborde, sois sérieuse. Je te demande d’écrire quelque chose qui s’adresse à toi personnellement. Ce n’est pas forcément drôle, ça devrait même être sérieux. Des moments dans la vie où il faut réfléchir, ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, prendre les choses au pied de la lettre, ne pas mettre les deux pieds dans le même sabot, d’ailleurs, mettre un pied devant l’autre et avancer, puis prendre les choses à bras le corps et surtout ne pas rester les bras croisés. Au fait, combien de fois es-tu restée à la croisée des chemins à prendre le vent ? C’est le vent qui t’attise, mais ce n’est pas possible de renaître de ses cendres enfin… je ne crois pas.

Raphaëlle :
Quoi quoi quoi ? Mais c’est vraiment n’importe quoi ! Mais qu’est-ce que t’attends là ? Qu’on fasse le travail pour toi ? Qu’on te dise ce qu’il faut faire ? qu’on s’attarde sur ton cas ?
Mais qu’est-ce que tu crois ? Ça va pas ? Ça va pas ? C’est pas là ? Ni là. Ni ailleurs. Ni nulle part. Ni ni ni. Oh lala. Mais quoi ? T ‘attends quoi là ? T’attends vraiment ? Vraiment quoi ?
Allez oust, vire moi ça ! Vire moi toi ! Vire, vire ! Allez, allez ! Ohlala mais ne vois-tu pas ? Non tu ne vois rien ! Tu ne regardes rien ! Ah oui ta tête est vide ? m’étonne pas ! Dégage ! Tu comprends pas ? En anglais, ça donne « get out » ! hors d’ici. Hors de là. Hors de toi ! Dégage ! Regarde là-bas, c’est le trou ! Le trou noir ! Le trou qu’on ne voit pas ! Le trou hideux qui dégouline, qui te remplit ! Allez va ! Suis mon regard mais tu ne trouveras pas !

 

 

Manée :

 

 


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